Petite fête chez le nouveau.

La nuit était encore loin en cette soirée d'été et le soleil tombait paresseusement sur l'horizon, rafraichissant l'ambiance. Bien que trop peu par rapport à la chaleur de la journée. La demeure du nouveau marchand Megar Orïs avait été transformée pour une journée afin d'accueillir ses invités. D'une maison simple et relativement passe-partout, elle avait fait place à une demeure richement décoré en lampions, tableaux et pièces d'armurerie. Le tout, afin de vanter de la meilleur façon son commerce, les armes et armures d'apparat.

Megar était dans son bureau, toujours aussi simplement décoré, assis dans un fauteuil, un livre à la main. Entre la supervision des modifications de sa demeure et la vérification du programme, Megar n'avait eu que très peu de temps pour lui et seule cette pièce au décor sobre pouvait encore lui apporter un peu de réconfort.

Bien, tout est prêt. Les invitations ont été envoyé, le superflu a été ajouté et le programme est bien organisé... Il ne manque plus que les invités. Il ne devrait pas tarder d'ailleurs...

Après avoir vérifié sa tenue, passant d'une tenue très sombre et simple à une tenue légère, plus complexe et surtout plus claire, caché une bourse en cuir à l'intérieur de sa chemise et placé Yukihana à sa ceinture, Megar sortit de la pièce, rejoignit le hall, le traversa et arriva dans une antichambre menant à la plus salle de la demeure. Sur les côtés, les tables étaient dressées et richement décorés. Vérifiant une nouvelle fois que tout était prêt, le marchand fit le tour de la pièce et du personnel engagé pour l'occasion. Il revint enfin dans le hall et attendit l'arrivée des premiers invités.

Je ballayai du regard la pièce que Megar m'avait offert à mon arrivée chez lui. Situé à l'écart des autres pièces, au plus haut étage de la demeure du marchand Orïs, elle était sobrement décorée et me convenait parfaitement avec ses murs de bois clairs et ses meubles d'un matériau issu d'arbres plus sombres. Une unique lucarne trônait au-dessus de ma tête de lit et distillait dans la pièce la douce lumière de ce jour déclinant de printemps, déposant ses rayons indiscrets sur l'étui de ma harpe qui réposait sur le lit.
Il s'agissait vraiment d'une belle pièce.
Habillé de mes vêtements de voyage que j'avait brossé afin de les rendre présentables pour la soirée mondaine qui s'annonçait, j'avait attaché le col de mon habit de cuir léger grâce à une broche argentées aux formes étranges, souvenir d'un passage chez les Elfes, et mes cheveux étaient attachés dans mon dos avec une lanière de cuir. J'ai saisi mon étui, y ai mis ma flûte, et ai glisser mon harmonica dans une petite poche de mon vêtement sombre. Une courte reflexion me persuada de me saisir d'une de mes couteaux de lancer que je glissai dans un petit fourreau de cuir rigide qui, collé à ma cuisse en dessous de mon pantalon de lin, était facile à atteindre en fourrant une main dans la fausse-poche de ma cuisse droite, et également parfaitement invisible.
Après avoir pris une longue inspiration, j'ai tourné les talons et ai quitté la pièce avant de me diriger vers le grand hall où, je ne le savais pas encore, Megar attendait les invités dans son habituelle impassiblité. Je l'ai trouvé, droit comme un "i", dans une tenue plus claire que ce à quoi il m'avait accoutumé, en face de la porte de son manoir. Un véritable combattant aurait sûrement décelé ma présence alors que j'étais dans le couloir, et comme, à voir la façon qu'il avait d'arboré son arme, je doutais que ce soit pour l'apparât qu'il portait son sabre, je ne pris pas la peine de me faire discret et avançait d'un bon pas vers lui. Je me suis arrêté à ses côtés, l'ai regardé, et lui ai dit:

- Toujours pas de nouvelles de nos amis de la haute société ? J'ai pensé que tu... vous préféreriez m'avoir à vos côtés pour l'accueil des invité, aussi me suis-je préparé de mon mieux.

Sans attendre de réponse, j'ai tiré de contre le mur une chaise de bois simple et me suis mis à accorder ma harpe avec la même application que d'habitude, écoutant les notes en même temps que je sentais les cordes vibrer sous mes doigts.

L'attente n'était pas vraiment désagréable. Elle permettait de faire le point, de se détendre et d'apprécier le calme pratiquement toujours absent de la cité. C'est dans ces moments que le "marchand" Megar Orïs repensait aux évènements qui l'avaient amené à cet endroit, à cet instant.

Pour ma mère, pour mon maître, pour mon Roi et pour l'Equilibre.

C'est pendant ce rare moment de calme que Dimgar fit son apparition. Vêtu de sa tenue de voyage, devenue nettement plus présentable après qu'elle eut été débarrassé de la poussière des chemins, le jeune homme été "armé" de ces instruments, prêt au combat qui s'annonçait.

- Toujours pas de nouvelles de nos amis de la haute société ? J'ai pensé que tu... vous préféreriez m'avoir à vos côtés pour l'accueil des invité, aussi me suis-je préparé de mon mieux.

Sans se retourner, Megar répondit à l'animateur de la soirée de sa voix neutre.

- J'apprécie l'initiative. Quant à l'arrivée des invités, il reste encore un peu de temps avant l'heure dite. Et de toutes façons, la ponctualité n'est pas la qualité première des gens de cette cité...

Puis une silhouette apparue sur les pavés menant à la demeure du marchand. Une silhouette au pas léger et noble. Une silhouette féminine. Un visage souriant, une beauté rare... Ainsi les rumeurs sur la marchande Sérène Alymare était fausse... Ou plus exactement, bien en deçà de la réalité. Plus sauvage, plus indomptable, plus souriante et plus belle. Cette femme devait laisser un souvenir profondément ancré dans la mémoire des gens. Et, nul doute que Megar Orïs ne ferait pas exception à la règle.

- Mais comme partout, il y a des exceptions.

La jeune femme s'inclina, dévoilant un décolleté à faire pleurer tous les jeunes nobles qui la rencontreraient. Puis elle fit part de sa critique quant à la décoration avant de se diriger vers le salon. Megar lui emboita le pas, amusé par l'attitude de la seigneur marchande. Pour ça, les rumeurs étaient fondées. Se tournant vers le ménestrel, Megar lui fit signe de le suivre d'un signe de tête avant de rejoindre la jeune femme.

- Je vous aurais bien invité à faire comme chez vous mais je vois que vous êtes bien partit pour le faire sans que je vous y invite.

Ils arrivèrent au salon et Megar se dirigea vers le bar où Erban était stationné. Etant seuls pour le moment, il n'avait aucune hésitation à parler à travers la pièce.

- Quel genre d'hydromel voulez-vous mademoiselle Alymare ? Je n'y connais pas grand chose à vrai dire mais Erban saura répondre à vos attentes.

Megar laissa trainer son regard sur la pièce avec une mimique d'appréciation.

- Je craignais d'en avoir trop fait au niveau de la décoration mais votre ironie m'a convaincu que l'effet recherché était atteint. Si vous souhaitez quelque chose de moins ostentatoire, je me ferai un plaisir de vous recevoir plus tard, lorsque mes obligations ne me forceront pas à faire preuve d'autant de tape-à-l'oeil. Pendant que nous sommes aux politesses ma Dame, je vous présente Dimgar Ballahd. L'homme qui se chargera de vous divertirent par son agilité à jouer de la harpe et sa voix enchanteresse.

Cette femme est formidable. Marchande accomplie aimant la liberté comme personne. Elle fait ce qu'elle veut, elle dit ce qu'elle veut et ne se soucie absolument pas du regard que l'on lui porte. Les rumeurs vous font honneur Sérène Alymare

Un sourire très léger et très bref apparut sur le visage de Megar. Puis reprenant son impassibilité habituelle, le marchand s'adressa à son invité et à son invité, un certain amusement encore présent dans le timbre de voix.

- Alors ? Quel type d'hydromel préférerez-vous ? Et vous Dimgar, souhaitez-vous quelque chose à boire ? Les autres invités étant en retard, nous allons commencer sans eux.

J'en étais à la dernière corde de ma harpe et elle rendit enfin le son que je recherchais, comme pour annoncer l'arrivée de la première invitée, ce qui me permit de reposer mon instrument. Il se posait dans l'étui au moment où la porte de la demeure s'ouvrait pour laisser entrer une jeune et jolie marchande, et la note s'éteignit enfin dans un souffle. La nouvelle venue était remarquablement belle et habillée d'une manière qui, pour moi qui avait cotoyer les itinérants, me fit chaud au coeur. On aurait dit une vrai gitane. Mais son décolleté était un peu trop provoquant, ce qui me fit sourire. En voilà une qui savait se faire écouter.
Dans un salut parfaitement étudié et après avoir détaillé la pièce elle dit à Megar:

- Jolie maison, j’apprécie ce style qui se fait de moins en moins rare … Pas trop de décoration. Même si certain ici risque de le déprécier. Et encore plus depuis que déméria n’est plus vraiment la capitale de la noblesse. Vous avez un bon hydromel dans votre salon … Car j’ai bien l’intention de me servir.

J'ai évité d'éclater de rire en entendant la fin de la tirade, mais il fallait mieux attendre d'observer la manière d'être de l'invitée plutôt que risquer de perdre mon nouvel emploi. Néanmoins, je décidai que la marchande me plaisait. Sans un mot et en calquant sur Megar une démarche élégante, je ramassai mon étui à harpe et reposai la chaise que j'avais emprunté contre le mur, avant de suivre le marchand impassible et la marchande excentrique dans le salon de la demeure. On formait vraiment un trio marrant. Comme pour le début d'une blague stupide.
Nous sommes entrés dans le salon et Megar m'a brièvement présenté à son invitée sans prendre garde à limiter les compliments, mais je n'avais quant à moi aucune crainte de décevoir les espérances de mon public. A moins bien sûr que les membres de mon auditoire de ce soir possèdent tous un talent aussi étrange que celui de mon employeur.

- Alors ? Quel type d'hydromel préférerez-vous ? Et vous Dimgar, souhaitez-vous quelque chose à boire ? Les autres invités étant en retard, nous allons commencer sans eux.

Reportant mon attention sur Megar, je lui sourit et lui dit:

- Je ne suis pas partisan du principe du service, aussi me servirai-je lorsque je le jugerai utile. Je ne tiens pas spécialement à être saoûl si je joue pour vous ce soir. Surtout si je joue pour d'aussi nobles gens que madame, ajoutai-je en me tournant vers elle et en esquissant une courte révérence indigne d'une cour démérienne, mais convenable pour s'adresser à une inconnue de la haute société. Madame dont je n'ai d'ailleurs pas eu l'honneur d'entendre le prénom.

Je me suis alors adossé au mur du salon, non sans avoir tiré d'un meuble un verre que je remplis d'eau.

Les hostilités étaient lancées. La jeune femme porta ses attentions sur le jeune barde et Megar put observer que les rumeurs sur sa langue acérée étaient fondées. Et quelques secondes plus tard, un homme entra dans la pièce et énonça une théorie sur la relativité du mot ponctualité. Megar repassa la liste des invités dans sa tête avant de se souvenir, car il a bien fait ses devoirs, qui était cet homme au regard dur.

Lemeronn Omalyon. Représentant du président... De nombreuses personnes doivent être impressionnées par ce regard de fer et cette aura de puissance... J'aurais pu être de ce nombre, si je ne connaissais pas ma Reine...

A cette pensée, un petit sourire apparu avant de disparaitre tout aussi vite qu'il était venu. Posant le verre rempli d'un vin démérien léger, idéal en début de soirée selon lui, Megar se positionna près du musicien qui venait d'être attaqué par la jeune demoiselle. Il se pencha afin de parler assez bas mais dans une pièce vide de tout autre son que celui des quelques personnes présentes, difficiles d'être vraiment discret.

- Je ne vous ferai pas l'affront de vous humilier en publique, vous vous en êtes chargé vous-mêmes. Vous n'aviez aucun besoin de demander son prénom à Dame Alymare. Je pensais que nous nous étions compris hier soir... Mais c'est aussi ma faute, j'aurais dû mieux vous préparer. Faite attention à ce que vous dîtes maintenant.

Ce jeune homme avait fait une erreur. Rien de bien grave, après tout, il venait d'arriver en ville, comme lui. Megar s'éloigna du musicien afin de se rapprocher du nouvel arrivant. Il le détailla un peu et l'impression d'autorité se renforça. Le marchand tendit la main.

- Bienvenu dans mon humble demeure, conseiller. Vous avez en partie raison sur la ponctualité, conseiller Lemeronn Omalyon. Mais laissez-moi vous poser une question. Comment, le représentant du président de la nation du commerce du monde connu, peut-il ignorer qu'une minute de retard en affaire est la différence entre un marchand à la bourse remplie de Raghen et son concurrent à la bourse remplie de ferreux ?... M'est avis que vous aimez les sucreries, au moins par la force des choses.

Le maître des lieux s'éloigna pour reprendre position près du bar et récupéra son verre à demi remplit de vin. Il le va à la manière dont les toast sont portés et déclama de sa voix neutre.

- Encore une fois, bienvenu chez moi... Et excusez-moi pour mon manque de correction qu'en à votre acceuil mais j'espère que vous passerez quand même une bonne soirée.

Megar but une gorgée de son verre, avant de le reposer sur le bar.

- Voulez-vous quelque chose à boire, conseiller ?

Je pris note sans dire un mot de la remarque de la dénommée Sélène Alymare, et souris doucement à celle de Megar. Je n'avais que faire de ces manigances de cour et comprendre que la dame en habits de gitane qui me faisait face avait une langue de serpent, un corps de danseuse elfe et un coeur de pierre ne me fit ni chaud ni froid. On fait ce qu'on peux avec ce qu'on a et si elle n'avait que son titre, son rang, son corps et son éloquence pour la défendre, grand bien lui fasse. Et quand bien même elle cacherait une arme et saurait s'en servir qu'elle ne m'aurait pas déplue pour autant. Sa manière d'être me plaisait, même si elle ne lui était utile qu'en présence de la haute société.
Le nouvel invité qui était entré un instant plus tôt, lui par contre, titillait quelque peu ma capacité à me faire une idée de lui, aussi, et un peu parce que Megar venait de me faire par de ses exigences avec une discrétion dont je doutais, je me contentai de me taire pendant que les piques acides et les remarques franches quittaient la bouche des uns pour claquer dans l'air.
J'ai eu beau retourner la situation dans tous les sens, une seule conclusion me venait à l'esprit. J'allai bien m'amuser.
L'attitude de Megar me fit sourire et à la façon qu'il eu de donner le nom de son invité l'air de rien, je compris qu'il avait trouvé un moyen de me communiquer l'identité des convives sans me mettre au devant de la scène. Cela me convenait très bien, et...

- Voulez-vous quelque chose à boire, conseiller ?

Je faillis lâcher un rire sec, mais comme la tentative de Megar pour calmer l'assistance se voulait utile, j'eus le bon sens de ne pas ruiner ses efforts et décidai de l'aider. Avec la même révérence simple que je venais d'utiliser pour saluer Dame Alymare, je m'incinai devant le représentant présidentiel d'un court mouvement du buste, puis je me tournai vers la dîte marchande et lui fit calmement:

- Madame, la façon que vous avez eue de me parler de la musique me laisse à penser que vous aimeriez vérifier par vous-même l'étendue de mon talent. Aussi c'est avec plaisir que je vous propose, pour attendre les autres invités, une mise-en-bouche musicale. Me feriez-vous l'honneur de vous divertir afin de patienter.

Mon initiative ne remplirait peut-être pas Megar de joie, mais mes doigts me démangeaient et il aurait été dommage de laisser les autres marchands arriver ici en plein pendant une violente joute verbale. Tranquillement, j'attendis la réponse de la marchande.

Le Conseiller réclama un vin rare et cher, surtout depuis que Déméria avait coupé les ponts avec le reste du monde. Que ce soit commercial ou politique, il était désormais très difficile d'obtenir ce que l'on souhaitait par les voies standards. Megar n'avait pas souvent recours aux contrebandiers mais certains produits d'origine démérienne étaient trop difficile à trouver depuis l'avènement des Pjeyhs... Et puis, il fallait bien encourager un peu le Chaos.

Sans que Megar ait à prononcer un mot, Erban quitta la pièce et revint avec un verre remplit du précieux liquide qu'il amena au conseiller.

- J'en ai, bien que je ne le laisse pas en libre-service. Il est devenu très difficile de s'approvisionner en marchandise démérienne... Ah ! Vous voudrez bien m'excuser, mais je dois aller accueillir les prochains invités, mon manque de d'hospitalité a déjà été critiqué une fois, il ne faudrait pas que cela devienne une habitude. Et puis, je suis sûr que Dimgar se fera un plaisir de vous divertir.

Le jeune barde l'avait déjà proposé de toute façon. Megar n'avait fait qu'appuyer l'initiative du jeune homme. Laissant son verre sur le bar, qui fut ramassé par Erban en quelques secondes, le marchand sortit de la pièce et arriva dans le hall. Il ne s'y arrêta pas et prit le couloir faisant face à la porte d'entrée. En suivant un petit couloir, il arriva dans une pièce où plusieurs serviteurs attendaient. Ils étaient légèrement tendus et lançaient des blagues afin de se détendre. Lorsque Megar fit son arrivée, le silence s'installa dans la pièce.

- Que chacun rejoigne son poste. La fête va commencer. Montrez moi que vous méritez votre salaire.

Ils sont bien préparés. Chacun d'entre eux a été choisi par Erban... Et il les supervisera à la perfection, aucun problème de ce côté.

Megar ressortit et se redirigea vers le hall, suivit par une dizaine de domestiques. Dans le hall, certains se dirigèrent vers la pièce principale, d'autres restèrent avec le maître des lieux et d'autres encore se dirigeaient vers la cuisine afin de faire le service.

Depuis l'entrée, on pouvait entende la musique. Cette musique si particulière qui avait convaincu Megar d'engager le barde. Cette musique capable d'envouter les cœurs. La main plongea dans la poche de son vêtement et une carte du Tarot fit son apparition. La même que la veille. Et comme la veille, la carte devient blanche après quelques instants fugaces. Puis elle fut placé dans la manche du marchand

Je devrais peut-être lui poser quelques questions sur cette affaire. Il pourrait devenir un bon élément à avoir afin d'empêcher le Chaos d'emporter cette cité dans ses méandres. Mais ce sera pour plus tard, pour le moment, que la fête commence.

Les invités se succédaient, tantôt des hommes, tantôt des femmes, tantôt des adolescents accompagnant leurs parents. Megar les accueillait un par un comme un bon hôte, certains domestiques les débarrassaient de leurs affaires superflues et d'autres les menaient vers la pièce où le ménestrel jouait.

Cette fête commence bien. Dame Alymare est encore plus intéressante que les rumeurs le laissait entendre, le conseiller a bien voulu se déplacer et presque toutes les invitations ont amené des convives. Il ne manque plus que le général guerrier.

Arriver en retard n' était pourtant pas dans es habitudes du Général. Ayant été élevé comme un militaire, pour les militaires, la ponctualité était devenue une sorte de seconde nature chez celui-çi. Du moins, avait-il tenu cette réputation jusqu' à ce soir. Arrivé en retard à une fête où était invité tout le gratin de la société Athée, voila qui faisait du plus mauvais effet. Mais en même temps, cela se remarquera peu, il y avait sûrement déjà beaucoup de monde dans le demeure du nouveau Seigneur-Marchand.

Tout comme son "ami", Sennachérib c' était habillé simplement, une tunique d' un noir de jais que surmontait une cape rouge sang. Un ceinture finement ciselée de couleur cuivrée ceignait la taille du militaire, tandis que sur le flanc droit, une épée de parade, simple elle-aussi, pendait doucement, se balancant au rythme des pas de son posseseur.

Arrivé chez Mégar Orris, le Général se dévetit de sa cape, la tedant à l' un des serviteurs venu l' acceuillir, puis chercha des yeux le Maitre de Maison. En parcourant la pièce où setenait les festivités, Assarhaddon rencontra d' autres hautes figures du gouvernement de la cité. Il salua la plupart, une poignée de main ferme et chaleureuse pour les Seigneurs, un baise-main réverencieux pour les Dames. Par contre, la seule qu' il évitait soignesement fut Dame Allymare. Bien qu' il eut la politesse de la saluer également, il s' éloignat à la première occasion, ne tennant pas à se faire de nouveau insulté, et ce devant tant de monde.

Enfin, il trouva Megar, et se dirigea vers celui-ci. Tout comme les autres, il le salua chaleureusement.

-Monseigneur, je vous remercie de votre invitation. Veuillez me pardonnez mon retard, ce n' est pourtant pas dans mes habitudes.

Une longue et acide tirade de Sélène Alymare précéda la sortie de la pièce du marchand Orïs qui, en tant qu'hôte de la soirée, se devait d'aller accueillir les nouveaux invités qui se présentaient à la porte de sa demeure. Resté seul avec les deux personnages intéressants qu'étaient la marchande Alymare et le représentant du président, j'entrepris de tirer de son étui ma harpe aux courbes élégantes, fraîchement lustrée et tout aussi fraîchement accordée. Je me suis rassis tandis que les deux nobles se préparaient à danser, et leur ai dit d'une voix posée:

- Je vous propose de vous interpréter la Marche des Fleurs qui, bien qu'étant rarement jouer, est un très beau morceau. Le pas de danse est rapide et cela devrait vous permettre d'échauffer votre talent pour la suite de la soirée. Si cela vous sied, préparez-vous je vous en prie.

Une première note vibra dans l'air, cristalline, annonciatrice du morceau à venir. Un morceau que j'avais décris comme peu joué par les ménestrels de cour, mais qui était en réalité difficile à reproduire à la perfection. Mes doigts s'égaraient même quelques fois sur les notes lorsque je n'étais pas entièrement concentré dans cette mélodie. Mais comme je sentais mon auditoire à l'affût de la moindre erreur, j'étais bien décidé à ne pas leur faire ce plaisir.
Une deuxième note s'éveilla et se maintint le temps d'un souffle tandis qu'une troisième venait s'unir à celle-ci. Voilà, la danse était lancée. Réagissant aux frôlements de mes doigts sur ses cordes, mon instrument prenait vie entre mes mains et chargeait l'air de la pièce d'une douce euphorie. Bienfaisante. Pure.
Je ne prêtais plus qu'une attention discrète aux danseurs qui se trouvaient devant moi, me contentant de leur jeter de préquents coups d'yeux pour ne pas perdre le fil de ma mélodie. Il était incroyable de constater comme j'aimais cet instrument de bois et d'acier tendre. Enchantement né du mariage de mes doigts avec les cordes de ma harpe, la musique gagna en intensité à l'attaque de la deuxième partie de la Marche des Fleurs, mais mes mains virevoltaient de chaque côté du cadre de mon instrument avec la même maestria que lors de la première partie.
Pas d'hésitation dans le doigté. Pas de faiblesse. Pas d'erreur.

Hommes, femmes, poignées de mains, baisemains, ainsi que toutes les flatteries habituelles : « C’est un honneur de vous rencontrer ! », « Je suis ravi d’avoir été invité. »… Tous les mensonges rencontrés habituellement dans ce genre de soirée avait été prononcé dès le début. Pour un Megar Orïs exécrant l’hypocrisie et le mensonge en général, jouer ce marchand dans la cité des hypocrites était plus dur chaque jour. Et ce soir était vraiment dur. Bien sûr, il pourrait laisser la musique joué par Dimgar le distraire mais il se l’interdisait. Après tout, il était en mission pour le Tarot. Rien ne devait l’empêcher de remplir sa mission.

Trouver la cause du Chaos à venir et l’en empêcher. Ne pas échouer. J’ai connu l’échec et ça laisse un arrière goût trop désagréable… Et mon Roi serait déçu, il m’a fait confiance en m’envoyant ici, je n’échouerai pas !

Dans cette marée d’hommes et de femmes apparut un visage que Megar attendait. Le général Asarhaddon Sennachérib, l’homme ayant échoué devant le conseil, l’homme interpellant des gens dans la rue car ils sont des étrangers… La tension devait être bien présente pour que le général se permette ce genre d’action irréfléchie. Megar devait découvrir ce qui se tramait dans l’ombre de la cité. Ce qui se cachait était assez gros pour mener cette nation au Chaos, il était impossible qu’elle ne laisse pas une trace de son passage quelque part. Au chevalier de trouver et d’éliminer cette menace.

Chercher et détruire. Les ordres sont simples mais leur exécution n’est pas agréable… Enfin, j’y arriverai d’une façon ou d’une autre… Tiens, le général est venu accompagné !

C’est d’ailleurs la personne accompagnant le général qui vint à la rencontre de Megar en premier. Un homme que sa tenue désignait comme un noble, des vêtements au coût certain et une chevalière portant les armes de la famille à laquelle il appartenait. Le marchant grava ses armoiries en mémoire afin de faire des recherches sur cet inconnu plus tard. Les personnes que Megar ne connaissait pas étaient nombreuses dans cette soirée mais la plupart avait déjà été identifié avant le début de la fête. Et les autres le serait par la suite, à l’aide des informations recueilli par le marchand et Erban, l’homme qui l’accompagnait dans cette mission.

"Bonsoir, monsieur Megar, je suis Anton De Nor ... négociant et intermédiaire. C'est un plaisir de vous rencontrer"

Ne se départissent pas de son expression neutre que certains trouvaient lassante, Megar tendit la main au négociant en répondant d’une voix tout aussi neutre que son visage.

- Enchanté sir De Nor. Megar Orïs, nouveau marchand pour vous servir… J’ai remarqué que vous accompagnez le général. C’est une association plutôt étrange que celle d’un général et d’un négociant. Dans quelle domaine pratiquez-vous la négociation, sait-on jamais, nous retrouverons-nous peut-être adversaires dans une futur transaction ?

Alors qu’il terminait à peine de saluer l’intermédiaire, le général les rejoignit.

-Monseigneur, je vous remercie de votre invitation. Veuillez me pardonnez mon retard, ce n'est pourtant pas dans mes habitudes.

Megar serra la main du général avant de répondre.

- Monseigneur est un terme très exagéré pour me qualifier, général. Quant à votre retard, ne vous en faîtes pas, vous vous fondez parfaitement à la foule. Pour tout vous dire, une seule personne est arrivée à l’heure et c’est cela qui m’a le plus étonné. Mais je suis persuadé que la prochaine fois, vous vous ferez un plaisir de me surprendre à votre tour en arrivant à l’heure.

La façon impassible de prononcer ces mots pouvait faire croire à des paroles dures et c’était l’effet recherché. Tester le général afin de voir ce qui lui avait coûter cette campagne d’expansion. Tester le général afin de voir de quoi il était fait.

- J’étais en train de faire connaissance avec le sir De Nor et je lui disais que votre association m’étonnait. Mais peut-être l’avez-vous amené afin de lutter contre Dame Alymare. Si c’était le cas, je vous serai reconnaissant de me louer ses services, les rumeurs à propos de cette demoiselle étaient bien en dessous de la vérité. Elle est encore plus redoutable.

Une pointe d’amusement transparut dans la tirade de Megar. Cette femme était très amusante. Horripilante et amusante. Elle était également très intelligente et s’était construit un empire à l’intérieur de la cité en partant de presque rien. Cette femme était tout simplement incroyable, du moins pour Megar.

- Je dois rester pour attendre les derniers invités avant de rejoindre tout le monde dans la grande salle. Vous pouvez y aller afin de voir une petite danse entre Dame Alymare et le Seigneur Omalyon, sur une musique d’un ménestrel assez étonnant que j’ai eu la chance de rencontrer… Ou bien vous pouvez rester et m’aider à patienter. Auquel cas, je demanderai de vous apporter des rafraîchissements et nous ferons plus ample connaissance.

Les premières paroles de Megar furent accueillit avec un rire franc et hônnete. Décidé à passer une bonne soirée, le Général avait prit la remarque avec amusement, comme si cela n' avait été qu' un conseil, et non un blâme.

-Je n' y manquerais pas. A compter que vous fassiez d' autres soirées. C' est le genre de fêtes où toute une réputation peut se construire comme se détruire. J'espère pour vous qu' il n'y auras pas de scandales, sinon c'est vous qui en subirrez les conséquences. Une seule erreur peut vous être fatale dans votre future carrière. En tant que Seigneur Marchand, vous avez accès au Concile. Aussi, en tant que militaire, je vous doit le respect, vous m'êtes supérieur, et c' est pourquoi je vous appelle "Monseigneur".

De nombreux couples dansaient à présent, guidés par celui que formait Sérene Allymare et le représentant présidentielle dont Asarhaddon avait encore oublié le nom. Généralement, la plupart des Seigneurs Marchands invités disposaient de souffleurs dont le rôle étaient de leurs souffler le noms et la fonctions des différentes personnes que leurs maitres rencontraient.

-Pour vous dire la vérité, je ne suis pas encore en véritable association avec Monseigneur De Nor. Disont plûtot que nous pourrions êtes prochainement en affaire. Mais cela est encore sous le symbole de l' hypothèse.

Grand fut l'étonnement de Sennachérib lorsque son hôte lui dit qu'il était en conflit contre Allymare. Ce n'était nullement le cas.

-Je ne combat aucun des habitants de la cité. Mon rôle se réduit à ne combattre que les ennemis de la nation, quels qu'ils soient. Hors, Dame Allymare est connue pour être des plus fidèle à Athée. Bien que je dois avouer que je dois avouer qu'elle m'éffraie parfois. Mais chacun est comme il est, je n' ai pas à porter de jugement, surtout envers une membre du Concile.

Se tournant vers De Nor, le Général lui proposat:

-Monseigneur, je crois que nous pourrions discutez de notre affaire.

D'un coup d'oeil, je m'assurai que tous les autres invités s'étaient mis à danser, ce qui était le cas, même à l'extérieur du salon de Megar Orïs. Me déplaçant afin que tous puissent entendre la mélodie que je tirai de mon instrument, je suis sorti du salon et me suis adossé à un mur pour que tous bénéficient de la musique. Je repérai sans peine le marchand Orïs et ses deux interlocuteurs qui semblaient en plein dans une conversation des plus intéressantes. Dame Alymare et le Conseiller dansaient encore et d'autres se joignaient à eux d'instant en instant, transformant la maison en une salle de bal où tournoyaient les robes des nobles dames et les statures parfaites des membres masculins de la haute société.
La musique faisant son oeuvre, je me suis attaqué à un cinquième couplet qui était empreint de force et de vie. Mes doigts papillonèrent plus vite de chaque côté de ma harpe et la mélodie enchanteresse s'emballa, accélérant du même coup le rythme des couples de danseurs qui se multipliaient à une vitesse plaisante pour le musiscien que je suis. Puis la musique ralentit, devenant lancinante, calme et presque triste, avant de reprendre au bout d'un moment comme un feu que l'on recommence à nourir avec force après une certaine durée de désintéressement.
Et ce feu brûlait en moi avec la même majesté que celle qui emplissait l'air de cette maisonnée. Et je le savais, le brasier flamberait longtemps encore après la mort de la dernière note.
Mes yeux s'égarèrent un moment sur les couples de danseurs qui vivevoltaient sur le sol, comme autant de tâches de couleurs mouvantes et changeantes. Il s'agissait d'un spectacle magnifique et la qualité des habits des nobles de la République ajoutait à cet instant une pureté incroybale. Et alors que les nobles s'épuisaient, je chargeai ma mélodie de toute la force de mon don, donnant à la Marche des Fleurs une dimension presque irréelle et alourdissant l'air de la demeure d'une émotion écrasante.

- Divinités du vent, murmurai-je dans mon coin, si jamais vous existez, permettez moi d'achever ce morceau à la perfection.

Le cinquième couplet s'acheva pour laisser place à la cloture du morceau, une toute petite mélodie, calme et apaisante, qui tomba doucement sur l'enthousiasme ambiant, comme la venue d'un enfant ajoute à la force d'un amour. Magiquement. Dans la salle, la musique prit fin et le silence s'abattit subitement sur l'assemblée des danseurs. Mes doigts n'avaient pas dérappé sur les dernières notes. Les esprits du vent venaient de danser avec moi. Je souris.

Nul besoin de regarder pour voir ou plutôt, pour savoir. Elle avait raison. Nombres de jeunes femmes les regardait avec envie. Une danse accordée par le conseiller présidentiel était une excellente opportunité d'avoir une bouche flatteuse près de l'oreille du président, seul apte à choisir ou démettre un Seigneur marchand. Mais bien évidemment, Lemerron recevait plus d'invitation qu'il n'en donnait. En fait, dans toute sa vie, il n'avait dû inviter que deux femmes à danser, une réponse positive. Il n'était pas secret que l'une de ses invitations était celle qu'il avait donné à la nièce de Remanthil Kalaman'Dori. Une elfe sylvestre aux attitudes de hautes mais tout à fait délicieuse. La deuxième demeurerait secrète et en fait, personne n'avait connaissance de cette fameuse danse. Cela entretenait l'aura de Lemerron, autoritaire et impossible à atteindre. Alors de nombreuses jeunes femmes avaient voulut se faire passer pour descendantes du peuple elfique, croyant que c'était là sa faiblesse, d'autres voulurent en imiter les manières mais en fait il n'en avait jamais invité aucune. Il en avait accepté certaines, seulement les plus méritantes, mais rien de plus, jamais le président n'avait eût vent de ces jeunes demoiselles avenantes.

Alors qu'il tournoyait avec Sérène, Lemerron eut l'occasion d'observer le barde. Il eût alors une sorte d'étirement dans les muscles de ses joues. Comme un fin sourire mais presque imperceptible. On pouvait même ce demander si il souriait vraiment. Ensuite, quant au pourquoi de ce sourire, il restait indéfinissable mais il existait bien. Il y avait de nombreuses choses faites par le conseiller présidentiel, que tous ne comprenaient pas. Mais chacune avait une raison, un but, et il était rare que ce but ne soit pas atteint. Et alors que ce termine le morceau, il suit la cadence de la musique, il ralentit et finalement sur les dernières notes, se sépare de Alymare et il accorde une légère inclinaison de la tête.

- Ce fût un plaisir. Rien dans sa voix n'indiquait que ce fût réellement le cas. Mais comme je vous l'ai déjà expliqué, malgré vos attraits, je préfère retrouver mon verre de vin à la robe au moins aussi éclatante et qui ne me conseillera pas la folie, à moins d'être rejoint par la bouteille entière. Ce qui n'arrivera pas.

Puis, il fit volt-face et se dirigea vers le serviteur à qui il avait confié son verre d'An'Tyral. Après l'avoir récupéré, il bût avec plaisir à peine une gorgée. Juste de quoi laisser le temps à toute la saveur du vin de parcourir la langue et le palet. C'est à peine si il à besoin d'avaler le liquide. Puis, il se dirige vers le trio de trois hommes pour le moins intéressant. Asarhaddon Sennachérib, Général récemment refoulé du Concile des Marchands pour son idée de Campagne Oridienne, Megar Orïs, leurs hôtes, et un inconnu. Probablement un noble mineur ou un marchand relativement aisé. Peut-être les deux.

Son pas claquant l'annonça et il s'introduisit dans le cercle de discutions.

- Messieurs. Il leva son verre comme pour saluer puis bût une nouvelle gorgée, à peine de quoi faire varier la hauteur du vin dans le verre. Ce dernier laissa d'ailleurs son emprunte écarlate avant de lentement retourner à lui-même. Il allait d'abords commencer par Megar.

- Votre barde à effectivement plus de talent que jugeote. C'est une bonne chose, tant qu'il ne s'adresse pas à vos invités. Au moins avez vous réussi à vous montrer capable de plus que d'un accueil aussi chaleureux que celui d'une plaque de marbre un soir d'été.

Il appréciait les échanges verbaux. Plus encore que le vin. C'était pourquoi il avait décidé d'entrer dans la haute-société de Athe. A cause des débats qui l'animent. Sans cela, il aurait plus probablement choisit les archipels elfiques pour séjourner. Le temps y est agréable et l'on y rencontre des personnes remarquables. Cependant, il fallait se trouver des adversaires à sa mesure et il avait déjà trop souvent l'occasion d'échanger avec Sérène. Un peu de sang neuf ne manquerait pas d'être plaisant. Sur ce point, Asahraddon l'avait d'ailleurs déçu. Incliné trop vite devant Leyr de MontBleu de Rêvesource, il n'avait pas même bronché devant Sérène. Dans la grande scène qu'était cette cité, la technique de l'autruche n'apporterait rien sinon des moqueries et une mise à l'écart. Quelle chance il avait eût que Megar l'invite malgré sa récente disgrâce publique. Cette soirée pouvait être l'occasion pour Asarhaddon de faire oublier son échec. Mais Lemerron ne lui offrirait pas l'occasion facile, il faudrait qu'il la mérite et qu'il en use.

Pendant ce temps, les danseurs qui s'étaient joint à Lemerron et Sérène allaient chercher rafraichissement ou la douceur des jardins de Megar en attendant qu'un nouveau morceau ne commence mais vu le rythme de la Marche des Fleurs, il pourrait être une bonne idée de marquer une pause.

Que ce soit le général Sennachérib ou le négociant De Nor, tous semblaient connaître la Seigneur Marchande Sérène Alymare et tous la craignaient avec un plus ou moins. Mais un autre point semblait assez répandu également, elle était respecté… Mais elle était aussi tournée en ridicule pour sa façon d’être complètement décalé par rapport à la norme en vigueur. Des éléments qui amusés et intriguaient encore plus Megar. Ce brin de femme était vraiment un être curieux et attachant à la fois. Ces piques acides étaient vraiment amusantes et incroyablement bien trouvées à chaque fois.

À l’autre bout du couloir, Dimgar apparut et s’adossa au mur. Megar commença par répondre au général avec sa voix monotone caractéristique.

- Général, je ne pourrais me considérer comme un Seigneur Marchand que lorsque j’aurais réussi à me faire reconnaître non pas pour mes talents d’hôte et de beau parleur mais pour la qualité de mes services… Quant à la lutte vous opposant à Dame Alymare, je parlais plutôt d’une lutte amicale, non pas à une guerre ouverte.

Alors qu‘il s‘apprêtait à répondre au seigneur De Nor, Megar entendit le changement de rythme dans la musique. Mais était-ce seulement le rythme ?

Je me doutais bien qu’il avait quelque chose de spécial. J’ai bien fait de préparer ma lame au cas où.

La lame toujours apposée sur son poignet le protégeait de la magie qui l’entourait. Une magie vicieuse puisqu’elle jouait avec les sentiments et qu’elle était invisible à tous. Une magie sonore. Redoutable. Reportant son attention vers le seigneur De Nor, Megar s’adressa à lui tendit que les dernière notes mourraient.

- Il semblerait que vous ayez une affaire à conclure avec le général. Je pense qu’il est temps de faire montre de votre talent de négociant… Quelque soit votre commanditaire. Aussi je vous souhaite bonne chance. Quant à une prochaine association, sachez que je suis toujours à la recherche d’accords intéressants… Tant que les deux partis se montrent honnêtes.

Alors qu’il s’apprêtait à quitter les deux hommes en affaire, le conseiller Omalyon se joignit au petit cercle et lui lança une petite pique après avoir savouré le vin démérien hors de prix. Visiblement, Sérène ne serait pas la seule à tenter de déstabiliser le petit nouveau. Mais il en fallait plus pour faire plier Megar.

- Venant d’un homme reconnu pour être aussi accueillant que les terres de Ladeïl, je prends cela comme un compliment. Mais je m’étonne de vous voir déjà de retour. Après avoir rendu toutes ses femmes vertes de jalousie, vous n’allez quand même pas leur refuser une petite danse. Vous êtes les yeux et les oreilles du président, vous vous devez de faire bonne figure.

Megar fit signe à un domestique qui circulait afin de distribuer des rafraîchissements et ce dernier apporta un verre plein d’un vin à la robe très sombre, à l’odeur et au goût très prononcés. Le marchand en but une gorgée avant de reprendre à l’adresse du conseiller.

- Un vin du nord de déméria. Pour pallier au manque de soleil, plusieurs bourgeons sont coupés jeunes afin d’obtenir un vin riche. Je vous le conseille, conseiller.