Changement d'ambiance chez Sérène

Un homme disparaît comme le brouillard lorsque le soleil se lève et un homme reste dans l’écurie. À l’extérieur, les bruits de combats n’ont pas cessé et les seuls bruits dans les stalles sont les battements d’ailes d’un pigeon gris attendant que Megar se mette en route. Ainsi commençait le Chaos dans la cité d’Athéïle. Ainsi commençait la mission du chevalier de bâton dans la cité en proie au déséquilibre.

- Suivre un pigeon pour me rendre chez une seigneur marchande afin de faire reculer le Chaos. Je me demande bien comment j’ai pu en arriver là… Et comment expliquer une telle débâcle à mon Roi…

Jusqu’à présent, le moral de Megar était au plus bas mais la simple pensée qu’il accorda à son Roi suffit à le motiver. Le visage de son Roi, caché partiellement derrière son masque et surtout sa voix. Délicate et pleine d’appréhension lorsqu’il s’agissait de donner des ordres. L’heure n’était pas au doute. Il y allait y avoir de l’action et ça Megar l’attendait. Un sourire carnassier apparut et le chevalier leva son regard vers le plafond des écuries.

- Allez le piaf ! Mène-moi jusqu’à la marchande Alymare.

Liant les gestes à la parole, Megar commença à courir. Sortant du bâtiment tel une ombre, le taromancien évita les zones trop baignées par les lumières des lunes. Se guidant à travers les rues de la ville en suivant l’oiseau, argenté à sous les astres nocturnes, Megar traversa une bonne partie du quartier du Marteau. Devant lui, une chose plutôt inhabituelle. Des hommes en grands nombres semblaient garder une maison d’aspect assez simple.

Des guerriers… Tous. Et, si mon ami le pigeon ne me trompe pas, il s’agit de ma destination. Inutile de se montrer agressif mais méfions nous quand même.

Megar sortit d’une ruelle et s’engagea à découvert. Les lunes permettaient une visibilité parfaite des environs et en s’approchant, Megar remarqua que plusieurs hommes étaient armés d’arbalètes. Dans la masse de gardiens, un homme se détachait du lot. Un homme grand, à la peau très claire et aux cheveux blancs dont la force était clairement visible par son maintient et les quelques pas qu’il avait fait. Megar s’approcha de cet homme en essayant de paraître les moins menaçant possible.

- Le conseiller Omalyon m’a demandé de venir ici afin d’apporter un peu d’aide. Puis-je le rencontrer lui ou Dame Alymare ?

Un peu de diplomatie ne faisait pas de mal dans une soirée vers le Chaos. Maintenant qu’il était assez près, l’impression de puissance émanant de cet homme s’était accentué Megar se sentait tout petit à côté, impression qu’il avait rarement ressentit de part sa grande taille. À l’exception de son maître et de la Reine, personne ne l’avait fait se sentir autant impuissant. Qu’allait répondre cet homme ? Allait-il le mener à Dame Alymare ou au conseiller ?

Le mercenaire sourit, de ce genre d’étirement des lèvres qui fait frémir, et fit entrer Megar dans la demeure de la marchande. La chose qui frappa le plus le chevalier à son entrée fut l’odeur d’encens. Elle n’était pas forte et pourtant perceptible dès l’entrée de la maison. Un nouveau mercenaire mena l’ex marchand à une pièce dans laquelle se trouvait le conseiller, la seigneur marchande et quelques nouveaux mercenaires.

Répondant à l’invitation du conseiller, Megar s’assit dans un fauteuil et reçut les salutations de l’homme au regard d’or sous la forme d’une demande de franchise et d’un sous-entendu sur son possible manque d’ intelligence. Piqué au vif, et ne pouvant se départir facilement de la manie qu’il avait attrapé ces dernières semaines, le chevalier ne put s’empêcher de répliquer.

- Franc-jeu !? Mais conseiller, vous souhaitez la ruine de cette cité !

Ces paroles étaient déplacées et il ne s’en rendit compte que trop tard. Faisant signe de la main qu’il regrettait ses paroles, il écouta la réponse de la marchande après que l‘ensemble des mercenaires sortait de la pièce. Ce qu’il découvrit l’aurait presque choqué si il n’avait appris à ne pas se fier aux apparences. Il était dans la même pièce qu’une taromancienne du Denier… Enfin, ancienne Denier selon ses dires. Plus étonnant elle énuméra ses capacités, limité vue les Lames et la quantité dont elle avait la maîtrise. Mais la phrase la plus choquante fut celle qu’il entendit au tout début.

- Vous avez rencontré le Mat ?…

Cette simple révélation bloqua les pensées du chevalier quelques secondes. Puis il se reprit lorsqu’il se rendit compte que c’était à son tour de révéler au moins une partie de ses talents. Mais que leur dire ? Jusqu’où aller sans passer pour un traître pour le Bâton ? Le moins possible évidemment mais comme l’avait dit le conseiller, il fallait qu’il connaisse toutes les possibilités du taromancien si il voulait élaborer des plans convenables.

- Et bien, je suis moi-même de la caste des taromanciens. Je lutte pour le maintien de la paix et de l’équilibre. Et je suis là dans ce but. Quant à mes talents, je dirais qu’aucun mur ne m’empêchera jamais de passer, qu’aucun de mes alliés ne mourra par les armes ou le poison sans que j’essaye de le sauver, qu’aucun ennemi ne brisera mon esprit ou celui de mes compagnons, que la folie et la colère ne s’empareront jamais de l’esprit de mes frères d’armes, que la destruction est dans mes cordes à faible mesure et que tout ce que je désire, je saurai où le trouver… Tout cela, tant que le Tarot répondra à mon appel.

Il termina l’exposé de ses talents en faisant sortir une carte de sa manche, du moins c’est l’impression qu’il donnait. Après avoir montré la Lame à la marchande afin qu’elle reconnaisse le Bateleur et confirme ses talents, la carte retourna dans la manche, apparemment du moins. Le chevalier se tourna vers le conseiller.

- Maintenant que vous connaissez nos talents, j’aurai deux questions. Avez-vous, vous aussi, des talents particuliers ? Et qui est en train de semer le Chaos dans cette ville et avez-vous une idée de comment les arrêter ?

Assis dans le fauteuil, Megar assista à la démonstration de télékinésie avec son visage impassible, même si il était de plus en plus difficile de le conserver avec toutes ces nouvelles étonnantes. Des deux discours prononcés, quelques bribes restées dans la tête du Chevalier.

Deux haut-prêtres… Remoul et Al’Manhir… Même culte ? Pas de compte de leurs effectifs… Agir vite… Aller chercher la présidente… Récupérer le général…

Maintenant que sa mission avait enfin commencé, Megar se retrouvait dans un état second après avoir passé des semaines dans l’inaction la plus totale. Un mélange de lassitude et d’impatience s’emparait de lui. Il avait changé de continent pour cette mission et il l’accomplirait, mais avant il devait se charger des haut prêtres. Qu’ils soient échangistes ou bien originels…

- Au moins un des prêtres est changiste. Car, à moins d’avoir procédé à un rituel consistant au sacrifice d’une vache dans une demeure de noble, j’ai entendu un minotaure chez moi lors de l’attaque…

Megar se leva du fauteuil sur lequel il s’était assis afin de dégourdir ses jambes. L’interrupteur du Chevalier venait de s’enclencher. Désormais, seule la mort l’empêcherait de remplir la mission que lui avait confié son Roi. Un changement dans sa voix et sur son visage se ferait certainement ressentir. On le trouverait plus vivant, moins minéral.

- Vous avez des ébauches de plan et c’est déjà bien. Pour ma part je n’ai rien ou presque. Mais une chose m’étonne cependant. Pourquoi les changistes attaqueraient-ils la nuit de l’œil ? C’est censé être une nuit sacrée et pourtant… Je trouve que cette histoire sent très mauvais, aussi je conseille la prudence dans toutes nos actions.

Megar appela discrètement une carte dans sa main gauche. Elle représentait un ciel étoilé au dessus d’un plan d’eau. Il ferma les yeux quelques instants avant de les rouvrir et de faire disparaître la carte dans sa manche.

Mon Roi est en vie et en Déméria avec la Reine. Donc tout va bien pour eux… Maintenant, il est temps de se consacrer à la mission.

Le Chevalier de Bâton se tourna vers le conseiller et le regarda d’un air presque compatissant.

- Je suppose que vous préféreriez qu’on aille chercher la présidente avant tout… Mais personnellement, je crois que trouver le général et sortir vos soldats des casernes est ce qui importe le plus pour l’instant… Mais je vous suivrai. Considérez-moi comme à vos ordres Lemeronn.

Megar avait employé des termes plus proche car à partir de cet instant, il considérait tous ses alliés comme des camarades, certes pas aussi proche que ceux du Bâton mais des camarades quand même. Restez à savoir si le conseiller accepterez ces termes amicaux et ce qu’il choisirait de faire.

Des minutes d’angoisses et de sueur seront les seules souvenir du trajet entre le Concile des marchands et la demeure de la seigneur marchande Alymare. à leur arrivée, le petit groupe pu constater que la sécurité de la demeure n’avait pas été compromise. Toujours autant de garde, certes les traces de sang sur les pavés étaient plus nombreuses depuis la dernière visite de Megar mais apparemment ce n’était pas que le sang des gardes. Le chevalier se signala aux sentinelles armées d’arbalètes cachées un peu partout autour de la demeure et termina le chemin jusqu’au palier de la porte.

Au passage, Megar salua le grand mercenaire lui ayant déjà fait si forte impression lors de ses deux premières visites et pénétra dans la demeure après tous les autres. La même sérénité régnait dans cette maison. Que ce soit le calme ou l’odeur d’encens omniprésente, rien ne semblait indiquer qu’une guerre était en cours dans les rues de la cité. Avisant le conseiller Omalyon, Megar s’avança et l’entretint immédiatement de ce qui le dérangeait depuis quelques temps déjà.

- Le général a fait envoyer des hommes dans le port avec la ferme intention de couler les navires n’arborant pas la bannière d’Athée. Il est sans doute trop tard mais nous devons récupérer tous les hommes envoyés et arrêter cette folie… Et trouver une muselière pour ce chien fou… Des nouvelles depuis mon départ ?

Megar vérifia que les mercenaires qu’il avait accompagné prenait un peu de repos. Il se pourrait qu’ils aient à se battre à nouveau et dans peu de temps. Puis il reporta son attention sur le conseiller de la présidente.

Megar reçoit l’invitation de s’asseoir et l’accepte avec gratitude. Il venait de passer la nuit à déambuler dans la ville et sans être exténuant, ce n’était pas non plus de tout repos. La présidente fait une remarque sur le café servi et la ponctue par un sourire. Personnage excentrique que l’on a du mal à voir sur un champ de bataille différent de celui de la politique… Mais elle devait être redoutable dans ce domaine. Le taromancien n’avait rien mangé depuis la veille et son estomac commençait à réclamer son tribut. Cependant, la bataille pouvant survenir n’importe quand et ne voulant pas être tué à cause d’un estomac trop lourd, Megar se contenta de quelques fruits et d’un morceau de fromage comme pitance.

Les nouvelles que le conseiller lui annonça à la fin de son petit repas n’était pas vraiment bonnes mais pas non plus mauvaise. La disparition d’un général et l’apparition d’un autre bien que bloqué à l’extérieur de la ville.¨Puis le cas de Raregord vint sur le tapis.

- Si ce Raregord est aux ordres du général Jelemiad et pas à ceux de Anton De Nor, alors il est fort possible que je l’ai en effet croisé sous un de ses déguisements, un rôle imparfait, sans doute dû à l’improvisation… Mais il sait où nous nous dirigions donc si il veut venir, il viendra.

Megar tut son envie d’exécuter l’espion pour s’être moqué de lui alors que le temps pressait. Les alliés devaient être vivants pour être utiles. Les morts ne sont utiles qu’aux nécromanciens et pour le moment, ces derniers se trouvaient en Déméria. Une pensée pour son Roi et le Chevalier retourne aux affaires présentes.

- Le général est bloqué à l’extérieur de la ville à cause d’ennemies ?…Revenons à ce que vous me demandez, je dois tenir des points stratégiques. Indiquez-les moi, dîtes-moi ce que j’ai à disposition et personne d’autres que des athées ne s’installeront à ces endroits… J’aurai besoin de quelqu’un connaissant bien l’organisation des rues et ruelles, peut-être même les égouts, afin de prendre l’avantage sur nos adversaire… Nous devons utiliser tous les avantages possibles… Et j’ai une dernière question un peu délicate. Jusqu’à quel point êtes-vous prêt à sacrifier les bâtiments de votre cité afin de défendre le Joyau ?

Megar attendait la réponse du conseiller avec angoisse, même si son masque de marbre ne changea pas par rapport à l’habitude. Selon le nombre de point à défendre, les hommes disponibles et les sacrifices disposés à faire, le Chaos régnerait ou l’Equilibre serait rétabli sur la nation d’Athée.

Megar écouta la présidente rigoler et cela l’amusa aussi. Le rire est quelque chose de contagieux et la malice de la présidente Tsuruchi avait le bon côté d’accentuer ce caractère contagieux. Puis vint le temps des explications et là, Megar fit preuve d’une concentration maximale face à la rapide mise au point du conseiller. Trois bâtiments à contrôler absolument. Trois bâtiments ne devant surtout pas tomber entre les mains des religieux. Et une Tour dominant toute la ville… Le premier point d’attaque était décidé avant même que le conseiller n’ait fini de parler. Les autres zones auront une stratégie défensive. Omalyon termina par confirmer que certains bâtiments pouvaient être sacrifiés et par poser un nouveau problème sur le tapis : l’absence de l’espion permettant à Megar de se renseigner sur les aménagements de la cité.

- Il ne reste donc plus qu’à trouver cet espion.

Megar avait besoin de plus d’informations pour décider de la prochaine action des troupes athées dans la cité. Pour les trouver, il consulta les notes laissées à son attention par la seigneur marchande Alymare. Ces notes étaient très complètes : troupes disponibles, situation des bâtiments et infrastructure de ces derniers. Cependant, il manquait quelque chose et ce quelque chose pourrait être déterminant. Alors que le chevalier de Bâton allait en faire part, la porte s’ouvrit sur un homme masqué.

Notre espion est enfin arrivé… C’est quoi cette voix : Sennachérib ? Non, légèrement différente… Mais le pire c’est qu’il joue au plus malin.

Sans se tourner vers l’espion, Megar répondit d’une calme et neutre.

- C’est la deuxième fois que vous manquait de respect à des gens qui vous sont supérieurs dans la hiérarchie, Raregord… Ou Anton De Nor, mais qu’importe votre nom. Lorsque vous aurez fini de jouer avec votre voix et que vous serez suffisamment motivé à sauver le Joyau, vous viendrez vous asseoir afin que nous puissions tous monter un plan tenant la route pour renvoyer les religieux chez eux…

Megar attendit quelques instants la réaction des gens présents en se observant une nouvelle fois la carte présentée par le conseiller Omalyon et en faisant un parallèle avec les notes de la seigneur marchande Alymare. La Tour surmontait l’ensemble de la ville et s’en approcher avec des troupes nombreuses relèverait de l’exploit. Le Palais Présidentiel disposé d’une muraille et de deux entrées. Les murs étaient assez haut pour tenir, à condition que les religieux ne s’amusent à les faire exploser. Le problème était le Concile. Un bâtiment composé d’un grand couloir et d’un amphithéâtre… Sans oublier le passage menant à l’intérieur en passant par le toit.

- Raregord, vous qui connaissez bien la ville, dîtes-moi : comment sont les égouts ? Où sont les entrées et où débouchent-ils ? Peuvent-ils nous permettre à nous ou à nos ennemis d’accéder à ces trois bâtiments. Megar montra les trois bâtiments stratégiques avant de reprendre. Si oui, les troupes peuvent-elles se déplacer dedans ? Avez-vous une connaissance suffisante de ses derniers pour nous diriger ? Disons que cela suffira pour le début.

Megar leva enfin le nez des papiers répandus sur la table et attendit une réponse de l’espion du général Jélémiad.

L’espion se mit à rire des commentaires de Megar. Déjà que ce dernier n’aimait pas que l’on se joue de lui, se moquer de lui n’était sans doute pas la meilleur idée que l’espion ait eut jusque là. Le Chevalier de Bâton ne répondit pas à la soudaine soif de sang qui le prit. Cet homme pourrait se montrer utile plus tard. Ou plutôt, il aurait tout intérêt à se montrer utile car sa suffisance risquait d ‘énerver très rapidement Megar qui pourrait décider de se passer de ces services. L’homme étala ses connaissances sur les égouts et proposa une idée des plus stupides aux yeux de Megar.

- Passer par les toits ne présente aucun avantage à cause des problèmes que vous avaient vous-même cité. Sans oublier que nous ne savons pas ce qui se passe dans la Tour. Si des alliés s’y trouvent alors nous ne risquerions rien mais si ce sont des religieux qui ont pris possession des lieux alors les meurtrières placées autour de la Tour leur permettront de nous tirer comme des lapins… Non ! Nous irons vérifier ce qui s’y passe en nous déplaçant par les petites ruelles étroites et sinueuses des quartiers entourant la Tour. Ce sera notre meilleur chance. Nous prendrons peu d’hommes au départ avant que des renforts nous rejoignent si nous avons besoin de batailler pour prendre chacun des paliers de la Tour. Nous n’aurons pas besoin des cavaliers vu la conf…

Une violente secousse sembla agiter le Tarot ce qui coupa totalement le système de pensée du Chevalier. Ce genre d’agitation ne pouvait être dû qu’à un sort très puissant lancé par un taromancien encore plus puissant. Mis à part le Mat, seuls les Rois étaient capables de ce genre de chose, ce qui révélait que les événements s’emballaient quelques part dans le monde. Puis les pensées de Megar se focalisèrent sur son Roi en Déméria, prête à agir contre la menace Pjeyhs. Et si c’était son Roi qui avait dû recourir à un tel sort. L’horreur se dessine sur le visage si calme habituellement du Chevalier de Bâton. Une carte sembla sortir de la manche de Megar et ce dernier ferma les yeux quelques instants. Puis son visage retrouva des couleurs et son cœur se remit à battre à un rythme normal. Elle allait bien. Megar fit disparaître la carte dans sa manche et se reconcentra sur la carte placée sur la table et reprit comme si rien ne s‘était passé.

- …Nous laisserons les cavaliers au Palais Présidentiels. Si nous en avons besoin au Concile pour prendre à revers les religieux, ils partiront au quatrième galop… Les forces seront plus ou moins repartie de façon équitable… Il faut trouver autant de personne que possible capable d’aller du Concile au Palais Présidentiel par les égouts. Ils guideront des groupes de 50 soldats qui patrouilleront sur ce trajet et serviront de relais de messagers afin de prévenir si quelque chose se passe quelque part…

Un mal de tête commençait à battre le rythme dans la tête de Megar. Le manque de sommeil commençait à faire son apparition. Un doigt sur la tempe, le Chevalier reprit.

- Une idée sur la disposition de nos forces Raregord ? En sachant que nous disposons de 3000 hommes reparties entre hoplites, infanterie lourde, arbalétriers, archers et hommes de rang. Nous avons 800 hoplites et 400 cavaliers légers. Et 200 mercenaires sont pour le moment de garde au Palais Présidentiel… Enfin, lisez ceci. Nous gagnerons du temps.

Megar tendit le feuillet qu’il consultait et qui contenait toutes les informations sur les forces de défense de la cité à l’espion et attendit qu’il prenne connaissance de toutes les informations avant de lui donner une réponse.

Spoiler:

Megar observa l’espion pendant qu’il lisait le feuillet remplit d’information vitale au maintien de la cité. Après quelques instants, Raregord lui donna une réponse à peu près similaire à ce dont il pensait.

- Nous devons avoir le contrôle de ces trois places fortes. Sans exception… Et vous avez confirmé une de mes craintes. Si nous ne contrôlons pas la Tour alors les religieux pourront nous prendre à revers à tous moment. Donc pour l’instant, le déplacement des civils est hors de question. Renforçons les défenses des deux bâtiments sous notre contrôle avec les soldats à notre disposition. Un millier d’hommes pour chacun. Repartis dans la bâtisse et les bâtiments alentours, en particulier pour les arbalétriers.

Megar récupéra les documents qu’il avait donné à Raregord et recommença à faire des allers-retours entre la carte et les feuillets.

- Les forces hoplites seront divisés en deux. Soit 400 pour le Concile et 400 pour le Palais. Des archers seront postés dans la cour du palais, en contrebas de la muraille pendant que des arbalétriers seront postés dans les étages des maisons des alentours et sur la muraille. Ceux dans les maisons seront accompagnés d’une vingtaine de soldats par maison. Ils pourront faire des travaux afin de rendre le lieu plus sûr. Les portes du Palais seront renforcées avec des poutres de soutien étant donné que l’on ne peut pas compter sur les herses.

Une page est tournée et un nouveau coup d’œil est jeté sur le plan des rues. Megar tourna une autre page et vérifia la structure du Concile.

- Si les religions veulent prendre le Concile, ils auront intérêt à batailler. Mais si ils souhaitent le détruire, ce sera à nous de prendre l’initiative… Ce que vous appelez une forteresse ressemble plus à un piège à rat pour moi. Si nous restons trop sur la défensive, les mages détruiront purement et simplement le Concile… Commençons par une stratégie standard. Arbalétriers sur le toit du Concile et dans les maisons autour et une trentaine de soldats pour les accompagner… Ajoutons-en dans le long couloir du Concile. Trois rangs de 8 arbalétriers afin de faire le ménage. On en placera d’autre dans la chambre du Concile. Mais surtout, il ne faut pas que nos hommes soient forcés à descendre dans les étages… Et il faut faire quelque chose pour ce trou dans le plafond…

Les pages du feuillet sont placées sur la table et Megar se frotte les yeux. Le manque de sommeil se fait ressentir et cela pourrait entrainer des erreurs de décision. Le Chevalier allait devoir remédier à cela ou bien l’avenir de la cité serait un peu plus sombre.

- Divisons notre cavalerie en quatre unités de 100. Leur rôle sera de prendre nos ennemis à revers lorsqu’une attaque sera déclenchée mais tant que la tour n’est pas sécurisée, qu’ils se déplacent de manière totalement aléatoire. Ne fournissons pas trop d’information à nos ennemis… Vos pigeons seront très utilisés seigneur Omalyon, ils ne doivent pas nous lâcher au milieu de ce qui s’annonce…

Megar se leva et s’étira un peu avant de prendre une poire. Il commença alors à faire les cents pas en dévorant le fruit. D’un seul coup il s’arrêta et vint se rassoir, la poire à moitié finie.

- Je me charge de la Tour avec Raregord. Notre espion prendra autant d’hommes capables qu’il le souhaite afin de faire grimpette et d’attaquer par le haut. Si personne n’a la clé de la porte d’entrée alors je m’occuperai de son ouverture afin de permettre à nos hommes de pénétrer par le bas du bâtiment. Je prendrai deux cents hommes avec moi. Faîtes votre choix Raregord. Pendant que tout s’organise nous prendrons un peu de repos afin d’être frais et dispo… Consignes pour tout le monde. Le ciel peut être plein d’espions religieux alors le surveiller n’est pas une mauvaise idée. De plus, que tous se déplace par les rues les plus petites, sauf la cavalerie, afin de masquer un maximum les mouvements de nos troupes… Si personnes n’a rien à ajouter, j’irai prendre un peu de repos afin de ne pas mourir par manque d’énergie.

Le seigneur Omalyon étire légèrement ses lèvres. Megar n'était pas le seul à être fatigué, c'était ce que montrait ce sourire. Mais Omalyon l'était d'une façon différente. Si il n'avait pas parcourût la cité de long en large, il n'avait pas été moins actif. Cependant, il était probablement plus endurant que ce jeune marchand aux capacités de stratèges cachées. Alors que Megar terminait d'expliquer son plan, il se leva alors que par la fenêtre les ombres des oiseaux que projetaient le soleil, assombrissait la pièce. Il ouvrit la fenêtre et les pigeons, loin de s'engouffrer dans le salon, se posèrent sur le rebord de la fenêtre. Des morceaux de parchemins apparurent dans des éclats de fumée rose autour de la patte de certains et ceux là repartir pendant que quatre continuaient à attendre sans même roucouler, leurs yeux rendu brillant par la magie arcanique qui les possédaient. Le conseiller se retourna vers le marchand et l'espion.

-Je vous laisse ses oiseaux-ci. Ils vous permettront d'envoyer des messages mais pour ma part j'ai certaines choses à accomplir dans le port qui ont déjà trop attendu. J'ai envoyé vos ordres aux soldats avec les autres pigeons et accompagnerait ceux qui se rendent au concile. D'après ce que m'a dit Sérène vous devriez avoir environs quatre heures de répit. Mais après cela, la situation risque de redevenir bouillonnante et il vous faudra être prêt.

Du doigt, le conseiller Omalyon désigna une porte dans le fond de la pièce.


- Vous trouverez des couchages derrière cette porte. N'ayez pas peur pour votre sécurité, les mercenaires de Sérène sont compétents et même si ils étaient submergés, vous devriez avoir le temps de fuir. Bonne chance, puisse le Joyaux briller de nouveaux.

Lemerron se dirigea ensuite vers la porte qui se mit à luire de plus en plus à mesure que ses pas le rapprochait de son objectif. Lorsqu'il l'ouvrit, il fût baigné d'une lumière rose et lorsqu'il franchit le seuil de la porte il disparût complètement. La porte s'était refermée d'elle-même et à présent l'espion et le marchand étaient seuls. Sérène était quelque part dans la maison, occupée à quelques divinations et de la nourriture était laissée à la disposition des deux hommes.

Raregord écouta attentivement Megar. Ce jeune marchand avait donc, comme il l'avait pressenti la première fois qu'il l'avait rencontré, son principal talent n'était pas le commerce mais le combat. Mais les deux domaines ne sont pas forcément très éloignés. Dans chacun des deux domaines, il était question de pouvoir, de ressource et de plan pour compenser les déséquilibres de forces. Mais la stratégie n'était pas forcément le fort de l'espion, c'est pour cela qu'il était heureux de se retrouver dans l'escouade d'exploration de la tour. Après un instant de réflexion, il énonça ses besoin pour la mission d'infiltration.

"Cette mission nécessitera de la discrétion et surtout des aptitudes athlétique poussées. Un petit groupe sera plus efficace mais j'aime avoir des solutions de secours en cas de problème. Il me faudra donc une douzaine de soldats habitué aux tache de reconnaissance, de sabotage et d'embuscade. Chemise de mailles au grand maximum, habillé en noir, armement léger, n'ayant surtout pas le vertige, près à suivre mes ordres. Qu'ils soient près à partir dans 1h. J'aimerai aussi qu'on m'apporte des onguents et paumades contre les hématomes et les plaies, la nuit n'a pas été très calmes pour tout le monde"

Une fois mes demandes passées, je décide de sortir d'aller dans l'une des chambres. Au calme, pour maximiser les chances de cette mission, Raregord se dit qu'il vaudrait mieux essayer d'appeler quelques renforts dans la cité. Il faut dire qu'il n'avait que modérément confiances aux soldats, même ceux de son patron. Il préférait avoir des gens en qui il avait confiance avec lui. Pour cela, il utilisa de l'encre qu'il avait trouvé sur l'un des bureaux pour dessiner une série de glyphe dans un cercle pour concentrer assez de magie pour lancer son sort. Raregord n'était pas un mage très doué, il en convenait, mais il avait appris de nombreux tour de passe-passe particulièrement utiles dans son métier. Celui là était un sort particulièrement utile, mais nécessitant beaucoup de concentration. On l'appelait "Murmure de l'au dela" fait normalement pour faire croire à ses cibles d'entendre des voix et de la rendre à moitié folle, mais en augmentant légèrement la puissance de ce sortilège, il l'avait transformé en un sort de communication à distance. Il pouvait communiquer avec certains de ses agents de terrains dans la ville. Il espérait secrètement qu'ils étaient tous en vie et qu'ils avaient trouvé des endroits où se planquer et cela pour deux raisons. Il est dur de trouver des agents de confiance dans cette cité et en plus c'était tout de même des personnes douées, et donc des ressources importantes. Le message que Raregord leur enverra sera simple pour réduire le temps de concentration nécessaire, mais il était particulièrement imagé pour rendre son décryptage difficile pour l'ennemi :

Citation :

Les feuilles tombent dans la mare dans un mois

Certes ce n'était pas évident. "Les feuilles" sont les agents. "Tombent" sont donc au sol, se réunissent. "La mare" est le nom de code d'une ancienne auberge se nommant "Le Lac Etincelant". "Dans un mois" signifiait dans 31 minutes.

Un léger sourire du conseiller Omalyon attira l’attention de Megar. Cet homme à l’air austère semblait capable d’effectuer ce si léger mouvement musculaire et à l’instar du Chevalier de Bâton, il ne l’effectuait que rarement. Mais était-ce pour le plan que Megar venait d’expliquer ou bien une autre raison que le « marchand » ne comprenait pas ? Toujours est-il que le magicien s’approcha de la fenêtre et l’ouvrit et envoya plusieurs messages aux soldats athées par le biais de pigeon très similaire à celui qui l’avait mené à la demeure de la marchande Alymare. Puis quatre volatiles sont laissés à disposition de Megar.

Quatre oiseaux, quatre troupes de cavaliers et trois zones à protéger et une unité mobile à qui transmettre des ordres rapidement… Le nombre est bon.

Quelques mots pour informer ses camarades de sa destination, du temps de repos autorisé et une petite prière athée pour tous les bénir. Le magicien disparut dans une vive lumière laissant seuls les deux hommes désormais responsables de la prise de la Tour. L’espion énonça alors ses besoins pour la mission qui l’attendait. Des demandes logiques dans l’ensemble mais une chose dérangeait tout de même Megar.

- Seulement une douzaine ? Nous aurons à faire à des paliers de défense… De véritables zones fortifiées. Mais c’est vous qui voyez… Une fois que vous serez au sommet de la Tour, mes hommes et moi passerons à l’attaque de façon bruyante afin de faire diversion pour que vous entriez plus facilement. Nous passerons par la porte d’entrée pendant que vous passerez par la face opposée de la Tour… Même si elle est défendu par des religieux, nous allons prendre ce point stratégique. Nous nous retrouverons tout les deux ici dans 3 heures. Dit le Chevalier en pointant un point éloigné de la Tour et à l’abri derrière une des statues massives.

Megar passa la porte et se dirigea vers sa propre chambre à la suite de l’espion. Cependant, lui c’était pour se reposer avant une bataille qui s’annonçait difficile. La pièce simple, comme le reste de la demeure, l’odeur moins forte de l’encens et le calme du petit matin. Ces éléments permirent à Megar de trouver facilement le sommeil réparateur. Mais ce n’était pas les seuls responsables, Yukihana et L’Ermite ne le quittèrent pas une seule seconde, il ne fallait pas confondre sentiment de sécurité et laxisme…