Un nouveau matelot pour le Souffle ?

Tout le temps que dura la bataille, Rallen était resté caché dans son coin en attendant que les marins du Souffle et ceux du Prime exterminent les soldats Athées. Lorsque le travail fut accompli, le demi élémentaire se releva tant bien que mal et rejoignit le reste de l’équipage. Désormais, il n’y avait plus seulement deux navires présents dans la baie du port. En les comptant, Rallen en dénombra 14. Soit son capitaine avait une influence incroyable, soit ces navires étaient remplis de marins fous pour avoir rejoint un loup pour un simple discours. Ou alors un peu des deux…

En se retournant, Rallen vit quelque chose qu’il aurait apprécié en d’autres circonstances… Une flotte de changiste. Beaucoup de changiste à portée et pourtant le demi élémentaire est trop peu équipé pour se battre, le demi élémentaire est bien trop blessé pour encore se battre… La haine de l’élémentaire pour les changistes était grande mais pas suffisamment pour le pousser au suicide. Puis le capitaine repartit dans un discours qui se voulait encourageant mais pour Rallen, ce n’en était pas un. Lui qui voulait se battre ne pourrait pas le faire. Lui qui voulait tuer les changistes n’en aurait pas l’occasion…

Un homme vint le chercher afin de le soigner. Il s’agissait du même homme qui avait soigné le capitaine pendant que Rallen négociait avec lui. Le vieil homme à la jambe de bois et à la grande barbe grise. Rallen le suivit dans la cale après un dernier regard plein de haine vers les navires changistes. Les moments où Rallen avait regretté de ne pas être un véritable élémentaire pouvait être compté sur une main et là, il vivait un de ces moments. Si il était complet, il aurait pu faire tomber la foudre contre ses monstres de religieux fanatiques. Un soupir et l’homme aux cheveux bleus entre dans les entrailles du Souffle Gris.

Les deux hommes marchèrent un peu avant de se poser dans un coin de la cale afin de soigner les blessures de Rallen. Pendant que le vieil homme réunissait l’ensemble de son matériel de soin, le demi élémentaire déchira son pantalon anciennement blanc et libéra l’accès au carreau enfoncée dans sa chair. La blessure était nette : une chance. Profitant du calme avant la tempête, Rallen se présenta au vieil homme.

- Je m’appelle Rallen… C’est toujours comme ça sur ce navire ou c’est juste pour fêter l’arrivé d’un petit nouveau ?

Rallen essayait de se calmer en blaguant. Après tout, il s’était toujours évertué à éviter les blessures graves. C’était donc une première pour lui d’être soigné par quelqu’un d’autre. Une première dont le demi élémentaire se serait bien passé… Un coup d’œil au pantalon plein de sang et une idée vint à l’esprit de l’élémentaire.

Avec tout ce sang, j’ai tout les ingrédients pour m’essayer à la fabrication de la poudre du capitaine…

Rallen conserva le morceau de tissu dans la main afin de peser le pour et le contre. L’énergie nécessaire pour cela serait bien plus importante qu’avec d’autres matières premières. Mais en même temps, il ne servait à rien pour l’instant alors autant rentabiliser le temps perdu… Un souvenir frappa à la porte de l’esprit de Rallen.

- Vous pouvez me donner plus d’information sur cette histoire de protecteur. Si j’ai tout compris, quelqu’un sera responsable de mes agissants devant le capitaine ? Qui est libre pour un petit nouveau aux cheveux bleus et au sens de l’humour généralement hors propos ?

Rallen attendit le début des soins qu’il savait douloureux dans l’ensemble.

Embrun faillit louper une prise en entendant une voix hurler dans sa tête. Pour s'en protéger, il aurait fallut qu'elle ai un minimum de prudence et qu'elle soit capable de fermer son esprit à la magie. Hors, ce n'était évidemment pas le cas, surtout pour cette étrange notion complètement inconnu de la jeune fille qui a tendance à empêcher les autres de se jeter dans la gueule du loup... Au sens propre du terme dans son cas d'ailleurs. sans réfléchir, elle se cacha en toute hâte derrière les voiles comme le lui avait demandé la voix, puis elle chercha du regard une réponse à ce qui venait d'arriver. La chat ! Et bien... Il avait une voix qui porte, elle ne s'attendait pas à ce qu'un hurlement digne de son capitaine vienne de ce compagnon de bord.

"Complèt'ment fou c'type, j'aurais pu tomber à cause d'lui !" Une flèche vint se ficher devant son nez, interrompant momentanément ses réflexion. Il est vrai qu'elle aurait pu se la prendre dans la tête celle là... D'accord, il avait sans doute de bonnes raisons. "Fallait bien vérifier l'boulot d'ce têtard... L'Prime il vaut bien qu'on prenne des risque pour lui..." Sur ses pertinentes pensées, une autre flèche, qui lui était sans doute aussi destinée, vint trancher nette un cordage où elle était accrochée. La corde sous son pied gauche se tendit brusquement, supportant tout son poids, et elle glissa vers le vide. La prise qu'elle avait prévue pour son pied droit était encore loin, quant à son autre main, elle s'en servait pour s'équilibrer au moment de l'asseau. La jeune fille du y mettre toute son agilité pour ne pas tomber purement et simplement sur Dilkayen. Les cordes lui rongèrent les doigts tendit qu'elle reprenait pied tant bien que mal... Le sang les rendait glissantes... En fait, elle avait plutôt intérêt à écouter son compagnon du coup. Elle se laissa glisser jusqu'au pont en tentant de calmer les battement de son cœur. Peine perdue au milieu de la bataille.

- Oui, bon, t'as pas tort... Mais s'tu m'avais pas déconcentré aussi ! Puis faudra qu'tu m'dises comment t'as fait ça si on survit. Lança t-elle à son "sauveur" d'une voix un peu boudeuse.

La situation n'était pas vraiment meilleure. Une nouvelle flotte arrivait et ils étaient légèrement trop nombreux pour eux, du moins en apparence. Embrun ne doutait pas des capacité du Tempête Prime, mais pour celles de son équipage... Non, ils n'avaient aucune chance. Heureusement, ils n'étaient pas seul. Il y avait un autre navire qu'elle ne connaissait pas. Et des hommes assez étranges dessus. Pas des hommes d'ailleurs, des elfes. Elle n'avait pas un excellent souvenir de la dernière escale sur leur ile, mais là, elle n'était pas fâchée de les voir. Un navire elfique... Il lui rappelait cruellement le Zéphyr. Elle ne pouvait tout de même pas mourir avant de le revoir ? Sauf qu'il ne restait plus grand monde sur le pont.

- Bon sang... Cap'taine, y a un plan ou on fonce d'dans ?

Sabre à la main courrait, son kama à la main, en hurlant. Il fallait au moins se regrouper pour tenir, et protéger Zaukon. Elle adressa un regard violacé à leurs alliés en passant... Un regard qui n'avait d'autre signification que la ferme intention de se battre pour la mer. Elle ne l'aimait pas vraiment, Lupen, mais il fallait avouer qu'il ne disait pas que des bêtises... Puis il y avait des drôles de bêtes aussi, dans les airs, mais elle ne tenait pas franchement à s'y frotter.

Le vieil homme se mit à sourire pour une raison qui échappa à Rallen. Le demi élémentaire espérait simplement que ce n’était pas à la perspective de ce qui allait suivre ou du moins, à ce qu’il pensait qui allait suivre. Après tout, lorsqu’on imagine les soins apportés dans la cale d’un navire pirate en pleine bataille, la douceur n’était pas parmi les premières images à venir en tête. Cependant, l’homme à la jambe de bois et à la barbe poivre et sel semblait vraiment s’y connaître. Il commença par faire mâcher quelques feuilles de plusieurs plantes à Rallen. Par réflexes, ce dernier analysa ce qu’on lui mettait dans la bouche. Il se surprit à en reconnaître plusieurs et à réfléchir à ce que lui aurait plutôt utilisé si les circonstances avaient été inversées. Cependant il ne fit pas part de ses pensées. Il y a des choses que l’on peut faire sur un navire pirate, critiquer les méthodes de soin du médecin n’en fait pas parti. Le vieil homme commença à expliquer ce qu’était exactement un protecteur.

Pour un peu, j’aurai l’impression de retourner dans le temple des changistes… Sauf que je ne fais pas moins d’un mètre… Et que j’ai de véritables pouvoirs maintenant.

Après plusieurs plantes mâchées ou étalées sur ses blessures, à tel point que le demi élémentaire avait l’impression que le vieil homme l’assaisonnait en prévision du prochain repas d’un gros, très gros loup, la douleur sourde dans le bras de Rallen commença à s’envoler suivie de près par celle plus vive de la jambe. Krash commença alors son travail de chirurgien. Excisant la plaie avant d’écarter la chair et de faire sortir la pointe de la flèche. Là le sang se mit à couler, non pas à flot car aucun artère ou veine n’avait été touché mais suffisamment fort pour finir de souiller le pantalon de toile, anciennement blanc, de Rallen. D’une main experte, le vieil homme se mit à recoudre la plaie sous le regard lointain du demi élémentaire.

La Foudre avait fini par choisir de profiter du temps à sa disposition et des matières premières que l’on lui mettait gracieusement à contribution. Dans un état second, Rallen effectua plusieurs dizaines d’essais de fabrication de poudre noire en quelques secondes, travaillant uniquement une molécule à la fois, puis les combinant dans les mêmes proportions que celle contenue dans le petit sachet que le prêtre originel lui avait remis avant d‘y mettre le feu pour savoir si c‘était une réussite ou un échec. Un simple travail de copie mais qui nécessité habituellement plusieurs jours car jamais Rallen ne se mettait dans cet état de transe très épuisant.

Lorsque Krash aurait terminé son travail de soin, il pourrait voir que Rallen était en sueur et complétement épuisé. Il tenait à peine droit sur la table et il commençait à tanguer dangereusement. Le regard de l’élémentaire se remplit à nouveau de l’étincelle de la vie et il sourit au médecin. Dans sa main droite, le sachet du prêtre qui contenait un peu de poudre était désormais rempli du quintuple des mêmes granulés noirs de quelques millimètres de diamètre. Un sourire fier apparut sur le visage de Rallen lorsqu’il tendit tant bien que mal le petit sachet.

- Cadeau pour le capitaine… Il devrait y avoir assez pour un tir… Peut-être deux… Au fait, je ne vous ai pas demandez votre nom Doc’… Si je dois vivre ici, le minimum est de connaître les noms de tout le monde…

Le vieil homme quitta la pièce après avoir accepté de transmettre le petit sachet de poudre au capitaine fou. Mais à cet instant, Rallen s’en moquait éperdument. La fatigue le tenait serré contre elle et comptait bien ne pas le lâcher de sitôt. Un moment de calme et l’esprit de Rallen s’échappe vers un monde de rêve. Un monde dans lequel il est né humain et a grandi tel quel. Une vie sans errance, une vie simple, une vie de pêcheur, de tanneur… Désormais il ne grandissait plus, il vieillissait. La barbe poussa puis commença à blanchir. De jeunes enfants courraient autour de l’homme en train de vieillir et lui demandaient de raconter des histoires de sa jeunesse. Évidemment, la plupart était inventée de toutes pièces mais qui cela intéressait ? L’homme âgé continua sa vie jusqu’au moment où il était allongé dans son lit, la respiration rendue difficile par un hiver rude. La mort l’attendait et il le savait. Pourtant, nulle peur n’accompagnait cette funeste Faucheuse.

Un dernier souffle gonfla la poitrine avant que le torse ne s’arrêta de se lever… La scène s’arrêta et un être brillant fit son apparition. Un être composé uniquement de foudre… Un élémentaire de foudre. Sa voix était identique à celle du vieil homme dans sa jeunesse : vive et moqueuse.

- Bien dormi ? Maintenant réveil toi !

La main de l’être de foudre transperça littéralement le vieil homme mais pas de sang. La douleur par contre était bien présente. Une douleur qui réveilla Rallen en sursaut. Ses muscles étaient douloureux, sa tête le faisait souffrir et surtout, une tempête approchait rapidement. Une tempête puissante, plus que celle qu’il avait enduré pendant l’attaque du Konjiki Ryu… La douleur causée par la tempête se renforça au moment où un chant commença à s’élever du pont supérieur.

- Qu’est-ce qu’ils sont en train de faire là-haut ?

La tempête n’était pas quelque chose que le demi élémentaire appréciait vraiment lorsqu’il était en pleine forme. Alors avec un corps et un esprit fatigués, cela revenait à le torturer. Rallen essaya de se relever du coin dans lequel il avait sombré mais trébucha et s’écrasa sur le bois dur du Souffle Gris. Poussant un grognement, l’élémentaire se releva tant bien que mal, constatant au passage que ces plaies fraichement refermées venaient de se rouvrir, et déambula dans les coursives, à la recherche d’un moyen de remonter sur le pont…

L’esprit totalement embrumé par la douleur et la fatigue, Rallen termina son périple dans la salle à manger du navire. Une petite femme semblait s’affairer dans la cuisine mais La Foudre ne pouvait pas en être sûr. Un instant il chercha la sortie avant de tomber à nouveau au sol pour se redresser et s‘adosser à l‘un des murs...

Cette fois, la tempête commençait à prendre le dessus sur l’humain. Les yeux de Rallen n’étaient plus que des billes blanches et le corps entier était parcouru par la foudre. Des choses étaient sympa dans la vie, perdre le contrôle de ses pouvoirs n’en faisait pas partie. Rallen souffrait doublement car il savait ce qui était en train de lui arriver. Même si il reprenait le contrôle, quelque chose aurait changé chez lui. Il ne pouvait pas ressortir de cette épreuve indemne…

Il ne pouvait ressortir de cette épreuve indemne. L'énergie s'accumule en lui et il s'élève du pont, les bras écarté tandis qu'il devient le réceptacle des foudres qui auraient dû frapper le Souffle Gris en cet instant. L'énergie lui arracherait un cri puissant et le monde ne serait plus que douleur pour cet être qui n'aurait pas pût naître sans la traîtrise du changement. Cet être dont l'essence avait été distillée en l'humain afin que naisse une créature qui ne saurait plus user de ces pouvoirs. De ces véritables pouvoirs. Qui aurait perdu son lien fondamentale. La raison de son existence. Un être qui errait dans un vaste monde qui ne l'accueillait pas et ne le comprenait pas. La douleur est sa seule maîtresse et la folie semble s'emparer de lui tandis que son esprit lui-même se disloque face à la puissance qui le possède. Son corps n'est plus que charpie qui n'a de cesse de se reconstituer pour se déchirer une nouvelle fois et son âme n'est plus qu'une ombre dans la lumière qui naît de son corps. Un cri qui domine la tempête et tout se tait !

Rallen ouvrira les yeux et y découvrira un endroit qu'il ne connaissait pas. Une île car les effluves marins parviennent jusqu'à ses narines. A ses pieds de la glace car il semble se tenir au sommet d'un vaste iceberg mais sa peau bleu-grisée ne ressent pas le froid. En contre-bas de l'iceberg, l'écume s'écrase contre la roche et derrière lui une vaste étendue d'herbe haute que parcourt une rivière d'eau pure et que parsème de haut arbre feuillus. Un endroit qui n'a jamais connu ni homme ni changement car cet endroit est le même depuis la première aube du temps. L'île Originelle. Dans ses mains, il sentirait le pouvoir de la tempête, un pouvoir bien supérieur à celui qu'il avait pût connaître. Puis Rallen fermera une nouvelle fois les yeux et trouvera Hù-Béï, la cité des milles richesses. Il avancera parmi les hommes et les femmes sans être plus regardé que n'importe quel homme. Il avancera parmi eux et leurs parlera sans gène car il serait comme eux. Alors qu'il avancerait dans les marchés, sa main allait parcourir les étoffes et les épices mais jamais il ne sentirait un courant électrique parcourir ses doigts pour comprendre comment ou pourquoi. Puis ses deux visions s'éteindraient. Il était sur le pont d'un Souffle Gris désert et qui avançait par temps calme. Il n'y avait personne. Du moins jusqu'au moment où il monterait sur le pont supérieur où un étrange être tenait la barre. Il portait un pantalon bleu que serrait une ceinture faite d'une étoffe azur et une chemise bouffante blanche accompagnée d'une veste bleue tandis qu'un tissus de la même couleur que sa ceinture lui ceignait la tête et cachait le haut de son crâne. De ce tissus s'échappait de long cheveux blanc correspondant à sa peau pâle. Son visage était d'une grande beauté mais alors qu'on s'attendait à y voir la sérénité, on y trouvait un grand sourire et deux yeux d'un saphir joyeux.

En voyant venir Rallen, celui qui était probablement un elfe élargit son sourire.

- Vous voilà enfin M.Dacoro ! Il était temps, nous avons beaucoup de chose à faire et peu de temps pour chacune d'entre-elles !

L'elfe lâcha la barre qui continuait cependant de se mouvoir au rythme de mains invisibles qui permettaient au navire de garder un cap parfait. Tout deux se trouvèrent alors dans une étrange pièce remplie de carte, de compas et d'outils de navigation que l'elfe maniait avec une apparente habilité mais qui se révélait en fait être des choix hasardeux, rendu gracieux par les doigts effilés de ce curieux capitaine.

- Voilà notre destination mon cher Narell. Dit-il en pointant le continent inexploré, Sorgen. Mais pour y aller il va falloir choisir avec attention ce que nous décidons d'embarquer, nous n'avons pas de la place pour tout comme vous le savez bien ! Nous pourrions décider prendre le détroit d'Izzilia et ainsi faire comme la plupart des navires mais nous pouvons aussi passé près de l'île Originelle et passé sous Oridia pour revenir par le Sud. Le voyage est plus long et nous seront au cœur des Tempêtes. Les deux chemins ont des prix mais c'est à vous, Narell Dacoro, de voir lequel vous trouvez le plus élevé. Car après tout ce voyage est le votre et faire les choses à demie n'est plus possible, il vous faut être entier.

Ce dernier mot fût prononcé avec une étrange intonation, pénétrant l'esprit de Rallen et s'y répercutant des dizaines de fois, trouvant un écho sans équivoque avec son métissage unique. Il était temps de faire un choix.

Spoiler:

La vue de Rallen était déjà brouillée lorsqu’il était arrivé dans la salle à manger du navire, le corps chargé de l’énergie de la tempête. Mais, Origine et Changement seuls savent comment, Rallen était parvenu jusqu’au pont supérieur du navire. Dans les entrailles du bateau, la douleur était présente mais relativement sourde par rapport à ce qu’il expérimenta en sortant sous la pluie et les éclairs. Rapidement, son esprit fut saturé par les sensations l’envahissant, ou plutôt par la sensation : la souffrance. Elle était aussi bien physique que mentale, elle était terriblement présente mais aucun son ne sortait de la bouche pourtant grande ouverte de l’élémentaire. Le souffle coupé par chaque impact de foudre, il n’avait pas le temps de hurler sa douleur dans la tempête. Il n’avait pas le temps de pleurer sa chair brûlée et déchirée, il n’avait pas le temps de s’apitoyer sur son esprit qui se désagrégeait sous les assauts furieux de la tempête.

Puis tout s’arrêta lorsqu’il réussit enfin à pousser ce cri qu’il désespérait de pouvoir pousser… Un cri salvateur qui lui permettrait de faire sortir ne serait-ce qu’un peu de la douleur accumulée… Mais la souffrance disparut avec le hurlement du métisse, avant qu’une scène fantastique ne s’offrent à ces yeux. Un lieu inconnu qui pourtant éveillait un sentiment de déjà vu chez Rallen, un peu comme si cet endroit lui manquait… Mais avant qu’il ne puisse s’interrogeait sur la raison du changement de couleur de sa peau, la scène changea du tout au tout. Un lieu désert de vie humaine se transforma en rue bondée, pleine de vie humaine. Alors qu’il saluait, marchandait, déambulait entre les étales, Rallen sentit une pointe d’envie pour la situation. Pourtant il la vivait alors pourquoi ressentir de l’envie ?

La scène changea à nouveau lorsque le métisse (l’était-il encore en ce moment ?) se rendit compte que son pouvoirs passif d’analyse ne s’était pas déclenché depuis le début de ses visions… Rallen se retrouva sur le pont d’un Souffle Gris abandonné par son équipage… Chose étrange puisqu’une bataille aurait dû être en cours, mais était-ce vraiment le cas ? En se déplaçant sur le pont, il trouva le capitaine du navire à la barre… Un capitaine en blanc et bleu… Il aurait plutôt imaginé le capitaine de ce vaisseau en rouge mais allez savoir pourquoi. En le voyant arriver, le capitaine sourit avant de s’adresser à l’arrivant et de lâcher la barre :

- Vous voilà enfin M.Dacoro ! Il était temps, nous avons beaucoup de chose à faire et peu de temps pour chacune d'entre-elles !

Les deux hommes se retrouvèrent dans une salle pleine de carte et d’outils de navigation. Le regard fixé sur l’un de ces planisphère, le capitaine commença à expliquer ces « choses ».

- Voilà notre destination mon cher Narell. Dit-il en pointant le continent inexploré, Sorgen. Mais pour y aller il va falloir choisir avec attention ce que nous décidons d'embarquer, nous n'avons pas de la place pour tout comme vous le savez bien ! Nous pourrions décider prendre le détroit d'Izilia et ainsi faire comme la plupart des navires mais nous pouvons aussi passé près de l'île Originelle et passé sous Oridia pour revenir par le Sud. Le voyage est plus long et nous seront au cœur des Tempêtes. Les deux chemins ont des prix mais c'est à vous, Narell Dacoro, de voir lequel vous trouvez le plus élevé. Car après tout ce voyage est le votre et faire les choses à demie n'est plus possible, il vous faut être entier.

Le dernier mot était plein de sens. « Entier », voilà une chose que Rallen n’avait jamais été mais avait toujours souhaité… Même si il clamait haut et fort qu’il était bien en métisse, le rejet était quelque chose qu’il n’avait jamais surmonté… Il ne fallut pas longtemps à Rallen pour choisir son chemin, son doigt effleure l’île Originelle avant de se pointer sur le détroit reliant la mer d’Izilia à l’océan des Tempêtes.

- Nous passerons par là pour rejoindre l’océan des Tempêtes. Jusqu’à maintenant, je n’ai pas vraiment apprécié mes rencontres avec celles-ci mais si je suis entier, elles ne me rejetteront plus et ne feront plus souffrir. Les Tempêtes deviendront mes alliés et nous rejoindrons Sorgen par le Sud d’Oridia.

La décision était prise, Rallen venait d’abandonner la moitié de son être afin de devenir entier. Origine seul sait ce qu’il adviendra à partir de maintenant.

L'étrange capitaine sourit en voyant l'itinéraire choisit par ce monsieur Narell Dacoro. Sortant de nulle part un chapeau bleu portant une large plume blanche, il s'inclina bien bas, son couvre chef au bout de la main avant de se relever avec un sourire plus large encore. Il enfonça ensuite le chapeau bleu sur le crâne de Rallen, lui couvrant pratiquement les yeux.

- C'est votre choix et il sera respecté. Mais ne faites pas confiance aux elfes à chapeaux. Ils sont souvent bien plus qu'ils ne le laissent croire !
S'exclama l'étrange capitaine avant d'éclater d'un rire qui se transforma bientôt en un coup de tonnerre.

Un coup de terre et c'était tout ce que Rallen pourrait d'abords entendre hormis son cri de douleur qui s'éteignait à mesure que cette dernière disparaissait et que la puissance qui le parcourait semblait disparaître. Mais si le spectacle était éblouissant pour quiconque levait les yeux vers Rallen, ce dernier pourrait parfaitement distinguer son corps et les transformation qui s'y opéraient. L'énergie semblait le traverser de par en par, déchirant sa peau mais sans que la moindre douleur ne soit ressentie et ne révélant ni chair ni sang mais un squelettes fait d'énergie crépitante qu'était celle de la foudre entièrement parcourût de ce qui ressemblaient à des vents puissants mais qui se cantonnaient à son seul corps. Ses organes quant à eux disparaissaient pour ne plus être que de l'air. Car c'était bien ce que Rallen devenait. De l'air chargé d'électricité. L'air même de cette Tempête. Puis la lumière explosa alors que d'elle naissait un puissant colosse fait d'air et de foudre qui n'avait plus aucun traits commun avec le Rallen que Lupen avait pût voir. Ses jambes n'étaient plus qu'une seule tornade qui le portait au-dessus du champs de bataille et son corps tout entier était constitués de nuages attirés par la puissance du vent et parcourût d'éclairs.

Celui qui fût un métisse entre l'homme et l'élémentaire pourrait sentir la puissance qui déferlait en lui, comme un fleuve tumultueux tandis qu'un puissant sentiment d'euphorie l'envahirais et que se répercuterait dans son esprit la connaissance de l'Origine. Non pas sa croyance mais bien la connaissance. Il serait le seul à pouvoir décider de vouer ou non un culte à ce dieu qu'il savait existant et dont il saurait qu'il venait de recevoir la bénédiction. Une chose qui n'était pas arrivée depuis près de trois siècles. Rallen serait devenu un élémentaire de l'air à part entière. La Foudre n'étant qu'un aspect de l'air. Il ne serait plus capable d'analyse ou de modifier les choses autour de lui. Mais dans cette tempête, il ne sentirait plus la souffrance mais la puissance. Celle qui lui permettait de renverser le cours d'une bataille loin d'être gagnée.

Spoiler:

Le capitaine bleu sembla amusé par la réponse de Rallen. Ce qui était sûr, c’est que ce capitaine était très étrange et ce n’est pas le chapeau apparut de nulle part et le conseil étrange qui aiderait à faire changer d’opinion le métisse. D’un seul coup, le tonnerre retentit dans l’esprit de Rallen tellement fort qu’aucun autre son existait… Et voilà qu’il était à nouveau dans son corps déchiré par la foudre. La douleur était à nouveau présente et le cri de Rallen ne semblait pas prêt de se finir avant un bon moment…

Du moins, c’est ce que ce dernier cru mais rapidement, la douleur refluât pour laisser place à un étrange bien être au fur et à mesure que les éclairs traversaient le corps d’un Rallen à l‘esprit calmé et aux yeux clos. Bientôt, plus aucune trace de peau sur le corps et une grande explosion de lumière fait sortir le nouveau élémentaire de sa torpeur. Un léger coup d’œil à son nouveau corps et une seule pensée naquit de l’esprit de la créature de foudre.

- Impossible…

Cette pensée fut bientôt remplacée par un doux sentiment d’euphorie… Il savait ce qu’il venait de devenir. Il savait ce qui s’était passé et surtout, la connaissance de l’Origine était incroyable… Mais le vent porta aux oreilles de l’élémentaire plusieurs voix scandant quelque chose :

- Rallen, Rallen, Rallen !

Rallen baisse son regard vers le navire à la coque ferrée : le Souffle Gris continue le combat. Et là, au milieu du tumulte de la tempête, le capitaine Lupen Z’en Rahar démontra une nouvelle fois son aplomb en entamant un nouveau discours :

- Que ceux qui sont encore des moutons rejoignent le font ! Que ceux qui ne sont pas des pirates mais des êtres qui suivent changement partent sur le champ car ceci est la mer et que la tempête est des nôtres ! Que ceux qui sont des loups me suivent ou suivent le prime, la danse sera dure et les Tempêtes doivent apprendre à suivre le sillage de leur maître … Ce soir nous mangerons en débattant du prix du port les amis ! Ce soir nous aurons avec nous la tempête et la rage ! Avec moi, par la Tempête ! Par le Souffle rouge de sang ou gris des cendres des hommes qui se sont crues apte à nous défier sur notre mère, sur notre mer ! Pirates, marchands, loup, il est temps de leur montrer toute notre puissance !

Malgré la supériorité écrasante du nombre de navire du changement, le capitaine ne montrait aucune crainte, bien au contraire. La transformation de son nouveau matelot l’avait regonflé et il s’était chargé de faire de même aux équipages des navires pirates. Quelques mots du capitaine sont à nouveau portés par le vent, des mots adressés à Rallen :

- Mon ami, il est temps de nous montrer ce que tu sais faire … Il est temps de vivre pleinement car sinon le Souffle mourra, tu as notre vie a tous entre tes main Rallen … Et quand tu reprendras une forme capable de manier une arme nous aurons à parler … Longuement … J’ai une idée pour toi mais le futur t’appartient en ce jours.

Quelqu’un faisait confiance à Rallen, suffisamment confiance pour lui remettre sa vie entre les mains…

- TESSGHERA CAPITAINE !

Les paroles ne seraient pas compréhensibles, la voix étant trop grave et trop déformée, mais l’esprit y était. La foudre s’abattit à plusieurs endroit près des navires du changement mais sans en toucher aucun… L’élémentaire s’éleva plus haut dans les cieux jusqu’à devenir invisible dans la tempête. Il observa quelques instants si les navires pirates allaient se regrouper autour de deux navires meneur.

Les mains de l’élémentaire s’élèvent au-dessus de sa tête et comme répondant à un appel, les nuages commencèrent à tourner en cercle et à descendre vers la mer. Une tornade énorme naquit des cieux et engloutit le Prime et le Souffle. Désormais, pour atteindre ces vaisseaux et ceux qui avaient eu le courage de les suivre, les changeurs devraient traverser une tornade : l’œil de cette dernière servant de refuge aux marins renégats. Cette tornade suivrait les mouvements du Souffle et se dirigerait où il irait… Autour de la tornade, les vents étaient moins puissant que ce que la taille du tourbillon aurait pu faire croire. Après tout, il valait mieux éviter la destruction du port puisque le capitaine souhaitait le négocier le soir même.

Content de son œuvre, Rallen redescendit et se mit à planer au-dessus du pont du Souffle. Il offrait un moment de répit aux équipages avant de repartir à l’attaque… Que décideraient les capitaines et surtout quel serait le prochain mouvement de son capitaine ?

Le capitaine recommença à parler et vraiment, qu’est-ce qu’il parlait bien ! Les ordres étaient donnés et ils pouvaient se résumer en quelques mots : « pas de quartier et survivez ! » Des ordres simples mais ô combien efficace pour des pirates. Tous sont présents, tous sont prêt et tous repartent à la chasse… Et l’élémentaire suit le mouvement. Rallen s’éleva plus haut dans le ciel en levant lentement ses deux bras, le rideau de vent de la tornade se souleva laissant une bonne vue aux deux capitaines de navires pour repérer leur proie et se rideau revint à sa place pour reprendre son rôle défensif.

Rallen sortit de la tornade afin de commencer le « massacre » des changeurs. Lupen lui avait dit de se servir des débris de bois comme projectile… Mais il y en avait tellement, lequel choisir pour commencer ? Et il fit son choix. Le vaisseau amiral en train de couler et dont le trou béant était une cible parfaite pour des vent ascendants. L’élémentaire se concentra quelques instants et commença à faire souffler un vent puissant dans la gueule du gigantesque navire changeur et des vents ascendants à la queue, légèrement soulevée, du navire. Il augmenta la puissance des vents de plus en plus jusqu’à ce que le vaisseau commence à se soulever à la verticale et éleva ce dernier à quelques dizaines de mètres.

Et il le laissa retomber sur un autre des grands navires de l’ordre du Changement.

Ils sont trop gros et trop facile à viser…

Maintenant que le nombre de débris flottant était plus important, Rallen éprouva encore plus de difficulté à choisir sa prochaine « arme ». Un mat se souleva, retenue quelques instants par la voile gonflé d’eau avant que les cordages la rattachant au mat ne fut sectionnés par un vent tranchant. Les navires de guerre possédait une coque très épaisse et très résistante donc il était inutile de lancer le mat dans la coque. Cependant, en passant par le pont, cela marcherait sans doute mieux. Le mat tomba en ligne droite, propulsé par le vent de l’élémentaire, et perfora le pont supérieur du navire changeur. Dans le même temps, un hurlement terrible du tonnerre résonna dans l’air… Rallen hurlait sa haine accumulée depuis des années.

- MOURREZ !!!

Le plus gros éclair, jusqu’à présent, de la tempête tomba très près d’un navire changeur… Mais la tempête n’était pas finie et la bataille pour le port d’athée n’ont plus.

Fin de bataille ou massacre ? Cela avait peu d’importance pour Rallen car ceux que la mort venait chercher était les changeurs, ses ennemis de toujours et encore plus maintenant. Un plaisir malsain s’empara de l’élémentaire à la vue de tout ses mort habillés en violet. Était-ce dû à son statut d’élémentaire ou bien à sa rage accumulée depuis son enfance ? Toujours est-il que ce combat était fini. Les vents se calmaient et la pluie tombait afin de laver le pont des différents navires. Après avoir renvoyés les vents de la tornade à leur cycle normal de vie, Rallen resta là, sans bouger, simplement à écouter et à ressentir l’immuabilité des éléments de la tempête. Seuls quelques mots traversèrent son esprit à ce moment-là : une prière. La première depuis des années de vécu.

Merci, Origine…

Les paroles de son capitaine, portées par les vents jusqu’à l’élémentaire, sortirent ce dernier de sa transe et le firent redescendre en direction du navire auquel il appartenait désormais. Apparemment, la bataille pour le port d’Athéile était finie, du moins celle contre les changeurs. Le Souffle Gris accosta et un petit groupe commença se détacha du reste de l’équipage et traversa la passerelle afin de rejoindre le ponton de bois menant à la terre ferme. Le chef de meute se tourna alors vers l’élémentaire qui planait toujours quelques centimètres au-dessus de la pierre froide du port.

« Alors comme ça on est un élémentaire ? Tu ne voudrais pas reprendre ta forme humaine que l’on puisse mieux discuté ? Un bon effort de volonté et tout est bon … Pour ce qui est du reste, tu pense pouvoir me constituer combien de stock de poudre ? Et vue ton efficacité au combat on va devoir renégocier ta paye mais quand cette histoire de port sera finit parce que pour le moment on a quelques petits détailles à régler et il se pourrait même qu’on ait à choisir le camp du vainqueur de cette petite guerre. Moi je suis pour les Athée car c’est eux qui payent le mieux … »

Un court instant de réflexion et Rallen commença à se concentrer sur son corps humain. Il essaya de se rappeler de tout ce qu’il était lorsqu’il n’était qu’un demi élémentaire… Un être incomplet comme lui avait souvent répété bien des personnes. Les doigts se dessinent et de la peau commence à les recouvrir. L’ensemble du corps de Rallen se recouvre d’une enveloppe humaine et au bout de deux minutes, l’élémentaire avait fini d’adopter un aspect moins « monstrueux » et avait retrouvé l’aspect qu’il avait lors de sa première rencontre avec Lupen Z’en Rahar. Le corps humain donnait l’impression d’être assez comprimé et bloqué dans une cage trop petite, a fortiori pour un élémentaire d’air. Le résultat étant une tendance à faire de petits mouvements afin d’appréhender ses limites.

- Pour la poudre, je crains que nous ayons un problème. Je ne possède plus les même pouvoirs donc sa fabrication est un défi quasi-insurmontable… Heureusement, je me rappelle encore de sa composition donc pour pouvoir en fabriquer, il ne me manque qu’un seul ingrédient à trouver de façon naturelle… Je l’ai déjà rencontré donc en me laissant un peu de temps, je pourrais me rappeler ce que c’est et vous fabriquer suffisamment de poudre pour que le Konjiki Ryu passe pour un pétard mouillé.

Un léger vent frais soufflait encore dans le port, rendant le corps humain assez désagréable à cause de la sensation de froid. Des sensations connues et pourtant paraissant si neuve à Rallen.

- Pour ce qui est de notre camp, je me moque bien dans quel camp nous sommes, je n’ai pas vraiment d’intérêt pour les deux Ordres. Je prierai mon Divin dans mon cœur et je vous laisserai vous charger du choix des alliés.

Un sourire apparaît sur le visage de l’élémentaire. Un sourire frais car il était heureux. Vraiment heureux pour la première fois depuis bien longtemps. Il regarde chacun des membres d’équipage descendus à terre avec leur capitaine et se dit qu’il pourrait bien avoir trouvé une famille… Une famille de fous mais qu’importe, la folie n’était pas un vice dans un monde en proie à la folie. Rallen intercepta alors le regard du capitaine vers l’eau près du navire. Il était évident qu’il se méfiait de l’arrivée possible de l’élémentaire d’eau qui l’avait déjà surpris une fois.

- Ne vous en faîtes pas pour l’élémentaire d’eau capitaine. S’il arrive, je le saurai et je m’en chargerai… C‘est pas le tout mais j‘ai souvenir d‘un certain repas fais de minotaure et de piaf à la broche mais avant il y a quelques biens qui doivent être vendus, n‘est-ce pas capitaine ?

Un large sourire jaunit par le tabac réponds à celui qui était d'un blanc carnassier. Celui de Lupen. Ce n'est pas comme si il avait complètement tort, il le sait bien, mais peu importait qu'il soit marchand ou pirate du moment qu'il restait sur les flots, libre d'agir comme il l'entendait et si c'était sur le Tempête Prime, c'était encore mieux. Il retire son tricorne et l'applique sur son cœur en s'inclinant de quelques centimètres dans une courbette des plus ironiques qui fait s'agiter son torque d'or autour de son cou. Puis il se relève et renfonce son couvre-chef sur sa large tête blonde déjà trempée par la pluie qui n'a pas cessée malgré que la tempête ne soit plus qu'un puissant orage.

- Vos ordres sont mes désirs Seigneur du Port, déclara-t-il dans une phrase qui paraissait familière mais était-ce réellement la formule habituelle ?

Il fait signe à trois hommes qui s'étaient installés sur son navire avant la tempête en pensant qu'il ferait partit des navires à quitter le port. Ce n'était pas des marins de nature, ils n'avaient rien à faire dans le port. Ils l'accompagnent, armés d'arbalètes et de sabre mais l'un d'eux se voit affublé d'un drapeau blanc tandis que les autres et Olaf attachent des brassards d'un blanc grisonnant sur leurs bras. Puis il s'éloigne tandis que Olaf allume sa pipe et que Zhrey s'envole à leurs suite en poussant un cri, un au revoir à son capitaine, il reviendra vite. Pour le reste, il ne s'agirait que de l'équipage d'un souffle entre l'ivoire et l'ébène. La poudre était une composition fragile et l'élémentaire le saurait, il serait beaucoup plus difficile de créer cette poudre à présent que sa puissance était des dizaines de fois plus grandes. Pour la jeune shamane, son futur professeur fatigué l'attendrait à l'intérieur du navire. Il y avait beaucoup à apprendre et courir l'aventure dans les rues dévastées du Joyau n'aiderait pas à les apprendre. Mais elle était encore libre de ses choix puisque son capitaine lui en donnait le droit.

Pendant ce temps, les équipages de différents navires se mettent en actions pour répondre aux demandes du Seigneur du port. Ils tentent de s'installer à des points stratégiques mais ce sont des pirates, pas des tacticiens et ils fouillent les entrepôt à la recherche d'alcool et pourquoi pas de richesses qu'ils pourraient ajouter au butin prit aux Changeurs.