Un nouveau matelot pour le Souffle ?

La nuit était noir. Enfin, aussi noir que peut l’être une nuit éclairée par deux lunes. Dans les petites rues menant au quartier du port, un homme en blanc et aux cheveux bleus se faufilent. Rallen avait choisi de rejoindre le capitaine se décrivant lui-même comme fou. Il avait déjà donné dans le religieux et force était de constater que ça ne lui avait jamais réussi. Le demi élémentaire marchait calmement mais en essayant d’éviter au maximum les patrouilles possibles. Dans la nuit, plusieurs foyers d’incendie brillé et cachait l’une ou l’autre des lunes avec sa colonne de fumée.

Bienvenu dans la ville des originels… Vous trouverez de l’eau, normal dans un port, de la terre, toujours normal, de l’air, non je ne me moque pas. Et du feu. Le paradis des élémentaires primaires… J’aurai pas dû rater la visite guidée. J’aurai su pour les feux de joie.

Rallen s’engagea dans une nouvelle ruelle et déboucha sur le port. L’agitation qu’il avait connu en arrivant avait disparu et désormais un calme de mort régnait au dessus des eaux. Après une pensée de très mauvais goût sur le manque d’ambiance, Rallen se dirigea vers l’endroit où il avait vu le navire du capitaine-bête. En s’approchant, il se souvint de la condition que la Bête avait mis à son emploi… Un moment de panique prit l’homme de la foudre, avant qu’il ne s’apaise en sentant le petit sachet de poudre dans la poche de son pantalon.

Reproduire la matière n’est pas un défi en soi. La véritable question est de savoir si je peux simplifier sa fabrication.

Rallen s’assoit sur la pierre dure du quai et il verse une partie du petit sachet sur une pierre sèche. Afin de rendre son analyse la plus précise possible, il approcha sa main à quelques millimètres du petit tas sombre. Au moment où l’éclair jaillit de sa main, la poudre s’enflamma et brûla la paume de l’élémentaire. Ce dernier explosa en invective, se servant de l’ensemble du savoir accumulé avec les marins pendant la double traversée de la mer d’Izilia. La brûlure était douloureuse mais bien moins que le manque de discernement dont avait fait preuve Rallen.

C’est une poudre qui explose et toi, tu ne penses pas qu’un éclair trop puissant pourrait déclencher la réaction… Et en plus, tu approches ta main… Rallen, tu es un idiot fini… Et un dingue puisque tu recommences à te parler.

L’opération est reproduite une nouvelle fois. La poudre est versée, la main approchée et le pouvoir déclenchée. Mais cette fois, aucun éclair ne part de la main de Rallen. Le demi élémentaire ne libérait pas assez de pouvoir pour en produire mais son analyse avait quand même lieu, même si elle serait plus longue. Après plusieurs minutes passées assis sans bouger les yeux fermés, Rallen fit brûler la poudre afin de comprendre la réaction qui se produisait. Puis il se releva et statua sur la possibilité de recréer de la poudre.

Faisable. Pas très compliqué donc faisable… Si on oublie cet élément. Quel est l’idiot qui a imaginé ce truc… J’espère que le capitaine ne posera pas trop de problème quant au manque d’abondance de ce truc.

Rallen compléta les quelques dizaines de mètres qui le séparait jusque-là du navire. Arrivé devant le navire, les évènements précédent lui revinrent en mémoire et il hésita à s’engager sur le ponton sans y être invité.

- Holà du bateau ! Le capitaine du Souffle Gris, Lupen Z’en Rahar, m’a offert un poste à une certaine condition. Je suis venu pour en parler.

Rallen attendait une réponse provenant du navire et c’est de derrière lui qu’elle arrive. Se retournant avec une trop grande hâte, il tombe sur un spectacle plus qu’inattendu. Le capitaine était de retour accompagné de plusieurs membres de son équipage, ainsi que d’une tête de grosse vache fraichement coupé, à en juger par le sang encore dégoulinant. Un blocage global des facultés de réflexions s’opéra chez le demi élémentaire et pendant un bref instant, il se mit à douter de ses capacités de raisonnement… Il fallait être atteint pour se balader avec une tête de vache sur l’épaule mais ne fallait-il pas l’être autant pour vouloir rejoindre quelqu’un comme ça. Puis le loup parle et sa voix ramène Rallen en Athée, sur le quai devant le Souffle Gris.

Lupen monte sur son navire, suivit par son équipage et par le « gamin ». Dès cet instant, le navire se met en mouvement. Le fourmillement de marin était toujours aussi impressionnant pour Rallen, peu habitué à ce genre de vie. Il ne put s’empêcher d’observer la symphonie joué par l’équipage. Du simple matelot à ceux qui semblait mené la meute, tout était parfaitement accordé. Cela lui rappelait un peu le Prime lorsque Zaukon se trouvait dans les parages.

Le demi élémentaire observa le loup et fut surpris de le trouvait en pleine possession de ces facultés mentales. Du moins en apparence. La sensation de malaise qu’il ressentait s’accentua et Rallen dut s’asseoir sur le pont pour pouvoir se calmer. De cette position, il était dominé par tout les marins. Il finit par répondre à la question que le capitaine lui avait posé sur le quai, d’une voix aussi calme que possible et avec son sourire habituel (ou presque).

- A vrai dire, je parlais de la condition que vous aviez posé pour m’engager… Autant mettre ça au clair tout de suite, je peux reproduire la poudre que vous utilisez. Le seul problème est qu’il me faut une matière inhabituelle pour en fabriquer une bonne quantité sans m’épuiser… En y ajoutant un minimum d’entraînement afin de m’améliorer, je dirais que je serais au point dans deux semaines, une seule si je ne travaille qu’à ça… Et autant vous le dire maintenant, si je dois en fabriquer beaucoup, cela me mettra sur les rotules et m’empêchera de faire quoique se soit d’autre pour le reste de la journée.

Rallen avait parlé vite, tellement il se sentait oppressé au milieu de tout ses hommes, ou femmes, au regard d’acier et à l’odeur de sang frais. Prenant une longue inspiration, Rallen reprit d’une voix plus lente et plus détendue.

- Donc, voilà ce que je propose. Vous fournissez cette matière peu commune et je fabrique cette poudre dès que vous en avez besoin. Et si vous me le demandez, j’aimerais que vous me laissiez me reposer pendant une période de dix heures. Ensuite, on recommence… Pour ce qui est du salaire… Disons, deux repas par jour, un endroit où dormir et un peu de temps libre afin de travailler sur mes propres recherches. En dehors de ça, si vous n’avez pas besoin que je fabrique de la poudre, je serai traité comme un marin normal… Qu’en pensez-vous Lupen Z’en Rahar, capitaine du Souffle Gris ?

Nommer l’ensemble du titre de Lupen était la façon de Rallen de montrer sa soumission aux ordres du capitaine. Il ne demandait rien d’extravagant, rien d’exagéré. Cela n’empêchait pas le demi élémentaire de suer à grosse goutte malgré la fraîcheur ambiante.

Avant sa tentative plus que raté de s’expliquer face à la Bête, Rallen ressentait un certain danger mais surtout dû au fait qu’il était sur un bateau avec pour capitaine un homme… Loup après réflexion, se décrivant comme fou. Après que Lupen ait terminé de parler, la peur et le danger ressentit n’étaient plus approximatifs, ils étaient parfaitement localisés. Rallen essaya de fixer son regard sur quelque chose de précis mais il n’y parvint pas, passant du vieil homme à la barbe s’occupant du capitaine au jeune homme à la barre, sans oublier le grand qui était monté dans les cordages. Puis le regard du « gamin » se posa sur la tête de vache géante et pendant un bref instant, une tête humaine aux cheveux bleus vint la rejoindre.

Idée plus que déplaisante… J’irai même jusqu’à dire qu’elle me fait froid dans le dos… Tout en termes simples sinon le loup pourrait se vexer.

Sous la pression, certains craquent. Et bien le demi élémentaire n’en faisait pas partie. Il se releva et prit le temps de choisir ses mots. Sa voix était toujours un peu incertaine mais l’amélioration par rapport à la première tentative était évidente. De plus, son faux sourire avait disparu, laissant place au premier visage sérieux arboré depuis longtemps dans une négociation.

- Vous fournissez les matières premières : eau de mer ; charbon de bois et une pierre jaune vif que l’on trouve près des volcans ou un minerai de fer particulier, la pyrite. Une fois tout à ma disposition, vous me laissez deux semaines pour m’entraîner à faire de la poudre de bonne qualité. Et enfin, vous me montrez exactement la quantité nécessaire à un tir. Quand tout cela sera terminé, je pourrais commencer à fabriquer votre poudre, en quantité suffisante… Ce que je veux, personnellement, c’est que vous me laissiez une chance de faire partie de cet équipage. Dès lors, ce sera à vous de décider comment m’employer.

Plus Rallen parlait, plus sa voix s’affirmait. A la fin, il se tut et avala péniblement sa salive. Il attendait la réponse du capitaine ou plutôt sa sentence. Il regarda dans ses yeux

Lorsque le capitaine donna son avis favorable, Rallen faillit pousser un soupir de soulagement mais se retint juste à temps. Il venait d'échapper à la mort pour ne pas avoir été clair dès le début, Origine seul sait ce qui se passerait si il s'était montré soulagé de la réponse du capitaine. Puis il écouta attentivement les conseils de Lupen et compris tout de suite les risques qu'il encourait en étant ici. Une erreur pouvait entrainer la mort, alors prudence. De la même façon, il aurait sans doute à se défendre contre les autres marins tant qu'il ne serait pas accepté... Heureusement, il n'était pas pressé et il allait avoir assez de travail pour l'occuper pendant un bon bout de temps.

Je pense que je vais aller voir cette cabine avant de discuter avec tout le monde et de me renseigner sur ce protecteur que je dois me trouver. Après il faudrait que je vois pour commencer à m'entrainer à faire de la poudre... Donc fabriquer les matières premières.

Rallen avait toutes ces affaires sur lui, aussi il n'avait pas besoin de faire grand chose avant de descendre dans la cale. Cependant, son attention fut attiré par des sons en provenance des quais. De là où il était, le demi élémentaire ne pouvait pas voir grand chose mais une chose était sûre, ça criait sacrement fort dans le port. Puis les évènements se précipitèrent, des navires furent coulés, des navires s'échappèrent, des poursuites furent engagées et d'autres vaisseaux furent coulés.

J'aime pas ça ! Mais alors pas du tout... Mais alors vraiment pas.

Rallen venait de repérer les deux navires athées s'approcher d'eux. Des navires de guerre armés et prêt à attaquer. Les choses prenaient une tournure plus qu'inattendu et cela, le demi élémentaire ne l'aimait pas du tout. Rallen se dirigea vers son nouveau capitaine et parla d'une voix plus calme que lors de son entretien d'embauche.

- Deux navires de guerre qui se dirigent par ici... Je veux bien me trouver un protecteur mais qui le protégera lui.

Les hommes du SOuffle s'activaient déjà et se préparaient déjà à entrer en action. Quel genre de danse s'apprêtaient-ils à danser ? Une seule chose était certaine, le regard de folie de Lupen ne plaisait pas du tout à Rallen. Les navires se positionnèrent de chaque côtés du Souffle Gris et le capitaine Kaderus prit la parole. Là, l'inattendu était de très mauvais goût. Une grimace furtive passa sur le visage de Rallen et il s'adressa à nouveau au capitaine, cette fois à voix basse.

- Que fait-on maintenant ?

Le capitaine se fit un plaisir d'ignorer le demi élémentaire et commença à se moquer du capitaine en citant ses exploits de la nuit.

Mais où a-t-il appris la diplomatie ? En tout cas, son bilan est vraiment impressionnant. Encore plus si on le compare au mien… Je déteste vraiment ma faiblesse au combat.

Rallen s'éloigna un peu du capitaine afin de ne pas le gêner si il souhaitait abandonner sa carrière de diplomate et passer à la piraterie. Il se plaça dans un coin où il avait une assez bonne vue sur les deux navires afin d'observer les évènements à venir.

Les deux capitaines plaçaient leurs pions. Que ce soit Z'en Rahar par la vantardise, permettant ainsi à son équipage de se préparer aux évènements à venir, quels qu'ils soient. Ou bien Kaderus qui ne montrait aucune hésitation devant le loup. La peur est souvent mauvaise conseillère mais elle permet souvent de ne pas sous-estimer son adversaire, le capitaine athée semblait l'avoir oublié. Si Rallen n'était pas captivé par les mouvements de troupes, les paroles non prononcés des capitaines et les armes le menaçant, il l'aurait bien rappelé à l'athée. Mais voilà, le demi élémentaire n'était ni un guerrier ni un diplomate. Dans ce genre de situation, il se sentait totalement inutile alors qu'il souhaitait au plus vite se rendre d'une quelconque utilité pour ce capitaine qui lui avait proposé un travail. Ce capitaine fou qui laissait une chance à un être créé par la pure ambition.

Lupen Z'en Rahar, capitaine du Souffle Gris, parla et quand le capitaine parle, les matelots écoutent. Des paroles pour quelqu'un qui n'était ni le capitaine athée ni un membre d'équipage présent sur le pont… Des paroles pouvant passer facilement pour celle d'un fou mais elle avait l'air tellement empreinte de sens pour celui qui les prononçait que l'on pouvait en douter. Lupen enchaîne sur de nouvelles preuves de sa grande qualification de diplomate avant d'entamer ce qui sonna comme une leçon d'histoire aux oreilles de Rallen.

L'histoire était la même que celle que les changistes lui avaient appris dans son enfance mais là, elle sonnait épique et non pas comme une trahison. Dans cette histoire, les traîtres étaient les militaires qui avaient oubliés leurs racines. Les héros étaient les marchands, qu'ils soient devenus le bras armé du Joyau ou bien qu'ils soient restés des marchands. Lupen ne souhaitaient peut-être pas se battre contre des athées… Mais peut-être seulement. Ce capitaine avait transporté une tête de minotaure dans toute la cité alors de quoi être sûr avec lui ?

La fin de l'histoire était puissante… Surtout la voix du vieux loup. La menace n'était pas masquée et si le capitaine Kaderus ne ressentait pas la plus petite trace de crainte après ça, ce ne serait plus du courage mais de la stupidité. A cette conclusion, Rallen ne put que sourire. Un sourire mi admiration pour son nouveau capitaine, mi moquerie pour son opposant qui avait mal choisi son adversaire. Le demi élémentaire se redressa et se tint près à la suite des évènements, la détermination prenant le pas sur le doute et l'indécision. Quels qu'ils soient, il ne devait pas faire honte à ce navire, à cet équipage, à ce capitaine.

Pendant un instant, tous restent plus ou moins figés devant ce qui se passe. La puissance de la voix de Lupen avait porté ces paroles jusqu'au cœur des hommes mais qu'est-ce que leurs cœurs y comprendraient, difficile à savoir. Le capitaine Kaderus, comme les autres, restât figé l'espace d'un instant. Puis son regard dur revînt et il s'apprêtait à dire quelque chose lorsque derrière lui une silhouette ailée passa dans un grand fracas. Il se tourna alors, juste à temps pour voir le mât principal de son navire, tranché net, entrain de chuter sur le pont. Avant qu'il n'ait même l'idée de donnée un ordre, la magie Originelle sembla cerner le Souffle Gris, ce que le Lynx et Krash ressentiraient tout particulièrement bien. Dans l'eau, de puissant remous naquirent et il ne fallut qu'une seconde pour qu'ils deviennent un puissant geyser jaillissant de la mer elle-même, transperçant le navire de guerre déjà endommagé et envahissant sa cale. Kaderus, toujours debout sur son pont, était ébahit. Osant à peine réagir. Mais une seconde se passa et l'eau envahissait déjà le pont. Sa main se posa alors sur ça ceinture où il attrapa l'arbalète à répétition qui s'y trouvait. Il visa droit en direction de Lupen.

- Tuez les tous ! s'écria-t-il, son regard de fer rendu ardent par la colère. Puis il appuya sur la détente, trois carreaux fusant droit sur le Lycan.

Les marins sur le Souffle Gris levèrent alors leurs sabres et s'élancèrent à l'assaut tandis que sur le navire de droite, on s'apprêtait à tiré. Venant de l'arrière, une voix retentit dans tout le tumulte, le couvrant l'espace d'un instant.

- Foudre et Feu pour le Tempête Prime !

Un grand homme, un démérien aux cheveux blond et sale, se tenait sur la proue d'un navire. Dans sa main, un tricorne bleu délavé et à sa bouche une pipe. Il était connu aux yeux de Lupen. Il y à longtemps, on l'avait appelé Olaf le Seigneur Blafard. Cet homme du Rorkhan avait été un puissant pirate dans une époque qui paraissait à présent bien lointaine. Aujourd'hui il était à la tête d'un simple navire marchand mais qui était étonnement armé et dont les scorpions et marins équipés d'arbalètes, déchargeaient leurs munitions sur le navire de guerre encore sur la droite du Souffle Gris.

Les marins athées restent figés devant la puissance de la voix de Lupen, même ce capitaine si sûr de lui à son arrivée. C'est à cet instant que tout s'emballa. Un léger tintement résonna dans la tête de Rallen. Il n'eut pas le temps de se rappeler où il avait déjà entendu ce bruit qu'une gigantesque colonne d'eau jaillit des entrailles du navire à la gauche du Souffle Gris. Ce dernier commença à sombrer mais avant que ce ne fut le cas, le capitaine Kaderus donna l'ordre auquel le demi élémentaire s'attendait depuis le début.

Et c'est partit pour quelques pas de danse… Je leur aurai été reconnaissant d'attendre demain mais bon… On est déjà demain.

Les soldats athées s'élancèrent à l'assaut des quelques marins présents sur le pont du Souffle Gris avant que ces derniers ne soient rapidement rejoint par l'ensemble de l'équipage qui avaient eu le temps de s'équiper dans la cale. Rallen entendit un grand fracas mais ne pouvait se concentrer dessus étant donné qu'il devait en découdre avec un soldat. Puis vint le tour d'un cri de guerre hurlé par une voix bien connu de Rallen.

- Foudre et Feu pour le Tempête Prime !

On peut jamais être tranquille chez les marins ? Ou alors c'est l'océan qui a peur qu'on s'ennuie… Aaahhh !

La lame du sabre de l'adversaire de Rallen venait de passer suffisamment près du bras droit de Rallen pour l'entailler assez profondément et l'élémentaire dut lâcher son arme sous le coup. Cependant, il ne perdit pas de temps avec cette blessure, bien que douloureuse. Son pouvoir était actif depuis le début du combat et la lame était désormais très fragilisé par ce dernier. Des micro piqûres de rouilles parcouraient la lame dans sa largeur au niveau de la jonction lame/garde, invisible à l'œil nu mais terriblement efficace pour briser de l'acier de façon précise.

Rallen se baissa rapidement pour ramasser son arme de la main gauche et eu juste le temps de mettre son propre sabre en opposition avant que la lame de son adversaire ne termine sa course dans son crâne. Le choc suffit à briser la lame au niveau de la garde et Rallen enchaina avec un coup d'estoc vers l'abdomen du soldat désormais désarmé.

Dans la pagaille ambiante, Rallen avait raté le cri de guerre du Souffle Gris mais il se rappelait parfaitement avoir entendu la voix du capitaine Olaf. Un coup d'œil lui suffit pour repérer le Tempête Prime et son capitaine, sans oublier Zaukon à la barre. Un sourire naquit sur les lèvres de Rallen et il se parla d'une voix enjoué :

- J'ai jamais été aussi content de voir ce tas de cicatrice…

Rallen retourna à la castagne, aux côtés de ses nouveaux camarades de bord. Pas question de rester derrière et être protégé en permanence. Ce n'était certainement pas comme ça qu'il se ferait accepter.

Rallen n'était pas du tout dans son élément. D'une part parce qu'il ne savait pas se battre correctement et d'autre part parce que prendre des vies n'était pas dans son caractère. Il était loin d'être un saint. Il avait souvent tué mais rarement dans une situation autre que de la légitime défense. Mais à cet instant, la légitime défense n'était plus. Pour l'heure, les pirates dominaient de la tête et des épaules la mêlée et à moins que d'autres navires athées ne se joignent à la fête, il y avait peu de chance que la boucherie redevienne une vraie bataille.

Le demi élémentaire n'était pas assez concentré sur le combat pour voir ce qui l'entourait, Lupen attaquant le capitaine du navire en train de sombrer, la vigie décochant un carreau à l'attention du jeune pirate ou la pluie de carreau tombant sur le pont du Souffle Gris. Son inattention lui valu de recevoir l'un de ses projectiles dans la jambe d'appui, la jambe droite. L'élémentaire tomba à terre en poussant un cri et en lâchant son arme pour la deuxième fois. Un soldat essaya d'en profiter pour achever Rallen mais il n'en eu pas le temps, une lame placée au bout d'une chaîne trancha sa gorge et l'arrêta dans son élan. Mettant pour le moment ses remerciements de côté, Rallen ramassa son arme et se traîna vers l'arrière du navire où la concentration en soldat était la moins importante.

Et encore une fois, quelqu'un me protège… Quand est-ce que je serais assez grand pour me protéger moi-même… Bon le carreau n'a pas touché de veine importante. Une bonne chose mais c'est pas pour autant que je vais m'amuser à retirer ce carreau tout de suite… Et maintenant ? Je fais quoi avec un bras ne pouvant pas tenir mon sabre et une jambe ne pouvant pas supporter mon propre poids ?

Une fois séparé de la mêlée, Rallen entendit enfin deux chants très différents. Le premier était audible par tout le monde et était un mélange de trois voix. Le second quant à lui était un chant sonnant dans sa tête. Un chant qu'il avait entendu dans le port d'athée. Un chant de magie originelle… En se concentrant un peu, Rallen repéra la source. Le vieil homme entouré de cinq matelots "normaux" et d'un sixième portant une lance.

Une nouvelle fois, ce qui commençait méchamment à ressembler à une habitude, le demi élémentaire attendait que la tempête passe. Il ne servait à rien dans les conditions actuelles. Il n'avait rien d'un pirate. Tout ce qu'il savait faire c'était la poudre que voulait tant Lupen.

- Ça ne sert à rien de vouloir te faire passer pour un pirate. Tu n'es même pas au niveau d'un mousse lorsqu'il s'agit de naviguer. Quant au combat… Ton état parle pour moi… Et je recommence à me parler à moi-même. Les choses vont devoir changer si je veux pouvoir vivre sur ce bateau… Et vite.