Quand la tempête s'en mêle !

Melia ne put s’empêcher de se réveiller en sursaut lorsque l’orage tonna une nouvelle fois. Même son laboratoire, pièce se situant pour ainsi dire au plus profond des sous sol de la demeure des Valern, le tonnerre raisonnait bien. C’est que l’Alchimiste aime avoir ses petites habitudes, les recherches c’est dans le calme le plus complet qu’elle aime travailler. Déjà que les sous sols sont fréquentés très rarement par le personnel des Valern.

Du moins, c’est ce que pensait Maïa il y a quelques jours car maintenant c’est tout le personnel des Valern qui est entasser dans les sous-sols. L’intention de Marcus est bonne, même elle qui est assez égoïste l’aurait fait sans hésitation. Mais voilà, ça ne rassure pas Maïa de voir autant de monde près de son laboratoire, même si ce n’est pas un secret pour la plupart des personnes ici présentes. Et oui, il n'y avait pas assez de ses maudits prêtres et leurs inquisitions, voilà que maintenant que la météo s'y met aussi !

S’étirant et rangeant les quelques plantes qu’elle avait renversée en se réveillant, Melia finit par sortir de sa pièce pour arriver à la pièce centrale où la plupart des serviteurs s’étaient réuni. Elle n’y prêta guère attention, se contentant de garder à l’œil la femme de chambre que la noble avait giflé pour avoir cassé une bouteille de vin trois heures auparavant pour avoir paniquer. Le petit personnel, ça se ménage… Mais Maïa le sait, ce n’est qu’une vilaine excuse parce qu’elle a tendance à être remonté à bloc de voir autant de monde près de son « chez elle ». Et ce point, elle n’a vraiment pas l’habitude même si ici, son laboratoire tout le monde sait que ce n’est pas un secret d’état. Ahh elle est belle Athé, cette nation où on peut pratiquer n’importe quoi, peu importe sa religion. Reste à savoir pour combien de temps parce que vu comment la situation a dégénéré avant la tempête, cette république est parti pour finir en théocratie bien violente.…

Elle se dirigea vers Marcus qui semblait discuté avec trois gardes. Les deux, elle connait mais le dernier ne fait pas parti du personnel. Des nouvelles de l’extérieur peu être ? En espérant qu’elles soient bonnes parce que cette dernière semaine, elles se font bien rares parce que moisir dans une cave, ce n’est pas une punition mais avec autant de monde, c’est une autre histoire. C’est d’un ton calme qu’elle s’adressa à son cher « papa » sans vraiment prêter attention aux trois autres hommes présents, se contentant d’une très brève révérence. Qu’ils n’aillent pas se plaindre, le trois quart des personnes ayant un minimum d’influence les auraient ignoré purement et simplement. Juste que la véritable Maïa, malgré son air assez imbu d’elle-même, a été une roturière mais ce point, c’était il y a bien longtemps.

-Messieurs… Des nouvelles de l’extérieur Père ? Je croyais qu’un orage ne durait que quelques heures.

Croyait, croyait… Assez culottée la demoiselle car ici, c’est surement la personne la plus cultivée quand il s’agit de sciences et elle est bien placé pour savoir la durée d’un orage. Et aussi bien placé aussi pour savoir que cette tempête n’avait rien de naturelle. Mais il fallait bien aborder le sujet pour reprendre le fil de la conversation et éviter de montrer qu’une gamine en pleine panique à cause d’un ciel qui se déchaine. Non en fait, la tempête, Melia ne s’en inquiète pas trop tant qu’elle sait qu’un arbre n’ira pas la heurter sans qu’elle est rien demandée à personne, choses difficilement imaginable dans un sous sol. Non sérieux, ce genre serait vraiment bête de mourir ainsi, elle qui a sacrifié de nombreuses vies pour vaincre la mort…

Les hommes se tournent tous vers Maïa lorsque cette dernière entre dans leur cercle de conversation. Ils se tournent vers elles et se taisent jusqu’à ce que le « père » de l’alchimiste, face un signe de tête à l’inconnu. Ce dernier acquiesce avant de tourner son regard vers la jeune fille. Il s’incline légèrement, présentant son bras droit devant lui, montrant un foulard auburn, couleur du Joyaux et le masque blanc fendu sur le bandeau indiquait qu’il s’agissait d’un homme des services de renseignement de la cité. Mais une règle d’or régissait les services de renseignement athées et cela tout le monde le savait. Jamais un agent ne dévoilait son visage sans être sous couverture. Alors pourquoi cette exception ? De loin s’était impossible à distinguer et même de près, cela relevait surement de l’exploit en temps normal, mais l’orage n’ayant probablement pas joué en sa faveur, on pouvait remarquer que l’homme portait un maquillage élaboré qui déformait ses traits et bien qu’il ressemblait parfaitement à un visage humain, le rendrait impossible a reconnaître si il l’enlevait. L’homme se redressa puis déclara :

- J’apporte effectivement des nouvelles à votre père. Vous devez évacuer les lieux damoiselle, cet endroit est trop peu sûr. Des Originels écument les rues, profitant que la tempêtes à repousser les changeurs et massacre tout ceux qui ne se convertissent pas. Et comme je le disais à votre père, les quelques gardes de votre Maison ne les arrêteront pas. La Garde Présidentielle du Palais le fera.

Le père de Maïa fit signe aux deux autres gardes qui saluèrent au garde-à-vous avant de s’en aller en direction de l’entrée de la cave tandis que quatre autres hommes dans la cave suivaient avec ce qu’ils avaient pût rassembler pour barricader la porte. Puis le marchand se tourna vers celle qui avait volé le corps de sa fille, posant une main qui se voulait rassurante sur sa frêle épaule.

- Cette tempête est issue de la magie ma fille, elle va donc durer tant que les Originels le voudront je suppose. Mais nous devons rejoindre un endroit plus sûr, je ne voudrais pas qu’il t’arrive malheur. Rassemble quelques affaires, rien qui ne t’encombrera trop.

Puis Marcus se tourna vers l’agent des services de renseignement bien qu’il parle toujours à sa fille, sa main se resserrant légèrement sur son épaule.

- Reste avec cet homme quoi qu’il advienne, il est surement le plus à même d’amener la fille de Marcus Valern en lieu sur afin d’éviter toute difficulté ultérieure.

La menace était à peine voilée, Marcus se savait assez influent pour expédier un petit agent en mission sur Ladeïl si un problème arrivait à sa fille. Mais pour cela, il faudrait que Athéïle repousse ses assaillants et se relève de cette attaque. Melia aurait donc un peu de temps pour prendre ce dont elle aurait besoin et lorsqu’elle aurait terminé, la plupart des serviteurs, encadrés par ce qu’il restait de la garde de son père et l’agent, finiraient de se préparer à partir. L’homme d’Athéïle poserait alors son regard sur celle dont on lui avait confié la protection :

- Prête ?

En fait ici ce qui conviendrait mieux c'est "Quand les Originels s'en mêle" car voilà pourquoi Maïa méprise les religions: ce n'est qu'une source d'ennui. En espérant qu'Athléïde purge un peu tout ça une fois toute cette histoire terminé. Si elle termine bien sûr, c'est mal parti car après le Quartier des Armes, maintenant c'est celui du Marteau qui est en proie des prêtres. Ce qui laisse sous-entendre que le Quartier de la Terre est lui aussi tombé, à moins que les fanatiques cherchent à convertir les bourgeois en priorité. A être resté dans ce trou enfermé, personne ici n'est au courant de la situation exact, la jeune fille y compris.

Elle ne put s'empêcher de sourire intérieurement lorsque Marcus mit en garde l'espion. C'est du Marcus tout craché, sa fille unique c'est un peu la prunelle de ses yeux depuis que sa femme est morte suite à fausse couche. Peu être la raison pour laquelle il n'a jamais été pressé de se remarier, où à moins que la Melia d'avant a été très exigeante sur ce sujet. D'un côté, Maïa ne vaut guère mieux, c'est peu être le seul point qu'elle avait avec cette jeune insolente.

N'ayant pas envi de faire face à une horde de fanatiques ici, l'Alchimiste se contenta d'aller chercher de quoi se protégé dans son laboratoire. C'est donc armé d'une ceinture contenant divers potions et fioles, d'une dague à cette même ceinture et d'un petit sac à dos avec quelques babioles sans importance et pas trop encombrants pour une personne normal. Si il y a bien quelques vêtements il y a quand même ses recherches et Melia ne tient pas à les retrouver en cendres sous prétexte que c'est de l'hérésie. De l'hérésie alors que certains de ses collègues seraient près à tuer pour mettre la main sur ne serait ce qu'une partie des travaux de Croswell !

Lorsqu'elle ressortit de son laboratoire, la jeune bourgeoise enfila son manteau. Que de nostalgie ce manteau, la première fois que Maïa l'a porté, c'est dans son précédant corps et l'a réutiliser que quelques fois depuis qu'elle a pris l'identité de Melia. Depuis, il prend la poussière au point qu'elle a du le secouer avant de penser à l'enfiler. Si l'hygiène cela restait à revoir, il avait au moins le mérite d'être gris et passe-partout, ce qui change des vêtements aux couleurs criardes que Melia avait dans sa garde-robe.

*Tout ça me rappelle mes petites sorties nocturnes... Avec les Originels en moins bien sûr.*

Elle le réajuste une dernière fois avant de mettre la capuche sur la tête.

- Je suis prête.

L’homme des services de Renseignements Athes acquiesça en réponse à la jeune fille. Il distribua ensuite une série d’ordres aux gardes qui avancèrent en direction des escaliers, sortant de la bâtisse et sécurisant l’entrée principale de la maison Valern. Les serviteurs se mirent en marche peu après, tel un troupeau de moutons guidés par des chiens de berger mais ici le loup, symbole même des originels, était alliés à l’orage et il suffirait d’une bonne action au bon coup de tonnerre pour que ce troupeau se disperse en bêlant de peur. Il y avait bien quelques serviteurs qui, armés de tisons ou de tout armes improvisées qu’ils avaient pût trouvés, semblaient avoir assez de volonté pour défendre de leur vie mais aucun n’ignorait que les originels qui arpentaient actuellement les rues du Joyau était d’anciens soldats pour la plupart. Des hommes au corps et à la volonté de fer forgés par les convictions de ce jeune pays qu’était Athe. Alors comment des hommes et des femmes du commun pouvaient espérer résister à la Foi Originelle si elle venait à leur être imposée ?

Toujours est-il que le troupeau, une fois entièrement sortit de la maison, fût rapidement ré-encadré par les gardes tandis que l’agent partait légèrement en avant, guidant le groupe à travers les ruelles les plus abritées des vents violents afin de permettre une progression plus rapide. Seulement, il n’y avait pas besoin d’êtres un génie pour savoir que même si c’était probablement plus sûr, cela faisait faire des détours conséquents aux athées. Et alors qu’ils s’approchaient de la limite entre le quartier du Port et du Marteau par une rue adjacente à la rue principale, pouvant ainsi voir les fenêtres illuminées du Palais présidentiel à travers la pluie qui battait la ville, une série de carreaux fondèrent sur les rangs de serviteurs, plusieurs s’effondrant, morts ou blessés. Aussitôt, les gardes se mirent à genoux autour du convoi, levant leurs boucliers tandis que l’agent des services de Renseignement plaquait Mélia contre le mur d’un bâtiment, devenant ainsi le bouclier de la jeune femme si un carreau venait à la viser.

Mais la pluie de carreau ne s’était pas arrêtée et il semblait impossible de riposter car nul ne parvenait à voir d’où venait les tirs qui détruisaient peu à peu les boucliers et réduisaient chaque fois les rangs de la troupe. Malgré son maquillage, l’agent ne pouvait cacher la concentration inquiète qui l’habitait tandis qu’il observait les environs à la recherche d’une échappatoire. Puis, il tourna son regard vers Mélia et déclara d’une voix forte pour couvrir le bruit des tirs et de la pluie :

- A mon signal, vous courrez sans vous retourner en direction du palais présidentiel ! Quoi qu’il arrive, ne ralentissez pas, ne vous arrêtez pas !

Sans attendre de possible réponse, l’agent força Mélia à s’accroupir sinon à se coucher à même le pavé de la cité tandis qu’il se faufilait entre les cadavres et ceux qui étaient encore en vie mais préféreraient être morts en direction de ce qui semblait être le chef de la garde Valern. Au bout de quelques secondes, ce dernier hocha de la tête. Il leva le bras et l’abattit en direction du palais présidentiel tandis qu’un carreau venait lui transpercer l’épaule. Les soldats se levèrent alors, rapidement imité par les serviteurs et tous se mirent à avancer en direction du Palais, se couvrant du mieux qu’il pouvait alors que les carreaux continuaient de faire des morts. Il ne tenait qu’à Mélia de faire de même mais après tout, ce groupe attirait les tirs, elle pouvait également faire demi-tour, qui sait, ce serait peut-être une meilleure option.

Si il y a une chose de certaine dans cette virée, se faufiler dans les ruelles en restant cacher parmi les ombres c’est toujours plus discret que de se promener en meutes. C’est surement à quoi devait penser l’espion sur le moment et devait même pester sur ce sujet. Marcus n’est pas mauvais bougres, tout homme important se doit de protégé ses serviteurs et ce n’est pas lui qui irait les aurait abandonner au manoir pour sauver sa vie. C’est peu être bien le point commun qu’il avait avec les nobles de Déméria. Le point de vue, Maïa le comprend mais aurait au moins peser le pour du contre avant de réfléchir comme elle le fait si bien d’habitude.

Les habitudes, Mélia ne les perdra pas car là, tout le monde se fait tirer comme des lapins. Combien de carreaux ont-ils en face ? Comme tout le monde elle n’a pas vraiment envi d’attendre pour le savoir. A un tel point que refaire l’idée de faire marche arrière lui ai passer par la tête. Mais voilà, si c’est pour attendre dans la cave et éventuellement tomber sur un petit groupe d’Originel, ça ne la tente pas. Si c’est des gueux nouvellement convertis, ça ne lui fait pas peur, si c’est des soldats c’est une autre histoire et si en plus il y a un prêtre, n’en parlons même pas ! L’Alchimie peut être mortel, encore plus contre des ignorants mais aux dernières nouvelles, ça n’arrête pas un carreau d’arbalète. Malheureusement…

Autant suivre le groupe mais l’idée de se faire tirer dessus ne plait guère à Mélia mais après tout même si elle ne voit pas les ennemis, pourquoi pas faire en sorte qu’eux ne les vois pas ? Une Alchimiste, surtout habituée à fuir les combats a toujours ça sur elle. Pendant sa course, l’aristocrate tâta l’une de ses potions à sa ceinture. Une potion fumigène, voilà ce qui lui fallait ! Une malheureuse fiole grisâtre qui quand elle se brise et que le liquide rentre en contact avec l’air libre, s’évapore créant une fumée grisâtre plutôt épaisse et lourde. Bon avec la tempête, qu’elle soit lourde risque de ne rien trop changer mais si c’est pour gagner une trentaine de secondes pour ne serait ce qu’être hors de portée des arbalètes, ça serait déjà une bonne chose.

En fait le plus compliqué ne sera pas de l’utilisé mais plutôt de la trouver. Si dans la nuit, tous les chats sont noirs, il en va de même pour les potions qui ont souvent la même couleur… C’est bête mais c’est ainsi… Heureusement que Maïa a une bonne mémoire quand il s’agit de ranger ses affaires… La plupart du temps…

Courant parmi tous ses gens en direction du Palais Présidentiel, elle finira par mettre la main dessus, aidé par la lumière d’un éclair avant de l’exploser par terre quasiment immédiatement. Effet garantie, il restait à voir combien de temps cela allait durer car pas forcément recommandé en pleine tempête ce « gadget » comme elle aime appeler ce genre de potion. Le gaz est suffisamment lourd pour résister au courant d’air mais ce soir, ce n’est pas un simple courant d’air mais tout simplement la tempête du siècle.

*Un coup comme ce soir, ça me fera pensé à créer une potion pour voir dans le noir.*

Pour devenir nyctalope temporairement ? Oui elle connait la formule mais manque de chance pour ce soir, elle n'a pas. Si Maïa devait avoir tout à portée de main, ce n'est pas une ceinture et un sac à dos qu'elle se promènerait mais tout simplement avec une charrette.

La ruelle dans laquelle s’était réfugiée la troupe et dans laquelle presque la moitié avait été abattue sans que personne ne puisse y faire grand chose, débouchait directement sur un vaste espace dégagé et pavé de l’autre côté duquel se trouvait le palais présidentiel. Souvent utilisé pour les quelques parades militaires et la plupart des cérémonies officielles de la ville, cette place était souvent un lieu de réjouissances et de fierté pour les athées. Mais en cet instant, il devenait un champ de mort. Autour de Mélia, les serviteurs et les gardes tombaient graduellement sous la pluie de carreaux, parfois simplement blessés mais projetés au sol par la force du carreau et ensuite achevés de quelques carreaux supplémentaires. Partout, ce n’était que claquement d’arbalètes, cri de souffrance, éclat de sang, éclairs dans le ciel, pluie et grêle. Une véritable tourmente qui plongeait l’esprit du troupeau dans le chaos. Du moins pour ce qu’il restait du fameux troupeau. S’ajouta en quelques secondes un nouvel élément au chaos, des fumigènes. Bien que le Palais présidentiel soit juste en face, les esprits les plus faibles et d’ors et déjà bien désorientés le furent encore plus lorsqu’ils perdirent toute visibilité, changeant parfois de direction pour s’essayer d’échapper au nuage de fumée et devenant alors des cibles faciles.

Finalement, ce fumigène qui ne mit qu’une demi-douzaine de secondes à être dispersé par le vent, ayant bénéficié d’une légère et très courte accalmie, n’avait pas aidé à sauvé plus de vie mais au moins ceux qui avaient pût en tirer partit pour s’enfuir étaient maintenant hors de portée des carreaux. Ce n’aurait pas été le cas par temps clair mais avec cette tempête, même la puissance des arbalètes ne suffisaient pas à affronter la fureur des éléments. Alors qu’ils s’approchaient du haut rempart du Palais Présidentiel, ils purent voir les lourdes portes qui s’entrouvraient tandis que quelques soldats sortaient, boucliers levés et armes au clair, prêts à en faire usage, probablement au cas où ce serait une ruse des religieux. Mais ils laissèrent les six fuyard rentrer à l’intérieur de la seule forteresse des athées avant de se replier et de fermer derrière eux. De l’autre côté du rempart, un long chemin pavé montait en serpentant jusqu’en haut de la colline au sommet de laquelle trônait le palais présidentiel. En temps normal, ces jardins étaient parmi les plus magnifique de la ville mais à présent ils étaient d’avantage un champ de boue parsemés de hauts buisson dans lequel on aurait installé, ça et là, des lignes de fortifications au cas où le mur d’enceinte viendrait à tomber. Pour ce qui était de la petite troupe, à présent, il ne restait de la trentaine d’individus qui avait quitté la maison Valern, il ne restait que six personnes incluant Mélia. Deux gardes dont un gardait encore son bouclier constellé de carreau et quatre serviteurs parmi lesquels une jeune femme, aide-cuisinière.

Tous furent prit un à un dans le post de garde à proximité de la porte avant d’être accompagné jusqu’au palais, lorsque vînt le tour de Mélia. On l’amena dans la petite pièce qui n’avait pour seule issue que deux portes et ne comptait pour tout mobilier qu’un râtelier d’arme, actuellement vide, une table et une chaise. On invita d’abords la jeune femme à s’assoir avant qu’un homme vienne se placer devant elle tandis que deux gardes se plaçaient à chaque porte. L’homme était un soldat dans un uniforme et décoré de plusieurs médailles et se tenait parfaitement droit. Probablement un homme très discipliné dans son allure habituellement, la pluie et le manque de temps pour se raser depuis l’attaque des religieux avaient un peu changés la donne.

- Déclinez votre identité et dites nous d’où vous venez et pourquoi vous êtes venue ici. Puis vous vous déshabillerez. Ordonna l'officier.

C’est vrai que Mélia aurait pu sauver quelques vies si elle avait pris la peine d’hurler l’ordre mais vu la tempête et les cris de terreur, ça n’aurait surement pas changer grands choses dans cette histoire. La plupart était des civils, pas discipliné dans le domaine militaire et aurait de toute façon paniqué tôt ou tard. Le fumigène a au moins fait son travail, pas assez au goût de l’Alchimiste mais l’intempérie ne fait rien pour aider. Le nombre de civil au début et ceux qui reste par rapport aux soldats en est une preuve.

Mais l’essentiel est là, Mélia est derrière les murs de l’enceinte et est surtout indemne, le restant ne comptant pas vraiment à ses yeux. Un peu quand même il ne faut pas être de mauvaise foi car si le Palais Présidentiel se retrouvait assiégé, c’est comme si elle s’était jetée soit même sur un piège à rat. A voir les barricades préparés à la va-vite, c’est une éventualité à prendre en compte ! La garde présidentielle représente certes la crème des soldats d’Athé mais c’était une bonne partie de l’armée qu’il y avait en face. Un rapport de force assez déséquilibré. Mais était-ce le mieux à faire que de trainer dans les rues et se faire capturer ? A voir… Une chose est sûr Athé semble se réorganisé comme elle peut.

De toute façon, si jamais toute cette histoire finissait bien il faudra déjà que son père renomme un autre chef de la garde. Quoique ce point n’est pas très utile avec deux malheureux gardes. En y repensant, Marcus ne semblait pas être là et Maïa ne sait même pas si il était présent pendant l’attaque. Avec l’orage, tout est si fouillis et impossible de se rappeler de ce genre de détails, même les plus importants. Et surtout si elle est arrivée jusqu’ici, c’est pour que l’on lui demande de se déshabiller. Choses pas banale, limite si elle est traité comme une prisonnière.

-Mélia Valern, fille de Marcus Valern, marchands spécialisé dans les textiles et la soie, éventuellement conseiller d’un des Seigneurs Marchands mais je doute que cela à son importance, officier.

La voilà son identité pendant qu’elle commençait à retirer sa robe, posant sa ceinture de potion et sa dague après avoir et son sac à dos dans un coin de la pièce. Pas envi que ça soit fouiller ce genre de chose. Qu’elle est un statut de « fifille à papa » et qu’il soit important ou non risque de ne pas changer grand-chose ce soir. Le bon côté avec toutes ses médailles cet officier doit avoir autre chose en tête que de se rincer l’œil et abuser de son autorité avec cette guérilla, même si l’un n’empêche pas l’autre. Elle restera en basquine même si ça ne lui plait pas trop de devoir la retirer aussi. Car oui, Maïa a un léger doute concernant cette fouille. Avec toutes ses conversions, les prêtres doivent bien laisser leur marque quelques parts et ce qui inquiète le plus les autorités pour le moment est bien qu’il y ait un agent derrière les murs. Si Athéïlde s’est retrouvé à feu et à sang, les prêtres se sont mêlés parmi la population avant d’agir. Et si en plus un de leurs fidèles a le malheur d’ouvrir les portes de l’intérieur, tout serait terminer. Les promesses pendant une conversion sont très puissante et ne sont pas à sous-estimer. Il ne suffit pas de croiser les doigts pendant que l’on jure allégeance à un Dieu pour s’en sortir !

Voyant l’officier impatienté, l’aristocrate se contentant de froncer les sourcils comme si ce qu’elle allait dire lui fendait le cœur.

-Tout ?

Même si ça ne lui plait pas, si il faut retirer sa basquine, elle le fera. C’est toujours mieux de le faire soit même que lui le fasse de force. Ou pire, se retrouver en cellule le temps que l’affaire se tasse. Si il lui a demander de se déshabiller, avec cette crise tout le monde à l’air d’être loger à la même enseigne. Même si il y avait de nombreuses questions que l'Alchimiste voulait demander, celle-ci attendront car il y a peu de chances que le soldat l'a renseigne.

Un regard dur et froid fût la seule réponse que Mélia obtint dans un premier temps. Une réponse en fait plutôt évidente. Une fois le vêtement retiré, l’officier décrit de haut en bas la jeune femme, puis fit un signe de tête à l’un des gardes postés à la porte derrière l’alchimiste. Une seconde puis l’officier hoche de la tête. [/b]

- Vous pouvez vous rhabiller Mélia Valern. Au cas où vous l’ignoriez, les religieux, convertissent de manière physique nos hommes et concitoyens afin de s’assurer de leurs « bonne foi ». Les Originels marquent leurs victimes d’une main noire et les Changeurs semblent les marqués au fer rouge. Si vous remarquez ces signes sur une personne ou tout autre individu ou évènement suspect, signalez-le au plus vite à un garde du palais.

Puis lorsque la jeune femme eût terminé de s’habiller, il fit signe aux gardes derrière elle. Mélia entendrait alors le claquement des bottes tandis qu’ils se mettaient au garde-à-vous avant de s’approcher d’elle et de l’encadrer, lui demandant de les suivre. Une demande qui n’accepterait pas de refus. L’alchimiste fût donc conduite, sous la pluie et la grêle qui battait toujours et sans le moindre abri de quelque sortes que ce soit sinon le corps des deux hommes qui l’escortaient jusqu’au palais présidentiel. Les larges portes de bois, faites d’avantage pour l’esthétique que pour résister à un bélier, avait été pour l’occasion, renforcée d’une solide grille d’acier. Cependant, une poterne un peu en retrait permit aux deux soldats et la jeune femme de rentrer dans l’enceinte du palais sans avoir à faire ouvrir la grande porte.

Ils débouchèrent directement sur un grand hall où s’activaient de nombreux ouvriers, menuisiers, forgerons et maçons et probablement quelques citoyens simplement mit à contribution. Tous travaillaient à fortifier le hall. On barricadait la porte avec de lourde blanche, les renforçait avec des barres d’aciers, remplaçait les gonds par de larges pièces d’acier. Des dalles étaient même retirés pour pouvoir placer de grande et large poutres en soutient diagonale pour la porte. La menace religieuse était prise très au sérieux et nul doute que si les athées reprenaient le contrôle de la ville, les militaires auraient plus de pouvoir que auparavant et la politique de défense serait plus active. Du moins cela pouvait être espéré par certains.

Les gardes escortèrent encore Mélia jusqu’à une grande salle, celle des bals et des grandes réceptions, ou habituellement des centaines de notables de la ville venaient danser et s’amuser. Ici, des centaines, peut-être même plusieurs milliers de citoyens avaient trouvés refuge. Des lits de fortune étaient installés contre les murs du fond tandis que des soldats distribuaient des repas chaud aux nouveaux arrivants ainsi qu’une couverture. Mais les repas étaient frugaux et les couvertures ne se trouvaient pas en stock illimités et c’était un nouveau marché clandestin qui s’était installé parmi les refugiés, troquant les uns avec les autres pour avoir un peu plus de nourriture ou une demie couverture supplémentaire. Le commerce était vraiment dans le sang de ce peuple. Alors que les gardes laissaient Mélia, un de ceux de la Maison Valern vînt à sa rencontre.

- Madame, les… survivants du voyages sont là bas. Nous avons un lit pour vous si vous voulez rester avec nous et je souhaiterais que vous le fassiez, votre père était un homme bon et je ne voudrais pas qu’il arrive malheur à sa fille. Mais je comprendrais que vous souhaitiez restez seule et honorer votre père comme bon vous semblera…

Marcus était-il mort ? Mélia devrait chercher dans sa mémoire. Les avait-il seulement accompagnés ? Toujours est-il que le garde avait montré du doigt un emplacement tandis qu’il parlait. Un des deux gardes qui se tenait encore debout bien, en armure et les trois serviteurs assis en demi-cercle, couvertures sur les épaules et un bol à demi vide entre les mains.

- Bien officier.

C'est en ravalant sa fierté qu'elle venait de donner sa réponse. Si Mélia se doutait un peu de la raison, elle venait d'en avoir l'explication. Ainsi, à moins d'être un prêtre ou un croyant de longue date, les conversions se marquaient par des moyens peu orthodoxes. Celle des Originels semblent moins douloureuses que celle des Changeurs mais de toute façon l'Alchimiste ne compte gouter à aucune de ses deux méthodes.

La suite fut une visite rapide des locaux même si le terme est un peu déplacé. On l'escorta plutôt jusqu'à la salle de bals et de réunion mais aujourd'hui, point de ménestrels pour égayer tout cela. Même la meilleure troupe n'y parviendrait pas, ayant plus de chance de recueillir un fruit pourri que quelques piécettes. Que dire de cette promenade? Pas grand choses, si il y a de quoi résister à une petite attaque d'envergure, il y a juste à prier que les Originels ou les Changistes ne reçoivent pas de renforts extérieurs à la ville. Ah oui c'est vrai, ici il n'y a que des athées, ou à la rigueur quelques croyants de l'Équilibre tout au plus... Une chose pouvait être certaine, les militaristes en tout genre allait surement sauté sur cette occasion pour accroitre leur pouvoir mais c'est de bonnes guerres après tout.

Il y a un point qui n'étonna pas trop Maïa, c'est le commerce. En remontant le plus loin possible dans ses souvenirs, l'Alchimiste ne peut que se rappeler que le commerce est dans le sang de ce peuple. Ici il s'agit plus de contrebande et il y a de fortes chances que plus d'un s'enrichissent si jamais ils devaient s'en sortir vivants. Opportunistes jusqu'au bout ce peuple mais ce n'est pas ce comportement qui choquerait une Alchimiste qui n'a pas hésité à sacrifié la vie de beaucoup de personne pour le bien de la science. Ou plutôt de SA science et de ses intérêts personnels !

Mélia finit tout de même par rejoindre ses servants et c'est un lit un prêt qu'elle vit. Elle aurait préféré un bon bain après cette course poursuite dans les rues mais elle n'allait pas faire sa difficile. Dans sa première vie, les quinze premières années de sa vie elle s'était bien contenté d'un malheureux morceau de pain mais quand on a connu le luxe, il est bien difficile de revenir en arrière. Même si elle remercia pour le lit, c'est surement pas une mine triste qu'elle aura, étant assez forte de caractère habituellement et ce bien avant de se glisser dans la peau de Mélia. Elle s'est toujours fiée au fait, ce n'est pas ce soir que cela changera.

- N'enterrez pas mon père trop vite. Je le pleurais seulement quand je serais certaine de sa mort, ce qui n'est pas le cas pour le moment. Mais je tiens à tous vous remerciez pour le lit.

C'est en s'approchant du groupe qu'elle dira cela. En aucun cas, une

Intérieurement, Mélia hésitait. Une hésitation entre le "chic", "zut" et "mince". Chic parce qu'elle est héritière de la fortune des Valern, les cousins ou frères de Marcus n'ayant pas leur mot à dire dans cette histoire. Zut parce que tout tombe au mauvais moment: si Athéïlde tombe, elle est pour ainsi dire fauché et ce ne sont pas les quelques connaissances de Maïa qui y changeront quelques choses. En fait même si elle ne tombe pas, ce n'est pas dit que Maïa arrive à refaire fortune vu que c'est un peu une buse sur le sujet comparé à Marcus. Mince parce enfin de compte, le Marcus, l'Alchimiste l'aimait bien, un peu comme le père intentionné qu'elle n'a jamais eu. C'est ça de vouloir rentrer dans la peau de ses victimes, on finit toujours par s'accrocher à quelques choses, tout comme les regrets. C'est un peu les plaisirs de la vie, ce qui donne du piquant au traintrain quotidien, traintrain quotidien pourtant assez morne avec Maïa. Mine de rien, si elle avait voulu supprimer Marcus par le passé, elle aurait pu l'empoisonner une centaine de fois.

La jeune fille pouvait toujours se rendre utile pour l'armée, mine de rien Croswell est une Alchimiste de renom dans le cercle très fermé de cette "profession" et qui traine une bien triste réputation derrière elle. Avec un laboratoire et les ingrédients à portée de main, ses potions sont limite aussi dangereuse qu'un groupe armée jusqu'aux dents. C'est ainsi mais voilà, ce soir Mélia n'est pas d'humeur et encore moins en forme pour que l'on cloitre entre quatre murs et sortir des armes en pagaille. Peu être que la nouvelle de Marcus l'a choqué plus qu'elle ne le pensait, peu être est ce la fatigue qui l'a rattrapé? Une chose est sûr, elle en parlera surement après plusieurs heures de repos à un gradé.

- Je veillerais avec vous ce soir, comme l'aurait fait mon père avec vous.

Elle rejoindra le demi cercle de serviteurs. Maïa a beau aimé son petit confort, elle a tout de même un savoir vivre. Si rien ne se passe, c'est plutôt dans le sommeil qu'elle risque de tomber. Demain c'est une journée bien plus longue qui l'attendra.

Ne pas l’enterrer trop vite. Cela semblait facile à dire. Le garde en tout cas ne semblait pas convaincu. Marcus était certes un homme fort et il savait utiliser une épée mais ce n’était pas un soldat ou un guerrier ni même un stratège. Il n’avait rien faire dans une guerre et était resté dans sa demeure tel un seigneur qui vendra chèrement son fief et sa peau à ses ennemis. Seulement, la plupart des gardes étaient partit pour assurer la protection des serviteurs et de sa fille tandis qu’une poignée était restée pour défendre la demeure des Valern. Mais c’était d’obscures pensées et alors qu’il suivait la fille de son maître, le garde secoua la tête, tentant de les éloigner.

Le temps passa, une longue heure au moins. Mélia pouvait avaler un repas chaud ou somnoler mais chaque fois que le sommeil semblait vouloir prendre quelqu’un, le tonnerre réveillait l’ensemble du palais, faisant vibrer les vitres à présent calfeutrées par de lourdes charpentes. Mais alors qu’un éclair plus puissant que les autres frappait quelque part dans la capitale, une ombre s’approcha de Mélia et passa à côté d’elle, laissant des traces humides. Il se positionna debout, de l’autre côté des serviteurs de la jeune femme et se tourna vers cette dernière. Le masque de maquillage était encore plus effacé qu’auparavant, laissant deviner une partie de ses véritables traits et son bras gauche était maintenant ceinturé d’un tissu clair qui était tâché par une large trace de sang.

- Ravi de voir que vous vous portez bien Mélia Valern. Mais il semblerait que vous ayez plus de ressources que je ne l’aurais crû au premier abord. Avez-vous d’autres secrets brumeux dont vous pourriez me faire bénéficier avant que je ne reparte ?

Il semblait assez facile de deviner de quoi parlait l’agent du Joyau. Et il était vrai qu’un individu comme lui, qui agissait dans les ombres d’Athéïle pour y ramener la paix, pouvait avoir tout intérêt à avoir quelques atouts en fioles avec lui. La fille de marchand pourrait peut-être en tirer partit. De toute manière, dormir ne semblait pas possible dans les conditions actuelles. Pendant ce temps, les serviteurs regardaient avec une certains apréhension l’agent du Joyau tandis que le garde qui était venu chercher Mélia posait la main sur sa botte droite qui semblait légèrement déformée, probablement à cause d’un objet plutôt long se trouvant à l’intérieur.

Impossible de s'endormir avec ce tonnerre et pourtant ce n'était pas l'envi qui lui manquait. Après un tel évènement, c'est certain que le travail ne manquera plus pendant plusieurs mois dans les quartiers des Armes. Mélia pourrait bien se prendre un somnifère pour mieux dormir mais elle n'était pas du genre à tester ce genre de produits sur elle même, ayant le sommeil assez facile habituellement. Pourtant on pouvait parfois se demander comment elle arrive à dormir la conscience tranquille ou comment elle arrive à se regarder dans un miroir comme si de rien n'était. A force de s'accrocher à la vie et à jouer les sangsues en choisissant ses victimes, Maïa a fini par considéré cela normal on ne peut plus normal.

C'est toujours allongé mais cette fois ci le dos coller contre le mur que l'espion ira la revoir, la noble ayant tout simplement abandonner l'idée de dormir quelques heures. A voir l'état de son bras, un carreau l'a surement éraflé et pourtant pour un espion du Joyau, c'est le visage qui compte avant tout. Pourquoi a-t-il pris la peine de la voir sans s'être maquiller auparavant ? La question ne se pose même pas, ce qu'a fait Mélia quelques heures avant n'a pas passer inaperçu. Loin de là même.

Après les quelques paroles de politesse superflu, il en viendra rapidement au sujet. Toute aide même si ce n'est pas volontaire est utile à ce moment crise, un point que l'on ne peut pas vraiment lui en vouloir. Même l'un de ses gardes semblait l'avoir compris de cette manière, surtout qu'il connait un peu la mentalité de la fille de son maître quand il s'agit de ses "petits secrets". L'Alchimie, ça ne se partage pas si facilement, surtout pour Miss Croswell qui n'accepte que de donner des brides d'informations seulement en échange de quelques choses. Mais elle peut y gagner dans cette histoire et la jeune femme en est parfaitement consciente. Et puis si ça peut éviter un malentendu c'est toujours mieux que rien, Mélia n'aimerait pas voir son garde sauté à la gorge de l'espion avec une dague à la main si par malheur il s'approchait trop.

- Partager j'en doute mais bénéficier surement, même en ses temps de crises on peut toujours trouver un terrain d'entente, je ne fais pas exception à la règle. Cela dépend aussi des moyens que vos supérieurs sont près à mettre à ma disposition, mes secrets ne se fabriquent pas dans une salle de réunion et encore moins dans un bureau de gratte-papiers. C'est un laboratoire complet qu'il me faut.

Donnant-donnant, c'est facile à comprendre comme sous-entendu. L'autre avantage, si Mélia pouvait éviter de voir bruler le palais par les fanatiques avec elle à l'intérieur, c'est toujours cela de gagner si jamais Athé ne tient pas sa part du marché. Mieux encore! C'est une occasion unique pour faire tout à un tas de test grandeur nature avec la bénédiction de la ville. De quoi éveiller la curiosité scientifique de la demoiselle. Pas très morale comme méthode mais Mélia estime que la science évolue à grand pas en période de guerre. Mais pour cela, encore faut-il que le palais est un laboratoire digne de ce nom.

Elle fera signe à son garde de se calmer, signe que tout va bien pour le moment. Elle s'éloignera un peu de ses domestiques pour continuer à discuter plus tranquillement.

- Mais Athé n'a jamais été réputé avare, surtout quand les efforts fourni dépasse leur espérance. Mes secrets ne sont pas que brumeux, ça dépend surtout de l'utilisation que l'on veut en faire. Tenez par exemple ceci: c'est une fiole à briser dans les pieds de ses poursuivants, une lumière éblouissante et un bruit déstabilisant. Inoffensive à première vue mais j'imagine que dans vos mains, elle peut être meurtrière. Si je ne reconnaissait pas chacune de mes fioles, je pourrais confondre ceci avec du liquide qui s'enflamme dès le contact de l'air par exemple.

Elle tendit une fiole au liquide incolore. On va dire que c'est cadeau de la part de la jeune fille, ne serait ce que pour qu'il parle en sa faveur à ses supérieurs. Comme si un espion du Joyau pouvait prendre parti de quelqu'un comme Mélia... Mais qui ne tente rien n'a rien.

Cela fait, elle ira rejoindre ses serviteurs pour se rassoir avec eux. Il ne lui restait plus qu'à faire la même chose que tout à l'heure: attendre. Attendre que l'espion en parle à ses supérieurs et viennent lui parler. Non, l'occasion était trop bonne pour tester en pleine nature tous les fruits de ses travaux et tout cela sur le dos d'un soit disant patriotisme qui n'hésitera pas à la récompenser si Athé reprend le contrôle de la ville.

L'espion observa Mélia. Impassible apparemment. Mais son maquillage, bien que mal soigné à cause des dernières heures passées dans la cité, camouflait l'essentiel de son véritable visage et donc ses expressions. Son regard cependant était bien visible et il était impassible. Une façade derrière laquelle, un esprit formé pour être confronté aux pires situations de stress tentait de calculer l'apport de cette fillette dans la lutte contre les religions. Pour un agent tel que lui, ce genre d'effet spéciaux pourrait être du meilleur goût. Facile et utiliser et à dissimuler, il pourrait s'en servir à tout instant pour créer une diversion ou fuir. C'était le genre de chose que l'on ne pouvait pas négliger en étant un soldat de l'ombre du Joyau. Contrairement aux formations hoplites, il ne pouvait pas affronter une horde d'ennemi en restant face à elle et en encaissant les coups. Il se devait de se faufiler de gorge en artère et d'artère en cœur, frapper un seul coup décisif et s'échapper. Sa main se tend et d'un geste souple glisse la fiole offerte par la jeune Valern dans sa manche.

- Je ne suis pas décisionnaire.

Puis l'espion se retourna, passa derrière un homme qui passait juste là et disparût au regard de la fille de marchand. Quelques minutes plus tard, deux gardes s'approchèrent de Mélia et lui firent signe de la suivre. Le garde de la maison Valern se leva lui aussi près à suivre la fille de son maître. Les gardes encadrèrent la jeune fille sans un mot et avancèrent à son rythme, la guidant à travers le Palais présidentiel tandis que le garde de Mélia suivait. Montant dans les niveaux supérieurs du palais, empruntant les couloirs somptueux d'habitudes éclairés de dizaines de chandeliers et à présent en chantier pour en renforcer chaque issue, jusqu'à arriver à un endroit que la jeune fille ne pouvait avoir connu. Elle pouvait en avoir entendu parler de se salon d'attente. Une pièce avec six chaise, trois sur les mur de droite et de gauche. La pièce était fermée par deux portes. La première, plus petite et par laquelle ils était rentrés, avait une petite clef dorée qui permettait de la verrouiller. La seconde, était un vaste double battant de chêne massif dans laquelle deux tête de lion en or tenait les lourds anneaux qui permettaient de la tirer. Les deux hommes qui escortaient Mélia frappe trois coups et se reculent alors que la porte s'ouvre lentement sans que personne ne se trouve derrière. En fait, les lourds battant s'ouvrent, révélant un vaste bureau. L'endroit est richement décoré, arborant des trophées, des cartes anciennes, des livres aux reliures dorées et en son centre, un vaste bureau de chêne massif.

Sur ce dernier était assise une femme d'environs une trentaine d'année. Elle était typée hùbéï, avait un maquillage principalement centré autour de ses yeux et tout particulièrement soigné compte-tenu des circonstance sur sa joue droite, un grain de beauté qui complétait curieusement bien son visage pâle. Ses longs cheveux de jais étaient attachés en un chignon savant qui allait se dissimuler sous un chapeau haut-le-forme et à l'image de ce dernier, l'ensemble de ses vêtements étaient noir, que cela soit son pantalon, sa veste qui s'ouvrait sur son décolleté ou les accessoires compliqués à ses poignets et son cou.

En voyant la jeune femme entrer, la Présidente Mayumi Tsurichi eût un sourire joyeux.

- C'est donc vous qui marchandez vos services auprès du Joyau et de ses agents. Je vous écoute jeune fille, quels services pouvez vous nous rendre et qu'est-ce que cela nous coutera ?

Spoiler:

Que dire? Les niveaux supérieurs du Palais sont splendides et Mélia pourra se vanter de faire parti des rares privilégiés à être monté à cette étage là. Elle regrettera même que l'on ne lui ai pas demandé de patienté quelques minutes sur une de ses chaises où dans ce cas elle n'aurait pas hésité à dévoré l'un de ses ouvrages qui n'existe surement qu'en un seul exemplaire. Avec ou sans l'invention de l'imprimerie, avoir entre ses mains l'original fait toujours ce petit effet. Une chose est sûr, vu le contenue de la bibliothèque, elle pourrait en avoir des livres de chevets et elle n'aurait pas assez de cette vie pour tout lire et étudier. Pour avoir l'esprit scientifique, il faut être curieux. Maïa ne fait pas exception même si ce qui l'a poussé vers l'Alchimie et une peur accru de la mort.

Mais la question n'était pas là, les fanatiques n'attendraient surement que la jeune demoiselle ait eu le temps de lire tout le contenue de la bibliothèque avant de bruler le palais et d'ici là, il y aura surement d'autres danger pour Athéïle si cette dernière survie ou ne finit pas en théocratie. Non, si les gardes l'ont amener à la partie supérieur du palais, ce n'est surement pas pour un rendez-vous en tête à tête avec un gradé. Non, c'est directement à la Présidente Tsurichi. Mélia n'en demandait pas tant mais au moins elle pouvait négocier directement avec la dirigeante.

C'est bien là le problème, elle n'y ait pas préparé et quelqu'un d'aussi minutieux que l'Alchimiste aime avoir tout préparer à l'avance. Hors, si proposer des produits et des nouvelles armes peut se instinctivement, ce qu'elle veut en échange elle n'y a pas réfléchi ne serait-ce une seconde. Quelques vagues idées mais rien de plus!

Pour le moment, elle se contenta d'une révérence. Mélia est une jeune fille bien élevée et toute jeune fille se doit d'avoir une certaine étiquette et peu importe la situation. Si il y a bien quelques choses qui faisait tâche dans la situation, c'est bien l'accoutrement de Mélia. La belle robe de soie rouge richement décoré est sale et est en partie pleine de boue. C'est que la petite escapade nocturne sous l'orage a laissé des traces.

- Tout d'abord sachez que c'est un honneur de vous rencontrer Madame la Présidente même si le moment est mal choisi.

Se présenter? A quoi bon, l'agent a dû tout lui rapporter. C'est son travail après tout, aucune raison de lui en vouloir. Mais la femme semblait vouloir arriver directement au but. La révérence et la politesse lui aura au moins permis de réfléchir quelques peu.

Coutera? L'or ça se créer. Enfin créer est un bien long mot, des Alchimistes veulent créer le Grand Œuvre pour créer de l'or. Un semblant d'or serait un meilleur terme. Si en créer est dans les compétences de Maïa, créer un réseau de contrebande est en revanche au dessus de ses compétences. Cette idée a déjà traversé l'esprit de l'Alchimiste, elle n'est pas la première à avoir eu cette idée et inutile de s'étaler sur le sort réservé à ceux qui trempent dans ce trafic. Si les Alchimistes étaient mal vu par les religions avant d'être mis dans le même panier que les magiciens, c'est qu'il y avait une raison! Et vendre de simples caillou le prix d'une pépite, c'est très mal vu par les prêtres. C'est pire qu'insulter leur divinité!

Dans cette situation, il serait plus avantageux de mettre la main sur d'avantage de pouvoir et d'influence. Tout personne qui de l'argent recherche bien souvent ses deux autres éléments. Pour Maïa qui a eu le temps de juger la race humaine tout en étant une de ses représentantes elle pourrait même dire que c'est indissociable. Un peu comme le Souffre, les Cendres et le Sel. Pour l'humain moyen, c'est pareil et il ne fait que suivre son instinct. Le pouvoir et l'influence, on en a jamais assez et même si il avait ses relations, Marcus ne pouvait pas être considéré comme quelqu'un d'aussi puissant qu'un seigneur Marchand. En fait, avec un peu de pouvoir et une garantie, se rebâtir une fortune ne sera pas compliqué. Mélia peut faire coup double car si elle veut aller plus loin dans ses recherches, c'est bien le pouvoir et l'influence qui lui manque.

- J'imagine que vos agents ont toujours gardé un œil discret sur les Alchimistes pour une raison de stabilité intérieur et mon nom a dû éventuellement être murmurer une ou deux fois. Une chose est sûr, mes travaux ne se sont pas limité à un simple alambic. Je peux me considéré comme l'une d'entre eux. Je peux vous proposez des drogues de combat aux potions régénératrices en passant par les potions qui transformerait le plus dur des métaux en quelques choses d'aussi fragile que du verre mais je n'aurais pas pris la peine de vous dérangé pour si peu.

Pour si peu? Quel culot, un Alchimiste ayant une vingtaine d'années de travail derrière lui s'estimerait heureux et trouverait même cela insultant devant le travail de sa vie. Ironiquement, ce qu'elle venait de proposer n'était pas trop sa spécialité. Mais Miss Valern n'en ait plus là et son physique actuel correspond à la petite peste qui s'amuse à créer des inventions plus dangereuses les unes que les autres et à s'amuser des résultats comme la gamine qu'elle ait.

- Mais l'Alchimie ne concerne pas que les métaux. Je serais plus d'avis à vous proposez des fioles où le liquide gèlerait ou pétrifierait quasiment instantanément tout ce qu'il touche. Je peux aussi créer quelques choses proches du feu grégeois si jamais ça vous interesse. Je peux aussi créer du gaz toxique qui n'a rien à voir avec le fumigène qu'à dû vous rapportez votre espion. Il y a peu, j'ai même tenter de créer des créatures artificielles assez indescriptibles mais on va dire visqueuses mais parfois elles n'en font qu'à leurs têtes. Père m'y a interdit de m'y pencher après que l'une d'entre elle ait englouti la moitié du vin de la cave. Ça aurait pu mal finir et euh...

Elle toussa pour s'interrompre. A parler "science", elle en devient un moulin à parole et à dévier sur le sujet Marcus. Même pas un jour de deuil et elle en ait déjà nostalgique. En plus cette histoire remonte il y a un an. Une bête perte de contrôle qui aurait pu mal finir. Ce n'est que du vin mais ça aurait été un homme le résultat aurait été le même. Marcus était furieux, il aurait pu la priver définitivement de laboratoire (la pire des punitions) mais il ne refuse rien à sa fille. Mélia se retrouva congédier trois jours dans sa chambre, ce qui est déjà pas mal comme punition. Vu de cette façon, la jeune Alchimiste peut en rire mais sur le moment elle ne rigolait pas du tout. Depuis, elle a appris a laisser des faiblesses volontaires à ses créatures.

- Maintenant je laisse des faiblesses toute bête, juste au cas où... En gros, je peux vous créer tout ce que vous désirez du moment que vous m'en laissez les moyens et surtout le temps.

Arrive enfin les propositions que Mélia désirait, les armes offensives comme défensives étaient plus qu'intéressante mais là où il pouvait y avoir des grincements de dents étaient bien sur ce qu'elle comptait demandé. Cela allait couté cher? Pas spécialement, Mélia voulait à moyen terme une place parmi les Seigneurs Marchands. L'Alchimiste sait se montrer patiente au fil des années.

- Quand à ce que je désire, l'argent payé "rubis sur ongle" comme on dit à Athéïle ne m'intéresse pas spécialement. Quelques garanties sur la société de mon père, Marcus Valern, et plusieurs de ses filiales ainsi qu'une petite aide financière sous forme de réduction de taxe suffiront amplement. J'imagine que la concurrence n'aimerait pas apprendre que l'Etat favorise la maison des Valern d'une manière ou d'une autre.

Le premier point sera facilement accepté et elle le sait. L'État n'a pas trop à perdre à part subventionner si la maison des Valern ne devait pas se remettre de la guerre civil.

- Je suis plus intéresser par quelques parts dans une des sociétés de transports maritimes et quelques exclusivités concernant le textile sur les routes commerciales de Elvem Adisil et de Déméria. Normalement tout cela ne reviendrait pas trop cher à Athé mais je comprendrais que vous soyez sceptique à ma proposition.

La suite risque d'être plus dur à négocier et si la Présidente n'allait pas grincer des dents face à elle, cette dernière risquait de se mettre à dos certains Seigneurs Marchands. Enfin chacun ses problèmes après tout, ça ne regardait pas Mélia mais l'avantage c'est que cela n'allait pas couté bien cher à Athé. Donnant-donnant comme on dit mais c'est un coup à toucher le Jackpot et en coulant la concurrence si jamais la Présidente est intéressée par la proposition. Après tout les petites guerres de marchands ne la concerne pas vraiment même si elle peut craindre des retours de bâtons en protégeant les Valern. La suite? Bof Mélia laissera les experts gérés, elle est scientifiques, pas comptable et tout ce qu'elle désirait, c'était prendre calmement et surement un siège au Consil des Marchands.

Mayumi inclina gracieusement la tête lorsque Mélia lui fit part de l’honneur de la rencontrer, conservant son sourire joyeux et un peu infantile mais qui seyait parfaitement à son visage sans imperfection. Puis elle écouta avec intérêt la « jeune »alchimiste, parler de ce qu’elle pouvait faire, de ce dont elle avait besoin pour cela et de ce qu’elle voudrait en échange. Malgré les demandes et l’affichage de certaines faiblesses de son art, Mayumi n’en perdit par le sourire et eût même un rire amusé lorsque la fille Valern lui raconta l’épisode du vin de cave. Mais il était compréhensible que cela soit agaçant, Marcus devait surement avoir quelques unes de ses fameuses bouteilles D’An’Tyral, un vin démérien d’excellente qualité dont la production avait été interrompue depuis la guerre Noire qui continuait de ravager le Pays des Hommes. C’était donc un produit rare et donc excessivement cher et qui le devenait de plus en plus à mesure que le temps passait et donc que les bouteilles disparaissaient et que celles qui restaient se bonifiaient. Mais ils n’allaient pas épiloguer sur la valeur marchande du vin sur le marché Athée actuellement mais plutôt la valeur marchande des services d’une alchimiste compétente.

Puis un homme fit irruption dans le bureau par… Par où était-il venu ? En fait il semblait que un instant plus tôt il n’y avait personne d’autre que la présidente et un clignement des yeux plus tard, un homme se tenait juste derrière elle. Il était plutôt grand, vêtu d’un long et épais manteau vert aux coutures d’or, ses longs cheveux auburn mêlés à quelques lignes grises tombant sur son col tandis que ses yeux perçant d’une couleur proche de l’or fixait l’alchimiste. Il ne l’observa qu’un instant, se penchant ensuite sur l’oreille de la présidente avant de disparaître tout comme il était apparût, sans bruit ni effet visuel. Le sourire de la jeune présidente de la nation marchande élargie son sourire et déclara :

- Malheureusement, je ne peux accepter toute vos requêtes. Nos relations commerciales avec Elvem Adisil n’étant pas très bonnes. Elles nous ont même amenées au bord de la guerre en fait. La route commerciale entre nos deux pays n’existe pas, le seul transit qui s’est fait en termes de marchandise est celui de la contrebande pour ce qui part de notre belle cité et de contrefaçon pour ce qui part de l’archipel. Je suppose donc que vous pourrez vous rabattre sur les textiles hùbéï ? Leurs marchands sont de toutes manières très à même de nous fournir les denrées que nous pourrions trouver à Elvem Adisil. Cependant, j’accepterais l’ensemble de vos requêtes, si vous êtes capables de produire en peu de temps, une quantité importante d’un produit dont nous aurons tout particulièrement besoin d’ici à quelques heures et vous devriez comprendre d’ici…

Mayumi Tsurichi plongea la main dans sa veste et en sortit une montre à gousset qu’elle ouvrit d’une simple pression sur le haut de la montre puis ajouta.

- Maintenant.

La porte du bureau s’ouvrit alors à la volée, laissant rentrer un grand gaillard d’environs un mètre quatre-vingt-dix. Il portait un pantalon brun tâché de sang, des hautes bottes noires, ainsi qu’une chemise blanche aussi tâchée de sang et repassée d’un épais manteau bleu délavé qui accompagnait fort bien le tricorne de la même couleur qui se trouvait sur sa tête aux cheveux d’un blond sale. Bien qu’il ait une pipe fumante dans la bouche, il souriait de toutes ces dents jaunies par le tabac et lorsqu’il remarqua les deux dames dans la salle, il s’inclina bien bas tout en portant son tricorne sur son cœur, laissant tomber un peu de cendre sur le parquet. Puis il se releva en se recoiffant de son couvre-chef et indiqua d’un signe le brassard blanc autour de son bras gauche qui signalait sa qualité de diplomate.

- Bonjour à vous gentes dames ! s’écria-t-il d’une voix puissante. Je suis Olaf dit le Blafard, Capitaine du Tempête Prime et envoyé en la qualité de diplomate par Lupen Z’en Rahar, seigneur du port d’Athéïle. Il aimerait rencontrer sa douce seigneurie républicaine, Mayumi Tsuruchi. Je suis pas exactement sûr de pourquoi mais quelque chose me dit que ça à avoir avec le fait qu’on à prit le port aux Originels avant d’empêcher le Changement d’y débarquer.

Mayumi éclata de rire, un rire cristallin qui dura un instant avant qu’elle ne se tourne vers Mélia.

- Devant le bureau attends un agent des services de renseignement, il se chargera de vous fournir ce dont vous avez besoin. Quant à vous cher Blafard, parlons donc.

Une fois l’alchimiste sortie du bureau, les portes en furent fermées derrière elle. Mais comme l’avait dit la présidente, il y avait un agent qui l’attendait. Il était différent de celui qu’elle avait vu, il portait des vêtements sombres et pratiques pour l’escalade et la fuite ou toute autre activité physique que pourraient demander ses temps de guerre mais au lieu de maquillage, portait un masque fait de verre qui déformait ses traits et les rendaient parfaitement inhumain mais les espaces laisser pour la bouche et les yeux laissaient supposer qu’il était bel et bien humain.

Sympathique cette Présidente, même si l'Alchimiste a passé l'âge de croire qu'elle a devant elle une idiote ou une naïve. Rien que pour les textiles d'Hubeï le prouve. Elle a beau se remémorer un peu les diners avec Marcus, elle ne se rappelle pas qu'il lui en ait parler sérieusement de la crise avec Elven Adisil, seulement quelques allusions. Soit elle ne devait pas écouté, soit elle devait surement se terrer encore une fois au sous-sol. Il faut avouer que les affiches avec les dernières nouvelles du monde, la seule utilité qu'elle leurs trouve, c'est pour allumer un de ses alambics. Mais au moins, ses propositions en plus de ne pas être gourmande, seront facilement accepter. Peu être même un peu trop facilement selon Mélia, à croire que la Présidente a déjà prévu d'avance que certains Seigneurs Marchands allaient y laisser leurs plumes avec cette guerre au point de ne pas vraiment s'en inquiéter. Ah la politique, sa paperasse et ses petits complots, voilà pourquoi Mélia ne s'y ait jamais intéresser. Au moins, une expérience il n'y a pas de risque de trahison, sauf si le dosage est mauvais et encore la scientifique ne peut que s'en prendre à elle même dans ce cas.

Elle retiendra une chose après son entretien, elle veut un produit en particulier et rien d'autre. Avec la venue du pirate pour négocier le port, la discussion sera vite abrégé. Du gaz anesthésiant... Mélia aurait pu proposer bien mieux mais il y a des chances que les grosses pontes d'Athéïle s'attendent à une attaque général d'ici quelques heures pour pouvoir l'utilisé sans danger. Si ce physique de jeune fille ne le montre, intérieurement Maïa ne pouvait qu'être déçu. Par de carte blanche pour s'amuser comme une petite folle et étancher sa curiosité scientifique. Peu être une autre fois alors...

- Très bien, cela me satisfait amplement Présidente. Je vais vous laisser.

L'Alchimiste quittera la pièce après avoir compris que les Originels aient perdu le port. Avec cette nouvelle, il fallait s'attendre voir débarqué les Originels et les Changeurs fou furieux à tout moment: maintenant le temps joue contre eux. Vu de cette façon, Mélia ne pouvait que comprendre le petit rire de la Présidente Tsuruchi mais du côté de Maïa, elle allait devoir faire très vite. Une fois hors de la pièce, elle se dirigera devant le bureau où un homme l'attendait. Il va falloir que l'Alchimiste se mette au travail mais d'abord c'est une visite des locaux qui l'attendait. Créer du gaz anesthésiant ne va pas être bien compliqué, ce qui va l'être par contre c'est optimisé sa production. Et optimiser ses productions n'est pas forcement la spécialité de Maïa. En fait ce n'est pas du tout le cas...

- J'imagine que je vais avoir le droit encore une fois à une visite guidé. J'aurai tout de même quelques questions concernant ce que m'a demander Madame la Présidente et quand à l'utilisation exact que vous comptez en faire... En particulier sur les lieux où vous comptez l'utiliser comme la grandeurs de la pièce, sa température et la situation où il sera utiliser... Quelques informations qui me permettraient de me donner une idée sur la densité et la volatilité du gaz.

L’agent des services de renseignement regarde Mélia mais les expressions de son visage sont rendues indéchiffrables par son masque de verre. Il l’écoute parler avant de hocher négativement de la tête. Puis il lui fait signe de la suivre jusqu’à une porte située à quelque mètres seulement de là. Il l’ouvre et laisse Mélia la découvrir et y rentrer. Il s’agit d’un laboratoire d’alchimie. Il y à presque tout les outils dont pouvait rêver Mélia depuis qu’elle savait mélanger de l’eau et du sucre ainsi qu’une grande quantité de composants. Mais rien n’était organisé, en tout cas pas comme elle pourrait le souhaité. Cette pièce ne devait pas être un laboratoire à l’origine, plus probablement une sorte de bureau ou de salle de réunion mais tout les meubles considérés inutiles, soit plusieurs étagères et chaises, avaient été écartés à la hâte tandis que les composants avaient été rassemblés sur une table et les alambiques, fioles et autres sur une seconde table. Une troisième située entre les deux ferait office de plan de travail.

- Nous n’avons pas le temps pour des visites guidées mademoiselle Valern. Le Joyaux à besoin que vous le serviez pour pouvoir continuer à illuminer la nuit de l’obscurantisme religieux. Le produit demandé par Madame le Président doit pouvoir agir rapidement dans une pièce de grande taille et ceux même si elle est correctement ventilée, comme un entrepôt ou une salle de réception comme celle d’en bas donc avec une température ambiante située entre 15 et 20 degrés Celsius serait idéale. Nous vous serions gréés de ne communiquer d’informations à ce sujet à personne d’autre que moi-même, le Conseiller Présidentiel Lemerron Omalyon ou la présidente elle-même, votre vie et celle de l’ensemble des occupants du Palais Présidentiel en dépends. Je serais devant si vous avez besoin de quoi que ce soit.

Ce serait maintenant à Mélia de démontrer ses talents d’alchimistes et de faire ses preuves en tant que productrice de masse. Mais les récompenses ne seraient-elles pas à hauteur de ses efforts ? Après tout avoir la main mises sur certains commerces, c’était s’ouvrir une porte dans la politique de la Nation Marchande et s’assurer des revenus réguliers. Si ce pays et Mélia était encore debout au terme de cette guerre, les retombées pour l’alchimiste pourrait être plus que bénéfiques.

Spoiler:

Mélia se contenta de répondre par de bref « hmm » en guise de réponse pendant qu’elle feuilletait son grimoire sur le bureau de libre, à un tel point que l’on pouvait se demander si elle écoutait ou non les consignes du fonctionnaire. A entendre cette agent, l’Alchimiste suspectait Athé de ne pas hésiter à utiliser le gaz en présence des civils, comme par exemple le hall parce que étrangement cette description correspond exactement à ce lieu. Peu importe, c’est du somnifère que l’on lui a demander et rien d’autre.

-Un gaz lourd peu volatil et ce en grande quantité… J’ai ce qu’il vous faut et avec des ingrédients que l’on peut trouver que vous avez surement. Il me faudrait de la Jaléramoïa en grande quantité ainsi que de l’engrais, si possible en liquide pour me faire gagner un peu de temps. Et… Éventuellement si vous pouviez mettre la main sur un lanceur de sort spécialisé dans le gel ou le froid, ça me faciliterait mes procédés de liquéfaction. Mais je peux faire sans, ça ne doit pas courir les rues.

Mélia aime travailler seule, c’est un fait mais ici le temps joue contre elle. Diminuer de façon flagrante la température d’un produit, cela revient à utiliser à utiliser une autre formule pour créer l’azote liquide. D’un autre côté, elle se moque bien si un inconnu la regarde travailler, les ingrédients et la recette qu’elle compte utiliser n’a rien d’inconnu pour un initié. Au contraire, Mélia estime même que c’est une recette grotesque qu’elle compte utiliser alors qu’il y a bien plus efficace a ses yeux. Hors, quand elle se créer une potion, c’est bien souvent pour son usage personnel et en petite quantité.

Simple, de la Jaléramoïa est une fleur, une drogue qui se fume plus exactement, le genre de drogue qui rend son utilisateur comateux mais aussi dépendant à forte dose. Dans une ville portuaire tel Athéïle, l’Alchimiste sait que cette drogue circule par cargaison entière. Inutile de s’attarder sur le nombre de cargaison qui se font saisir chaque mois. Quand à l’engrais, l’Alchimiste s’intéresse simplement à l’azote que cela dégage. Les deux mélangés et liquéfiés, voilà ce qui l’intéresse. L’effet secondaire ? Un joli mal de crâne au réveil mais c’est le produit parfait à moindre coût pour les insomniaques. Eventuellement une petite dépendance pour les personnes les plus faibles.

Sans attendre la réponse, elle se dirigera vers les alambics pour les allumer avant de chercher à sa ceinture une fiole au liquide bleu qu’elle versera à certains endroits dans le feu des différents alambics. La flamme finira par passer du rouge au bleu, le verre commençant doucement à geler. La formule n’a encore une fois rien de secret, les Alchimistes utilisent se procédé pour solidifier leur produit. Les Alchimistes appellent cela une « flamme du grand Nord ». Une version alchimique de la magie en quelque sorte mais c’est certains, Mélia irait plus vite avec les services d’un élémentaliste.

Une bonne partie des ingrédients finiront par arriver dans les minutes qui suivent, certes en plusieurs fois mais immédiatement. Cela fait, l’agent dira qu’il cherche le mage demandé mais qu’aucun n’avait les compétences demandés mais qu’il ne fallait pas désespéré. Il y a de fortes chances que Mélia ne compte pas là-dessus ce soir.

Les quelques minutes perdues ne seront pas vaines, Mélia boira une substance qu’elle sortit de son sac, une potion bleuâtre qu’elle a nommé « coupe sommeil », à boire cul-sec tellement le goût est atroce. Pendant 48 heures plus rien ne la fera dormir, potion parfaite pour travailler en toute tranquillité sans la moindre protection, surtout quand elle touche les somnifères. Mais comme beaucoup de recette, il y a l’effet pervers à la clef, le délais passé et c’est plusieurs jours au lit complètement épuiser qu’elle terminera. On n’a rien sans rien et Mélia est parfaitement consciente de ce qui lui arrivera. C’est loin des quelques heures à rattraper ! Elle compte en faire quelques fioles, nul doute que ce petit surplus fera plaisir aux militaires et surtout à la Présidente vu que la femme n’attend qu’une chose de sa part : sa signature sur plusieurs documents. Après tout un Président satisfait est un Président qui signe.

Elle passera les quinze premières minutes à broyer des fleurs et à les transformer en poudre. Elle finira par les jeter dans plusieurs alambics, accompagné d’engrais. Jusque là rien de bien compliqué, c’est concentrer la dose qui l’est un peu plus. Le liquide mélangé commencera à devenir jaunâtre, signe que le mélange est bon, il ne restait plus qu’à la vapeur créer de passer dans ces nombreux tuyaux et avec la soudaine baisse de température, le procédé de liquéfaction ne peut qu’être plus rapide.

-Du moment que tu ne gèles pas, c’est tout ce que je te demande…

Voilà ce qu’elle murmura et ce jusqu’à ce que une goutte tombe dans la bouteille prévu à cet effet. Tout le problème ici, ce n’était qu’une question de température. A basse température, le produit n’agit et c’est à ce moment là qu’il faut profiter pour fermer la reboucher. Quand la température remonte, le liquide s’évapore de nouveau, mettant ainsi la bouteille sous pression. C’est en éclatant la bouteille que le gaz fini par s’échapper. Si par malheur le liquide devait gelé, il serait bon à jeter et pourrait même saboter tout le mal que se donne Maïa à créer une bouteille. Tout ceci n’est qu’une histoire de température.

Après que les premières gouttes soient tombé dans la bouteille et vérifié si tout se passait dans différents alambics, Maïa fouilla dans les divers boites en bois pour y regarder leur contenue. Elle cherchait une feuille bleuâtre que l’on trouve dans les contrés enneigés. Encore une fois, pas trop compliqué, elle la fera bruler avant de verser ses cendres dans du vin de mauvaise qualité. Le liquide finira lui aussi dans un alambic à part. On peut maintenant comprendre le goût atroce du « coupe sommeil ». Elle fera cela à trois reprises ce qui expliquera la petite quantité de potions qu’elle peut se créer. D’un autre côté, elle a faire autre part.

Car le restant de son temps, elle le passera sur les somnifères, jusqu’à décider de refaire passer le somnifère dans les alambics, augmentant au passage la concentration. Cette opération peut être dangereux si on n’est pas protégé mais Mélia s’en moque bien pour le moment, étant immunisé temporairement à ces effets. Elle ne sera satisfaite que quand elle testera le somnifère sur une colonie de rats prévu à cette effet, éclatant la fiole et s’exposant à ces effets sans vraiment les craindre. Tester sur des animaux avant que ça ne soit grandeur nature, c’est éviter les mauvaises surprises. Si Mélia ne inquiétait pas du résultat, elle voulait voir si il n’était pas trop volatile. Il semble que ça ne soit pas le cas à l’instant.

La dernière demi heure, elle les passa à stocker le contenue dans d’anciennes bouteilles de vin. Ici, il s’agit d’assommer plus d’une dizaine d’hommes dans une grande salle, pas pour mettre hors combat trois voleurs. Elle finira même de préparer quelques « coupes sommeil » pour l’agent qui devrait arriver d’une minutes à une autre bien qu'elle soit déçu du faible nombre de fiole. Ce petit extra mérite quelques précautions qu'elle n'hésitera pas à expliquer mot par mot. Ces explications seront même trouver quand l’agent s’apprêtera à les prendre dans la main de la jeune fille qui la refermera aussitôt, tel le réflexe d’un pharmacien donnant des consignes d’utilisation.

-Cette potion immunise contre le sommeil environ deux jours mais il faudra ne plus compter sur vos hommes pendant plusieurs jours une fois l’effet terminer. Inutile de me demander si on peut l’utiliser à deux reprises, la réponse est simple : la mort cérébrale. Enfin après c’est vous qui voyez…

C’est vous qui voyez… Assez culottée pour quelqu’un qui l’a créer pour Athéïle qui ne lui a rien demander sur ce sujet et pouvant présenter un risque. Mélia sait exactement dans quel condition doivent être créer ses potions et la meilleure utilisation que l’on peut en faire. Avec du somnifère, il n’y a pas meilleur comme utilisation. Après si cela arrive dans d'autres mains, ils en font l'utilisation qu'ils veulent, du moment que ce n'est pas contre elle bien entendu.

L’agent au masque de verre rentre de la pièce un peu avant que le jeune femme ne terme son travail et plonge son regard dans celui de l’achimiste lorsque cette dernière fait mine de ne pas vouloir lui abandonner la fiole qu’elle tient en main.

- Ce n’est donc pas le produit attendu. Le Joyau vous remercie de votre zèle mais le somnifère est donc contenu dans ces trois bouteilles derrière vous ? Demanda l’agent des renseignements athées en désignant les trois bouteilles de vin opaques que Mélia avait pût remplir avec tout le produit qu’elle avec conçu.

Puis, sans attendre de réponse, il se coulisse sur le côté de Mélia avec la souplesse d’un chat et prends l’une des bouteilles qu’il lève légèrement afin de mieux observer son contenu à la lumière du lustre qui illuminait la pièce. Mais le verre déjà sombre d’origine est devenu presque noir au contact du gaz et à part les mouvements du produit, il est impossible d’y déceler quoi que ce soit. Par les fenêtres de la pièce où se trouvait Mélia, qui s’avéraient ne pas avoir été particulièrement barricadée, on pouvait voir les lourds nuages noirs qui perdaient peu à peu leurs épaisseurs et leurs couleurs, devenant plus blanc, plus transparents et laissant la lumière orange d’une fin d’après-midi d’automne transparaître dans le ciel bien qu’une pluie fine continue de tomber.

- Cela me semble parfait. Vous avez bien servit votre pays. Maintenant vous avez deux possibilités. Madame le Président à reçu un « diplomate » envoyé pour la faire venir au port afin de négocier la vente de ce dernier. Vous êtes laissées libre de nous accompagner, qui sait si d’autres des potions que vous transportez ne nous serons pas utiles là-bas. Mais vous pouvez également choisir de rester, les pirates sont dangereux et si les négociations ne vont pas dans leurs sens, cela pourrait très bien dégénérer.

Elle était libre de choisir. Elle pouvait même avoir sa propre idée d’un choix à faire auquel l’agent au masque de verre n’avait même pas pensé. Cela dit c’était une décision qui devait être prise rapidement, ce n’est pas comme si elle pouvait faire attendre le Président. Mais peut-être se demanderait-elle pourquoi le Président et pas la Présidente puisque Mayumi était bel et bien une femme. C’était là la longue histoire d’une femme au verbe acérée qui avait gravit les échellons d’une société marchande déjà trop aux mains des hommes malgré sa jeunesse et qui pour les tourner en dérision avait prit un titre qu’aurait porté l’un des leurs. Mais c’était bien une femme qui dirigeait cette cité et une jeune alchimiste venait de l’aider. Le pouvoir du Joyau était-il celui d’une opale et pas d’un diamant ? Quelle était la décision de Mélia ?

Spoiler:

Mélia n'avait plus rien à faire mais étant elle même sous l'effet de sa potion, à moins de foncer tête baissé contre le mur son prochain somme ne sera pas avant deux jours. Et encore on ne peut pas appeler ça ainsi.

La question n'était plus "quoi inventer comme invention" mais plutôt "que faire pendant ce temps là". Oh bien sûr, elle y avait penser, rester enfermé ici et elle avait tout le matériel qu'elle désirait et même si l'agent n'avait pas l'air de beaucoup apprécier ses manières (choses difficilement vérifiable avec son masque de verre), il y avait de fortes chances qu'il soit au petit soin avec elle. Surtout quand l'Alchimie concerne Athé. En temps normal, nul doute que la question ne se posait pas même si elle pouvait être tuer durant l'assaut du palais présidentiel.

Seul bémol dans cette histoire, allait tenter une sortie pour négocier le port avec des pirates. Si il devait arriver quelques choses à Mayumi, nul doute que les accords que Mélia a eu, les Seigneurs Marchands ferait en sorte qu'ils soient caduques. C'est qu'avec de tel closes, elle marche sur leur plate bande et pas grand monde aimerait voir se faire humilier de la sorte en voyant une "gamine opportuniste" rafler leur gagne pain. Même si sa demeure est sur le chemin du port et que le groupe peut y faire un détour, l'Alchimiste n'a vraiment pas de voir dans quel état elle est. Maïa ne sait pas trop comment elle réagirait si elle était en ruine mais c'est éventuellement un endroit de replie si tout se passait mal.

- Très bien, je vais accompagnée Madame le Président. De toute façon, je suis sous l'effet des fioles que je viens de vous donner et le repos je crois que ce n'est pas pour aujourd'hui. En revanche, je demanderais juste de prendre mes deux gardes, déjà qu'ils ont eu du mal à accepter d'être séparé moi par respect envers mon père, je doute qu'il accepte de me voir sortir même accompagné de la garde présidentielle.

C'est sa seule condition pour la sortie, même si elle sait très bien que les croyants vont devoir être motivés pour s'attaquer à la garde d'élite d'Athé mais fonctionner ainsi, c'est par respect envers ses serviteurs. Le petit personnel, du moment qu'il respecte Maïa, elle le rend la pareille et du personnel loyal et obéissant, il ne faut pas croire que ça court la rue.

- Je leur expliquerais cela moi même, même si je leur cacherais le réel but de notre sortie. La Présidente compte partir dans combien de temps exactement?

Si elle a le temps, elle pourrait peu être préparer quelques potions un peu plus offenssive. Des monstres? Pas assez de temps, ce genre de création se compte en jours voir en semaines.

L’agent des renseignements athées acquiesça.

- Vos hommes peuvent nous accompagner, mais si c’est le cas, nous ne nous occuperons en rien de votre protection et vous devrez compter seulement sur celle de vos hommes ou d’un élan de zèle de la part de l’un de nos hommes. Mais cela nous arrange, nous pourrons consacrer toute nos ressources à la protection de la présidente. Nous partons dans quinze minutes, prenez ce que vous voulez dans cette pièce et faites en ce que vous voulez mais si vous n’êtes pas prête, nous partons. Et n’oubliez pas de briefer vos hommes, nous allons dans le quartier du port, nous devons être sûr qu’aucun d’eux ne ferait quelque chose de stupide.

L’homme partirait ensuite, laissant Mélia à ses alambics. Quinze minute s’était très peu en termes d’alchimie. La décoction d’une ou deux potions était possibles mais ce n’étaient pas les plus agressives, plus des potions qui pourrait incapacité un petit groupe d’ennemis si nécessaire. Toujours est-il que hormis cela dans la pièce, il n’y avait rien qui puisse servir l’alchimiste pour se protéger d’avantage durant l’expédition. Il faudrait ensuite retourner dans le hall, un garde qui se trouvait derrière la porte s’assurerait que la jeune alchimiste retrouve son chemin sans prendre de porte qu’elle n’était pas sensée prendre et la laissa une fois dans le grand hall. Le groupe de serviteurs de la maison Valern était toujours là, le personnel de maison étant endormi ou somnolent et les deux gardes parfaitement réveillés et doté d’un équipement flambant neuf.

- Madame ! s’écria celui qui avait déjà hésité à la laisser aller avec les gardes du palais, Que ce passe-t-il ? On nous à fournit cet équipement et il nous à été ordonné de nous en équiper sans aucune explication. Je suis déterminé à vous protéger mais je suis peu convaincu que nous envoyer sur le rempart du palais soit une bonne idée pour cela.

Oui, le garde avait compris qu’ils seraient utilisés comme simple soldat et pas garde de la maison Valern et c’était logique. Des hommes d’armes qui ne faisaient rien en temps de guerre, c’était invraisemblable surtout lorsque chaque épée était nécessaire pour assurer la souveraineté de la République mais ce n’était clairement pas comment ils avaient envisagé de servir la fille de leur probablement défunt maître, resté enfermé dans sa propre maison avec une partie de sa garde. Et puis cela devait déjà faire un moment que cet équipement avait été fournit, cela prenait quelques minutes de se déplacer de la sorte. En fait cela devrait correspondre au moment approximatif où Mélia était sorti du bureau de la Présidente. Curieux n’est-ce pas ?

Quinze minutes, à peine le temps de créer une ou deux potions facile à créer. Elle se contentera de créer deux potions, plus exactement la fiole aveuglante qu'elle avait donné à l'espion deux heures auparavant. Incapacitante et largement suffisante pour semer le trouble parmi les troupes adverses mais pas plus. Ah si, peu être à la rigueur une blessure dû à un éclat de verre mais c'est réciproque pour Mélia quand elle utile ses potions. Mais voilà le danger, à peine de quoi faire rire un soldat d'arme, surtout que la plupart des convertis appartenait à la milice d'Ahté! Sur le coup, il faut avouer que ça surprend toujours mais sur le coup, il n'y a pas autres choses qui traversa l'esprit de Mélia.

Allant cherchant les deux gardes, elle hésita entre jouer le rôle de la fille surprise ou celle qui est outrée par le comportement d'Athé. Au fond, elle se contenta de celle qui ricana devant le subterfuge de la Présidente, avouant sa défaite pour s'être berner comme une amatrice. Elle parla même tout seule pour exposer la situation qui l'attendait si jamais elle était restée enfermé dans le laboratoire dans les quartiers présidentielles.

- Ainsi on m'occupe à jouer dans un laboratoire pendant que l'on équipe mes serviteurs pour les envoyé en première ligne aux murailles et tout cela derrière mon dos? Soit... J'avoue que c'est assez malin. Pervers mais malin.

Ainsi Athé ne croyait pas trop au résultat quand on lui a proposé son aide, piochant au hasard pour avoir toutes ses chances de survie de son côté? C'est son droit et ce point de vue pouvait se comprendre: Différencier une Croswell avec un Valern c'est comme comparer une marque Lacoste avec une sous-marque. Mélia prendra même cela à la rigolade! Du moment que le gouvernement tenait sa promesse quand ils verront les résultats c'est tout ce qu'elle leur demandait.

- Cela dit, moi non plus je ne suis pas convaincu que vous envoyés aux murailles soit la meilleure des idées... Après avoir rendu quelques services rendu à Athé, j'ai discuté avec la Présidente. On m'a chargé d'escorter un diplomate jusqu'à un lieu, pensant que je pourrais être utile. J'avoue que je pourrais être plus utile à "armer" plutôt qu'à lancer sur nos ennemis moi même ce que je fabrique mais j'ai bien du mal à rester les bras croisés donc j'ai décidé de les accompagner. Vous m'accompagnerez durant cette sortie.

Et d'un côté ils se sentiront plus utile auprès de leur Maitresse qu'aux murailles. Ce point de vue vaut aussi pour Mélia, elle préfère voir aussi ses gardes mourir pour elle que pour une nation qui a une dette envers elle, même minime. C'est que sa petite vie, elle y tient!

Les serviteurs seront de toute façon sous la tutelle des gardes d'Athé, comme tous les civils d'Athéïle et il y a donc peu de chance que les gardes discutent les ordres de leur nouvelle Maîtresse. De touta façon, aussi bien entrainé soit-il, pas besoin de sortir de l'académie militaire pour savoir que le taux de mortalité est plus élevé sur les murailles qu'autre part et même sans cela, il y a de forte chances qu'ils préfèrent mourir pour Mélia que pour Athé. La question se pose donc pas. C'est donc sans discuté que Mélia rejoindra l'un des agents du gouvernement pour dire qu'elle et ses hommes étaient prêts.

La suite ce passera par ici.

» Au terme d'une tempête
» L'arrivée du Tempête Prime
» Souffle dans la tempête
» Le calme avant la tempête
» Quand le périple prend fin