Mes pieds me guident...où le vent me mène t-il? (Libre)

Libre Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 03/05/2012

Cela faisait plusieurs semaines à présent que la jeune femme marchait sans vraiment savoir où elle devait aller. Liyanna ignorait totalement où elle se trouvait, et où elle devait aller. Elle se devait de découvrir le monde, mais le fait d'avoir quitter Alard la faisait souffrir au plus haut point. La vie avait été si simple à ses cotés, et l'espoir de le revoir réchauffait le cœur de la belle demoiselle. Cette forêt lui paraissait immense et elle avait également du mal à la quitter. Ses yeux en amande se déposaient lentement sur chaque végétaux croisé. Ils parlaient d'être bipèdes, qui avaient du mal à respecter ce qui les entourait. Elle compris presque immédiatement qu'il s'agissait d'humain.
Alard lui en avait tellement parlé, qu'elle avait l'impression de les connaître par cœur.

Elle marchait donc de son pas léger et félin, sensuelle comme le vent sur la peau. Ses longs cheveux noirs voletant deci-delà. Elle inspira profondément, et préoccupée par son chemin et les souvenirs du vieil homme, elle ne prêta même pas attention aux yeux inconnus qui s'étaient déposé sur sa silhouette. Était ce un ennemi ou un ami, devrait elle se défendre ou non? Liyanna, l'ignorait encore. Elle savait que le monde autour d'elle pouvait être violent et cruel, mais serait elle capable de le défier?

[hrp : salut Liyanna, en attendant qu'un joueur se joigne à toi, je me permets de te faire démarrer en tant que MJ. Je ne vais donc pas jouer mon personnage (qui est déjà dans un autre Rp) mais faire intervenir divers personnages non-joueurs. Si tu as des questions, n'hésite pas à me contacter par mp ^^.]

La forêt de Fentaëris est un bel endroit pour celle qui aime les arbres. Vaste, déployée, séculaire, de magnifiques exemplaires de la sylve y trônent majestueusement depuis des centaines d'années. La lumière qui filtre au travers des feuilles prend cette étrange teinte qui n'est pas vraiment verte mais dans laquelle on se sent bien, apaisé. Il y fait doux. L'air est parfumé mais pas entêtant et le sol tendre. Que demander de plus ? C'est à ce demander ce que les humains peuvent vouloir s'infliger en s'entassant dans leurs hautes villes aux murs froids et durs.

La forêt de Fentaëris est également un bel endroit pour quelques activités lucratives. Les industrieux bûcherons approvisionnent la capitale en matériaux de construction et bois de chauffe, les charbonniers crasseux y regarnissent leur stocks, les chasseurs y traquent la venaison dans une débauche joyeuse d'alcool et de sang. Les marchands qui circulent régulièrement ont fini par établir toutes sortes de chemins et l'on y croise même, du coup, des patrouilles de soldats qui sécurisent les trajets.

Car la forêt de Fentaëris est également propice à l'embuscade, la canaillerie, le vol de grand chemin, la roublardise. Les faquins se faufilent, les gredins gravissent les arbres, les brigands y surgissent d'un coup. On raconte même que des horreurs du Changement y piègent parfois l'imprudent qui s'entend quitter les sentiers battus.

Et donc, en dernier lieu, à l'occasion, la forêt de Fentaëris est également traversée par une dryade. Liyanna marche tranquillement dans ce majestueux lieu de vie et de dangers quand elle perçoit un appel à l'aide venant de la droite.

- S'il vouuuus plaaaaît… raaaah…

Plus un pauvre râle qu'un cri. La voix - très faible- qui lui parvient d'entre les troncs et les fougères généreuses est à mi-chemin entre le gargouillis et le grumeleux. C'est donc sans doute un humain. De toute façon, si proche de leur capitale, c'est qu'elle risque d'en rencontrer ouais. Une âme en détresse ? Ce pourrait être aussi un piège. Une décision s'impose : aller vérifier, prévenir les autochtones ou continuer sans plus se soucier d'un pauvre hère à l'agonie. Elle a croisé un couple de marchand quelques instants plus tôt, ça ne prendrait pas longtemps de retrourner les chercher. Mais d'ici là, l'autre sera peut-être mort.

Libre Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 03/05/2012

[hrp: Merci chère demoiselle, c'est vraiment gentil de ta part ^^]

Liyanna avait effectivement croisé un couple de marchands quelques instants plus tôt. Mais l'idée de les croiser de nouveau lui déplaisait. Le contact des humains avait chez elle un effet répulsif parfois. Le seul qu'elle estimait était Alard, et celui ci lui manquait horriblement. Elle marchait donc calmement, se rapprochant de a ville, et donc des pleurs et des cris de ses amis les arbres. Des larmes lui vinrent aux yeux, quand soudain...un gémissement plus sonores que les autres arriva à ses oreilles pointues. Elle s'arrêta immédiatement, et localisa le bruit. Les idées tournèrent dans sa tête: aller chercher de l'aide? Aller à l'aide du malheureux?

Liyanna ne devait pas hésiter, il semblait qu'il s'agisse d'une question de vie ou de mort. Mais bizarrement la belle demoiselle sentait le piège arriver. Elle devait se méfier et le ferait bien sûr comme d'habitude avec les humains. Elle s'approcha donc lentement du bruit en question, et se faufila lentement entre les arbres histoire de passer inaperçue, sont corps étaient fait pour se faufiler et se cacher dans les forêts. Liyanna posa ses yeux délicats sur une scène horrible à laquelle elle ne s'attendait pas. La main délicate posée sur une dague, seule arme à sa disposition cadeau de son protecteur...Son coeur faisait des bonds dans sa poitrine, mais elle se battrait si nécessaire. Elle était loin d'être aussi fragile qu'elle n'y paraissait...

Un peu en retrait du chemin, un éboulement de rochers ronds couverts de mousse propose une petite descente un peu acrobatique. Rien de problématique pour la jeune dryade mais c'est le genre de relief qui pose problème quand on est chargé ou bien, par exemple, quand on a une jambe cassée et un éclat de métal dans le ventre.

Et justement, en bas, avachi derrière une souche de chêne, en train de labourer labourieusement les champignons du bout des ongles, une petite forme rondouillarde tente en vain de se redresser. C'est un humain mâle, du genre gras. Il a dérouillé !
Toujours sur le qui-vive, Liyanna en s'approchant pourra remarquer les objets éparpillés autour de lui ; papiers froissés, flacons dont certains brisés et sachets apparemment vomis hors d'une grosse sacoche éventrée qui traîne un peu plus loin. Le blessé n'a pas l'air armé mais il saute au yeux que celui ou ceux qui l'on laissé dans cet état l'étaient. A moins qu'il ne se soit fait ça tout seul en tombant, mais peu probable. Son visage au nez cassé était peut-être joyeux et joufflu avant son passage à tabac, il devait aimer la bonne chair, le vin… et le tabac justement.
Relevant ses yeux pochés, il aperçoit finalement la jeune femme qui descend vers lui lorsque Liyanna arrive à moins de 3 mètres. Un profond soupir de soulagement s'échappe de ses lèvres. Il se tourne sur le dos et crache un caillot de sang dans les herbes avant de s'essuyer la bouche d'un revers de main.

- S'il vous plaît… s'il vous plaît… venez… je ne vous veux rien de mal.

Vu l'état du bonhomme, la phrase pourrait presque faire sourire. Mais il y a dans son intonation une mesure de désespoir humide qui casse un peu l'effet comique. Il comprime une vilaine plaie au ventre de ses doigts boudinés. Et vu sa respiration hachée, il a sans doute des côtes cassées. Comment est-il arrivé là ? Ses vêtements pourraient éventuellement désigner sa profession mais Liyanna fréquentant très peu les humains, elle ne pourra rien déduire de cette cape brune ou de cette tunique frappée d'un emblème impossible à discerner sous la tâche de sang. C'est peut-être quelqu'un d'important dans la société des humains.

- Du vin.

Le gros type tend un index épais et imprécis dans la direction de ses effets. Il y a bien quelques fioles effectivement, mais encore faut-il trouver la bonne. Et d'ailleurs, l'alcool n'est peut-être pas le remède le plus indiqué, c'est à voir.

Libre Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 03/05/2012

La belle demoiselle s'approche lentement de cet être étendu au sol. Elle s'approche de lui et remarque immédiatement la lame qui s'est planté dans son abdomen. Elle s'approche de lui hésitant tout de même. Les lieux semblaient bien être ceux d'une bagarre mais elle n'en dit rien du tout. Elle se mise à genoux au coté de l'inconnu le regard plein de tristesse. Les humains étaient cruels entre eux, avares et violents. Ceci en était encore la preuve. Il le regarda alors, sans prêter attention à qui elle était lorsque soudainement il lui montra les bouteilles au sol en demandant une bouteille de vin. Liyanna ne comprit peut être pas son intention, car elle se leva brusquement, le foudroya du regard et lui lança:

"Vous les humains, vous ne respectez rien!! La vie s'échappe de votre corps, et la seule chose qui vous vient en tête c'est d'enivrer votre esprit! Vous devriez avoir honte...."

Elle fit alors brusquement demi tour et disparut dans les fourrées. L'homme du prendre surement peur, pensant qu'elle l'avait abandonné. Mais Liyanna n'était pas ce genre de créature, bien au contraire. Elle savait le prix de la vie, et se devait donc d'aider les individus qui en avait besoin. Fille de la forêt, elle connaissait les plantes qui la peuplait. Elle mit enfin la main sur celle qu'elle cherchait. Une plante basse ressemblant étrangement à du basilic, mais une version plus sauvage de celui ci. Cette plante avait des vertus calmantes, et anesthésiante surement meilleurs que le vin. Quelle idée avait il avec ce vin, ça ne ferait qu'aggraver les choses. Elle s'était toujours demandé ce que les humains avaient avec ce breuvage qui les faisait tomber et vomir.

Elle retourna vers l'homme et le regarda froidement cette fois ci. Elle devait extraire le bout de métal, quoique la chose semblait délicate et aggraverait peut etre les choses. Mais elle ne pouvait pas le laisser ainsi. Elle s'occuperait donc de calmer la douleur, d'extraire le métal, et enfin elle utiliserait son pouvoir, pour soigner la blessure. Cela éviterait au moins que cela saigne trop...
Elle mâcha les feuilles de basilic, qui diffusèrent un gout agréable dans sa bouche, et déposa une bouillie verte sur la blessure en question...

Le pauvre bonhomme se cambre d'abord violement mais il se calme bientôt sous les effets de l'analgésique de fortune. Liyanna a vu juste à propos du vin et de la manie quasi-systématique qu'ont les humains de noyer leurs ennuis dedans. Mais il existe une priorité encore plus prégnante dans leurs esprits :

- Par le Changement tout puissant, vous êtes bien trop jolie pour être humaine (Il tousse à nouveau). Je crois que mon foie a éclaté.

La plaie au ventre est vilaine en effet. Mais ce sont les impacts de coups qui sont plus préoccupants. Cet homme a été réduit en miette. Et dans quel but ?

- Plécadine, je ne sais pas qui vous êtes mais c'est la profiscence qui vous envoie.

Il reprend son souffle et ferme les yeux. Son front est déjà couvert de sueur. Il fait visiblement un effort de mufle pour rester conscient. Combien de temps a-t-il pu rester ainsi dans son trou à crier au secours sans que personne ne s'arrête ? Les humains qui sillonnent cette forêt sont d'un altruisme fabuleux...

- Je ne sais pas qui a fait ça mais ils m'ont pris l'oiseau en ambre. Je n'ai pas vu leurs visages. Vous devez trouver ma patronne. S'il vous plaît. Trouvez là et dites lui… c'est important.

L'homme se redresse et trouve assez de consistance en lui pour attraper Liyanna par le poignet. Sa poigne est moite et glacée ; le contact est aussi agréable que si un reptile squameux sorti d'un puits venait de s'enrouler autour de son bras.

- Demandez Tricia V'Orkocigan à Fentaëris. Elle saura quoi faire. Elle saura vous récompenser.

Il laisse retomber sa tête sur les graviers et se concentre sur ses problèmes anatomiques. Ses douleurs, ses blessures, ses tracas et peut-être même le regret d'être affligé d'un physique balourd alors qu'il est au contact d'une jeune femme aussi svlete que séduisante. il relève alors une paire d'yeux clairs remarquablement cristalins et les plante dans ceux de sa secouriste de circonstance. L'homme ne paye pas de mine, il n'a sans doute jamais été beau et son allure a sans doute toujours avoisiné celle d'un volume molissant mais son regard est vif et profond.

- Vous le ferez Plécadine, n'est-ce pas ?

Libre Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 03/05/2012

Liyanna le regarda de ses yeux d'émeraude et lui mit une main sur la bouche, il devait se ménager sinon elle ne pourrait pas l'aider. Elle lui sourit tendrement pour le rassurer comme elle pouvait et lui dit simplement:

"Tais toi humain...garde tes forces...S'il te plait....Tu diras toi même à celle qui te gouverne ce message..."

La moiteur de la paume de l'homme ne disait rien qui vaille à la jeune femme. Mais elle se devait de faire son possible. Elle ferma lentement les yeux. Même si son foie avait explosé, il suffisait qu'une petite partie soit guérie pour que celui ci se régénère avec beaucoup de repos et des fruits qui aident à la régénération du sang. Liyanna n'aimait pas voir les autres souffrir, et cet homme, même inconnu lui faisait une peine énorme. Elle ferma les yeux et baissa la tête pour cacher ses larmes. Elle était trop sensible, trop douce pour le monde des humains, Alard n'avait cessé de lui répéter mais elle n'avait jamais voulu le croire. A présent elle doutait.

Elle ne prononça pas un seul mot avant d'arracher le bout de métal qui s'était introduit dans la chair blanche de l'homme. Immédiatement le sang se mit à couler abondamment. Les mains de dryade se collèrent sur le fluide vital de l'inconnu et une lumière verdâtre apparu, elle soupira, inspira profondément. Elle vit les chair lentement se refermer, pour le foie elle verrais. Après avoir refermé la blessure, elle défaillit légèrement et se reprit. Elle comprenait soudain, qu'elle ne pourrait surement pas sauver la vie de cet homme. Ceux qui l'avait attaqué l'avait réduit en charpie. Comment pouvait on être aussi cruel avec ses semblables?

Elle se redressa et examina le corps de l'homme, et vit l’ampleur des dégâts. Elle hésita quelques secondes cherchant ses mots, et dit simplement:

"Je finirais ta mission...d'accord..."

Tout était dit, mais elle ne le laisserait pas mourir seule. S'il le désirait, elle le ferait même boire un peu de vin. Elle pourrait le soulager de ses blessures. Mais malgré ce qu'elle venait de dire, elle tenta de nouveau de soigner les factures de l'individu. Elle était capable de s'épuiser totalement pour le sauver....

Un soulagement ineffable se lit maintenant sur les traits mous du marchand / colporteur / messager / humain blessé. Liyanna va le faire. On peut toujours faire confiance aux ravissantes inconnues qui viennent vous secourir dans la forêt n'est-ce pas ? Mais en voyant l'acharnement médical qu'elle tente de lui prodiguer sans rien demander en retour, il faut vraiment qu'elle soit de ces créatures qui ne sont en rien malfaisante. Ou du moins, pas le matin.

Le blessé continue de transpirer, ses cheveux bruns collent au front et aux tempes. Malgré les soins prodigués par la dryade, la souffrance le ronge toujours, c'est à l'intérieur que ça ne va pas.

- Merci Plécadine. Merci. Changement soit loué. Je vais pouvoir reposer en paix.

On pourrait presque croire que c'est son épitaphe tellement il semble à bout. Mais non, il semble qu'un fardeau se soit retiré de ses épaules et de fait, il respire de manière moins saccadée. Le problème, c'est que cette tension, cette adrénaline était également sans doute ce qui le maintenait au bord de l'abîme. Maintenant, il va s'y laisser glisser sans résistance.

- Tricia V'Orkocigan, n'oubliez pas ce nom, sinon vous ne trouverez jamais dans cette immense ville. Si vous fouillez ce qui… reste de mes effets… vous trouverez peut-être une blague à tabac en cuir fauve. Elle n'a pas grande valeur, ils n'ont pas dû la prendre. Emportez la. Elle prouvera que vous m'avez vu.

Le ton de l'homme se fait moins âpre depuis qu'il est rassuré sur l'avenir de sa mission. Ses syllabes acquièrent des notes plus douces et plus musicales. Comme une mélodie fredonnée un soir d'été tiède. De son vivant, il devait être quelqu'un de sympathique et chaleureux.

- Ne perdez pas votre temps auprès de moi Plécadine. Je vais simplement mourir. Ça n'a plus d'importance. Et il n'y a pas de loup aussi près de la ville. L'odeur de ma charogne finira peut-être par attirer quelqu'un qui viendra m'enterrer. Ou peut-être pas. Mais vous en avez déjà fait assez pour moi. Je ne pourrais jamais vous rendre la pareille on dirait… Mais si vous avez un problème, à Fentaëris, allez de ma part à l'auberge de la Chandelle Grise. Le patron est un ami. Il vous aidera.

Prosaïque ! Aucun doute n'est plus permis, cet homme est forcément un marchand. Il faut au moins être boutiquier pour traiter les choses de manière aussi matérialiste. Il se tourne alors sur le flanc.

- Allez-y, laissez moi. Je ne veux pas qu'on me voie mourir.

Libre Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 03/05/2012

La jeune femme reste pourtant là au coté du marchand. Elle ne peut se faire à l'idée de le laisser seul. Elle pose alors délicatement une main sur l'épaule du l'homme et d'une voix douce et tendre elle lui demande:

"Quel est ton prénom?"

Elle attend patiemment et tranquille, Liyanna est loin de craindre la mort. Les êtres qu'elle aimait sont presque tous partis avant elle. Elle sait qu'elle vivrait des centaines d'années, alors autant se faire à l'idée de voir les humains disparaitre au fil du temps. C'était d'ailleurs une raison qui l'avait fait fuir Alard. Le voir dépérir et ne pas changer avait quelque chose de remarquable et d'horrible à la fois. Elle ferma les yeux sentant couler des larmes brillantes sur ses joues. Malgré son idée de se faire à la mort, elle ne pouvait y être insensible. Elle était un être contradictoire, qui avait du mal à réagir face au sentiments humains, elle qui ne les ressentait que depuis sa rencontre avec Alard.

"Je ne te laisserais pas seul...Jamais!"

Sa voix avait était douce et sèche à la fois. Elle ne pouvait pas le laisser seul. Les dryades ne mourraient jamais seules, alors pourquoi serait ce le cas chez les humains. Elle trouvait cela horriblement triste et insultant. Comme si notre existence n'avait aucune valeur pour ceux qui nous entouraient. Cet homme ne devait pas se sentir seul. Elle ne le laisserait pas seule. Aloirs tendrement elle caressa son épaule comme s'il s'agissait d'un vieil ami. Et d'une voix calme demanda:

"Tu aimes les chansons?"

Elle ne le laissa pas répondre et d'une voix douce et calme se mise à chanter, avec tout l'amour dont un être en est capable. Elle sortit une harpe légère et invisible, de toute petite taille, de sous sa longue chevelure. Celle ci était accroché dans son dos, et semblait être l'objet le plus précieux dont disposait la magnifique jeune femme. Elle posa ses doigts délicats sur sa harpe et entonna son chant d'adieu....à son ami:

Seacht nDolas Na Maighdine Muire - Teresa doyle

Elle espérait ainsi apaiser l'aime du pauvre homme, qui lui semblait soudain si calme et si doux....

Douce mélopée que celle que joue Liyanna pour accompagner les derniers moments d'un pauvre bougre. Ce dernier est saisi d'un mélange de stupeur et d'émotions troubles. Le chant de la dryade est à la fois apaisant et empreint d'une vieille nostalgie. Celle que l'on ressent au moment des départs déchirants mais aussi celle que l'on pourrait simplement éprouver en regardant la chute des dernières feuilles dorées d'un arbre à la fin d'un automne éclatant. Tout ça en quelques notes. Il y a fort à parier que le marchand n'a jamais rien entendu de tel.

Le bonhomme se retourne à nouveau sur le dos. Il ne dit rien pendant un moment, ne voulant sans doute pas troubler la barde dans son art, ne voulant pas gâcher l'instant, celui où une femme magnifique vous sert une oraison funèbre digne d'un prince elfique. Lui, le vagabond perdu et roué, s'offre une embarcation fleurie pour franchir le Styx. Même quand on est adepte changeant, c'est ce qu'on appelle un retournement de situation improbable !

Lorsque la chanson de Liyanna se termine, égrainant ses dernières notes vers les frondaisons, le marchand n'est pas encore mort bien sûr. Mais il ne dit plus rien non plus. Ses yeux mi-clos laissent filtrer quelques silencieuses perles salées qui roulent en emportant la crasse et le sang le long de ses joues. Après un tel récital, il s'en voudrait de revenir à la charge de l'espace sonore avec sa voix trop rugueuse, trop brute, trop lourdaude. A côté d'un pareil chant, même un gobelin dans sa fange aurait envie de se recoiffer et de rebrailler sa tunique dans son pantalon.

Un silence tranquille s'installe. Et lorsque finalement le marchand ouvre la bouche, il murmure avec une délicatesse qu'on ne goûte que dans les temples et les bibliothèques.

- Et moi qui pensais que les plus belles choses s'échangeaient contre de l'argent sonnant et trébuchant… voilà qu'il aura fallut que je crève pour comprendre à quel point je me trompais. Mais je ne regrette rien. Simplement le fait de ne pas avoir eu le plaisir de vous rencontrer dans d'autres circonstances Plécadine.

Il reprend son souffle d'une longue et profonde inspiration.

- Je suis heureux de vous avoir connu. Même pour quelques minutes douloureuses et enchanteresses. En tout cas, soyez assurée que je me souviendrai de vous jusqu'à la fin de mes…

Il s'arrête, conscient de l'absurdité de ce qu'il allait dire mais du coup, se fend d'un sourire aussi enfantin que malicieux.

- Enfin, pour les quelques heures à venir quoi. Et si de votre côté vous avez de temps en temps un joyau, un diamant ou une pierre précieuse entre les mains, alors pensez à ce petit livreur de gemme qui s'appelait Fripp d'Organsie et que vous avez accompagné dans l'au-delà…

Des gemmes ? Des diamants ? Voilà la raison pour laquelle il s'est fait tabasser ! On n'a pas idée de trimbaler du précieux sans avoir de quoi se défendre… mais peut-être que c'est justement ce qui attire l'attention, un équipage escorté.

Fripp d'Organsie ne claque pas sa pipe tout de suite après cette petite déclaration émouvante. En fait, il met plusieurs heures à mourir. Doucement, tranquillement, bercé par les voix et sons de la forêt. Pendant un moment, il raconte quelques épisodes de sa vie à la jeune dryade qui le veille. Ainsi, Liyanna apprend qu'il a une fille à Fentaëris, Voluptane, et un jeune fils dans la capitale de jade de l'empire Hu Bei. Il lui parle de ces petits talents qui composent une personnalité, son habileté pour tailler les pierres et son flair dans les affaires. Sa connaissance passionnée des vins rouges du Menetyr et cette manie étrange qui le prend parfois dans les ports d'aller arpenter les docks par les nuits venteuses pour savourer les embruns sur le visage plutôt que de se réfugier dans les tavernes avec les autres itinérants. Tous ces petits riens qui ne changent pas grand-chose mais qui, mises bout à bout en faisait un être vivant unique. Il s'amuse pendant un moment à parler de lui au passé, juste parce que ça n'arrive jamais de dire "quand j'étais vivant, je marchais toujours à petites foulées rapides".

Et lorsqu'enfin, il rend son dernier soupir, c'est comme si cette petite foule de détails s'évaporait avec lui. Tout ça, ça n'existe plus.

Libre Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 03/05/2012

La jeune demoiselle l'observa, raconter sa vie. Ce qu'il avait laissait derrière lui, et sourit tendrement à l'écoute de cette vie qui était loin d'être si banale qu'il le pensait. Fripp...Ainsi était le prénom de cet inconnu qui a présent était loin d'en être un. Elle voyait son ami petit à petit s'éloigner de la tête qu'ils foulaient tous. Elle inspira profondément et vis la magie de l'existence quitter cet être qu'elle retrouvait à présent remarquable. Elle resta quelques secondes à genoux au près du corps du livreur de gemmes. Offrant une prière à la forêt pour qu'elle le protège dans l'eau delà. Elle sourit calmement, et d'une voix mélodieuse et musicale lui souffla:

"Adieu Fripp..."

Se levant lentement, elle se fit la promesse d'aller trouver la famille de Fripp pour les prévenir de sa mort, et de l'endroit où il se trouvait. Elle vit alors des fleurs apparaitre autour de son corps, elle sourit de nouveau, la forêt avait exaucer sa prière. Elle l'esprit du chêne venait d'offrir à cet homme une fin digne des plus grands. Mais elle s'en fichait, tous étaient pareils face à la mort. Tous avaient peur, et avaient besoin de compagnie en ce moment difficile.

Elle se tourna alors soudain laissant ce qu'il restait de cet individu plus curieux. Elle prendrait la direction de la ville. Elle avait à présent deux bonnes raisons d'y pénétrer. Pour un ami, qu'elle avait rencontré sur la route, un ami qu'elle aussi aurait voulu rencontrer dans d'autres conditions. Cette pensée lui tira une nouvelle larme. Courage, le plus dur était à venir. Elle attrapa sa harpe et la cacha de nouveau et prit la route décidée à trouver Voluptane dans la ville toute proche. Elle voulait elle même prévenir celle dont le père venait de disparaitre sous ses yeux. Lui dire que son père l'aimait plus que tout.

Droite et fière, la magnifique Dryade prit donc la direction de la ville. Silencieuse et comme prise dans une bulle. La forêt était si bienveillante envers ces humains qui la détruisaient qu'elle en fut dégoutée. Sa silhouette disparut soudainement au milieu des feuillages....Laissant place à une odeur de bois et de sève....

[

Fentaëris]

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