L'auberge Marie Quatre-Pieds

Pas très causant le serviteur mais après tout peut-on lui en vouloir ? Il est payé non pas pour causer mais pour surveiller et défendre. Déjà que l’amabilité et les manières sont comprises dans sa paie alors si en plus on lui demande de parler de la pluie et du beau temps il ne sera pas à l’aise dans ce genre de conversation. Mélia aurait pu insister et en savoir plus sur les allées et retour d’Anatolus à Hù-beï mais elle ne chercha guère d’en savoir plus. Une conversation comme une autre en quelques sortes même si ça n’aurait pas été plus mal de proposer à s’amuser dans les forges en rentrant pour parler raffinement de métaux.

Les rues de Hù-beï dans l’ensemble, n’ont guère changé depuis la dernière visite de l’Alchimiste : toujours autant labyrinthique, toujours autant coupe gorge. Quant à la place Diamant ? La seule chose qui n’a pas changé sur cette place c’est bien les dalles au sol. Du diamant pur ? Du toc ? Et surtout la méthode pour daller une place tout entière ? C’est les questions qui avaient circulé dans la tête de l’Alchimiste quand elle était partie du continent à l’époque. Si seulement elle faisait que dix mètres sur dix mètres elle ne se serait pas poser la question mais les empereurs dans l’Empire n’ont jamais été réputé à faire les choses à moitié. Comme dilaté la trésorie de la nation par exemple. Non à bien y réfléchir, c’est surement pas du toc sinon Jinbéï n’aurait pas eu ce surnom.

L’auberge, Mélia aura du mal à la trouver. Non pas que l’enseigne ne soit pas assez grosse, c’est surtout que Mélia ne soit pas bien grande et avec tout ce peuple sur la place, ça ne rendait pas les choses faciles… C’est bête mais c’est ainsi. Et si au début elle avait pensé seulement repéré les lieux, une fois devant la porte elle estima qu’elle n’avait plus rien à perdre de la pousser et de pénétré dans le bâtiment. Après tout, Mélia avait tout ce chemin par curiosité, si en plus elle devait le rebrousser pour « seulement » une place qu’elle avait de toute façon déjà vue par le passé, alors dans ce cas autant boire un thé vert avant de repartir. Pourquoi un thé vert ? Bonne question…

En entrant dans l’auberge, vu le peu de monde et la popularité que semblait avoir l’établissement, Mélia put deviner qu’elle n’était pas fréquenté par n’importe quel clientèle. Et puis pourquoi cette question ?!? L’établissement se trouve sur l’une si ce n’est pas la plus prestigieuse place de l’Empire, il est donc normal qu’elle ne soit pas fréquenté par la racaille du pays ! L’Alchimiste comprit aussi vite pourquoi l’auberge se nomme ainsi : la tavernière semble être croisée avec un yéti. Ceci expliquant donc cela…

Mais il y a une chose qui est bien avec Mélia, c’est qu’elle a tendance à se moquer de ce détail et la génétique n’étant pas vraiment son truc, ce n’est pas elle qui ferait une crise pour pouvoir la déchiqueter sur une table d’opération. Yéti ou pas, la morphologie reste la même pour elle. Etant plus à l’aise depuis qu’il n’ait plus entouré de foule, elle se dirigera vers le comptoir avant de s’assoir sur l’un des tabourets présents. Au moins, elle aura l’air de paraitre un peu plus grande.

-Bien le bonjour, je voudrais du thé vert, s’il vous plait. Je m’appelle Mélia Valern et je viens sous le conseil d’une de nos amis en commun à Athéïle. Cela concerne un de mes problèmes, une histoire de commerce et de textiles. Elle m’a dit que vous pourriez m’aider.

Hurler le nom de Mayumi est à éviter, elle se contenta donc de sortir l’un de ses documents, surtout qu’elle ignore totalement où et dans quoi elle l’a envoyé. Après tout, la Présidente a bien dit qu'elle exerçait au delà du commerce mais dans un domaine qu'elle ignorait tout. De toute façon le nom de la Présidente figure de toute façon sur les documents avec en plus sa griffe et son sceau. Elle s’en rendra compte vite d’elle.

La tenancière de l'établissement, comme l'avait remarqué Mélia, avait une taille proportionnelle à celle de son auberge, à moins que ce ne soit l'inverse. Mais elle avait également des traits plus démériens que démériens. Une peau blanche presque comme du lait, des cheveux bruns-terre, auxquels se mêlaient des mèches grisées par l'âge. Mais aussi une large mâchoire et notamment au niveau du nez, des traits très prononcés qui ne suffisaient pas à rendre petits ses larges yeux d'un bleu de glace. Affichant un sourire légèrement jaunie, probablement par le tabac à chiquer, la tenancière répond à Mélia tout en saisissant une tasse de céramique d'un blanc éclatant de propreté.

- Amusant, ce sont toujours les blancs qui me demandent du thé.

De gestes précis et rapides, l'aubergiste prends une petite bille de métal percé de petits trous qui laissent entreapercevoir les herbes aromatiques dont la senteur s'élèvent brièvement jusqu'aux narines de Mélia, qu'elle place dans la tasse avant d'y faire couler une eau brûlante. Aussitôt cette dernière prends une douce couleur verte tandis que s'élève une vapeur parfumée de menthe mais aussi d'autres épices. Le thé était une plante de Hù-béï qui avait un grand succès auprès de la noblesse démérienne et des halflings qui en étaient de friands consommateurs. Mais ces derniers avaient tendance à consommer des herbes sous toutes les formes possibles et imaginables.

Une fois le thé préparé et presque prêt à être consommé, du moins si Mélia appréciait le fait d'avoir des brûlures au premiers degrés dans l'intégralité de sa bouche, la tenancière commença à nettoyer des verres et plats humides avant de demander :

- 50 pièces de régule jeune fille.

Une somme qui paraissait important par le nombre mais qui, au vu de la valeur d'une pièce de regule par rapport à la pièce d'or, soit 1 pièce d'or égale à 1000 pièces de régule, cela restait quelque chose de modeste. Une fois l'échange de monnaie effectuée, la tenancière rendant très exactement la monnaie de Mélia sur la pièce de Raghen qu'elle ne manquerait pas de donner, étant le seul type de pièce qu'elle avait prit à l'établissement impérial, l'aubergiste reprit :

- Il va falloir être plus précise "Mélia". J'ai de nombreuses amies et la plupart savent que je ne suis pas versée dans le textile. Mais tant que tu consommera, tu pourra parler et je t'écouterai. Au fait, moi c'est Marie.

Un sourire à nouveau. Le temps c'est de l'argent, à Athéïle, à la Cité de Hù-béï et partout dans le monde. Qui pouvait se passer de cette merveilleuse invention humaine qui permettait d’accéder à tant de pouvoir sans jamais avoir besoin d'entrer dans les bonnes grâces des dieux.

Spoiler:

Ca n'en reste pas moins cher tout de même mais il ne fallait pas s'attendre à quelques choses de moins cher. Ici, on est sur la place diamant et les prix ne sont surement pas les mêmes que dans une auberge traditionnelle. Les sous-entendu concernant Mayumi, la gérante n'y préta guère attention mais elle se présenta tout de même. La jeune alchimiste ne s'est donc pas trompé d'auberge (encore heureux), et surtout pas de personne.

Après avoir bu une petite gorgée au risque de se bruler, Mélia fouilla l'intérieur de sa veste pour sortir ses documents, document qu'elle posa sur la table. Avec le sceau brisé d'Athé, pas difficile de savoir d'où elle vient... L'accent et l'accoutrement aussi.

- J'ai eu un accord avec Mademoiselle Mayumi Tsuruchi à Athé. En quelques sortes un service de rendu mais comme je dois faire exception à la cité-état, j'ai demandé un autre service en estimant que l'argent ne fait pas tout.

En y réfléchissant bien, si Mélia avait su qu'une bande de comiques s'était amuser à lancer une torche dans les réserves de textiles de son père, il aurait mieux fallu qu'elle demande de l'argent. Mais changer un accord avec un schizophrène au tendance lesbienne, elle aurait surement fini par avoir le rôle Cathèrina... ou Katarina? Oui enfin Mélia s'en moque un peu de ce genre de détail. Bref, la place de cette fille de bonne famille, elle ne l'enviait pas vraiment une fois que l'on connaissait le comportement lunatique et "bizarroïde" de Mayumi.

- Elle m'a dit que vous pourriez me renseigner sur la manière de rétablir une voie commercial dans le domaine du textile entre Hù-Bëi et Athée et que vos conseils pourraient m'être important. De quel manière? Tous savait que Mademoiselle Tsuruchi était quelqu'un d'assez mystérieuse mais elle a été aussi mystérieuse sur ce sujet qu'elle même.

Elle boira une partie de son thé.

- Et entre nous, je n'ai qu'hérité que du nom de mon père et sa fortune ne se limite qu'à mes connaissances dans le domaine de l'économie.

Mélia ne put s'empêcher de soupirer. L'alchimiste allait admettre elle même que c'était une véritable quiche dans le domaine de la finance. Au moins elle était honnête là dessus, encore faut-il qu'elle l'est niée un jour.

- C'est à dire à rien du tout... Bref, Mayumi m'a envoyer ici suite à service rendu et je cherche encore la véritable raison pour laquelle elle m'a envoyer ici.

La dernière remarque fit ricaner Marie, montrant ses dents jaunies encore une fois, mais de manière discrète. L'endroit était toujours totalement vide à se demander comment la Démérienne arrivait à faire du profit. Mais alors que la pensée lui traversait l'esprit, une personne pénétrait dans la taverne. L'homme avait une apparence démérienne, mais tout de suite moins imposante que la propriétaire des lieu. Il était habillé de vêtements plutot correcte comparé à la fausse image de peuple barbare qu'ils avaient dans la région. Sa tunique était propre, aux couleurs verte et bleu pales alors que son pantalon était noirs et ses bottes en cuir de bonne facture. Clairement, il avait les moyens de se payer les tarifs légèrement augmenté de Marie. Il lui fit d'ailleurs un salut de la main avant que Marie lui réponde de la même manière avant de répondre à la petite Républicaine en se penchant en avant, pour que elle seule entende.

"De toutes évidences, tu t'y connais assez pour que notre amie commune te donne mon adresse. Mais, si ce que tu dis est vrai, il va falloir que tu t'habitue à une règle dans le coin : La confiance est toujours subjective"

Alors qu'elle disait cette phrase, elle lança un regard au garde du corps de la jeune Melia. Celui ci, d'une discipline militaire à toute épreuve, patientait à l'entrée de l'auberge, faisant attention aux divers client qui pourraient avoir envie à la vie de la républicaine. Celle ci pouvait voir qu'une personne qu'il maitrisait totalement l'espace entre sa protégée et toute personne voulant lui vouloir du mal dans la pièce ... et tout ça sans être assez près pour écouter la conversation. Alors que l'alchimiste se rendait compte de cela, elle vit Marie disparaitre pour aller voir son client fraichement arrivé, une cruche à la main ainsi qu'un verre en verre soufflé. Le prix d'un jeu de ces contenant se comptaient surement pièce d'or. L'homme sembla payer sa consommation avec un Mi, ce qui était tout de même assez exorbitant pour une cruche d'un quelconque alcool. La géante revint alors à son comptoir pour placer son argent dans sa caisse avant de revenir voir la républicaine en se servant un verre de ce qui doit être du vin, à priori.

"Qu'est ce que je disais ? ... ah oui, le commerce du textile ... Ou plutot devrais je dire, le commerce en général. Le tout est de savoir ce que tu as besoin et ce que tu comptes en faire. Une ville comme celle ci, tout comme Athéile, peut produire du textile, mais aussi des vêtements, ramener du tissu pour les colorer ou les traiter avant de les vendre voir de les exporter. Pour chacune de ces taches, il y aura des formalités administrative qui ne seront, tu le comprends bien, pas les même. Mais s'il y a une chose qui ne change pas, c'est le fait que pour faire du commerce, cette administration peut être retardé, voir bloqué par des gens qui verrait d'un mauvais oeil de la nouvelle concurrence. Pour faire court, ce qu'il te faut dans cette ville c'est pas des affaires, mais des amis. Tu en as quelques uns ?"

Alors qu'elle finissait sa phrase, toujours à voix plutot discrète (ce qui est étonnant par rapport à sa stature), elle fait entrechoquer son verre de terre cuite contre la tasse de la républicaine avant de boire une gorgée de son vin. L'odeur de son breuvage remontait au nez de cette dernière arrivant à identifier les senteur d'un vin de raisin assez sucré. Une importation surement mais surement assez taxé pour rendre la gorgée assez difficile à avaler quand on paie le verre.

La confiance est toujours subjective? Cette leçon est valable pour tout ceux qui ont un petit secret. Mélia a son petit secret (un gros en fait...), à défaut de s'amuser à se faire passer pour une buse dans ce domaine dans son quotidien, il lui suffirait de hurler haut et fort le nom de Croswell dans une guilde de ses confrères pour leur faire ravaler la salive. A écouter Marie, l'art de faire du commerce ne se limite pas qu'à son sens de la négociation mais aussi aux amis. Assez problématique pour une "jeune fille" qui se foutait bien de connaitre les affaires de son père et qui se baisait que sur une chose: l'héritage. L'héritage, elle l'a eu mais pas comme elle le désirait. Mélia finit par admettre que ses amis ne se limite qu'au chiffre zéro depuis la "mort" de son père.

*Les carnets d'adresse, je peux toujours les récupérer en le demandant au vieux mais vu dans quel état que les religions l'ont laissé, je n'y compterais pas trop...*

L'alchimie a ses limites, il y a bien les drogues mais enlevé un prêtre de l'Origine proche d'un festival dans une ville qu'elle ne connait pas reviendrait à jouer à la courte paille avec des pailles toutes de la même longueur! Mélia boira une gorgée de sa tasse tout en étant plongée dans ses réflexions. Si elle ne nie pas que ses connaissances sont intéressantes dans le but lucratif, elles ne se limiteront dans la coloration et le traitement du tissus mais gros problèmes, les-dites connaissances sont poussé seulement dans la matières solides et organiques.

- Il y a bien le carnet des petites adresses de mon père mais dans sa condition cela va être très dur de les avoir.

Mélia réfléchira en tapotement sur le comptoir avec ses doigts, un véritable tic qui ressort quand elle réfléchit même dans son bureau.

-Au niveau du textile, j'ai bien quelques connaissances sur le traitement des fibres qui pourrait toujours interresser de futurs amis mais ça reviendrait à m'en faire de futurs concurents si je me mets à suivre vos critères. Je voyage avec mon fiancé qui est propriétaire de quelques mines, il y a bien de l'Amethyse qui pourrait éventuellement être traité pour augmenter la solidité du tissu en plus de teindre. Mais je ne sais pas si "fiancé" compte comme "ami" selon votre définition. Et non, je n'ai pas d'amis à Hù-Béï.

Si la Présidente tient sa promesse, les contrats peuvent rapporter gros mais la question est de savoir si elle peut luter à arme égale contre la concurrence. Si en plus cette dernière se met à faire capoter l'administration, c'est perdu d'avance. Mélia n'a pas assez connaissance dans ce milieu, n'a pas assez d'argent. Elle a en fait rien du tout! De plus une autre question se pose: est-ce qu'Anatolus serait prêt à la suivre dans cela. Ce n'est pas dit, son domaine à lui c'est la métallurgie.

-Mais ça ne répond pas à votre question... La question c'est de savoir ce que je compte faire de ses autorisations et ce que j'ai besoin pour y parvenir. Sachant que si un Seigneur Marchand se décide de se mettre à travers mon chemin je n'ai aucun moyen de lutter vu l'état actuel de mes finances, je commence à comprendre que c'est peine perdu. J'imagine que dans mon cas ses documents auraient plus de valeur vendu à un concurrent qu'entre mes mains. La question est donc de savoir quel valeurs ils peuvent avoir exactement. Si j'opte pour cette solution, l'autre question serait de savoir comment je m'y prendrais pour vendre ses documents aux plus de leur valeur.

Car pour Anatolus, rien ne l'oblige à se marier et si il est venu avec elle dans l'Empire, c'est surement pour régler quelques affaires et éventuellement pour les beaux yeux de Mélia. Et les beaux yeux de Mélia, il peut s'en passer si il apprend qu'elle est cribler de dettes. Mais si elle a une petite fortune il faudrait bête voir fiévreux de refuser. Vendre ses documents peut rapporter, en se débrouillant bien et laissant sous entendre que le mariage est arrangé concernant les-dits documents et en laissant faire les rumeurs, ils peuvent rapporter beaucoup. Du côté de Mélia, ça lui permet de ne manquer de rien avec un bon mariage bien placé tout en profitant de l'influence de son mari pour ses petites recherches de son côté et c'est tout ce qu'elle demande! Car si elle sait une chose à Athéïle, la guerre civile à toucher toutes les bourses et c'est le bon moment de les avoir bien rempli.

Marie ne manque pas de rire à la remarque de la petite Athéenne, ce qui lui donnait une impression encore plus débonnaire. La géante en attira presque tout les regards de la pièce, mais ceux ci étaient plus amusé que véritablement malveillant. Nul doute que le tempérament de cette imposante bonne femme avait surement déjà fait parler de lui dans cette ville parce que tous rigolèrent en la voyant ainsi avant de retourner à leur consommation. Certes pendant ces instants de rigolade, Melia pouvait avoir l'impression d'être le dindon de la farce mais, au final, le charisme de la tavernière l'occultait bien assez la présence de la jeune fille, et ce malgré le garde du corps juste à coté d'elle.

"Un Seigneur-Marchand ? Contre toi ? Pourquoi se donnerait il la peine de s'intéresser à ton commerce ? A ce que j'ai compris ton commerce n'a même pas encore commencé alors évite d'avoir de telles frayeurs. Si tout les marchands devaient craindre les Seigneurs-Marchands, il n'y aurait plus de commerce mais plutot un monopole de leur part. Mais contrairement à ce qu'on pourrait penser, ils sont loin d'être aussi puissant que cela ici. Ils ont des agents, ca c'est sûr, mais tant que tu ne représente pas une concurrence trop importante, ils te laisseront faire tes petites magouilles. Qui sait, tu pourras même travailler pour et/ou avec eux à l'avenir"

La démérienne ne semblait pas plus calmé de son fou rire mais comment dire si ce n'était pas voulu. De loin on pourrait facilement prendre les deux interlocutrices pour deux copines s'étant raconté une blague bien poilante. Du coup la discussion semblait bien loin de tout lien avec du commerce ou encore d'un quelconque travail. Mais qui peut dire ce qui n'est pas en rapport avec des affaires dans cette ville, cette plaque tournante du commerce internationale ?

"Enfin bref, peu importe le commerce dans cette ville, il y a quelques personnes à connaitre dans le coin si tu n'as pas "d'amis". Tu as le choix, y a les marchands Démériens ..."

Lançant un regard à son précédent client, histoire de guider celui de Melia et illustrer ses paroles, elle resta néanmoins discrète avant de continuer.

"... ces gars sont des indépendants qui, malgré la haine entre eux et les hubeis, ont réussi à s'installer sur ce pays. Un choix pour le moins honorable pour tout ce qui est l'installation de ton commerce et surtout si tu as besoin de le diversifier. Ca pourrait te permettre même d'avoir des contact du coté de Déméria. Si l'internationale c'est pas trop ton truc, tu pourrais aussi aller voir les membres de l'administration du port ... pas les comiques qui servent d'homme de paille, mais les vrais dirigeant, les yakusas et certains membres du clan de la Mante. Ne crois pas les idée qu'on se fait sur eux, la piraterie, ici, ca veut pas dire grand chose si ce n'est un commerce annexe. Tu pourras surement les trouver à la capitainerie. Y a toujours l'un de ces gars qui chaperonne le tout là bas, au fond de la salle, je suis sûr que tu arriveras à les reconnaitre"

Elle boit alors une autre gorgée de son vin avant de s'apercevoir que son verre est vide. Après une grimace quelque peu décue et amusé de voir comment discuter pouvait vider une contenant, elle passa son verre dans de l'eau pour le nettoyer légèrement et l'essuya alors qu'elle montrait un visage pensif. Un éclair de génie apparut dans ses yeux avant de se pencher en avant pour regarder le corps de la frêle jeune fille. Un sourire lourd en sous entendu ornait alors son visage alors qu'elle posait son verre sous le comptoir.

"Il y aurait peut être d'autres "amis" qui pourraient t'aider si tu es plus intéressé par le local. L'un des commerces le plus local de la région est celui de la guilde des Veuves des Mers. C'est une organisation qui gère une grosse partie de la prostitution de la cité. Du bouge à la maison d'hotesses huppée. De leur profession, elles connaissent tout un tas de gens et surtout tout un tas de milieu. En plus, tu es belle comme un coeur, je suis sûr que ca jouera en ta faveur pour négocier avec elles"

Les informations sont intéressantes mais le problème reste toujours belle et bien le même. Veut-elle vraiment récupérer l'affaire de son "défunt père"? Et surtout Anatolus s'intéresse-t-il plus à l'or que de prendre un minimum de risque pour avoir une rente d'argent régulière? Car oui il fallait bien l'admettre, Mélia compte beaucoup, voir beaucoup trop sur ce mariage. Après tout, que la lignée des Valern se fasse "bouffer cru" par les Sorquellos est bien le dernier des soucis pour une alchimiste qui n'hésite pas à voler le corps d'autrui du moment qu'elle a des fonds pour faire mumuse avec ses expériences dans son coin. Après tout, qu'elle se nomme Mélia Valern ou Mélia Sorquellos avec les morceaux de la famille qui partent dans une famille étrangère, ça ne dérangerait que les quelques oncles et cousins lointains! En clair, il faudra qu'elle en discute sérieusement avec Anatolus et ce soir serait le mieux.

Parler de mafieux dans ce milieu ne l'étonna guère dans ce milieu. Si on veut éviter de se faire virer de sa place, il vaut mieux être en bonne relation avec ses gens là. C'est aussi valable pour les puissants de ce monde et c'est parfait pour résoudre certains problèmes. En plus d'un siècle d'existence, Mélia aura au moins compris ce point là. Les Yakusas pourraient être relativement intéressé par cette affaire. Pour avoir mis les pieds par le passé à Hù-Béï, Maïa sait pertinemment bien qu'ils aiment les affaires légales, surtout quand ils ont la part dedans.

Les démériens? Pourquoi pas mais elle est plus du genre à passer sa vie dans un laboratoire que de voyager au quatre coins du monde. Déjà que cette virée dans l'Empire se révèle être un exploit mais de toute façon si elle devait trouver un terrain d'entente, elle connait la langue et les us et mœurs. Tant qu'elle ne parle pas de religions ça ne peut que coller.

Les Veuves des Mers? Même pas la peine d'y penser, ça reviendrait à faire sauter ce mariage et elle a beau "être belle comme un cœur", même si elle a beau se vanter d'avoir douze décennies, elle n'en reste pas moins une sacré buse avec les hommes en ne sachant faire qu'une chose: se rattraper dans le sport de chambre en jouant les pucelles effarouchées.

Au final, il faudra de toute façon voir ce qui intéresse le plus Anatolus vu qu'elle compte surtout son fameux mariage avec à la clef ce contrat pour faire comprendre qu'elle n'est pas si fauchée. Après il fait ce qu'il veut, les affaires n'ont jamais été de toute façon son dada.

-A qui il faudra que je m'adresse pour qu'ils aient une quelconques validités? Leur utilisation, il faudra que j'en discute de toute manière avec mon fiancé mais encore faut-il que ses documents aient une valeur. J'ai l'impression que pour le moment, ils sont tout juste bon à se moucher dedans. J'imagine que si les Yakusa y trouvent leur compte, ils peuvent m'aider mais à part ça mes relations dans l'Empire se compte pour ainsi dire sur les doigts de la main d'un manchot.

Et il ne faut pas croire qu'avec les Yakusa elle ne sera pas à l'aise au moment de la discussion. Ils sont légèrement lourd avec les manières et les traditions. Hors, l'alchimiste connait ses traditions et n'a même pas besoin d'interprète. Enfin ce dernier point, encore faut-il qu'Anatolus ne lui colle pas au train. Elle n'est censé que comprendre les rudiments de l'Hubéins pour lui et non parler cette langue que lui.

La remarque de Mélia sembla tout d'abord interloquer Marie, qui se demandait si c'était une blague ou pas. Demander à son Fiancé ? Ce n'était donc qu'une intermédiaire rien de plus au final. L'alchimiste sentit presque une pointe de regret dans le regard de son interlocutrice, tout à l'heure amusé par ce petit bout de femme tentant de se faire une place dans la cour des grands. Mais au final, elle ne cherchait rien de particulier et parler aux intermédiaire est tellement ennuyeux au final. Elle prit tout de même la peine de répondre à ses questions, pour la culture générale. On ne sait jamais peut être qu'un jour elle voudra vraiment entrer dans le commerce, sortir des jupons de son fiancé si on peut dire.

"Ecoute gamine, la validité d'un document dépend de qui le délivre. Pour importer, il faut normalement un certificat du bureau du gouverneur de la région où tu débarque ton matériel. Coup de bol, ce port est l'endroit où vit le gouverneur. Le tout est de pouvoir l'approcher et de le convaincre de signer les documents adéquat. Il faut aussi savoir que, parfois, le bureau du gouverneur dit découvrir des papiers falsifiés. Bizarrement ces "faux" apparaissent quand la personne qui la présente a fait des choses pour lui déplaire. Autant dire que faire son commerce dans le coin nécessite souvent des agents sur place pour gérer la liaison et s'assurer du bon déroulement des affaires. En sommes, ce qu'il te faut pour valider tes papiers, c'est une signature et une personne pour s'assurer de ladite signature. C'est pour ca que je t'ai donné l'adresse de quelques connaissances qui, sous leur protection te permettront d'avoir cette "sécurité" pour tes contrats. Mais déjà avoir la signature, par la voie normale, tu en auras pour des mois ... si ce n'est des années. Après dépend de ce que tu offres, bien entendu. Mais à ce que j'ai cru comprendre, tes une intermédiaire, du coup, je pense que tu devrais dire à ton fiancé de négocier lui même. Sinon il apprendra jamais le pauvre"

A la fin de sa phrase, Marie se met à rire assez fortement. Il faut dire qu'elle était devenu curieuse sur l'identité du gus qui avait bien pu envoyer une néophyte faire un boulot dont elle ignore tout. Cela prouvait soit qu'il avait déjà des contrats rodé et qu'il espérait voir la gamine se former sur le tas, soit qu'il était aussi bleu qu'elle et qu'il s'était rabattu sur la première personne venue. Dans tout les cas, c'était une histoire commencait comme une tragédie qu'on voit souvent dans les théatres de grande villes comme Athée, c'était donc une bonne raison pour observer et surtout savourer les bétises de jeunesse et cela gratuitement. Quoiqu'il en soit, Melia avait perdu une certaine crédibilité face à son interlocutrice, elle pouvait le sentir. Avait elle envie de la regagner ou simplement de l'ignorer pour poursuivre son chemin ? Le temps allait bientot répondre à cette question.

L'explication de Marie sera pour ainsi si dire le ba-ba de la corruption. Elle n'a beau pas trop s'y connaitre mais elle sait reconnaitre de la corruption, peu importe de la manière dont on lui explique. Oh bien sûr, il ne faut surtout pas employer ce mot là, de quoi heurter la sensibilité des hauts représentants de l'état, ici il vaut mieux parler de négociation et d'éventuelle égarement de papiers suite à des problèmes administratifs. L'Empire n'aura pas beaucoup changer sur ce point et ça, l'Alchimiste ne peut qu'être d'accord là dessus...

Au fond, Mélia n'écouta pas trop ce que disait Marie, étant plus ou moins perdu dans ses pensées. Sur quel sujet? A part cette histoire d'intermédiaire, elle n'apprends pas grand choses. Là où elle était en pleine réflexion, c'était surtout de savoir si Anatolus allait jouer franc jeu. L'épouser avec une grosse somme d'argent reviendrait à ce que ça soit lui qui gère la fortune de Mélia. Hors, quand il va vite voir que ses recherches ne sont rien d'autres qu'un gouffre à argent, il va vite déchanter. En clair, Monsieur peut lui couper les ressources car elle n'aura pas son mot à dire. Bien sûr elle vivra confortablement et dans le luxe mais sans expérience, elle risque bien de trouver la vie très monotone. Un coup à mener au suicide!

Mélia se contenta de touiller sa tasse de thé, se contentant d'un "hmm" assez évasif pendant qu'elle réfléchissait. Si cette femme cherchait à toucher à son orgueil, elle venait de réussir. Pas de quoi qu'elle monte sur ses grands chevaux, l'Alchimiste a toujours été assez calme mais même si elle cherchait à ne pas le montrer, la pique avait quand même fait mouche.

-Moi une intermédiaire? Non pas vraiment. Si j'ai besoin de ses contrats, je suis assez grande pour me déplacer moi même et les négocier avec les bons arguments. C'est juste que la question que je me pose en ce moment n'a pas vraiment de rapport à ce que vous m'expliquez en ce moment. La grande question, c'est surtout de savoir de quoi en faire ensuite.

Elle commença à énuméré les problèmes à voix haute.

-Investissement à court terme où j'imagine que les intéresser ne manqueront pas pour acheter ce genre de document à prix d'or dû moment qu'ils respectent les closes que j'ai passé avec les intéressés. S'ils ne les respectent pas les closes? Ce n'est plus mon problème... Ou investissement à moyen et long terme qui serait sous mon nom. En fait, ma question c'est surtout une question de mariage si vous voyez ce que je veux dire. La première solution est la plus facile, je ne pense pas être malheureuse après ça mais ce que je vois surtout: c'est que je n'aurais plus rien sous mon nom après ça. Vous savez les mariages arrangés tout ça, parfois c'est d'une complication...

En fait avant de rentrer dans ce batiment, c'était cette question que Mélia se posait avant de parler "commerce". Le rapport avec la discussion avec Marie? Aucun! Ou alors un rapport très très lointain...

-Mais j'imagine que mes problèmes personnels ne vous intéresse pas trop alors on va revenir à notre discussion... Vous avez parler de piraterie... Avec toutes ses évènements à Athéïle, ça un peu changer la donne sur la scène internationnale. Vous pouvez me parler des Yakusa et de leur influence non pas sur les ports mais plutôt sur les mers? Remplir son carnet de commande en cassant les prix est une chose, que la marchandise n'arrive pas à bon port en ait une autre.

Pas bête la question, surtout venant d'une soit disant amatrice dans le commerce comme elle. Mélia a participé à la négociation avec la Présidente, sait pertinemment bien que les corsaires en eau Athéene ne manquent pas. En mer, la donne à donc changer. Et si elle devait passer par les Yakusa, c'est la moindre des choses que la marchandise arrive en sécurité. Les Valern n'ont pas de flottes commerciales, pas de parts dans le domaine maritime et encore moins des mercenaires même si cela, elle peut se débrouiller avec Anatolus. Si elle devait passer par eux, c'est à eux de protégé sa marchandises. C'est normal vu qu'ils auront leurs parts du gâteau. Si ils n'en sont pas capables? Il y aura surement d'autres interresser.

Marie affiche un sourire voyant que sa remarque avait touché sa cible. Une femme comme elle avait réussi à faire son bonhomme de chemin sur une terre étrangère, où son profil ethnique n'est pas forcément très apprécié, dans une société où la femme, si elle n'est pas rabaissé ne doit surtout pas quitter sa place. Cela la faisait donc rire de voir une petite jeunette presque se cacher derrière son riche futur mari. Mais Marie, elle aussi, a été jeune un jour. Bon de la à savoir quand c'est une chose, mais il n'empêche que voir une petite nouvelle tenter de s'implanter dans le coin c'était assez rare pour que la patronne de taverne ne accepte de lui filer un coup de main ... littéralement parlant en fait. Sa grande main traversa le comptoir pour se poser sur l'épaule de la gamine avant qu'elle ne prenne la parole d'une voix enjouée et surtout réconfortante.

"Tu penses que je connais rien des mariages ? Détrompe toi, gamine. J'ai été marié deux fois dans ma vie et j'ai appris une chose. Mieux vaut éviter que ton mari et la main mise sur tout tes sous. A moins que tu n'aies rien contre le fait de le traquer avec une hache parce qu'il a englouti la dote de ton père en boisson et en serveuse aux hanches larges"

L'oeil pétillant de la tavernière resplendissait de sincérité et, bien vite, l'image de cette géante en train de hurler après un homme à moitié pété en brandissant une hache se fraya une place dans l'imagination de Mélia. Franchement cela doit donner quelque chose d'intéressant mais aussi d'intéressant. Un peu comme l'une des nombreuses pièces de théatres qu'on peut voir à Athéile où l'on voit un mari cocu poursuivre l'amant de sa femme en brandissant une fourche.

"Par contre, je pense que tu te fais des idées sur les Yakusas. Même s'ils ont la main mise sur l'administration du port et de nombreux contacts chez les pirates. N'imagine pas protéger ton rafiot d'une rapine grace à eux. Le problème des pirates c'est qu'il n'y a pas d'organisation. Y a des équipages qui s'aiment pas d'autres qui sont voleurs, d'autres qui n'ont plus de paroles. Le meilleurs moyen d'éviter les pillages serait que tes marchandises transitent dans des convois commerciaux. Ils sont généralement assez bien protégé"

La piraterie, un soucis qui se posait donc pour tout le monde, si ce n'est les quelques seigneurs marchands qui disposaient de flottes d'escortes pour leur plus précieuses cargaison. Mais le fait est qu'il n'était pas nécessaire d'avoir de flotte si les volumes de cargaison à affréter n'étaient pas trop gros. Il suffirait alors de payer le seigneur marchand avec une flotte de défense pour que ses bateaux protégé puissent transporter ladite cargaison. Mais cela signifiait aussi qu'il faudra faire affaire avec ce seigneur marchand ... oui la vie de jeune entrepreneuse en import/export est une vie remplie de négociation.

"Mais si tu comptes aller voir les yakusas, je t'invite à aller voir Yorimoto Akechi. Il est dans la capitainerie mais le soir tu peux le trouver dans une salle de jeu pas très loin : le Salon de Madame Yu. C'est un petit con prétentieux mais au moins c'est un interlocuteur qui a des relations"

*Moi je les empoisonnes.*

C'est plus saint, plus propre et pas besoin de passer la serpillière derrière tout ça. C'est vrai que déplacer un corps de 80 kilos de moyenne, c'est plus simple en plusieurs morceaux mais les morts par empoisonnement on peut toujours mettre cela sur le coeur qui lâche sans un examen approfondi. La hache? Difficile de dire qu'il y a eu accident dans ce cas... Le cas de son fiancé, qu'il dépense la dote dans la vinasse n'est pas un problème. A jouer les guerriers en ait une autre. Les serveuses? Il avait l'air de connaitre le bordel du port mais peu de chance que l'argent soit dilaté là dedans contrairement à la seconde option. Peu importe ses goûts, le gouffre à argent n'est pas lui mais belle et bien une Maïa qui ne fait pas les choses à moitié quand elle met son nez dans des recherches.

Les Yakusa ne règnent pas sur les mers même si Marie ne cache qu'ils ont des relations. Relations avec quelques pirates? Possible mais c'était assez imprévu. Se faire accompagner par d'autres navires commerciaux revient à avoir quelques autres frais, surement payé avec un pourcentage de la marchandise transportée. Un frais imprévu en quelques sortes même si elle le comptait dans l'accord avec les Yakusa mais rien ne l'empêche d'utiliser le nom de Valern (les anciens partenaires de son père) et les relations d'Anatolus. Si ils ne sont pas capable de protégé un navire, du point de vue de Mélia ils perdent une partie de leurs intérêts.

-Je me suis trompée sur les Yakusa, je le reconnais.

Maintenant deux questions se posent: les Yakusa ou Les Veuves des Mers? Suit la seconde concernant la stratégie qu'elle va employer: innonder le marché en profitant de l'exonération de taxe reviendrait à s'attirer les foudres des concurrents à Hù-bëi avec une concurrence déloyale ou tout simplement se contenter du minimum et de prospérer dans son coin? Si laisser Akeichi régler le problème tant qu'il y trouve son compte est tentante, Mélia n'est pas accro à l'or et ne tient pas à faire d'innombrable allée-retour entre l'Empire et Athée pour régler certains problèmes que le gang ne peut pas résoudre. Les Veuves des Mers? C'est les grandes relations, la haute couture des grandes dames, du marché raffiné.

-Je commence à me rendre compte que le choix dépend de la façon dont je veux aborder le marché de l'Empire. Si avec cette exonération, j'envahis le marché il faudra que je fasse affaire avec les Yakusa car la concurrence déloyale est souvent mal vu. Si j'aborde tranquillement le marché, les Veuves des Mers seront un choix plus judicieux. Oui je commence à voir un peu plus clair.

L'industrie est (était) basé à Athéile, si il faut qu'elle se penche sur un mélange bête de teinture, ce n'est pas trop compliqué avec ses compétences. LA "jeune" Alchimiste soupira, finissant sa tasse de thé.

-De toute façon, je ne peux pas fournir une grosse quantité de produit, autant que je fasse de la qualité: Je pense que je vais plutôt aller voir ses dames. Qu'est ce que je dois savoir d'autres sur les Veuves des Mers?

Ca risque d'être sa dernière question. Au moins elle ressortira d'ici avec en tête la manière dont elle va s'y prendre.

Marie se met à rire quand la petite gamine demande des informations sur les Veuves des Mers. De toutes évidences, la petite provocation avait fonctionné sur l'Alchimiste. Et ce avec une efficacité redoutable. Mais il faut dire que Melia s'était retrouvé dans cette situation sans la moindre compétence ou plan pour accomplir la tache que lui avait donné. Heureusement que la présidente Tsuruchi lui avait trouvé un contact de choix, cette Marie Quatre-Jambes avait de quoi motiver n'importe quel agent d'Athée ... Agent d'Athée, n'était ce pas ce que l'Alchimiste devenait sans le vouloir ? Mais cela dérangerait il la cible de la présidente ? A elle de le dire.

"Hey bien, au moins, gamine, tu te renseignes. Bon point pour toi ! Les Veuves des Mers sont gérées par de nombreuses matrones, toutes gérant leur établissement comme si c'était leur petit royaume. En tout cas c'est ce à quoi ca ressemble de l'extérieur. Mais toute organisation, encore plus les systèmes oligarchiques, nécessite un organisme pour faire des lois et un conseil restreint. C'est donc l'une des dirigeante de cette organisation que tu dois viser. L'une des leaders est la patronne de l'établissement appelé "La Fragrance de Cerisier", elle se nomme Dame Sakura ..."

Dans l'esprit déjà bien vieux de la jeune fille, ce nom sembla résonner. Lors de son précédent passage en Hu-Bei, pas sous cette forme, ce nom était arrivé à ses oreilles mais elle avait du mal à se souvenir où. C'était un nom que l'on chuchotait, de peur qu'il invoque une tempête de représailles, un nom qui parcourait la ville avec la facilité d'une fleur de cerisier poussée dans le vent. En y réfléchissant bien, elle était celle chez qui les rumeurs naissaient et mourrait. Une maquerelle, certes, mais surtout une sorcière envoutante selon certains. Pour d'autre, elle était une empoisonneuse. Pour d'autre encore on la taxait de surnaturelle. Mais, au final, Sakura était un prénom courant dans la région, cela pouvait donc être une autre personne ... D'autant plus que la Dame Sakura en question était d'actualité il y a plusieurs dizaines d'années.

"... C'est une dame tout ce qu'il y a de plus charmant parait il. D'ailleurs son établissement est surement l'un des plus vieux de la ville, ca donne un certain cachet, il faut l'avouer. Il faut aussi avouer que le plus grand atout de ce bordel ... euh plutot maison de jeune geisha ... c'est son emplacement. Il parait qu'avant le quartier était un bouge, mais qu'au final c'est le quartier qui a embelli le batiment. Dame Sakura, est une personne plutot intelligente et très raffinée, toutefois, si tu vas la voir, je te conseille d'être le plus naturel possible. Si elle détecte que tu lui mens elle risque de plutot mal le prendre. D'autant qu'elle n'est pas du genre à juger les autres alors lui mentir lui servirait à rien"

Ne pas mentir ? Etait ce possible pour Mélia ? Certes, elle n'avait pas eu à mentir jusque là, si ce n'est sur sa véritable personnalité, incrusté dans le corps d'une jeune fille qui n'avait rien demandé. Mais cette Dame Sakura avait elle la possibilité de détecter la supercherie ? Théoriquement non ... Mais la différence entre la théorie et la pratique, Mélia avait bien vu que cela n'était jamais la même chose dans son métier d'Alchimiste

Les "trucs surnaturels" ont toujours une explication, c'est un principe de scientifiques qui est propre à l'enseignement qu'à reçu Maïa de son professeur avant qu'elle n'emprunte sa propre voie, une voie tout aussi personnel qu'obscure. Empoisonneuse et le "don de sentir" les mensonges? Et si la première rumeur rejoignait la seconde? Certes l'Alchimiste connait des moyens plus violent pour extraire des secrets à coup de bonnes seringues bien dosées mais c'est une éventualité. La magie? Possible, Miss Croswell ne connait que la théorie. Ou serait-ce tout simplement un pouvoir d'empathie? Une chose est sûr: peu importe les moyens que Dame Sakura utilise quotidiennement, moins elle réfléchira lors de la conversation, mieux ça sera pour elle! Et contre ça, tant qu'elle n'a pas identifié le pouvoir, l'Alchimie ne servira à rien!

Cela n'empêche que Mélia n'a pas été vraiment prête à rencontrer cette Sakura là, déjà qu'elle s'attendait tout simplement à ne pas la rencontrer du tout. Tout comme elle ne s'attendait pas à voir les choses dégénérer au port, tout comme se retrouver en "voyage de noce" à Hù-bëi. Ca en fait des choses qu'elle ne s'attendait pas mine de rien, un comble pour une personne qui aime être minutieuse aussi bien dans son emploi du temps que lors de ses préparations.

Ce corps est Mélia Valern, unique fille de Marcus Valern. En se basant sur ce principe même dans cette situation elle ne ment pas. Tant que ça concerne les affaires (domaine où elle ne s'y connait pas grand chose), ça passera mais le problème c'est si la conversation tourne sur un sujet on ne peut plus banal. Là ça deviendra plus problématique car elle peut très bien être comparé à une tueuse en série qui agit au nom de la Science. Quand à ne pas juger les autres, c'est comme tout, tout à une limite: qu'elle touche à l'Alchimie est une chose (surtout dans l'Empire qui se veut partisan de l'Origine), qu'elle touche à son côté obscur en ait une tout autre.

N'ayant plus rien d'autres à demandé, elle quittera l'auberge après avoir remercier Marie de son aide, malgré le fait que la géante était payée pour cela. C'est donc penseuse qu'elle s'aventurait dehors pour rejoindre son fiancé à l'auberge. C'est sous Kasuga Nitusmi qu'elle a entendu ce nom et si elle ne se rappelle plus où elle a entendu ce nom, c'est surtout sur le quand qu'elle se penche. Plusieurs dizaines d'années. Vingt à trente ans donc? Ce n'est pas sous son identité précédente qu'elle l'a entendu mais celle d'avant, Kasuga étant atteinte d'un problème respiratoire après avoir inhalé un gaz toxique (et donc par sa faute), Croswell a dû changer de corps quand ce corps avant qu'il n'atteigne ses quarante ans.

-C'est assez pour aujourd'hui, j'irais voir cette Dame demain dans la journée. On va rejoindre Anatolus, j'imagine qu'il doit se demander ce que l'on fait.

Le garde d'Anatolus sait où doit se trouver son maitre, il suffit de le suivre pour le retrouver, il connait mieux les auberges que l'Alchimiste après tout.

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