La Tour Nord-Ouest.

La princesse avait accompagné le poète sans mot dire, perdue dans ses pensées. Elle ne fit pas de reflexion lorsqu'ils arrivèrent dans la salle d'astronomie, ni quand elle le vit traverser la pièce et fermer deux des fenêtres qui perçaient la salle. Celandil commença à jouer avec un batonnet, semblable à ceux qu'elle l'avait vu utiliser précédemment, au bord du bassin lunaire. Toujours muette, Arwën contemplait les éclats irréels scintillant dans la pièce d'un air distrait, réfléchissant à ce qu'elle aurait fait si le jeune homme avait été un ennemi. Après quelques secondes durant lesquelles le barde n'avait pas réagi, elle commenca à se demander ce qu'il attendait ainsi, et surtout, ce qu'elle pouvait bien faire.

Arwën fit quelques pas et vint se placer en face de l'elfe, froncant les sourcils. Les éclats se relfétaient sur les visages des deux protagonistes, et l'iris rouge sang de la princesse semblait emplie d'un liquide pareil à du plomb fondu, constamment en mouvement.

"J'aime beaucoup vos talents d'illusionniste.. J'ai une proposition à vous faire, bien que je m'attende à vous voir la refuser..."

Elle fit une pause, caressant le bois fin de son arc du bout de son indexe.

"Que diriez-vous de devenir maître de vôtre art à l'école du palais? Il suffirait de quelques tests et d'un examen rigoureux et vous auriez un poste à l'accadémie royale en tant qu'illusionniste et barde..."

Tout le monde savait que l'accadémie des arts et de la magie de la ville Lunaire employait les meilleurs professeurs et recrutaient les élèves les plus doués et assidus de la population. Il était extrêmement difficile d'obtenir un poste, à moins d'être extrêmement compétent ou de connaître les directeurs de l'accadémie. Arwën savait que sous les apparences fantasques de ce petit barde se cachait un grand pouvoir, peut-être même plus étendu qu'il ne pouvait se douter... La princesse sentait la puissance magique des choses ou personnages qu'elle approchait, et le léger contact qu'elle avait eu avec Celandril avait achevé de la conforter dans sa conviction. Avec une courte mais intense formation, il aurait pu arriver à la hauteur des professeurs de l'accadémie... Mais la formation en elle même était d'un strict inimaginable, et il était évident que l'elfe avait l'air attaché à son insouciance... et sa liberté. Qu'il refuse ou pas, elle savait que le pouvoir de Celandril ne se limitait pas à une pâle prestation d'illusion, et qu'il y avait toujours à apprendre. On ne sortait jamais de l'accadémie aussi ignorant qu'on n'y était rentré.

"J'aime beaucoup vos talents d'illusionniste.. J'ai une proposition à vous faire, bien que je m'attende à vous voir la refuser..."

Celandil sourit : "Si vous appréciez les miens, vous auriz adorer ceux de mon maître."

"Que diriez-vous de devenir maître de vôtre art à l'école du palais? Il suffirait de quelques tests et d'un examen rigoureux et vous auriez un poste à l'académie royale en tant qu'illusionniste et barde..."

Cette proposition arracha un nouveau sourire au barde qui, d'un mouvement de son index, fit s'envoler le bâtonnet avant de l'attraper à deux doigts et de le faire disparaître dans sa paume.

"Votre proposition est intéressante Arwën mais savez vous pourquoi je suis devenue barde ? Entre le fait de rencontrer de jolies princesses et avoir le gîtes et le couvert contre une chanson dans une auberge, c'est aussi pour les voyages et l'insouciance de ce métier, je ne tiens pas à m'enchaîner à ce château sous prêtexte que j'y ai des responsabilités."

Le jeune barde se tourna vers l'une des fenêtres ouvertes, mains posés sur le rebords de la fenêtre puis se tourna vers la princesse avec un sourire malicieux.

"Et puis pour être à l'académie il faut faire de la magie non ?"

La princesse écouta la réponse à sa question; elle la connaissait d'avance.

"Votre proposition est intéressante Arwën mais savez vous pourquoi je suis devenue barde ? Entre le fait de rencontrer de jolies princesses et avoir le gîtes et le couvert contre une chanson dans une auberge, c'est aussi pour les voyages et l'insouciance de ce métier, je ne tiens pas à m'enchaîner à ce château sous prêtexte que j'y ai des responsabilités."

Arwën le vit se tourner vers la fenêtre et observa la silhouette de Celandil à contre-jour, ou plutôt à contre-lune ^^ Elle souriait, comme tendrement, sans qu'il puisse la voir. Elle comprenait parfaitement son refus, elle-même n'aurait jamais accepté d'entraver ne serait-ce qu'une imfime partie de sa liberté..
Il se retourna vers elle, et elle fit disparaître aussitôt le sourire de ses lèvres, se recomposant une mine impassible.

"Et puis pour être à l'académie il faut faire de la magie non ?"

Cette fois-ci, les yeux de la princesse étincelèrent et elle ne chercha pas à cacher son amusement. Elle ne répondit rien, puis, rien que pour s'amuser, elle se dirigea vers la fenêtre devant laquelle se tenait Celandil et lui posa la main sur l'épaule.

"Une petite place, je vous prie...''

Un sourire et elle poussa doucement l'elfe sur le côté, pour qu'il dégage la fenêtre; puis, ele se glissa vers le rebord et pencha le buste à travers l'encadrure, les paumes tendues vers le ciel. Lorsqu'elle se retourna, elle tenait le poing de sa main droite fermée, et avança vers Cerandil. Ouvrant la paume, elle souffla dessus en direction du visage du poète, et une légère poudre pailletée s'envola vers lui, dégageant un parfum merveilleux, naturel mais irréel. Une multitude de minuscules cristaux dansaient dans l'air, tous différents, nimbant les personnages d'un halo voilé.
Puis Arwën se recula et contempla Celandril, immobile. L'elfe ne pouvait pas bouger, mais il était conscient de ce qu'il se passait. Elle avait figé le temps grâce à la poussière de lune, pouvoir que seul les meilleurs elfes lunaires possédaient et parvenaient à maîtriser.
Négligeant tout code princier, la princesse s'assit en tailleur, enleva son arc du travers de sa poitrine, et le posant sur ses genoux, le caressant machinalement du bout de l'indexe, elle attendit que le temps se réveille.

La jeune femme fut totalement prise au dépourvu lorsque l'elfe éternua, et attérrit sur le dos dans une pile de parchemins, en un grand fracas de métal et de verre brisé. Lorsqu'elle réalisa dans quelle position elle était, elle éclata de rire, et sa voix cristalline résonna quelques instants dans la pièce obscure. Puis, Celandil lui adressa la parole, et elle plongea son regard dans celui du barde:

"Beau poète est un adjectif qui me fait bondir. Et je ne sais pas ce qui se serait passé si vous m'aviez fait basculer dans le vide, mais là ce qui se passe c'est que nous sommes dans une situation pour le moins embarrassante, en tout cas, pour vous."

Elle ne répondit pas, un léger sourire flottant sur ses lèvres, puis elle fit une moue moqueuse et ne répondit rien.

Ce n'est pas tout cela mais il faudrait que je pense à me retirer. Qui plus est avec tout ce bruit je ne doute pas que des gardes arrivent bientôt."

Il se releva agilement et lui tendit la main. Comme une gamine, Arwën lui tira la langue avant de saisir les doigts fins de Celandil, et une fois debout le regarda s'approcher de la porte.

" [...] nous nous reverrons et peut-être pas au moment ni à l'endroit où vous vous y attendrez le plus."

"Je n'en doute pas."


Puis il ne fut plus là.
La jeune femme resta un instant immobile, le visage indéchiffrable. Plus un son ne parvenait de dehors, et les papillons de lune étaient departis, poussés par un élan insvisibles, libres.
La princesse baissa la tête et aperçut une goutte de sang perler au coin de son poignet; elle s'était blessée en tombant, un éclat de verre, sans doute. L'elfe passa un doigt fin sur la fine coupure et déposa la goutte dans sa main.
Arwën ferma les yeux.
Lorsqu'elle les rouvrit, une minuscule plume de diamant pourpre se tenait dans sa paume blanche.



*Au revoir, beau poète...*