A l'assaut de la Tour des 3 Fondateurs : amis ou ennemis ?

Deux heures et demi après être allé se coucher, Megar s’éveilla. Ce petit somme lui avait fait du bien. Sa tenue claire qu’il avait préparé uniquement pour la petite fête qu’il avait donnée n’était pas adapté aux combats qui s’annonçaient, aussi ils en demanda de nouveaux avant de partir pour le rendez-vous prit avec l’espion. Les vêtements qu’on lui apporta lui était étrangement familier, très similaire à ceux qu’il portait habituellement : noirs mat, fait d’un tissu très léger mais résistant et permettant d’amples mouvements sans pour autant gêner. A l’instant où un manteau noir fut ajouté à la panoplie, Megar se montra très sceptique et commença à croire que quelqu’un avait fouillé dans son placard afin de prendre une tenue complète, juste au cas où.

En sortant de la maison de la marchande Alymare, Megar salua les mercenaires et se dirigea rapidement vers le point où ses hommes devaient l’attendre : un grand entrepôt du quartier du Marteau. L’ordre avait été donné qu’ils viennent par petits groupes en longeant les murs des ruelles afin de ne pas éveiller les soupçons de ceux se trouvant dans la Tour. Megar employa une méthode un peu différente. Quelques rues après la demeure Alymare, il entra dans une maison et passa au travers des murs afin d’aller le plus vite possible et le plus discrètement possible. Sa mère lui avait appris à user de cette Lame et depuis son enfance il s’était évertué à en faire son atout. Passant ainsi de maison en maison, en évitant un maximum d’être à découvert, Megar parvint à la porte de derrière de l’entrepôt. A l’intérieur, les hommes étaient prêt. Équipement standard : lance à la main, épée au fourreau, bouclier au bras ou dans le dos et certains portaient une arbalète. Avec sa tenue sombre et son équipement se limitant à son brassard de combat sur l’avant bras droit et Yukihana à la hanche, Megar semblait vraiment mal armé pour cette opération.

Quelques mots furent échangés avec les supérieurs dans le silence de mort précédent les grandes batailles. Tous ressentaient la pression et se demandaient si ils allaient mourir aujourd’hui. Un ordre et une troupe se met en mouvement discrètement par petites unités d’une dizaine de soldats, chacune prenant un chemin différent pour rejoindre une seule et unique destination, une rue en face de la porte permettant d‘accéder à la Tour. En attendant le retour de Megar, les hommes patienteront dans des rues de traverses pour ne pas faire de trop bonnes cibles. Une prière est donnée à chacun des groupes.

- Que le Joyaux se relève plus grand et plus fort après cette épreuve. Et soyons tous là pour y assister.

Megar sortit en dernier et se dirigea vers le point de rendez-vous qu’il avait donné à Raregord. Juste histoire d’une dernière vérification des tâches de chacun et des préparations auxquelles avait procédé l’espion. La journée serait chaude, telle était l’annonce du ciel bleu et des prévisions de Sérène… Il arriva le premier au point de rendez-vous et se mit à attendre. Il était un peu en avance sur l'horaire prévu de toute façon.

Spoiler:

L’attente. Le calme avant la tempête… Et pas seulement celle qui risquée de se déclencher autour et dans la Tour des 3 Fondateurs. Les nuages sombres que l’on pouvait entrapercevoir dans le port de la cité indiqués clairement qu’une tempête allait bientôt éclater. Les yeux passaient de coton en coton lorsque l’espion arriva accompagné des hommes qui tenteront l’escalade avec lui. Après de rapide excuse, Raregord tendit un calepin à Megar qui s’en saisit et l’ouvrit afin de prendre note des informations réunies par l’espion du Joyau. Une réponse légère afin de faire passer le début de tension montant chez Megar mais le ton resta malgré tout d’une neutralité et d’un détachement rare.

- Ne vous en faîtes pas. Je ne connais pas beaucoup de monde pressé de rencontrer sa mort.

Après avoir fini de lire les notes, un officier s’approcha quêtant les prochains ordres. Un instant de silence accueilli l’arrivée du soldat. Non pas qu’elle fut inopportune mais Megar ne savait que faire. Toutes ses idées se terminaient en bain de sang athée et en victoire écrasante des hommes situés à l’intérieur de la Tour. L’espace d’un instant une supplique plane dans l’air. Une prière à l’Equilibre. Une prière à son Roi. Et une prière à sa mère. Les yeux gris du marchand se pose sur l’espion.

- L’escalade me parait de plus en plus compromise… En particulier si l’on regarde les nuages dans le port et la pluie qui commence à tomber… L’avantage est que le champ de vision de ceux dans la Tour est très réduit. De plus, le vent nous permettra de plus nous approcher sans craindre de terminer criblé de flèches… Grimpez si vous en avez le courage mais allez jusqu’au bout ! Ne nous laissez pas tomber au milieu de l’ascension.

Megar se tourna alors vers l’officier et s’adressa à lui avec la voix la plus froide dont il disposait. Une voix non pas détachée mais assassine. Un regard de tueur. Cette fois, le Chevalier partait sur le sentier de la guerre et malheur à ceux s’opposant à lui.

- Que tous les hommes retirent l’équipement aux couleurs trop vive et aux métaux trop brillant. Pour une fois, je veux des soldats qui ne prennent pas soin d’avoir une armure aussi brillante que le Soleil. Une fois le mot passé, trouvez moi une vingtaine d’hommes volontaires pour effectuer une approche clairement visible… Nous allons déterminer si nous avons affaire à des amis ou des ennemis. Que les boucliers soient prêt à être levés au-dessus des têtes à tout moment… Si les hommes voient des carreaux être tirés de la Tour, qu’ils sortent de leur cachette, bouclier levé. Je n’ai pas besoin de porc-épic… Si la porte nous est fermée, je me chargerai de trouver un moyen de l’ouvrir de force… A moins que l’un de vous ai une bonne idée ?


Puis il patienta le temps que tous puissent faire part de leur avis. Lorsque ce fut fait, Megar sortit de l’entrepôt et rejoignit un groupe d’hommes : les volontaires. Les consignes avaient été suivi, aucune couleur trop vive à l’horizon. Les soldats, menés par le Chevalier du Bâton, se dirigèrent vers la Tour en suivant l’une des plus grandes rues menant à cette dernière, c’est-à-dire trois hommes d’armes de front. La pluie s’abattait avec force sur les pavés de la rue, rendant ses derniers glissant.

- Faites attention où vous marchez !… Nous approchons. Bouclier prêt !

La voix était solide afin de rassurer les volontaires qui aurait pu en avoir besoin. La pluie et le vent rendaient l’avancée plus lente mais désormais, la petite troupe était à portée d’arbalète et cela même si le tireur n’était pas vraiment bon. Une lame de pouvoir se glisse dans la main droite alors que la main gauche se tend vers Yukihana. Un sourire naquit sur les lèvres cachées par les cheveux ailes de corbeau trempés de Megar. Le Chevalier part à la guerre pour le Tarot et pour son Roi…

L’avancée avait semblé difficile jusque là mais ce n’était rien comparé aux derniers cent mètres. Le vent et la pluie avait redoublé et une belle tempête semblait s’approcher du Joyau de l’athéisme… Puis un sentiment étrange assaillit Megar, une sorte de vibration. Non pas de son être physique mais plutôt de son être psychique. Le Tarot réagissait mais à quoi ? Un regard dans la direction du port et la vibration est déjà terminée… Serait-ce la tempête qui avait causé ce vacillement de l’Équilibre ?

Le pied droit du Chevalier commença à glisser à cause d’un pavé rendu glissant par l’eau et la boue qui se reprit et sortit ce vacillement du Tarot. Il n’avait pas à y penser pour le moment, son objectif était devant lui et c’est tout ce qui comptait pour le moment. La nuit était tombée sur la ville, nuit artificielle créée par la noirceur des nuages nés de la tempête. La Tour des 3 Fondateurs restait parfaitement visible dans cette obscurité et son aspect menaçant semblait accru.

Une arrivée indemne au pied de la Tour, chose surprenante dans l’esprit de Megar. Il s’était attendu à beaucoup de chose mais certainement pas à pouvoir arriver devant la Tour sans embûches. Les soldats semblèrent se détendre un peu une fois arrivés près de l’entrée. Megar allait les rappeler à l’ordre lorsqu’une petite partie de sa magie lui fut volée. Son regard n’eut que le temps de se tourner vers la porte et sa main de sang que la surface rouge sembla se mettre à luire et à se déformer. Des épieux d’acier rouge se dirigèrent droit vers la petite troupe.

Alors que sa main droite se place devant lui, une lame de pouvoir dans la main, le Chevalier du Bâton se met à crier :

- Écartez-vous de la porte !

Pas le temps de dire quoi que ce soit d’autre. Les hommes devront se débrouiller le temps qu’il revienne… A l’instant où l’un des pieux aurait dû transpercer la main de Megar, la lame de pouvoir se mit à luire et le chevalier passa au travers pics de sang puis de la porte de bois pour se retrouver à l’intérieur de la Tour… Mesure d’urgence car là, il était seul contre Origine et Changement seuls savent quoi.

La porte d’entrée de la Tour des 3 Fondateurs est traversée rapidement malgré les pieux qui en empêchent l’approchent. Megar pénétra alors dans une pièce circulaire, suffisamment éclairée pour qu’il puisse faire le tour du propriétaire… Propriétaires qui étaient d’ailleurs présent dans la pièce et qui semblaient assez choqués par l’entrée du Chevalier du Bâton. Mais les deux hommes qui arboraient la tenue des changeurs se reprirent très vite et attaquèrent sans aucune hésitation.

Une hallebarde qui entame sa course mortelle, Yukihana se trouvant toujours à la ceinture. Pas le temps de dégainer dans ces conditions, surtout que le deuxième homme est équipée d’une arbalète et semblait prêt à s’en servir. La lame de pouvoir qui avait permis à Megar de pénétrer dans la Tour était toujours dans sa main droite et prête à l’emploi. La carte dans la main droite se mit en opposition de la hallebarde pendant qu’une seconde carte apparaît dans la main gauche : une tour frappée par la foudre étant symbolisée dessus.

Dans un même mouvement et alors que la hallebarde traverse la carte puis le reste du corps de Megar sans faire le moindre dégât, la Tour de la destruction est évoquée et un éclair sort de la carte et se dirige droit vers la poitrine de l’arbalétrier. Et lorsque la hallebarde sera descendue au niveau du sol, le Chevalier avancera droit sur le changeur, la carte dans sa main droite rencontrant le religieux et permettant à Megar de jouer à nouveau le passe muraille à travers un être humain cette fois. Et c’est une fois dos à dos avec le soldat que la main gauche du taromancien se saisit de Yukihana et dégaina le sabre afin de traverser le changeur de part en part.

Mais cette manœuvre aura-t-elle le succès escompté ? L’Équilibre répondra-t-il à son défenseur ?

"Bordel de temps" jurait Raregord, voyant le grappin rater sa cible.

La bonne nouvelle c'était tout de même que le carreau avait reussi à se placer là haut, ca sera plus simple que de se retrouver avec une corde en plus sur le dos. C'est donc avec une mine déçue (caché par son masque) que l'espion reprit sa cape, la renfila et fit craquer ses doigts. L'escalade allait être quelques peu dangereuse, alors mieux valait éviter les risques. Grace à sa précédente manoeuvre, l'espion avait vu l'orientation du vent et surtout la facade qui ne sera pas balayé par celui ci. Il fonça vers le mur en usant des angles difficiles des meurtrières pour être un tant soit peu en sécurité avant de me rendre près de la façade protégée de la tour.

"Cette nuit est vraiment la plus pourrie que j'ai eu depuis longtemps, pas de doutes"

Raregord commença donc son ascension par les sculpture pour faire la moitié du chemin avec des prises faciles. A mis chemin je prenais une pause regardant les prises qui pourraient me servir à grimper ce mur. Concentrait, l'espion ne remarquait même pas les soldats au porte de la tour, en train de se faire transpercer par la magie. Après s'être essuyé les mains, Raregord prend une impulsion et s'accroche à la première prise de ce mur humide. Dieu merci, il n'y a pas de vent de ce coté ci mais l'espion use de toutes ses capacités physiques pour arpenter cette foutu façade. 25 mètres de pierres taillée au dessus de 25 mètres de statue. Bon sang il faut vraiment pas louper une prise et surtout pas faire de faux mouvement. Pendant ma grimpette, Raregord ne peut pas s'empêcher de ruminer

"Moi qui espérait avoir un peu de vacances dans ma belle cité d'Athée ..."

A peine quelques secondes après son entrée dans la Tour, les deux premiers corps s'effondrent. C'est cet instant que choisirent les jambes de Megar pour céder. L'utilisation des lames de pouvoir de façon successive prélevait son tribut. Le souffle un peu court, le chevalier entendit les bruits de pas rapide dans l'escalier. Forçant sur ces mollets et cuisses, le défenseur de l'Équilibre se releva et rangea Yukihana dans son fourreau.

En se tournant, Megar peut enfin observer la porte qui barrait la route aux soldats qui attendait dehors. La poignée de cette dernière était manquante et visiblement, à part la magie à l'extérieur, la porte semblait n'avoir qu'un rôle décoratif. Tant mieux étant donné que les bruits dans l'escalier s'intensifiaient et annonçaient un sort peu enviable à Megar. Se déplaçant pour se placer face à un des battants, Megar apposa ses mains sur le bois et commença à pousser sur ses jambes aussi fort qu'il le put.

Quelques instants après, la porte s'entrouvre suffisamment pour laisser place au chevalier de Bâton. Dehors quelques hommes étaient allongés au sol, baignant dans leur sang. En voyant sortir le leader de l'opération, le lieutenant, responsable de l'unité, s'approcha suivi par le reste de l'équipe.

- Faîtes sonner les cors, la porte est ouverte !

Le lieutenant se tourna vers trois hommes qui attrapèrent les cors attachés à leur ceinture avant de souffler dedans de toute leur force. Le son s'éleva et porta suffisamment loin pour que de nouveaux cors répondent et transmettent l'ordre d'assaut. Désormais, les soldats d'Athée se dirigeaient vers la Tour des 3 Fondateurs afin de prendre la place.

- En avant, leurs renforts descendent l'escalier en ce moment même. Donnait moi une arbalète. Notre boulot consiste à tenir le rez-de-chaussé en attendant nos renfort.

Se saisissant de l'arbalète qu'on lui tendait, Megar pénétra à nouveau dans la Tour prêt à décocher le carreau armé et à dégainer lames de pouvoir et et son amie de toujours : Yukihana.

Au rez-de-chaussée, les renforts changeurs arrivaient déjà en bas de l’escalier tandis que le premier cor athée sonnait. Les athées entrèrent, trois arbalétriers en premiers qui se mirent aussitôt à genoux devant Megar et tirèrent, touchant deux premier religieux étant touché, l’un à la jambe, s’effondrant dans l’escalier, un autre au milieu des côtes et terminant de se l’enfoncer dans la chair lorsqu’il tomba sur son camarade. Le troisième carreau lui n’emporta qu’un éclat de roche sur la colonne centrale de l’escalier. Derrière Megar, d’autres Athées entraient, des arbalétriers qui se mettaient en position près à tirer et des hommes équipés de bouclier pour les protéger tandis que les épéistes se plaçaient à l’arrière en attendant le signal pour avancer. Mais les Changeurs n’étaient pas dupes et s’ils avaient perdu deux hommes sur cet assaut aveugle, à présent ils savaient de quoi ils retournaient alors qu’ils pouvaient voir les corps de leurs comparses étendus dans les marches. Et déjà, des religieux équipés de larges et hauts boucliers de manufacture athée, descendaient progressivement l’escalier, s’arrêtant à chaque marche pour être certains de ne pas laisser d’ouverture dans leur protection.

Une pluie de carreaux les accueillit mais les boucliers tinrent bon et protégés par leurs camarades, d’autres religieux ripostèrent. L’inconvénient pour eux était qu’à cause de la hauteur, ils étaient moins bien protégés des tirs des athées. Cependant, ils pouvaient presque ignorer la protection des boucliers athées et tirer sur n’importe qui. Autre inconvénient cependant, ils ne pouvaient tirer que deux part deux alors que les athées pouvaient faire pleuvoir une douzaine de carreaux à chaque salves. Deux athées tombèrent sous la riposte changeante. Sur un combat de longue haleine, il n’y aurait probablement plus d’arbalétriers du côté athée lorsque les renforts arriveraient.

Au sommet de la tour, la discipline des soldats athées leurs évita de tirer sans en avoir reçu l’ordre ou de gaspiller leurs tirs alors que l’ascensionniste se dissimulait derrière les créneaux. Mais alors que Raregord se protégeait d’éventuels tirs d’arbalètes, il pourrait réaliser, pour peu que son regard se porte une seule fois vers le bas, que l’on ne voyait pas grand-chose de ce qui ce passait, au mieux on pouvait constater la présence d’ombres qui accouraient vers la tour mais seuls les éclairs permettaient de distinguer ses ombres les unes des autres. Finalement, l’officier s’écria :

- Colonel Etha Gelidan, chef de formation hoplite de l’armée de terre de la nation souveraine Athe ! Si vous êtes réellement un athée, montez ici et expliquez-vous sur cette reprise de la tour, on vous gardera en joue tant qu’on ne sera pas certains de votre affiliation !

Une fois que l’espion eût rejoint le toit, l’homme l’approcha. Alors l’espion reconnaîtrait, peut-être, à la faveur d’un éclair, l’officier qui avait tenu une caserne face aux morts-vivants d’une nécromancienne changeante et avait ensuite suivit le général Sennachérib. Depuis ces forces n’avaient plus données de nouvelle. Il portait une barbe de deux jours et ses traits étaient tirés par la fatigue d’après ce que l’obscurité permettait de voir. Pour le reste il faudrait attendre d’avantage de lumière.

Megar et les soldats athées prennent position, les arbalétriers devant et les boucliers derrière. Les premiers changeurs apparaissent et rejoignent aussitôt le paradis de leur Dieu. Une mort indigne pour un soldat, abattus par un carreau d'arbalète. Le premier assaut était à l'avantage des athées mais les renforts suivant se montrèrent bien plus prudents et attendirent de placer un rideau de grands boucliers avant de faire sortirent leurs arbalétriers.

Désormais, avec la position plus haute des changeurs, l'équilibre des forces avait à nouveau basculé. Les changeurs profiteraient de leur avantage pour décimer les rangs athées. La situation était claire et un dernier regard vers les caisses accolées au mur du colimaçon et étant masquées par ce dernier donnèrent une idée au chevalier de Bâton. Tirant son carreau d'arbalète, Megar parla d'une voix assez forte pour être entendu par les soldats et les religieux.

- Retraite jusqu'à l'extérieur ! On ne peut qu'attendre les renforts !

Cet ordre n'avait que pour but de faire passer Megar pour un incapable. Le vrai but étant de faire descendre légèrement les deux rangs de religieux jusqu'au palier si possible et enfin de les faire prendre confiance en eux. Un ennemi pensant que son ennemi est un incapable est toujours moins sur ces gardes. La retraite ordonnée, deux rangs de boucliers, le second à l'horizontale au-dessus du premier, se mirent en place afin de contrer les assauts répétés des arbalétriers changeurs.

Une fois à l'extérieur du bâtiment et donc plus ou moins hors de portée d'oreilles des prêtres, Megar s'adressa au chef d'unité qui s'apprêtait à protester.

- Si vous voyez une occasion d'attaquer, donnez l'ordre !

Sans un mot, juste après avoir réquisitionné deux dagues à deux soldats athées, Megar fit le tour de la bâtisse jusqu'à un pan de mur qui devait se trouver à l'abri des yeux des changeurs dans l'escalier de l'autre côté du mur en pierre. Empoignant une dague dans chaque main, Megar appela sa lame favorite tout en fonçant dans le mur face à lui, tête en avant. La lame de pouvoir apparut juste devant le front du taromancien peu avant que l'impact ne se produise et son pouvoir s'activa. Le mur fut traversé comme du beurre et Megar avait bien estimé son point d'entrée et il était hors de vue des changeurs de l'escalier. Renvoyant la lame dans son jeu, le chevalier continua à foncer devant lui, en direction du mur du colimaçon, et prit appui sur une des caisses puis une autre afin de prendre de la hauteur. Rappelant la lame de pouvoir à lui, il réitéra la manœuvre précédente et la lame de pouvoir activa son pouvoir juste avant l'impact.

Megar traversa le mur, renvoya la lame dans le reste du jeu, avant d'atterrir derrière les deux rangs de changeurs. Profitant de l'effet de surprise, il frappa de sa dextre un arbalétrier dans le cou pendant que sa senestre visait les reins d'un autre. Son élan le propulsa vers le deuxième mur du colimaçon et l'impact se produisit. Un mouvement de jambe lui avait permis d'évité un choc frontal mais pour le cou, son épaule droite le faisait souffrir. L'effet de surprise était passé chez les arbalétriers et déjà certains prenaient pour cible le Chevalier. Un mouvement de sa senestre envoya la dague se planter dans le dos d'un des gardes portant un bouclier pendant que la seconde dague tombait au sol, la main droite trop faible à cause du choc.

Une dernière fois, la lame de l'ermite démontra son pouvoir, apparaissant dans la senestre du Chevalier, lui permettant de traverser le mur en apposant sa main contre ce dernier. La manœuvre avait été rapide mais pas assez car un carreau vint entamer la chair de l'aine de l'ancien marchand. Tombant au sol, Megar se releva tant bien que mal afin d'aller vérifier de ses yeux si le chef d'unité avait profité de l'occasion.

Une courte marche rapide et pourtant c'est à bout de souffle que le Chevalier du Bâton était arrivé près de la porte d'entrée de la Tour. Pendant quelques instants, des lucioles volèrent devant ses yeux marqués par une fatigue magique. Levant son regard au ciel, le visage de Megar ruissela de pluie. Une pluie fraîche, une pluie revigorante, une pluie permettant au guerrier de retrouver un peu ses aises.

Le haut de sa cuisse le brûlait mais quoi de plus normal lorsqu'un morceau de bois dépassait de part et d'autre de cette dernière. Une grimace se peint sur le visage de l'ancien marchand en voyant sa vilaine blessure. Encore plus lorsqu'il constata que sa manœuvre n'avait pas provoqué plus de grabuge que ça... Les soldats athées avaient foncés et percutés la ligne de larges boucliers. Et, pendant ce temps, les arbalétriers changeurs se chargeaient de faire un vrai carton... Le Chevalier ne pouvait pas se permettre d'utiliser à nouveau ses pouvoirs tout de suite. Même si sa maîtrise de l'Ermite lui permettait d'économiser une grande partie de sa magie, des utilisations trop rapprochées ne pouvaient avoir qu'un effet désastreux.

Une mèche humide se colla devant les yeux de Megar et l'aveugla. Autant la rage d'avoir échoué dans sa tentative que la colère de voir des soldats foncer sans aucun ordre réel donnèrent un peu de force à Megar. Ce dernier resta en retrait mais commença à hurler ses ordres.

- Frappe à l'épée à deux sur un porteur de bouclier. Frappe direct aux pieds et frappe descendante à l'épaule. Le second rang et au-dessus, bouclier au-dessus de vos têtes. Les arbalétriers, reculez et utilisez les caisses dans la pièce pour vous couvrir.

Les épées courtes des soldats athées devraient leurs permettre de manœuvrer plus aisément dans cette mêlée et si les changeurs porteur de bouclier devait se protéger contre un double assaut, des brèches devraient s'ouvrir dans le mur de défense. Si les renforts devaient arriver, ils avaient intérêt à le faire vite car sinon, Megar aura à utiliser à nouveau sa magie et là, rien ne disait qu'il s'en tirerait avec un simple souffle au cœur.

Un petit rire s'échappa du masque alors qu'il prenait la corde qui pendouillait faiblement au créneau depuis tout à l'heure avant de lui faire faire le tour d'un créneau et de la faire redescendre, créant un parfait ascenseur manuel pour ses soldats. Il se retourna alors vers le colonel le temps que ses hommes ne montent. L'heure de l'attaque avait sonnée, mais se lancer de manière précipitée pourrait être dangereux. L'espion regarda les différents équipement de ses nouvelles recrue avant de prendre la parole.

"Le plan d'attaque est plutot simple étant donné la configuration des couloir. Nous allons devoir combattre dans une zone restreinte et retarder le moment où l'on se fera remarquer. De ce fait, vous devez retirer tout ce qui pourrait nous faire repérer. Le bruit et la lumière risque d'être notre pire ennemi. Donc pas d'armure plus lourde que du cuir voir de la maille si vous savez être discret. Au moment de notre assaut nous devrons être rapide et précis pour faire le plus de dégat"

L'espion attend alors que ses troupes aient fini d'arriver en haut avant de poursuivre pour éviter tout imprévu ou débordement quelconque. Sa voix avait encore changée, non pas que ça l'amusait mais c'était surtout par simple paranoïa. Jamais encore il n'avait eu à commander autant de troupe sous son visage officiel d'espion. Cela le dérangeait légèrement d'ailleurs mais à situation désespéré ... Il prit un ton très sérieux devant sa vingtaine de soldat et des troupes du colonel.

"Très bien voici le plan, j'ai cru comprendre que vous connaissez tous, plus ou moins, le langage des signes militaires. La bataille se gagnera si nous restons le plus discret possible. L'ennemi ne regardera surement pas vers nous alors ne lui donnons pas de raison de le faire. Restez à intervalle d'un mètre pour éviter les bousculades et ne parlez que si c'est vraiment nécessaire. En ce qui concerne les techniques d'assassinat, frappez à la gorge ou dans le poumons, ca les empêchera de crier, faites attention aux corps et à leur matériel, ca peut faire du bruit. En ce qui concerne le repérage, je veux le meilleur grimpeur et un homme assez fort comme sécurité. Il aura la charge de repérer les possibles troupes dans la tour en regardant par les meurtrière à l'aide de la corde. Dès qu'il repérera les troupes il prendra contact avec nous pour nous indiquer ce qui nous attend. Colonel, il va nous falloir une description de l'intérieur de la tour aussi précise que possible. Je préfère être franc, quand nous serons repéré, les chances de survies réduiront à vue d'oeil et nous n'aurons que peu de solution de repli alors battez vous avez tout ce que vous avez"

Ayant fini son discours, Raregord réajusta son masque et se dirigea vers la trappe après que le meilleurs grimpeur et son collègue se soient désignés. Ouvrant la trappe doucement, l'espion dégaina une dague, arma son arbalète et la mit en joue (l'avant-bras gauche servant de support pour le corps de l'arme à projectile) avant de descendre dans les ténèbres.

La stratégie mis quelques passes avant de porter ses fruits mais elle fut efficace. Quelques instants suffirent aux soldats athées pour faire une demi douzaine de victime chez les changeurs. Voyant que la bataille tournée en leur défaveur, les religieux battirent en retrait à l’étage supérieur et semblèrent s’y barricader si on pouvait se fier aux bruits qui parvenaient aux oreilles du Chevalier.

Megar entra dans la tour en restant en appui sur l’un des murs avec sa main gauche. Il avisa une caisse fermait et semblant assez solide pour lui permettre de s’asseoir . Un des soldats profita de l’accalmie pour ouvrir une des caisses et découvrir des vivres et des couvertures.

- Au moins, on ne mourra pas de faim et de froid ?

- Puisque vous êtes de si bonne humeur, vous pouvez vous occuper de débarrasser l’escalier des cadavres et du sang qui s‘accumule… Demandez l’aide des deux gars qui se moquent de vous là-bas…

Cette petite victoire avait apaisé les esprits des soldats et pouvait les rendre moins prudent. Tant que les renforts n’était pas là, aucun relâchement ne devait être toléré. Une sentinelle arriva à la Tour et annonça à tous le monde qu’un premier groupe de renfort serait bientôt là et que les autres suivraient mais mettraient plus de temps à arriver.

Nous pouvons bien attendre cinq minutes l’arrivée du premier groupe mais pas les autres. Ils devront nous rejoindre plus tard… Ce qui veut dire que quelques hommes devront rester au rez-de-chaussée…

Le lieutenant responsable de ce détachement s’approcha de Megar avant de demander quelle était la suite des évènements.

- Et bien lieutenant, je dirais que je vais commencer par faire retirer ce carreau d’arbalète de ma cuisse pendant que j’attendrai le premier groupe de renfort qui arrivera d’ici cinq minutes à peu près. Les autres groupes seront là dans une petite demi-heure donc nous ne pouvons pas les attendre. Prenez un homme avec vous et allez voir cette porte qui nous barre la route… Mais soyez prudent !

Le lieutenant obéit à son supérieur et gravit l’escalier afin d’inspecter le prochain obstacle. Pendant ce temps, un homme s’approcha de Megar et commença à vérifier l’état de la blessure à la jambe du Chevalier du Bâton. Pendant quelques instants il examina la blessure avant de briser l’empennage et de retirer le carreau de la cuisse. Le sang coula mais pas à flot, signe qu’aucune artère n’avait été touché. Le médecin s’occupa de cautériser la plaie à l’aide d’une des torches de la pièce et de petits instruments métallique à la poignée de bois.

Le lieutenant revint pendant la cautérisation et fit son rapport à Megar qui focalisa son attention sur le soldat plutôt que sur le médecin malgré l’horrible élancement qui lui prenait la jambe.

- La porte est bien faite, on ne peut pas la dégonder et l’escalier empêche l’utilisation d’un vrai bélier.

- Est-ce que vous… Ou l’un de vos hommes s’y connaît suffisamment en menuiserie pour me dire où trouver les gonds de cette porte ?

- Je vous ai dit qu’on ne pouvait pas la dégonder !

- Je vous ai ente… Entendu. Mais je sais que les fonds pour l’entretien de la Tour contre les ravages de la rouille n’ont pas été débloqué. Donc les gonds doivent être bien rouillé depuis le temps. Donc même si nous ne pouvons pas utiliser de bélier, nous pouvons nous attaquer aux gonds directement. Trouvez où se trouve les gonds, de quoi attaquer le bois : des lames d'épée ou des hachettes feront l'affaire ; ou la pierre : marteau et burin ; et atteignez ses gonds pour que la porte nous laisse passer… Nous attaquerons dès que notre groupe et les premiers renforts seront réunis et prêt… Et dès que cette porte nous aura montrer sa serrure.

Ils doivent continuer à s’activer. Ils ne doivent pas penser que nous ne savons pas quoi faire. Même si ils n’arrivent pas à détruire la porte, j’aurai le temps de reposer ma jambe et de reprendre un peu de force magique… Lorsque le premier groupe de renforts sera là, le véritable second acte commencera.

Une légère pause était peu mais Megar s’en contenterait. En bon Chevalier, il était un soldat entraîné et même si il était frustrant de quitter les premiers rangs d’une bataille aussi vite, il n’était pas hors combat définitivement… De nombreux changeurs mourraient encore avant que le Chevalier décide de s’accorder le repos du guerrier. C’est donc la jambe gauche tendue qu’il accueillit les renforts. Après un salut rapide aux nouveaux arrivants, l’ancien marchand regarda quelques instants le groupe d’homme sous ses ordres. Jeune ou vieux, expérimenté ou pas, tous luttaient pour une cause qui leur tenait à cœur : défendre le Joyau. En ce sens, Megar était proche d’eux, bien que sa cause fut tout autre : l’Equilibre et son Roi…

Quelques minutes après l’arrivée des premiers renforts, les hommes qui étaient montés pour mettre à jour les gonds des portes revinrent annoncer que leur travail était terminé… Le Chevalier se leva tranquillement et ramassa une des dagues placées à la ceinture d’un des prêtres puis grimpa l’escalier de quelques marches afin d’être au-dessus de la masse. Observant quelques instants les visages des soldats athées, Megar ne lut pas la peur mais la détermination. Prenant une voix calme, il énonça son plan assez fort pour être entendu par les athées mais pas par les prêtres à l‘étage :

- Messieurs, nous allons continuer à grimper dans cette Tour ! Un homme s’occupera de détruire les gonds rouillés de la porte. Et quoi de mieux pour le faire qu’une des dagues des prêtres… L’ancien marchand montra l’arme en la tenant par la lame à l’assemblée. Ensuite, deux ou trois hommes s’occuperont d’abattre la porte en se jetant en avant avec leur boucliers. Le reste des hommes formeront deux lignes s’entraidant les uns les autres afin d’empêcher les hommes de tomber.

Une léger silence plane afin de laisser les soldats visualiser ce qui leur était demandé.

- Dès que la porte cèdera, nous nous déverserons dans la pièce au-dessus et formerons deux rangs de six boucliers afin de permettre aux suivants de les rejoindre. Pour pénétrer dans la pièce nous nous servirons des cadavres des prêtres comme protection contre les arbalètes. Si une brèche se crée, un bouclier prend sa place.

Un nouveau silence, toujours pour laisser le temps aux hommes de comprendre se qu’il souhaitait d’eux.

- Cette entreprise sera bien plus risquée que la suivante. Nous n’avons pas l’effet de surprise, nous allons sortir d’un goulot d’étranglement et d’un escalier en tant qu’attaquant donc de gros problèmes en perspective. Les premiers rangs et l’homme chargé des gonds auront peut de chance d’en réchapper… C’est pourquoi je demande des volontaires. Je demande des volontaires pour rendre leur monnaie de leur pièce à ses prêtres qui ont osé s’attaquer au Joyau de l’athéisme.

Le Chevalier attendait des volontaires, si personne ne l’était, il devrait à nouveau avoir recours à ses pouvoirs de taromancien et donc de nouveaux problèmes pour le Chevalier. Mais après tout, l’Equilibre compte plus que tout, même la vie d’un simple Chevalier de Bâton…

En espérant qu’il y ait des volontaires… Trop de choses à accomplir pour mourir maintenant.