J'ai apporté des Lilas [Origine et Changement]

L’appel à la guerre de l’Origine n’avait pas été entendu que par ces créatures. Le Changement aussi l’avait perçu et y avait répondu avec plaisir. Quelle joie de participer à une nouvelle partie sur cet échiquier géant qu’était le monde… Rejouer encore et encore la même partie laissée à l’abandon pendant des années… Ou peut-être bien des siècles mais après tout qu’importe puisque le résultat était là, la guerre reprenait ses droits et les éternels ennemis allaient offrir leurs premiers cadeaux de sang.

Le premier combat aurait lieu dans le Rorkhan, tel avait été décidé par les actions des Dieux. Mais l’un avait nettement l’avantage dans cette guerre. Ces troupes étaient plus nombreuses, ces guerriers plus forts, leurs appétits plus grands… Une guerre telle qu’elle devait l’être pour le créateur de l’être humain, propriétaire de l’évolution… Une guerre dont le premier combat ne serait absolument pas déterminant mais qui ferait comprendre à l’Origine qu’il n’avait absolument pas gagné cette nouvelle partie. Faire réaliser que l’évolution balayerait le cycle éternel…

Les humains étaient debout depuis des heures si tant est qu’ils aient pu s’endormir. Aucun n’avaient envie de mourir. Pourtant, bien peu pensait survivre à cette journée. Lorsque les prêtres étaient venus les prévenir de l’arrivée imminente d’une armée de l’Origine, les hommes du village avaient d’abord pensé à fuir mais les religieux avaient réussi à en convaincre quelques uns de les aider à monter une ligne de défense puis d’autres étaient venu et ainsi de suite. Maintenant, les volontaires étaient à la même enseigne que les moutons : les chausses trempées de leur urine. La vue d’arbre centenaire en mouvement avait de quoi calmer bien des ardeurs.

Seulement voilà, les prêtres n’étaient pas du même acabit. L’avantage de la religion, elle peut calmer la peur au profit du fanatisme. Les bures violettes passaient d’hommes en hommes tout en désignant certains hommes qui dès lors abandonnaient leurs armes à terre et suivaient les prêtres vers les rangs plus profonds de la petite troupe. Un chant de guerre commença à s’élever mais les prêtres n’y faisaient pas attention pendant que les cinq cents hommes commençaient à trembler plus que des soldats le devraient.

Les premiers rangs étaient à un petit kilomètre des arbores et en hauteur. Tout le long de la pente, le terrain avait été défoncé afin de rendre le terrain le plus instable possible mais serait-ce vraiment utile contre ces engeances… Par endroit des fosses avaient été creusé et remplie de lame de fer afin de piéger quelques ennemis, même pendant quelques secondes. Des murs de pieux avaient été fabriqué en plusieurs endroits de façon discontinue afin de ralentir et protéger.

Les deux premiers hommes étaient les lanciers, armés de divers lances, fourches ou autres armes tranchantes pouvant servir à empaler les premiers assaillants. Les rangs suivant étaient constitués de l’infanterie pendant que les archers, à l’instar des balistes et des prêtres, se trouvaient tout en haut de la pente, hors de vue des assaillants. Les prêtres marmonnaient des prières tout en invoquant le pouvoir protecteur Changement et bénissaient les hommes qui avaient été choisi pour porter la colère du dieu changeur.

Le round d’observation se terminait, la bataille allait commencer et seules deux choses étaient sûres. La première, les humains n’attaqueraient pas. La seconde, un seul camp pourrait en réchapper.

La forêt avance, poussée par les chants Ashengas et réduit la distance entre les 2 armées jusqu ‘à engloutir les premiers fossés creusés pour arrêter les loups. Le terme d’Éternel et d’Inamovible, consacrés au dieu barbu et grincheux, semblaient avoir été transmis à ses créatures. Leur racines s’enfonçaient dans le sol, transformant les arbres en remparts contre les projectiles humains et servant à merveilles de camouflage pour les créatures comme les Ashengas.

L’avancé semble inexorable et la fin bien proche pour les brebis. C’est à cet instant que plusieurs dizaine d’hommes bousculèrent les premiers rangs et commencèrent à dévaler la pente en criant, en suppliant l’Origine de les pardonnés pour leurs erreurs. Ils abandonnèrent leurs armes pendant la descentes et continuèrent à dévaler la pente encore plus vite. C’est donc une soixantaine d’hommes qui échappèrent aux rangs humains.

Mais derrière eux les prêtres donnèrent un ordre avant de les maudire.

- Puisque vous voulez rejoindre Origine, nous allons vous y aider ! Archers ! Abattez-les !

L’ordre n’était pas fini que les premiers traits étaient tirés suivi d’une centaine d’autre. Les fuyards sont transpercés, croulant sous la pluie de flèche. Ainsi, malgré le manque de précision des archers, le nombre de tirs avaient été suffisamment important pour tuer tous les lâches. Du haut de la colline les prêtres continuaient à maudire les peureux.

- Bande de pleutres !… Les girouettes ne sont pas tolérées… Subissez le courroux de Changement et voyons si Origine voudras toujours de vous !

Les prêtres intentèrent ensemble et les cadavres commencèrent à se liquéfier pour devenir une sorte de mucus brunâtre et fumant. Ainsi, à une cinquantaine de mètres de la forêt, sur une petite centaine de mètres, une trentaine de mares de mucus fumant séparaient les deux armées.

- Nous ne reculerons pas devant les créatures de l’Immobile… Venez et subissez le courroux de Changement !… Enfin, si vous êtes capable de comprendre les gens civilisés !

Les prêtres s’en retournèrent à l’abri des regards, derrière les rangs humains. Désormais les choses étaient claires pour les hommes, la peur n’était pas acceptée. Et encore moins d’y céder. La lutte serait à mort et jusqu’aux dernières forces. La forêt pourra peut-être passerais elle devra batailler pour ça.

Les prêtres repartent dans les rangs humains pendant que les premiers Anshegas se montrent à l’air libre. Ils sont grands, ils sont forts, ils sont impressionnants… Et ils haïssent l’humanité. Leur haine est palpable. Leur soif de sang humain est palpable. Tout chez eux montrent qu’ils sont prêt à combattre jusqu’à la mort afin de détruire les créatures de Changement. Les hommes tremblent car ils ne sont pas des soldats. Les hommes tremblent en voyant les loups partirent à l’assaut de la colline. Les hommes tremblent en voyant que les loups ne s’arrêtent pas malgré les pertes dû aux deux salves de flèches tirées. Les hommes tremblent juste avant l’impact avec les soldats de l’Origine. Les hommes tremblent en voyant la destruction apportée par les loups et leur haine.

Les premiers loups tombent à l’impact des lances mais sous le poids des bêtes de l’Origine, ces dernières s’abaissent laissant le champ libre aux loups suivants qui commencent alors leur jeu de massacre. Et alors que les humains ne font pas le poids contre les loups, des êtres à la musculature totalement exagéré et surdimensionnée sortent de l’arrière garde humaine pour s’attaquer aux Anshegas. Leur faciès rappelle encore légèrement leur ancienne appartenance à l’espèce humaine mais désormais, seule la destruction reste. L’un des hommes-gorille attrape un des loups et lui écrase le crâne à terre. Les loups finissent par être abattus par les hommes et la quinzaine de créatures du Changement. Seulement voilà, le score était équilibré, une cinquantaine d’hommes étant mort dans cet assaut.

Les corps humains sont traînés à l’arrière des rangs, à l’abri des regards originels, avant qu’un chant s’élève dans l’air. Une nouvelle fois, une incantation flotte dans l‘atmosphère de bataille. Comme précédemment, les corps sont transformés en mucus brunâtre après qu’ils aient été placé dans des tonneaux. Une fois les tonneaux pleins, ces derniers sont roulés jusqu’au bord de la colline et sont lâchés afin qu’ils descendent jusqu’au mur d’arbre qui s’était à nouveau avancé. À l’impact, quel qu‘il soit, les tonneaux éclateraient mais rien ne se passerait pour les arbres touchés par le mucus.

Toujours de l’arrière garde des créatures ailés s’envolaient, avec pour seules armes les serres aux griffes acérées terminant leurs membres postérieurs. Il s’agissait d’hommes ayant mutés afin d’être transformés en être du Changement pouvant combattre la colère de l’Origine. Les prêtres faisaient muter les paysans, leur faisant abandonner toute trace d’humanité afin de les transformer en combattant assoiffé de sang originel… Une légère variation de l’incantation se produit au moment de l’envol des harpies. Et les mares de mucus laissés dans la clairière commenceront à s’étaler dans toute la clairière mais comme pour l’impact avec les tonneaux, aucun maléfice n’avait été placé sur ce mucus.

Le Changement abattait ses cartes pendant que l’Origine faisait avancer ses pions. Mais pour l’heure, l’avantage était clairement à l’avantage de l’Eternel, l’Informe ayant perdu environ 1/5è de ses forces dans les premiers instants du combat.

Les premiers loups tombent et les chants à la lune se taisent. Le silence revient dans la forêt tandis que même le sol semble cesser de trembler sous l’actions des centaines de racines qui avaient vu les siècles changer la terre à un rythme si lent que l’humain ne pouvait le réaliser, même au terme d’une vie d’observation. Et alors que les abominations du Changement ce sont révélées, un rire s’élève. Un rire parmi ceux qui hurlèrent de peur au moment de mourir ? Un rire chargé de haine et d’une soif de sang que les prêtres purent sentir le long de leur peau au moment de l’attaque. Car si les poumons avaient été percés et les crânes écrasés, les loups n’étaient pas les seuls à êtres entrés dans cette bataille. Le Loup qui s’était montré au devant de ses troupes se relève, doucement, laissant la peur envahir peu à peu les rangs d’humains qui peuvent voir sa cage thoracique se soulever au rythme de son hilarité tandis qu’une aura orange naissait autour de lui. Dans son arme qui tenait toujours dans sa main, le petit esprit s’agitait de plus en plus en hurlant un chant strident.

« -Le Loup Sinistre hurla alors à la lune qui s’enveloppa d’un halo de feu marquant tous ses enfants bénis et dans un ultime instant où ces fils devenaient des dieux, le Loup sinistre ordonna : Tuez. »

Les corps des Ashengas tombés au combat car ils s’étaient élancés sans considérations pour leurs propre vie, s’illuminèrent de la même aura flamboyante que celle de leur meneur une odeur de poils brûlé se répandit dans l’air et le loup murmura : « Brûlez, impies. » Naquît alors de l’essence de son corps, une colonne de flammes et une cinquantaine d’autres qui illuminèrent cette journée à un tel point qu’il semblait que la nuit était tombée sur le reste du Rorkhan l’espace d’un instant, les flammes dévorant tout ceux qui se trouvaient à proximité et les créatures qui s’étaient envolées dans le ciel. Cinquante humains ? Le Changement avait-il crût que 50 Anshegas, enfants bénis parmi les enfants bénis de l’Origine, n’emporterait qu’une vie contre une ? Ils seraient des dizaines à brûler vif, des dizaines d’autres à êtres seulement marqué à jamais par l’Origine. Le destin déciderait combien exactement.

Les chants reprendraient alors. Pour ceux qui avaient eût la chance de périr dans le feu Originel, purifiés des souillures de ce monde et qui seraient réincarnés dans le cycle de l’éternité. Pendant ce temps, les Arborels avaient ramenés à eux ce que le Changement avait bâti, mêlé à la saine terre, elle deviendrait l’arme des justes. Se saisissant à pleines branches de ces projectiles de fer et de terre, les ébènes les projetèrent contre les rangs d’humains et les fortifications tandis que les hurlements s’intensifiaient. Que le Changement vienne, il se briserait face au poids du temps car rien ne pouvait stopper le temps. Ni les montagnes, ni les géants, ni les rois. Tous seraient réduit au néant et retourneraient à la première chose du monde, la Terre.

Spoiler: