[Maëlys et Dagmar] La voix de la meute

Le repas donna au petit groupe un nouveau souffle. L'abri était loin d'être chaleureux et agréable, le vent sifflait entre les poutres et quelques flocon de neige se faufilaient à travers les fenêtres brisées, mais dans le petit coin qu'elles s'étaient aménagée et avec un bon feu, le climat devenait presque supportable. Blottie contre sa sœur, Lunaë avait cessé de trembler pour jouer à lancer des brindilles dans le feu, les regardant se parer d'un manteau de flamme avant de disparaitre, réduites en cendres noires. Le repas de baies agrémenté de quelques morceaux de viande séchée était plus consistant que véritablement bon, mais dans leur état de fatigue, la petite troupe eut l'impression de déguster un véritable festin. Même le vieux poney semblait prendre un rare plaisir à rester près du feu. Il en avait trop vu pour s'inquiéter de quelques flammes et la course dans la neige l'avait laissé fourbu. Il semblait assez coriace pour finir le trajet, mais Maëlys avait intérêt à le mettre au chaud et au sec en arrivant si elle ne voulait pas le retrouver couché et transpirant le lendemain.

Après deux bonnes heures de pause, il fallut quitter la chaleur relative du foyer pour reprendre la route. Si elles trainaient trop, elles ne parviendraient pas à arriver à bon port avant le nuit qui s'annonçait aussi froide que la précédente. Le soleil avait beau s'être levé, le ciel commençait à nouveau à se couvrir si bien que l'astre du jour se retrouvait voilé par de lourds nuages sombres. Le vent, froid et humide, annonçait à nouveau de la neige bien que la couche de poudreuse monte déjà jusqu'aux chevilles. Stoïque, Lunaë se hissa presque toute seule sur le poney et s'accrocha à l'épaisse crinière en lui murmurant quelques mots encourageants dont elle aurait bien eut besoin elle aussi. Elle n'avait pas l'air bien gaillarde, emmitouflée dans son épaisse couverture, pataude et oreilles et nez rougis par le froid. Surtout sachant que la petite fille avait été malade récemment... Il y a mieux pour se remettre d'une convalescence. Elle fit papillonner ses cils plein de givre avant de talonner doucement sa pauvre monture pour qu'elle suive sa grande sœur.

Le trajet semblait si long... Bien plus que dans les souvenirs de Maëlys. Et les voisins et amis qui empruntaient cette route avaient tous disparu. Il faut dire qu'à cette époque de l'année, la village avait du depuis bien longtemps stocker de quoi tenir l'hiver, et ne reprendrait le commencer qu'en été. Quelques trappeurs faisaient parfois le chemin, mais ils évitaient de partir un jour où la neige menaçait à moins de ne pas pouvoir faire autrement. Au vu de la piste parfaitement blanche et vierge de toute trace humaine, personne n'avait du emprunter cette route depuis hier. Puis, alors qu'elles approchaient du village, Dagmar s'arrêta, salua les deux sœurs de la tête, et leur murmura rapidement qu'il était temps que leurs routes se séparent. Elles étaient presque arrivées à bon port, au fond, et ne risquait plus grand chose avec la proximité du village. La voix de la louve étaient trop étrange pour que les voyageuses puissent en déduire une émotion, et Lunaë ne souhaitait en aucun cas sonder l'esprit de sa compagne de meute. Enfin, la voyageuse disparue dans la forêt, les laissant poursuivre ce chemin enneigé qui leur servait de route.

Quelques heures plus tard, la maison où elles avaient grandi apparu entre les arbres, toujours chargée de tant de souvenirs, heureux au commencement et si douloureux ensuite. Le temps ne semblait presque pas avoir laissé de trace sur la vieille battisse, seul le jardin envahit par les herbes jaunes attestait de l'abandon de cette demeure. La porte vermoulue s'ouvrait toujours sans clef, offrant une si précieuse parade à la neige qui avait repris sa folle danse. La maisonnette était telle que Maëlys l'avait laissé, proprette et rangée. Il allait falloir s'occuper du poney bien sûr, et de sa petite sœur tremblante qui n'arrivait pas à lâcher la crinière tant ses doigts étaient gelés, mais dedans, le feu crépitait doucement dans l'âtre, promettant un repos bien mérité.

La louve à l'enfant Nombre de messages : 40 Date d'inscription : 10/11/2011

Dagmar avait quitté ses deux amies. Enfin. Amies était un bien grand mot. Elle ne connaisait même pas leurs noms. La louve leva la tête vers le ciel et se lécha le museau. Elle était épuisée. Cette nuit avait été riche en émotion. Jamais elle n'oublierait la louvette dans son corps d'humain et sa taciturne protectrice. L'anshega perdit l'équilibre et se rattrappa à un arbre. Sans se poser de questions, elle se blotti dans la neige, roulée en boule. Elle bailla et s'endormit aussi sec.
Dagmar ne sut pas combien de temps elle avait dormit, mais quand elle se réveilla, la nuit tombait. Elle se leva et quitta la piste pour courrir à quatre pattes à travers champs et forêts. La longue nuit d'hiver lui permit de pacourir un peu plus de trente kilomètres, puis un paysan accepta presque à contre-coeur de la laisser dormir dans son grenier à foin. Fentaeris était encore loin, aussi elle ne prit que quelques heures de repos et continua sa route. Au prochain bourg, elle acheta à un aubergiste un cuiseau d'agneau roti et le mangea en marchant
Au bout de plusieurs jours de course tous identiques, elle parvins à Fentaeris. Jugulant son angoisse de la foule, elle s'engagea dans les rues et laissa les nouvelles qu'on lui avait confié contre un plus que généreux pourboire.
Dagmar pourrait vivre sur son pécule quelques temps. En quittant la ville, elle se demanda ce qu'elle allait faire. Si elle allait retrouver la Louvette et la Guérisseuse? Ou alors peu être pourrait-t-elle aller voir sa meute d'origine pour donner quelques nouvelles.

Marcher était à la fois plus facile et plus difficile, après cette pause. Le corps avait reçu de l'énergie, assez pour reprendre des forces, mais il maquait de repos, et les jambes restaient lourdes. Ce qui n'empêchait pas Maëlys de rester au niveu de sa soeur, vigilante. Elle avait fait boire à la fillette une décoction (infâme au demeurant, mais Lunaë l'avait bu sans difficultés... Le seul "avantage" que voyait la jeune femme au nouveau caractère de sa soeur) de saule, de feuilles d'eucalyptus et de miel, mais la meilleure protection de la fillette contre une rechute restait un bon feu, et un bon lit.

Lorsque l'ashenga les quitta, Maëlys ne put que lui indiquer briièement le chemin vers chez elle, en précisant qu'elle espérait y rester un moment, si la louve souhaitait revenir. Elle ne s'attarda cependant pas, et les deux soeurs poursuivirent leur route.

La traversée du village ravivat de nombreux souvenirs à l'esprit de Maëlys, qui les évoqua à sa soeur, plus pour faire parler l'enfant (et s'assurer ainsi de son état de santé) que par réelle nostalgie. Surtout que bon, la miss s'était changée (en mettant son kimono, et une couverture par dessus, ce qui faisait l'air piteux) mais était pas tellement plus réchauffée, donc...

"Tiens, tu te souviens, la fois où matt et son frère avait voulu jouer aux fantomes et s'étaient roulés dans la farine pour effrayer les filles? Leur père les avait jetés dans le lavoir pour les laver..."

Le lavoir était gelé,, mais pas grave, on s'en fichait.

L'arrivée à la maison fut un soulagement. Elle n'avait pas tellement changé. Le jardin aux plantes aromatiques et médicinales de sa mère était à l'abandon, le volet de sa chambre pendait toujours. Papa avait dit qu'il le réparerait, mais il n'avait pas eu le temps...

Par contre, il y avait de la fumée qui sortiat de la cheminée. Ca, c'était pas normal...

Plusieurs idées vinrent à l'esprit de la demoiselle. Leurs parents? Elle aurait mal vu, quand elle les avait vu morts? Non. Sa mère ne laisserait pas le jardin comme ça, et son père non plus. Des villageois qui auraient investi les lieux? Mais qui? Et puis, la maison n'avait pas l'air entretenue. Les pierres?! Ils étaient bien du genre à ne pas s'occuper de la terre contrairement aux paysans des environs.

Un éternuement lui fit prendre une décision. Voilà qu'elle aussi commençait à être malade? La guérisseuse tira la bride du poney pour le diriger vers l'étable. L'animal serait bien, et elle verrait peut-être, en voyant les occupants de l'écurie qui occupait la maison. Et puis, de toutes façons, aucun des trois ne pouvait rester là, planté dans le froid devant la maison.

Des hurlements dans la brume, le grand loup roux appelle sa meute. Il n'est pas visible, mais blottie entre deux buissons épineux, je sais bien qui hurle à la lune, cette nuit. Coincée, les pattes meurtries par tant d'épines en ces lieux où je ne devrais pas être... Ils sentent la peur et le danger, mais le dominant m'y a fait venir alors que je n'était pas prête. Je me débats, cherchant tout au moins à être libre de mes mouvements. De terribles prédateurs ne vont pas tarder à apparaître et je suis bloquée dans les branches ! Une ombre griffue s'étend déjà au dessus de moi, je sens presque son souffle fétide, je dois fuir ! Les épines agrippent ma fourrure, me déchirent jusqu'au sang et la monstre se rapproche toujours plus. Je ne peux pas bouger... Des sueurs glacées me coulent dans le dos comme je gratte follement le sol pour me libérer. Ses crocs sont presque sur moi maintenant ! Je glapie, me jette sur le flanc pour échapper à cette gigantesque gueule béante. Une violente douleur me pétrit les cotes, la mort s'approche à grands pas.

Les buissons s'écartent et disparaissent comme le loup rouge bondit devant moi. Plus d'ombre... Je suis au centre d'une grande clairière éclairée par la lune. Il est immense, plus grand que les arbres eux même et son regard calme de prédateur aguerrit ne se détache pas de moi. Les lueurs de son épais pelage rappellent les miennes, mais jamais je n'aurai cette brillance, cette réalité. Deux yeux noirs comme la nuit se rapproche de ma frimousse de louveteau apeuré. Une voix sort de nulle part. Elle vient bien du loup roux, je le sais, mais sa gueule reste close, masquant ses crocs que je devine acérés.

- Rejoint cette meute que tu as formé si loin de nos terres, et rapporte les moi. Une louve dominante n'abandonne jamais ceux qui dépendent d'elle.

La dernière phrase contient presque une menace... Le ton est inflexible, autoritaire... Et Dagmar se réveille en sueur dans la grange où elle passait la nuit. Ses cottes la font souffrir et elle se rend bien vite compte qu'elle est tombée de la mezzanine où elle dormait, soit une chute de trois mètres de haut sans même se réveiller. Les échos de son rêve lui flotte encore dans sa tête et au fond d'elle même elle sait bien que ce loup roux, elle l'a toujours connu. Mais de là à savoir qui il est...

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Lunaë n'était pas très loquace, pas du tout même. Il faut dire que le voyage était bien long pour une si jeune fillette et malgré son courage spartiate, elle commençait à flancher. Elle rit nerveusement à la réplique de sa sœur, sans parvenir à se détendre pour autant. Le froid la forçait à rester crispée sur la crinière du poney dont seule la chaleur corporelle l'empêchait de s'écrouler. Elle n'avait pas la résistance nécessaire pour veiller aussi longtemps, il marchaient depuis la veille et même si elle n'avait pas mis le pied par terre, la fatigue et le froid étaient sur le point d'avoir raison d'elle. À peine arrivée, la fillette se glissa sans crainte dans la maison pour se diriger directement vers la cheminée.

- Y a personne, Nina, on peut rentrer !

Mais déjà, sa sœur partait en direction de l'étable et le poney la suivait sans faire de difficulté. Il avait eu plus que son compte de marche forcée... Ses nouveaux maîtres n'étaient pas moins exigeants que les nains ! Mais une bonne petite grange pleine de paille et un baquet d'eau (trop froide) le remirent de bonne humeur. Au fond, la vieille bête ne demandait qu'un peu d'attention et de foin. Si on lui offrait ce minimum, elle ne ménageait pas ses efforts.

Devant la cheminée, Lunaë regardait les flammes danser les yeux fermés. Affalée sur le tapis du chien, elle semblait avoir abandonner sa lutte contre le terrible marchant de sable pour se laisser aller dans les bras de Morphée. La maison était toujours proprette, bien rangée et silencieuse. Vide à première vue... Mais le feu était pourtant allumé à leur arrivée.

La louve à l'enfant Nombre de messages : 40 Date d'inscription : 10/11/2011

Il faisait déjà nuit dehors. Dagmar se frotta les côtes avec un couinement de douleur, puis se leva et rajusta sa cape. La lune s'était déjà levée. La grande louve prit lentement la route, la main sur son flanc en s'interrogeant sur le rêve qu'elle venait de faire. Ce loup rouge...Qui était-t-il? Ils avaient tous un faciès très semblable. L'odeur était la seule chose qui permettait de différencier un loup gris d'un autre loup gris. L'odeur du loup rouge, elle ne l'avait pas sentie, maisun pelage roux n'était pas commun parmis les loups.
Dagmar s'apperçu qu'elle avait déjà marché plusieurs kilomètres. Elle rangea son dégusement dans sa besace et poursuivit à quatre pattes. La nuit était magnifique. Les étoiles brillaient comme une foule de louvteau qui se presseraient près de leur grand-père-lune pour écouter ses histoires de chasse et de combat. Ce fut quand elle formula cette pensée que la louve eu une illumination. Ce vieux loup que sa meute nourrisait. N'avait-t-il pas un beau pelage...roux? On lui avait dit que c'était un chef de meute dans sa jeunesse, mais qu'il avait été chassé par de plus jeunes loups. C'était une très vieille bête très sage, il savait de quoi il parlait. Laissant échapper un rire aboyant, Dagmar continua sa route en trottant. Oubliés les petits soucis! Elle allait retrouver la Louvette et la Guérisseuse.

Il semblait que cette nuit avait jeté son châle sur le monde depuis qu'il existait et qu'il y resterait toujours. Quand le soleil pointa miraculeusement son visage à l'est, Dagmar se mit en quête d'une proie, et ne trouvant rien, tordit le cou à une poule perdue qui trainait aux alentours d'une ferme isolée.
Prenant soin de s'enfoncer à nouveau dans la forêt, elle dévora cru le cadavre encore tiède du pauvre volatile, puis s'écroula et s'endormit.
Quelques heures plus tard sa truffe s'agita. Une odeur d'humain se faisait sentir. Toute ensommeillée, Dagmar leva la tête.

"C'te fois-çi, on va lui faire la peau à c'maudit loup! C'tait la poule de trop!"

La phrase lui fit l'effet d'un électrochoc. Elle se leva sur ses quatre pattes. Ca faisait longtemps qu'elle avait comprit qu'il valait mieux passer pour un loup monté en grain que pour un étrange humanoïde.
Trois personnes, distante d'à peine une dizaine de mètres. Au ton de la voix, la louve les identifia comme des paysans humains.
Prise de panique, Dagmar se mit à courir à l'opposé de la provenance des chasseurs, laissant le corps de la poule et sa besace là où ils étaient.

Maëlys déchargea rapidement le poney, et le laissa tranquille avec son foin (heureusement que son père avait toujours été très soigneux sur la manière de conserver le fourrage), s'interrogeant quand même sur le fait que bien qu'il n'y aie personne d'après sa soeur, l'étable avait toujours du foin frais. Après trois ans d'absence n'aurait-il pas du moisir? Ou fallait-il comprendre que la maison était occupée habituellement? Déjà qu'elle savait pas comment les voisins allaient prendre leur retour, alors la maison occupée à nouveau...

Lorsqu'elle rejoinit Lunaë, c'est pour découvrir l'enfant endormie devant la cheminée. Fredonnant une berceuse dont l'air lui revenait vaguement en mémoire, l'adolescente vérifia quand même la maison, le laboratoire attenant, la chambre ou dormaient ses parents, ouvrant les placards, les tiroirs, sans pour autant trouver d'explication à ce feu allumé. Une fine couche de poussière aurait du parsemer les objets, même sans vent ni mouvements. Mais rien. Cependant, le garde manger était vide, à part du jambon suspendu aux crochets, et des tonneaux de poisson au sel. Et des noix, bref, rien qui ne montrait qu'il y avait eu des gens qui vivaient ici, à moins de ne rien manger d'autre que de la viande du poisson et des noix. Le laboratoire de sa mère sentait toujours les herbes sèches, mais les réserves ne comportaient que ça.

Revenant dans le salon, Maëlys posa une couverture sur Lunaë, s'assit une seconde à coté de l'enfant pour profiter du feu, et... se releva pas... Avant de s'endormir à son tour, elle eut juste le temps de remercier les esprits pour la maison. Le reste attendrait demain. On ne réglait pas les soucis épuisé.

Un fin rayon de lumière se faufilait entre les rideaux à peine entrouverts, annonçant une journée froide et ensoleillée. Lunaë était toujours roulée en boule sur le tapis, trop épuisée pour s'éveiller aux aurores malgré la température fraichissante de la salle. Dans le foyer, il ne restait plus qu'un tas de braises roussissant de plus en plus rarement. Dans ces régions vallonnées aux hivers si blancs, on pouvait difficilement se passer de feu, mais à bien y regarder, un tas de buches se trouvait prêt de la cheminée, comme si un généreux fantôme les avait aimablement sortit de la réserve afin que la jeune femme n'ait pas à affronter le froid au levé. Y étaient t-elles hier ? Sans doute, peut être... Il y avait trop à vérifier pour que Maëlys puisse se fixer sur ce point.

Dans le jardin, le poney se chargeait hardiment de tondre ce qu'il restait de la pelouse avant qu'elle ne soit définitivement avalée par l'hiver. Il était forcé de creuser la neige pour en extirper une pauvre touffe d'herbe gelée, mais, petit cheval des rudes montagne de Thalun, il en avait vu d'autres. La grange était sensée fermer, mais ce détail n'avait jamais gêné le vieil équidé. Le loquet avait été soulevé et la porte était entrouverte, juste de quoi lui laisser la place de passer. Interrompant son repas de bien piètre qualité, la vieille bête trottina vers la rivière, en brisa la surface d'un coup de sabot et se mis à boire. Même si il venait à être abandonné là, il s'en sortirait. Il n'était pas bien grand, mais plus coriace qu'il n'y paraissait.

Venant du chemin, des bruits de roues se débattant dans la neige se firent entendre. Le vieux poney henni et une autre bête lui répondit. Enfin, au bout de quelques instants, les sons cessèrent et une voix rauque et bourrue se fit entendre.

- Hé béh, qu'est-ce t'y fiche donc là vieille carne ? D'où t'y viens donc ?

Un vieil homme se trouvait dans une calèche où s'entassaient plusieurs peaux de bête et quelques quartiers de viande fumée. À ses coté, une fillette d'une douzaine d'année serrait une peau de loup autour de ses épaules. Les deux voyageurs avaient le teint rougit par le froid, mais les yeux tournés vers la maisonnette abandonnée. La jeune fille fut la première à faire la remarque bien que ce fut évident pour les deux protagonistes.

- Y a du monde dans cette baraque, papy. Tu crois qu'ils sont revenus ?

C'est le froid qui réveilla Maëlys en premier. Le fait de n'être qu'à moitié recouverte par la couverture devait jouer. Se redressant, la jeune guérisseuse rajusta la couverture sur les épaules de sa soeur, et passa la main au dessus des braises. Tout juste chaudes, mais ce serait suffisant pour faire repartir le feu. Elle s'y attela donc, prenant dans le tas des buches... Et fronçant les sourcils au passage. Elles n'étaient pas rangées là "d'habitude"... Un truc qui avait changé. Des gens se seraient servis de la maison pour poser les buches là? Peut-être. En attendant, elle pouvait refaire le feu grace à ça, donc tant mieux.

Tout en attisant les braises, elle songea à ce qu'il faudrait faire. Déjà, impossible de repartir avant quelques jours. L'angine de Lunaë s'était probablement pas améliorée, et elle même avait le nez qui coulait depuis un moment. Elles allaient donc devoir se soigner. Si d'anciens vêtements leurs restait, Maëlys espérait pouvoir en faire quelque chose de plus chaud que leurs tenues de voyage. Histoire qu'elles puissent les nettoyer au passage. La lessive était bien sur une autre chose à faire. Et bien sur, chercher une piste. Elle hésitait encore sur la manière de s'y prendre. Interroger les voisins? Oui, sans doutes, mais comment les aborder?

Au moins, songea-t-elle brièvement, les corps de ses parents n'étaient plus là. Quelqu'un les avait enterré. Il faudrait qu'elle aille les voir aussi. Mais pour l'heure, une infusion. C'était le plus important. Les réserves de sa mère, elle s'en était rendue compte la veille étaient pourvues, même si les herbes sèches étaient moins efficaces que des fraiches. Il ne lui manquait que l'eau.

"Je reviens."

Elle avait chuchoté ça pour sa soeur, même si cette dernière dormait toujours assez profondément. Elle prit un récipient, près de la cheminée, et... se figea en entendant deux henissement. Un, ok. Deux? Il y avait du monde... Oui, deux silouhette. Bon, ben les voisins venaient à elle, on dirait.La guérisseuse hésita un mment, cherchant à reconnaitre les deux arrivants. Et à s'en souvenir. Ensuite seulement, elle sortit de la maison, son seau à la main, méfiante quand à l'accueil qui allait lui être offert. Bien sur, elle était du pays, mais... Que savaient-ils sur son départ? Et si ils ne se souvenaient pas d'elle et de Lunaë?

La fillette marmonna quelques onomatopées comme quoi elle était fatiguée et qu'il faisait trop froid pour repartir, puis elle s'enfonça a nouveau dans le profond sommeil dont elle n'était même pas vraiment sortie. Le feu se remit timidement à crachoter dans l'âtre, tentant désespérément de réchauffer la grande pièce froide. Le silence restait complet dans cette maison trop grande et trop vide, emplit des fantômes du passé. Tout semblait inquiétant bien qu'il n'y ai rien de vraiment étrange. Le feu allumé à leur arrivée ? Ce n'était pas normal, oui, mais rien n'empêchait un être humain de s'en être chargé. La porte n'avait jamais été fermée à clef et ne comportait d'ailleurs pas de serrure. Qui irait voler ses voisins dans un coin aussi reculé ? Quand quelqu'un souffrait de la faim, au village, les autres habitants lui venaient en aide dans la mesure de leurs moyens. Pourtant, le lourd passé de ces lieux perturbait les perceptions de la jeune fille, la rendait méfiante, peut être à raison. Mais les deux passants ne semblaient en rien inquiétés par les prétendus fantômes de cette maison.

Les souvenirs étaient assez lointains... Le vieil homme, elle avait du le voir une ou deux fois. Sa mère ne lui avait t-elle pas acheté la peau de renard sur laquelle Lunaë était actuellement couchée ? À moins que ce ne soit un autre, il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas vu ce visage. Les trappeurs se montraient rarement en ville, passant le plus clair de leur temps à courir les forêts. Beaucoup étaient d'ailleurs nomades. La jeune fille en revanche, elle pouvait être à peu près certaine de ne jamais l'avoir vu. Son physique typique des nobles Démérien avait quelque chose de déplacé ici. Elle était vêtue comme une paysanne et avait les mains caleuses et le teint tanné par le froid, mais ses traits étaient trop fins pour quelle vienne des profondeurs de Stolenmark. Du moins, pour le peu qu'on pouvait en voir entre les épaisses fourrures de loups qui ne laissaient que son visage à l'air libre. Elle avait aussi un fort accent des villes, ou plutôt elle n'avait pas celui des villages reculés au plus profond des terres. Quelques mèches blondes couvertes de givre dépassaient de sa capuche et ses yeux bleus se posaient sur Maëlys avec un soupçon d'arrogance, sans pour autant qu'elle ait l'air dédaigneuse ou méprisante. À coté d'elle, son grand père semblait bien grossiers et lourdaud. Il lui ressemblait sans doute, mais sans la délicatesse qui caractérisait sa petite fille. Un trappeur, un chasseur, un braconnier comme Maëlys en avait tant vu dans sa jeunesse. Si banal qu'elle ne pouvait pas mettre un nom dessus. Sans cette tache de vin qui lui dévorait la moitié de la joue, elle n'y aurait même pas reconnu un des marchants pourtant rares qui passaient parfois au village. Lui, en revanche, sourit de toutes ses dents cariées en la voyant sortir.

- Bon d'là, mais c'est la p'tite Erren ! Qu'est-ce t'y fiche don' là, jeunette ? Où qu'elle est don' ta mère ? V'là plusieurs saisons qu'on l'a pas vu !

En bon marchant, il n'oubliait pas les visages de ses clients et la jeune Maëlys ressemblait beaucoup à sa mère. Pour la mort des parents, il n'avait pas l'air au courant. En même temps, il ne devait pas passer beaucoup de temps au village... Les ragots et légendes n'étaient pas son affaire. À coté de lui, la jeune fille esquissa un léger sourire, plutôt soulagée que le "squatteur" n'en soit pas un et que son grand père le connaisse. Les brigands, elle en avait soupé. Elle retint une timide révérence juste à temps, comme si elle avait encore du mal à piétiner joyeusement son éducation.

- Et tient, j'te présente ma p'tite fille, Goëlia.

Il posa une large main protectrice sur la jeune demoiselle avant de se tourner vers l'arrière de son chariot. D'un geste aussi bourru que généreux, il saisit une peau de daim et la lança à Maëlys qui n'était en effet pas très couverte. Il faut dire qu'il faisait bigrement froid en ce moment. Rien de bien surprenant pour cette région, mais en comparaison aux doux hivers d'Hù Beï...

- Met toi don' ça sur l'dos, fillette. Et dit à ta mère qu'si elle a b'soin d'passer au village, elle peut profiter d'la calèche. Faut qu'j'amène Goëlia à l'école.

Pas de questions indiscrètes... En même temps le vieux trappeurs préférait sans doute les poser à un adulte, ou plutôt à ce qu'il considérait comme tel. Sa vue devait être bien basse pour qu'il ne se rende pas compte que la jeune femme était depuis longtemps sortit de l'enfance par la force des choses. Ou peut être ne voulait t-il pas le voir ?

Erren... Ca faisait longtemps qu'on ne l'avait plus appelée comme ça. Elle eut une seconde de latence, avant de comprendre, le reste de la phrase aidant, de quoi il s'agissait. Elle eut un léger sourire poli, et fit une révérence. Etonnement son sourire n'alla pas jusqu'à ses yeux... Il savait pas ce qu'il était advenu de sa mère, hein?

"Mes parents sont partis il y a deux ans."

A lui de donner le sens qu'il voulait au mot "parti". La jeune femme attrappa la peau, et... Hésita une seconde. Elle savait que les peaux d'animaux valaient "un peu cher". Assez pour que sa mère hésite toujours à en acheter, mais pas assez pour les ruiner. Sa mère les avait toujours payé en baumes contre les gerçures, d'ailleurs... Mais il faisait quand même froid, et la peau était chaude. Et sentait bon. Elle s'y enveloppa, remerciant le trappeur et sa petite fille d'un sourire. Aller au village?

"Voudriez vous entrer? Je pensais aller au village après avoir préparer une infusion contre le mal de l'hiver. Si je pouvaisy aller avec vous... Vous pouriez me raconter comment ça se passe là haut?"

Enfin, sur son terrain de chasse, quoi... En parlant la donzelle remplit le seau pour lequel elle était sortie, et caressa le poney au passage.

"Eh bien, déjà reposé, toi? tu ne devrais pas être à l'étable?"

Oui, il répondrait pas, et? La jeune femme invita à nouveau le trappeur et sa fille à rentrer. Elle versa son seau dans une marmitte, suspendue au feu, et laissa l'eau chauffer. Elle aimerait bien savoir les nouvelles au village. Si la fillette fréquentait "l'école" (un nom un peu prétentieux, mais bon) elle et son grand père sauraient peut-être?

Le poney secoua la tête en reniflant, et mit un coup de tête affectueux à la jeune femme. Oreilles bien dressées sur le crâne, qu'il ait compris ou non il n'avait pas l'air de vouloir obéir. Après un nouveau hennissement à l'attention du gros cheval de trait attelé à la calèche du trappeur, il tourna le dos à la grande bête et envoya une ruade en sa direction (en prenant soin de ne pas s'approcher à moins de cinq mètres pour que le lourdaud ne se prenne pas à l'idée de répliquer). Sur ces démonstrations indubitables de supériorité, le courageux petit poney repris sa quette d'herbe rescapées des grands froids.

Le vieux trappeur se leva et s'étira avec force de grognement et de craquement d'articulations mal huilées. Rajustant les peau de bête qui lui couvraient les épaules, il se tourna vers Maëlys avec un bon vieux sourire édenté, aussi franc et bon enfant qu'hideux. Peut être avait il eu un peu de la beauté de sa petite fille dans sa jeunesse, mais elle appartenait au passé. Maintenant il n'était plus qu'un vieil homme plein d’arthrose.

- Avec plaisir, fillette ! V'là des heures qu'on roule, un peu de chaleur ne ferait pas de mal.

Avec la démarche malhabile des hommes anesthésiés par le froid, il se laissa glisser au bas du chariot et tendit les bras pour descendre la jeunette qui n'avait pas l'air non plus bien gaillarde. Avec un grognement, il la posa par terre et suivit son hôte vers la maison, menant son cheval par la bride. Après avoir noué la corde à un anneau pour éviter que la bête ne se sauve, le vieux trappeur entra sans cacher son soulagement. La fillette était déjà à l'intérieur, à genoux près du feu, juste à coté de la petite Lunaë. Elle semblait plus intéressée par les flammes que par l'enfant endormit. Il ne faisait pas encore très chaud dans la petite demeure, mais la différence de température avec l'extérieur était assez forte pour donner l'impression d'une chaleur douillette. Le vieux bonhomme se laissa tomber sur une chaise, sans s'embarrasser de la moindre gène et frotta ses main engourdies par le froid.

- Bon d'là, ça fait bigrement du bien un peu de chaleur.

Il poussa un soupire d'aise avant de reprendre.

- T'as un sacré courage de te débrouiller seule ici. T'aurais du demander de l'aide au village, ils ne t'auraient pas laissé seule, va. Surtout avec une fillette aussi jeune. T'as même pas un Jules pour t'aider ? Enfin, ce n'est pas mes ognons tu me diras. Qu'est ce que tu veux donc savoir du nord ? Tu as l'intention de t'y rendre ? Si c'est le cas, je te le dis de suite, les routes sont mauvaises. Et il fait bigrement froid cet hiver, à moins que ce soit moi qui supporte plus le gèle... Je vais m'installer au village, ce n'est pas une vie pour ma petite fille.

La guérisseuse suit l'enfant dans la maison, et sourit de la trouver aux cotés de Lunaë, se réchauffant aux flammes. La guérisseuse ferme la porte, et commence à écouter les mots du trappeur. Il a raison, ce ne sont pas ses affaires, et Maëlys se contente d'un sourire, tout en vidant l'eau dans la marmite accrochée à la cheminée, puis en farfouillant dans les pots d'herbes de sa mère. Ah ouais, la situation en est à ce point?

"J'avais remarqué qu'il faisait froid, mais je ne me souvenais pas que c'était... à ce point."

Elle avait mis la sensation de froid sur sa perte d'habitude. Après tout, elle avait passé ses hivers plus au sud, sans parler de celui à Hubei...

"Je n'aurais pas cru que vous vous retireriez du métier. Je ne me souviens pas beaucoup de vous, mais il me semblait que vous aimiez trop vos montagnes pour les quitter un jour."

La décoction se préparait doucement, l'eau chauffant peu à peu, libérant les parfums des herbes séchées. Un peu de miel aurait été parfait, mais elle n'y en avait guère. Ce qui n'empêchait pas la jeune femme de fouiller les placards. Les pots de crème de sa mère étaient à base de cire. Auraient-ils pu survivre au temps? Si oui, en donner un au vieil homme, et en emporter en ville serait une riche idée. Une bonne base pour le troc.

"Ma foi, je suppose que le temps change les choses, eh?"

L'inventaire des placards était une bonne chose car il lui permettait aussi de voir ce qu'il lui faudrait acheter. Des provisions, déjà. Une couverture supplémentaire, peut-être, du bois, du miel, de l'huile... L'eau commençant à bouillir, la guérisseuse revint vers la cheminée, et servit quatre bols de décoction.

"Menthe, eucalyptus, un peu d'écorce de saule pour la fièvre, et orties. C'est bon contre le froid. Lunaë?"

La demoiselle laissa les deux invités prendre un bol, tandis qu'elle secouait doucement sa petite soeur. Histoire de la prévenir qu'elle s'en allait, ou lui proposer de venir. Mais elle préférait quand même que l'enfant reste au chaud. Et boive un peu de médecine.

"Lunaë, ma puce, réveille toi."

Dans la maisonnée, tout était calme et froid. Des traces d’allées venues fréquentes salissaient le doux manteau de neige en direction du village. On entendait que les renâclements du poney à travers la porte entrouverte de la grange. Quelques flocons retardataires s'échinaient à virevolter paresseusement autour du chalet, mais il tourbillonnaient sans grande conviction, n'ignorant pas que le plus gros des tempêtes appartenait au passé. Un vieux pin maintenait envers et contre tout une tache de verdure sur ce monde de triste blancheur. Une fenêtre masquée par des rideaux diffusait la lueur chancelante de bougie, seule marque de vie. La nuit était pourtant déjà bien entamée et le croissant de Delvïss avait presque atteint le zénith. Dans cette froide nuit, les étoiles étaient parfaitement visible, éclairant presque autant que la lune d'argent. Keldaïn, œil rond des dieux, regardait la scène d'un air indéchiffrable au milieu de son aura d'étoiles, bien loin de ce monde trop dangereux et trop imparfait. Elles ne se mouillent pas, les lunes... Elles préfèrent de loin laisser les mortels verser leur sang.

Fracas d'un objet tombant au sol suivit d'un petit cri, puis le silence revient. Une frêle silhouette apparait derrière les rideaux comme dans un spectacle d'ombre Hù-Beïenne, et disparait tout aussi vite, gambadant dans la maisonnette. L'odeur du poney est bien la même, mais celle des autres membres de sa meute est masquée par la neige. Est-ce seulement la bonne maison ? Probablement... La louve n'a aucun moyen d'en être sûre, mais la toux d'Hasting l'a forcé à accélérer l'allure, alors il n'est plus temps d'hésiter. Ce louveteau est trop jeune pour survivre dehors à un hiver aussi rude. Le bidon de lait si aimablement offert par une famille déjà bien loin est maintenant vide, tout comme le ventre du nouveau né. Mais elle est arrivée, la guérisseuse saura comment faire pour nourrir et soigner ce bébé. Enfin... Normalement...

Endormie depuis plusieurs heures déjà, Maëlys est réveillée par la chute impromptue de son broyeur à herbe. Goëlia, encore, ça ne peut être qu'elle. Impossible de la coucher cette fillette, depuis qu'elle s'est mise à la médecine, elle s'en passionne comme si sa vie en dépendait. Peut être est-ce d'ailleurs le cas... Pas sa survie, mais bien la vie qu'elle pourra mener dans ce village perdu. Elle a tant insister pour venir préparer les remèdes à la maison, hier soir, que la guérisseuse n'a eut d'autre choix que de l'amener avec elle. Mais elle était sensée être au lit à cette heure ! Dans la chambre voisine, Lunaë grommèle quelques paroles inintelligible avant de sombrer à nouveau dans le sommeil. Le vieux trappeur va encore réprimander sa petite fille si il la voit avec de profonde cernes sous les yeux. Il est ravie que Maëlys lui enseigne la médecine, mais il ne semble pas comprendre l'engouement de la jeune fille pour le savoir. Elle a déjà dévorer tous les herbiers de la mère de la guérisseuse plusieurs fois, et bien souvent à la lueur d'une bougie ! Au moins ses connaissances seront t-elles utiles au village...

Si les deux rescapées de la famille Erren ont été bien accueilli par le village, elles n'y ont pas pour autant retrouver leur place. L'attitude de la petite Lunaë inquiète tant les habitants qu'ils ne lui adressent presque pas la paroles et les femmes chuchotent quand elles ont le dos tourné. Des rumeurs sur l'abandon des parents Erren circulent de plus en plus. Après tout, c'était des gens étranges, toujours à l'écart... Et ils laissaient ces étrangers douteux s'occuper de leurs filles, ce n'est pas normal. Pas étonnant que les fillettes soient dans un tel état. La plus grande est sans doute une meilleure mère pour Lunaë que madame Erren, au moins elle s'en occupe vraiment. Et elles sont courageuses toutes les deux même si ils en viennent à craindre leur réactions. Maëlys, si calme et douce dans tous les souvenirs, devient à la limite de la violence quant on la contrarie maintenant. Oh, ce n'est arrivé qu'une fois ou deux, les villageois prennent bien garde que les colères ne se reproduisent pas. Heureusement qu'elle sont revenues après tout, Bescat a eu un accouchement difficile et sans l'aide d'une guérisseuse, elle y serait sans doute passé.

La louve à l'enfant Nombre de messages : 40 Date d'inscription : 10/11/2011

Hasting se remit à tousser. La quinte de toux serra douloureusement le cœur de Dagmar. Encore une nuit dehors et ce petit s'endormirait pour ne plus se réveiller. Elle le serra un peu plus fort contre elle et s'avança encore vers la porte. Est-ce que la Guérisseuse vivait ici? Les indications qu'elle avait donné à la louve étaient claires. A moins d'une erreur, cette jolie maison ne pouvait être que la sienne. Le bébé reprit sa respiration et la plaie de Dagmar la lança sournoisement. Non, décidément, elle n'avait pas le choix. Si ce n'était pas la bonne adresse, elle pourrait y passer la nuit et obtenir une piste pour retrouver sa meute. La louve avait tout à y gagner et rien à y perdre.
Elle lança un petit grondement doux au poney pour le saluer et se plaça devant la porte. Elle tira sur sa capuche pour dégager son visage. Un faciès comme celui de Dagmar ne s'oubliait pas, surtout au milieu des humains.
L'anshega leva la patte et toqua à la porte, en espérant que ce serait la Louvette ou la Guérisseuse.

"Courage Hasting. On va dormir au chaud cette nuit."

Dagmar se balança d'un pied sur l'autre avec délicatesse, pour se réchauffer et bercer le petit à la fois. L'enfant avait à peine la force de couiner. La louve regretta violemment cette nuit qu'elle avait passé chez Goliath, où il vagissait avec force et où elle avait regretté les gémissement des louveteau de son peuple. Les couvertures d'Hasting étaient de surcroit dans un état lamentable. Dagmar n'avait pas pu les nettoyer ou les remplacer et le petit avait forcément fini par les salir. La louve reporta son attention sur la porte en priant des dieux auquel elle ne croyait pas que le battant s'ouvre sur un visage connu et rassurant.

Bon, elles ne s'étaient pas faite lynchées en public. Pas de raison à ça, d'ailleurs, m'enfin. Elles restaient tout de même à l'écart, bien plus que quand elles étaient enfants. Personne n'avait l'air au courant de quoi que ce soit, Maëlys avait donc du broder une histoire, modifiant la vérité de façon à laisser croire que les fillettes n'étaient pas partie seules et de façon brusque, et qu'ils s'étaient retrouvés séparés par une tempête. Entre autres. Elle ne savait pas exactement ce qu'ils pensaient, mais il ne faisait aucun doutes que leur comportement faisaient fourmiller les imaginations.

Se réhabituer à être appelée "Ninaë" lui fait étrange. Plus d'une fois elle a oublié de répondre. M'enfin. Pour l'instant, elle ne croit pas que les habitants aient plus que l'idée qu'elles sont traumatisées. Il y a de gros doutes que le traqueur aurait accepter de confier sa petite fille à un loup garou, après tout. Les précautions qu'elle prend semblent donc efficaces...

En parlant de la gosse... Qu'est-ce qu'elle a fait, encore? Il fait certainement nuit noire, et Maëlys a pourtant envoyé la gamine au lt il y a un moment! Soupirant la guérisseuse se lève en baillant, et rejoint l'enfant dans le laboratoire. Le pot est déjà remis à sa place, et Goëlia est plongée dans l'un des livres de sa mère, et l'odeur qui planne dans le laboratoire ne laisse pas de doute quand à ce que réalise l'enfant.

"Aurais tu des coliques, Goëlia? Parce que sinon, j'aimerai bien savoir ce que tu fais ici alors que je t'avais dit d'aller te coucher..."

Son ton était sarcastique, et sec. Maëlys n'avait jamais été quelqu'un qui se réveillait facilement, et être tirée des bras de morphé en pleine nuit n'aidait pas à son humeur. Surtout que l'adolescente lui avait désobéi, et que ce n'était pas la première fois. Franchement qu'elle aime apprendre, d'acord! Mais au point de se relever la nuit?! Elle avait besoin de sommeil! M'enfin la gamine n'avait de toutes façons pas la colique, c'était évident, et Maëlys lui aurait bien dit ce qu'elle en pensait, mais... Elle savait pas trop comment. La menacer de la virer? C'était elle qu'était allée la chercher. Lui mettre une fessée? Elle avait passé l'âge... Un coup à la porte détourna son attention. Oh et pis zut.

"Range ça, et va te coucher. On en reparlera demain toi et moi."

Et elle verrait si oui ou non, elle suivait l'envie qui lui prenait de la ramener à son grand père à grand coup de pieds aux fesses... En attendant... Elle avait quelqu'un à la porte.

"J'arrive."

La jeune femme revint vers la porte d'entrée, rajoutant au passage une buche à la cheminée (y allait en avoir besoin...), plus doucement qu'elle n'avait parlé (si le laboratoire était éloigné de la chambre de Lunaë, ce n'était pas le cas de l'entrée), pour l'ouvrir en partie. Un blessé au village? A l'époque de sa mère, ils tambourinaient au battant, sans trop se soucier de réveiller la maisonnée... Ou alors c'est qu'elle faisait vraiment du bruit...

"Dagmar?"

Oui, elle lui avait proposé de venir. Mais elle s'attendait pas à la voir à une telle heure de la nuit...

La louve à l'enfant Nombre de messages : 40 Date d'inscription : 10/11/2011

La porte s'entre-ouvrit. Un peu de lumière et de la chaleur jaillit de l'ouverture comme un message d'espoir pour Dagmar. Hasting, rassemblant ses dernières forces, se mit à pleurer vraiment pour la première fois depuis plusieurs jours. Les hurlements du bébé caché sous les épaisseurs de la cape et de ses couvertures semblaient bizzarement étouffés, mais soulagèrent la louve: si il pouvait encore pleurer, il survirait certainement.
Le visage de la Guérisseuse apparu dans l'encadrure de la porte et prononça son nom. Cela faisait toujours tout drôle à Dagmar d'être appelée par son prénom articulé en humain. Hasting s'agita dans ses bras. La gorge de la louve était serrée de soulagement et de joie. Elle aurait voulu parler, mais ne surgit du fond de sa poitrine qu'un sourd mélange de couinement et de grognement qui pourait se traduire grossièrement par: "Mon coeur et ma raison sont réunis pour exprimer ma joie de te voir".
Dagmar fini par reprendre le contrôle d'elle même après avoir passé bien dix secondes à fier la Guérisseuse d'un air d'apaisement béat.

"Bonjouwr, Guérisheuse. Dejolée d'awrer à une heuve aushi tawrdive. Puis-je entrwer? Mon "paquet" shupporwte mal le fwroid."

Hasting s'agitant, comprenant que la fin de ses ennuis arrivait. La cape de Dagmar glissa et dévoila son petit visage rouge et braillant surmontés de cheveux roux et clairesemés.

Dagmar à sa porte en pleine nuit, ok. Elle l'avait elle même invité. Mais le truc qui vagissait en dessous? C'était pas l'ashenga, ça, elle en était sure. Donc... D'accord, un gosse. Qui sentait pas bon, et devait être gelé et sans doutes affamé. Bien. La guérisseuse ouvrt tout grand la porte, son coté professionnel reprennant déjà le dessus.

"Entre vite."

Au moment où elle dit ça, elle entendit des pas précipités derrière elle, assorti du bruit d'une inspiration étouffée. Et mince, elle avait oublié ça. Elle allait devoir s'assurer que Goëlia n'aille pas demain hurler dans tout le village qu'elle laissait rentrer un loup chez elle... Pour l'heure, le noir la terrifiait sans doutes encore plus que Dagmar, mais il faudrait lui en parler. Pour l'heure, l'urgence, c'était le gamin.

"Installe le près du feu, et découvre le."

La guérisseuse récupéra rapidement une couverture dans sa chambre, pour y envelopper l'enfant, et mis de l'eau à chauffer.

"Bon sang où t'es allé le pécher çui-là?"

Question certes pas très professionnelle, mais le but 'était de faire parler Dagmar. Une buche dans le feu pour accroitre la chaleur, et faire chauffer l'eau plus vite. Ah, et penser à jeter les couvertures par terre aussi. Voyons, voyons... Bescat venant d'accoucher, elle avait probablement du lait. Mais y aller à une heure pareille, laisser les enfants et Dagmar seules (surtout avec Goëlia, parce que Lunaë elle savait qu'il n'y avait pas de soucis... Si ce n'est qu'elle ferait probablement la tête d'être réveillée.), pour plusieurs heures avec l'enfant... Non. Mais il fallait le nourrir... Elle avait lu quelque part sur un moyen de sevrer de très jeunes animaux ou des bébés. Déconseillé à un si jeune âge, mais en attendant le lendemain, ça pourrait ptet marcher. Le tout était de savoir que lui donner à boire.

La louve à l'enfant Nombre de messages : 40 Date d'inscription : 10/11/2011

[Je suis de retour! Désolée pour l'absence!]

Dagmar fit quelques pas timides à l'interieur de la maison. Elle avait l'air confortable et tout semblait assez calme. Hasting qui crispait ses petites mains autours des poils de sa poitrine et tirait dessus comme un minuscule bourrin la tira de sa comtemplation. Elle secoua la tête pour faire tomber sa capuche de sa tête et libérer son champ de vision puis se placa devant la cheminée comme le lui avait indiqué la Guérisseuse. Assise par terre devant le foyer, l'anshega ôta les couvertures d'une saleté repoussante du petit corps de l'enfant. Son odorat délicat était violamment heurté par leur odeur, comme il ne l'avait été depuis le combat contre le lycan.
La Guérisseuse arriva avec une nouvelle couverture et en enveloppa Hasting. Le petit semblait un peu calmé: au moins il n'avait plus froid, même si la faim restait très présente.
Dagmar restait retournée par l'angoisse. Elle lécha nerveusement son museau et se leva pour faire face à la jeune femme.

"Et bien...Jil était au bowrd d'une rwoute. Des jhiens était shur le point de le dévorwer. Je pouwait pas le laisher là. Alorws je l'ai prwis avec moi. Une paysanne m'a fouwrnit du lait, mais pas asher pouwr que je puishe le nourwirw shur tout le shemin, j'en ait peuwr. Mais j'ai toujouwr le dishpositif qui m'a pewrmit de le nouwrir. Shi on peu encore trwouver du lait, jil n'y auwra plus de pwroblème."

Elle adressa un sourire désolé à Hasting et baissa les yeux vers le sol, les couvertures sales toujours dans les mains.

D'accord... Décryptant les paroles de son invitée, la demoiselle en déduisit le plus gros. Le gosse avait du être abandonné, ce qui n'était pas hyper courant, mais pas rarissime non plus. Septième fils d'un septième fils, trop d'enfants à nourrir, ou autre connerie du genre. Abandonner un gosse à la mort était tellement plus simple que de le tuer soit même!

"Je vois. Bien. Une femme à accouché non loin, elle aura surement assez de lait pour le nourrir ainsi que son enfant..."

Et s'il fallait l'y aider, faire monter le lait à une femme était assez facile, même goëlia connaissait la recette.

"...Mais on ne pourra pas compter dessus ce soir. Je vais lui préparer un bouillon à base de plantes, ça lui permettra de tenir jusqu'à demain."

Voyons, il y avait sans doutes assez dans le chaudron pour nourrir l'enfant et le laver... En attendant que l'eau chauffe, elle allait préparer les plantes, la farine et le jus de viande à mettre dans le bouillon

"Donne moi le dispositif dont tu m'as parler, tu veux? Et fais attention a ne pas le mettre trop près du feu. Il doit être bien, mais la chaleur ne doit pas lui donner une impression de brûlure."

Les consignes données, Maëlys alla flanquer les couvertures souillées dehors, en attendant de s'en occuper, pui dans le garde manger, chercher de la viande séchée et d'en couper deux tranches. Elle lança la plus grosse à Dagmar, préleva un peu d'eau dans le chaudron (elle était toujours froide, mais plus au point de bruler la gorge), et la versa dans un bol, dans lequel elle fit tremper la seconde tranche.

"Tu vas en faire quoi, de ce môme?"

Nan parce que là, même si elle réussissait à le garder en vie pour la nuit, puis que Bescat l'allaitait, il serait trop faible pour reprendre la route avant plusieurs mois, s'il ne décédait pas avant d'un rhume ou d'une fièvre. Ors Dagmar était souvent sur les routes, en messagère... Donc soit il faudrait qu'elle le pose chez une bonne âme prête à l'élever, soit qu'elle se pose elle même au village en attendant la guérison de l'enfant...

[qu'estce t'as fait pour revenir? t'as eu des supers notes? ^^]

La louve à l'enfant Nombre de messages : 40 Date d'inscription : 10/11/2011

[Hahah! God bless les ordis de la médiathèque! Very Happy

]

Dagmar se rassit près de la cheminée avec Hasting sur les genoux, pas trop près comme le lui avait conseillé la Guérisseuse, puis farfouilla dans sa besace pour en sortir l'espèce de biberon en terre cuite offert par la paysanne. L'anshega se rendit alors compte qu'elle avait complètement oublié son nom. Le nom de la femme qui l'avait hébergé, nourrie et avait fourni de quoi alimenter Hasting lui était complètement passé au dessus de la tête. Voilà bien le genre d'impaire qu'elle ne commettait jamais auparavant. Haussant les épaules, Dagmar concentra son attention sur Hasting, qui semblait presque endormi à présent.
Quand son hôte revin, elle lui tendit le biberon après avoir attrapé au vol le gros bout de viande séché à l'odeur apétissante qu'elle lui avait lancé. Elle macha lentement quelques bouchées, puis posa délicatement Hasting et enleva sa cape pour le poser dessus tout en répondant:

"Je ne shait pas. She penshait le gawrder avec moi shur les rwoutes, mais même avec l'inshtinc de la meilleuwr mèwre anshega, she ne sherait pas bon pouwr lui. Il faudwrdait que she m'awrète pendant quelques temps pouwr qu'il puishe gwrandiwr."

Le regard de Dagmar se perdit dans les flammes pendant qu'elle machouillait sa viande. Hasting s'agita, il venait de prendre consience qu'il avait toujours faim. Une idée germa soudain dans la tête de la louve.

"She pouwrait chasser pouwr vous en éshange de shoin et d'un abrwi, shjusqu'à she que Hashting soit de nouveau en état de voyasher. A she moment là, she rentrerait dans ma meute qui m'offrwira protecshtion, même à contwre coeuwr...elle resta silentieuse quelques instants, puis ajouta:"Peut êtwre voudwriez vous m'accompagner à she moment là?"

[eh ben t'as plus qu'à y venir toutes les semaines! ]

Sélectionnant rapidement les différentes herbes dont elle aurait besoin, Maëlys posa le biberon et s'empara d'un pilon, et entrepris d'écraser ensemble la menthe, l'eucalyptus et le thym. Une teinture aurait été plus efficace, mais elle n'avait pas le nécessaire, alors elle s'en passerait. Dagmar avait déjà réfléchit à la chose, logique. Le prendre sur les routes, hein? Oui, c'était faisable... Quand il serait plus âgé. Déjà que Lunaë, malgré une maturité exceptionnelle avait eu du mal pendant le voyage, elle n'osait y songer pour un bébé...

"Je confirme."

La guérisseuse versa les feuilles écrasées dans un bol, auquel elle rajouta du miel et commença à écraser la viande dans son mortier, pour en dégager le jus, qui rejoindrait la préparation et l'eau chauffante.

"Je pense qu'il ne sera pas question de voyager avant au moins le printemps. Ca ne me dérange absolument pas que tu reste ici, mais ça risque d'impliquer que tu te fasse petite, ou que tu te cache en permanence."

Ca allait faire du bien à leur réputation, tiens. La jeune femme est sa soeur avaient déjà réputation d'être bizarres, il ne faudrait pas grand chose pour qu'on les traite de sorcières... M'enfin, Dagmar avait besoin d'aide, et elle n'était pas femme à laisser tomber les gens comme ça!

L'eau commençait à bouillir dans le chaudron. Maëlys le sortit des flammes, et en versa un peu dans le bol, avec de l'eau froide pour éviter que l'enfant ne s'ébouillante. Oui, la température devrait être confortable. L'enfant avait l'air calme, mais Maëlys ne saurait dire si c'était juste le fait d'être au chaud, ou si l'épuisement était la cause d'une telle apathie. Puis, elle fit tout passer dans le biberon, le secoua un moment, puis le tendit à l'ashenga.

"Ce n'est pas du lait, et même avec le miel, je doute que ce soit à son gout, mais c'est tout ce que je pourrais lui donner avant demain, alors n'hésite pas à le cajoler pour lui faire boire. L'eucalyptus et le thym devraient prévenir la toux et les vomissements, mais veille à ce qu'il boive doucement. C'est plus épais que le lait dont il à l'habitude."

Ou pas... Enfin, au pire, il resterait la solution d'aller en urgence chez Bercat... Et il fallait qu'elle parle avec Goëlia, pensa-t-elle en regardant la porte de la chambre où dormait l'adolescente.

La louve à l'enfant Nombre de messages : 40 Date d'inscription : 10/11/2011

[Ma mère l'a grillée, j'ai du faire profil bas pendant pas mal de temps XD]

Dagmar avalla tout rond ce qui lui restait de viande séchée tout en regardant la Guérisseuse s'activer autour du chaudron et des herbes. Elle reconnu à l'odeur la menthe et le thym, mais ne réussi pas à identifier la troisième. La louve fixa les flammes, les oreilles en arrière, une expression de bien être béat sur le visage. La pression qui lui avait pesée dessus pendant plusieurs jours était retombée et la laissait dans un état un peu somnolent, comme si elle avait prit de l'opium.
Dagmar remonta quelque peu à la surface quand son hôte lui répondit.

"She shuis habituée à être dishcwrète. She pwrétexte habituellement avoiwr eu un aschident qui m'a défiguwré-d'où la capuche-et m'empêche de pawrler cowrrectement. She penshe pouvoir vous jêtwtre utile, de toute fashon."

Dagmar pensait par exemple être capable de trouver des herbes médicinales à l'odeur dans la forêt, à condition bien sûr qu'elle en ait déjà sentit. Ensuite venait ses aptitudes à la chasse et à porter des choses lourdes. Elle prit délicatement le biberon que lui tendait la Guérisseuse dans une de ses pattes griffues et le présenta à Hasting qui gémit et s'agita.

"Et shinon, votre petite sh'est bien remijse?"

La louve commenca à fredonner des encouragement en anshega au bébé qui refusa la mixture dans un premier temps, en bu quelques gorgées, puis s'écarta avec une mine dégoutée. Dagmar insista encore, si bien qu'il se remit à boire, presque à contre coeur.

[Vive le portable dans les transports...]

La guerisseuse hocha la tête en entendant le prétexte que donnait dagmar. Un homme (si elle se souvenait bien, dagmar lui avait dit qu'elle se faisait passer pour un homme pour expliquer sa grande taille) défiguré, surgit de nulle part en plein hiver avec un bébé à demi mort de froid et de faim... Les commères du village allaient s'en donner à coeur joie. Il y avait même de grandes chances que dès demain après midi, la vieille carris, qui gardait les plus jeunes et leur apprenait les rudiments de la lecture, tente d'en savoir plus, auprès de goelia où d'elle même.

Faut vraiment que je parle avec goëlia...

D'abord pour rassurer son apprentie, puis pour voir ce qu'elle devrait raconter. En attendant, maëlys regardait le petit être boire en grimaçant. Elle le comprenait très bien, le pauvre ça ne devait pas avoir bon goût. Mais faute de lievres... Dès que la petite chose aurait fini son biberon, elle le prendrait pour examiner qu'il n'aie pas de blessures, gerçures par exemple.

Lunaë, hein?

"Elle s'est bien remise. Elle avait bien évidemment pris le froid, mais se poser lui à fait du bien, et l'aubergiste nous à hébergé le temps qu'elle se remette, de façon à ce qu'elle ne soit jamais seule, même quand je rendais visite à d'autres malades. Je ne sais pas si elle dort encore, avec le bruit qu'on à fait, mais si ce n'est pas le cas, je ne doute pas qu'elle nous rejoigne bien vite."

En fait, maëlys était quasi sûre que sa soeur était réveillée, et cherchait à l'inviter au passage, si la fillette le souhaitait.

"Il y à aussi goëlia, qui veut apprendre le métier. C'est la petite fille d'un trappeur, actuellement au village."

L'ashenga en deduirait ce qu'il faudrait. De préférence qu'il faudrait apprivoiser la gamune, vu que cette derniere l'avait vue...

La louve à l'enfant Nombre de messages : 40 Date d'inscription : 10/11/2011

[Devine qui a récupéré son ordi!!!]

Dagmar bailla aux corneilles. Sa tête sembla doubler de volume et sa gueule grande ouverte découvrit ses crocs blancs et accérés. Elle cligna une ou deux fois des yeux pour en chasser la fatigue pendant que Hasting s'efforçait avec force mimiques dégoutées de finir le mélange contenu dans le biberon.
La louve continua à fredonner dans sa langue. En quelques jours elle avait fait le tour de son répertoire de berçeuses et de contes chantés, mais il semblait que les syllabes grognées, jappées et ronronnées de la langue anshega apaisaient l'enfant.
Dagmar leva une nouvelle fois la tête vers la Guérisseuse. Elle semblait assez soucieuse, voir nerveuse. Elle regardait aussi Hasting boire, tout en donnant des nouvelles de la Louvette. Le bébé
rejeta le biberon qui était à présent vide. Tout en posant le récipient par terre à coté d'elle, Dagmar demanda:

"Comment sh'appelle-t-elle, d'ailleuwr? puis elle ajouta avec hésitation: "...She n'est pas june enfant comme les autwres, pas vrwai?"

Quand son hôte lui apprit la présence d'une cinquième personne dans la maison, Dagmar ne chercha pas à dissimuler sa surprise. Ses oreilles se dressèrent presque toutes seules et sa truffe palpita tant dis ce qu'elle cherchait à l'odeur la présence de la jeune Goëlia. En effet, il y avait bien une jeune fille supplémentaire dans la maison. Et elle était réveillée.

"J'ai de bonnes rwaisons de pensher que votwre appwrentie aushi est rwéveillée."

[t'as été bien sage? XD]

Retenant un rire lorsque l'enfant rejetta le biberon, Maëlys ramassa le récipient, et le posa sur la table. Il lui semblait que Lunaë et elle s'étaient correctement présentées, ou du moins qu'elle avait appelé Lunaë plusieurs fois. M'enfin, d'un autre coté, elles avaient eu d'autres soucis que de se souvenir des noms les unes des autres... Par contre, comment savait-elle? Ah, oui... Ptet parce qu'elle voulait protéger la petite. Il n'aurait pas été étonnant que la louve aie été "victime" du pouvoir de l'enfant, tout comme Ghar il y a plusieurs mois. Quand à Goëlia... Là, Maëlys éclata de rire.

"Ca, je m'en doute! Et elle serait idiote de ne pas l'être, tu ne crois pas?"

Pas avec l'ashenga, la LOUVE dans la maison... Maëlys précisa sa pensée, sans vraiment prendre la peine de baisser la voix. Après tout, tout le monde était réveillé, et ça ne ferait pas de mal à l'enfant de l'entendre.

"J'ai voyagé assez pour savoir qu'il y a bien plus dangereux qu'un gros loup, surtout quand le loup en question m'a sauvé les miches. Goëlia ne te connait pas, et de ce qu'elle en sait, tu mange peut-être les petites filles, comme lui a sans doutes seriné sa mère à chaque fois qu'elle n'était pas sage."

La guérisseuse avait parlé d'un ton neutre, même si elle avait accentué certains mots, principalement pour montrer la caricature.

"J'irai la voir et la rassurer dès que j'aurais fini avec ton loupiot."

Tout en parlant, elle avait tendu les bras vers l'enfant dans une demande assez claire: "Je peux le prendre dans les bras?" Nan parce que c'est pas comme si elle en avait besoin pour vérifier qu'il n'aie pas de gerçures!

"Quant-à Lunaë..."

Un petit bruit lui fit légèrement tourner la tête, puis sourire. Lunaë était effectivement réveillée, depuis assez longtemps pour ne plus avoir les yeux lourds de sommeil, et venait d'ouvrir la porte de sa chambre, pour les rejoindre devant la cheminée.

"Tu pouvais nous rejoindre plus tot, tu sais, ma puce?"

L'enfant ne répondit pas, se contentant de rejoindre Dagmar, pour lui dire d'un ton posé, celui d'un simple constat:

"Bonjour, Dagmar. Je suis contente de te revoir."

[Fiouh! J'ai eu du mal, celui ci! Je vois avec Embrun si c'est ok par rapport à Lunaë.]

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