Nom : de Négativité
Prénom : Constance
Âge : 21 ans
Race : hypnalisine – race mutante créée par les changeurs à partir d'un aspic et d'un être humain. Voir fiche sur l'hypnalisin pour les détails.
Religion : Ordre du Changement.
Groupe : Ordre du Changement.
Profession (unique): Basse-Changeante au sein de la Main du Changement. Constance oeuvre pour des missions spécifiques et d'une manière générale, en genre de missionnaire, veille à répandre copieusement le Changement partout où il est possible de le faire.
Description physique :Constance est une jeune fille plutôt bien proportionnée avec des rondeurs timides mais assez serpentines pour attirer le regard de ceux qui ne cherchent pas la beauté ostentatoire et les poitrines balconiques. Comme elle aime dénuder ses bras et ses jambes, elle laisse rarement indifférent.
Son visage d'une ronde douceur porte certains traits d'un métissage Hu-Bei au niveau des yeux et à la commissure des lèvres. On trouvera la marque paternelle et plus lourde de son héritage démérien dans ses sourcils épais et foncés.
Par le jeu des aléas génétiques, elle aura gagné d'une lointaine parente une superbe paire d'iris clairs qui confèrent à son visage tout son charme et son attrait. Elle encadre généralement son expression de courtes mèches sombres qu'elle aime triturer, entortiller de petits colifichets et autres petites cordelettes de couleur.
Ses goût vestimentaires sont simples : elle affectionne tout ce qui est léger et attire la chaleur. Courtes tuniques de lin sombre assortie de quelques pièces de cuir souple. On la trouve chaussée de bottines ou de sandales montantes selon ses humeurs.
Nue, n'importe quel œil remarquera les marques lie de vin qui ondulent autour de son corps, son ventre, ses cuisses, partout. Des marques mouchetées de tâches rondes qui prennent la forme de ventouses : des tentacules. Constance porte la marque de son initiation sur elle. Enroulée de Changement.
Comportement :Changeante, inconstante, parfois capricieuse mais plus souvent indécise. Elle se pique d'humeurs spontanées et inattendues chez une fille d'apparence aussi anodine. Un jour coquette libertine, elle voudra porter un soin particulier à son apparence et cherchera le plaisir douillet de la couche d'un garçon aventureux. Le lendemain, maussade et perdue, elle laissera ses cheveux draper son regard d'un rideau sombre et arpentera les rues seule sans chercher la compagnie. Dans l'existence des gens, elle n'est le point de pivot de personne. Elle ne compte jamais assez dans le cœur des gens à son goût, ce qui la pousse parfois à saborder une relation qui pourrait durer juste parce qu'elle pense que ça ne va pas assez loin.
Au final, Constance porte assez mal son prénom.
Mais son nom, en revanche, elle le porte à merveille. La jeune de Négativité répand le déséquilibre. Prêtresse de l'évolution, elle prône le changement avec une conviction sur laquelle on pourrait tordre de l'acier. Ce n'est pas tant qu'elle prêche, c'est surtout qu'elle laisse une empreinte visible. Elle déloge le contrepoids, sourire aux lèvres et s'appuie des coudes avec nonchalance sur la bascule pour faire pencher les plateaux vers l'instabilité.
Quand elle parle, elle évoque avec un plaisir certain l'avènement de jours funestes où des "créatures" improbables jailliront des profondeurs pour faire entrer la philosophie du changement dans les crâne, non, directement en épongeant les cerveaux, peut-être même en pressurant les viscères. A ce sujet, beaucoup diront qu'elle est follement fataliste, allumée de l'apocalypse, déjantée du culte. Mais elle préfère se définir comme une pythie passionnée.
Pour elle, le figisme c'est la mort. Seules les pierres sont immobiles. Et encore… Elle aime le Changement, elle aime quand les choses ne sont pas clairement définies, le chaos. Adepte des plaisirs tactiles qui se basent sur la simple idée que plus on tripatouille, mieux ça va marcher. Elle utilise d'ailleurs souvent sa langue, comme tous ses congénères, pour mieux appréhender les choses, ce qui donne parfois des situations délicates lorsque la "chose" se trouve être quelqu'un.
Fille-serpent, elle aime les petites choses qui réchauffent et notamment l'alcool. Le vin tient la place la plus importante dans sa hiérarchie des spiritueux, de part sa couleur sanguine et de son infinité de variations qui en font sans aucun doute l'alcool le plus changeant. A force d'y goûter par occasions et par excès, elle en est devenue assez experte et amatrice. Il y a dans sa petite cahute, sous le plancher, un véritable trésor liquide : sa cave personnelle. C'est dans ses moments d'ivresse que son regard brille encore plus et la rendra irrésistiblement attirante, ce qui tombe assez mal pour elle vu que c'est aussi à ce moment là qu'elle ne maîtrise plus grand-chose.
De manière plus générale, il y a dans le regard qu'elle porte sur le monde, une part de destruction, une part de malice et une part de rapine. La notion de propriété est assez floue et mal définie chez Constance. Elle vole, sans complexe et donc sans soin particulier. Elle se fera facilement prendre sur le fait et n'aura pour sa défense que son sourire et sa fortune – bonne ou mauvaise -.
Constance de Négativité n'aime pas se battre. Elle qui aspire tant au dérangement, répugne à l'affrontement. A moins de ne pas être impliquée directement, auquel cas il y a un certain plaisir à regarder deux brutes se cogner salement le cartilage. Elle même ne sait pas se battre et ne présente aucune disposition physique ou mentale pour quelque forme de combat que ce soit. En fait, sa particularité raciale la rend plus vulnérable aux blessures. Guérissant moins rapidement que les humains, elle a vite appris à éviter les coups plutôt que de les affronter. Elle louvoie, elle esquive et quand vraiment il n'y a plus rien à faire, elle fuit.
Son approche philsophique est évidemment très teintée de religieux mais aussi de science. L'éducation qu'elle a reçu des Changeurs lui aura conféré une capacité d'analyse clinique et rationnelle. De ce fait, elle dispose d'une certaine immunité à l'horreur même s'il y aura toujours des choses qui impressionnent une jeune fille sans défense.
Les humains construisent, ils érigent, montent sans cesse et tâchent de se hisser au dessus de l'horizon. On peut dire de Constance qu'elle tire constamment vers le bas, sous le zéro, pour arrondir cette courbe et en faire une onde.
Elle fait partie de ces forces dynamiques qui contrarient l'élan pour mieux relancer l'impulsion et faire tendre l'évolution humaine sous une forme sinusoïdale.
Pouvoir(s)/Magie(s) :Sa condition d'hypnalisine ne lui confère aucun pouvoir particulier mais elle possède certaines caractéristiques et une affinité particulière avec la magie. Elle dispose au final de trois pouvoirs qu'elle ne contrôle pas forcément et qu'elle a nommé elle-même :
- La Mue :aspect particulier et imprévisible chez les hypnalisins, chez Constance, la mue a pris une tournure très particulière et bien plus totale qu'un simple renouvellement de peau.
En effet, une fois par trimestre, à la manière d'un cycle menstruel, elle "accouche" littéralement d'elle-même. Une nouvelle Constance naît de l'ancienne, en tout point identique ou presque. Elle passe évidemment d'abord par un stade gravide où elle présente tous les signes d'une humaine enceinte. La différence c'est qu'elle conçoit en huit semaines là où neuf mois sont nécessaires chez les humains.
C'est plutôt douloureux et salement contraignant mais elle fait avec et a même donné des sobriquets personnels aux phases d'évolution.
Son cycle sur trois mois se déroule donc de la manière suivante :
Mois 1-2 / Semaines 1 à 5 : Stade Basaltique.
Rien ne se passe. Tout est calme. Constance peut vivre une vie normale.
Mois 2-3 / Semaines 6 à 10 : Stade Bruyère Fleurie.
La multiplication commence et se traduit par un début de fringale. Parfois quelques nausées matinales. On voit son ventre s'arrondir aux alentours de la semaine 8.
Mois 3 / Semaines 11 à 13 : Stade des "Larmes de Sang" ou Chrysalide.
Période de plus en plus difficile et épuisante pour Constance. Distendue, elle commence par prendre une morphologie plus lourde, mal au dos, elle se traîne. Autour de la semaine 12, approchant de son terme elle finit effectivement par pleurer du sang. A ce stade, le fœtus est viable et pourra survivre sur les réserves de son hôte même si Constance est inerte, en phagocytant ses organes un par un. La gestation se poursuit et se termine irrémédiablement à la fin de la semaine 13, que la mère soit morte ou vive.
L'accouchement en lui-même est très étrange puisque l'enveloppe, la vieille mue, la "mère", meurt pendant le processus (si ce n'est pas déjà le cas avant). Pendant le travail au cours d'un instant bref qu'elle ne pourrait elle-même pas définir, Constance transfère son esprit à son nouveau corps qui s'avère être un clone parfait de l'ancien.
Elle garde les cicatrices, les marques et tout ce qu'elle aura pu accumuler pendant le premier mois de son cycle. En revanche, elle guérit totalement de toute blessure grave, cicatrices ou autre coup qui aurait pu l'affecter pendant les deux mois suivants, son nouveau corps n'en portant alors pas la mémoire génétique.
Il faut voir que Constance émerge de sa mue à sa taille adulte. Ce qui signifie qu'à l'intérieur, passé la semaine 11, son nouveau corps ne se développe plus dans l'utérus mais prend en fait la place de l'ancien petit à petit. Son ancienne enveloppe se révèle alors totalement vide d'organes, ne restant qu'une ossature fine de cartilages souples qui lui permettent de s'en extirper sans trop de déchirures. Fait amusant, son crâne reste intact. Constance laisse sa propre tête derrière elle. La plupart du temps elle l'enterre mais parfois, il se peut qu'elle oublie ou n'en ait pas la possibilité.
Il va sans dire qu'en raison de l'extrême particularité de sa mue, Constance n'a aucun moyen de procréer. Elle consacre sa reproduction à elle-même, ce qui ne l'empêche pas de vieillir mais régénère une partie de ses tissus nerveux et lui confère donc, une meilleure longévité que les êtres humains.
Viennent ensuite les pouvoirs qu'on lui a inculqué et qui ne fonctionnent qu'avec les objets adéquats. La magie de la Main, consacrée aux mutations, est difficile à maîtriser et les conséquences sont souvent à double tranchant. En raison de la demande d'énergie, Constance ne peut utiliser ses pouvoirs qu'en phase Basaltique, ce qui correspond à une période de 5 semaines tous les trois mois.
- Décharge de Négativité : Théorie - Constance peut envoyer une impulsion de Changement dans une plante. Elle n'en maîtrise aucun résultat.
Application - Elle sait juste que le Changement opère alors dans le végétal et provoquera des mutations aléatoires. C'est le pouvoir basique des Changeurs de la Main. Dans son cas, ça ne s'applique qu'aux végétaux.
Modus Operandi – Constance saisit simplement la plante dans sa main et se concentre. La mutation sera plus efficace si sa concentration est plus longue mais dans les faits, il n'y a pas de durée minimale.
Risques et effets secondaires – Il y a peu de risque mais les effets d'une telle opération nécessitent souvent des générations avant d'être visibles. En outre, en temps normal, Constance a en réalité toujours une très faible chance d'inoculer le Changement dans les végétaux qu'elle touche dans sa vie courante, le rituel lui permet seulement de s'assurer de la réussite.
- Singularité de Constante : Théorie - Constance peut invoquer le pouvoir du Changement sur deux êtres vivants pour altérer la constante qui empêche l'hybridation entre espèces ou même entre règnes.
Application - Dans les faits, cela signifie qu'elle pourra utiliser ce pouvoir pour greffer des plantes incompatibles, faire s'accoupler des espèces différentes ou même forcer le mélange entre végétal et animal. Evidemment, ce n'est pas stable et ça n'influence pas le libre arbitre.
Modus Operandi – Constance doit établir un contact privilégié avec chacun des deux éléments qu'elle souhaite mélanger. Un contact est dit privilégié lorsqu'au moins trois des cinq sens sont concernés. La langue de l'hypnalisine qui regroupe le toucher, le goût et l'odorat est donc un instrument privilégié. Il est nécessaire de tenir le contact pendant au moins une minute pour que la Singularité puisse prendre effet.
Risques et effets secondaires – Si le contact est rompu avec l'un des éléments avant que la Singularité ne soit terminé, le pouvoir se déclenche par défaut en la prenant elle, comme matériel vivant secondaire. Elle devient donc capable de s'hybrider avec l'élément qui reste… ce qui n'est pas souhaitable et sans doute très risqué.
- Application croisée :Pour affecter un humain d'une mutation, Constance peut combiner ses pouvoirs de la manière suivante :
1- Envoyer une décharge de négativité dans un plante à pollen.
2- Placer les grains de pollen mutants sur sa langue
3- Embrasser un humain n'importe où et dans le même temps déclencher une Singularité de Constante
4- s'assurer que le pollen mutant a été ingéré par l'humain (pourquoi pas au moment du baiser).
Cette opération a plus de chance de marcher sur une femme que sur un homme.
- Apex Sub-zéro :Encore en apprentissage et non-opérationnel.
Prévisualisation – Accélération métabolique foudroyante. Après une exposition prolongée à la Décharge de Négativité, fera apparaître des mutations inoculées en quelques jours seulement. Provoque la fièvre, la fatigue et peut tuer son sujet si le contact est trop prolongé.
Peur(s) :Constance a peur de bien des choses mais peu sont habituelles.
Son enfance tourmentée et son enseignement un rien poisseux auront eu le mérite de la prémunir contre les formes habituelles de peurs ; violence, bestioles répugnantes et monstres tapis.
En revanche, elle redoute le froid tueur, elle tremble à l'idée d'être privée de soleil trop longtemps. Elle craint les caves, les espaces trop clôts (sans pour autant être claustro). Dans une foule, elle aura toujours peur des bousculades. Beaucoup de ses peurs sont en lien avec ses particularités raciales.
Point(s) faible(s) :De part sa nature fragile, Constance cède a tout : la violence, les menaces, les intimidations et les extortions. Elle ne combat pas et sait qu'il vaut bien mieux donner plutôt que lutter. Ce n'est pas le profil idéal pour une Changeante et ce genre de faiblesse ne lui serait pas pardonné par sa hiérarchie dans une situation critique.
Elle se laisse facilement aller à accorder sa confiance (aussi éphémère soit-elle) à n'importe qui. Elle possède bien quelques pouvoirs mais aucun ne lui sera utile pour résoudre un problème. De plus, sa mue très handicapante la force à se trouver régulièrement un coin tranquille pour accoucher sans se faire remarquer. Il va de soit qu'en renaissant elle passe par une période de désorientation et de trouble pendant lesquels on peut faire d'elle a peu près ce qu'on veut.
Le froid est bien sûr un de ses grands points faibles puisqu'il l'impacte rapidement (de quelques minutes à quelques heures) et peut la tuer dans des cas pas si extrèmes que ça.
En tant que mutante et membre d'une religion elle sera plus ou moins bien vue selon les régions. Quoiqu'il en soit, son schéma de pensée arbitré par le Changement la rend prévisible sur certains points. On sait ce qu'elle réverre et ce qu'elle redoute.
Quelque part dans le sud de Demeria, il y a un gros caillou droit comme la justice laissé là par un peuple antérieur ou un caprice géologique. Les mythe se bousculent et chaque paysan y va de son histoire. La seule chose qui s'accorde entre les récits, c'est son nom : le Mégalithe. De là découle celui du territoire qui l'entoure et de la noblesse régnante : la baronnie de Mégalivité.
La famille de Mégalivité ne possédait pas grand-chose en Demeria. Quelques arpents d'une terre plus dure qu'une tête de vieillard et assez de cailloux (dont un remarquable) pour combler le seul lac de leur propriété. Et quel lac ! Ah ! Le Lac Noir, une espèce d'étendue glaciale et malfaisante qui prenait un malin plaisir à coincer la cheville des baigneurs entre deux rochers ou à lui faire glisser des choses d'une inquiétante viscosité sous la plante des pieds. Le genre de truc qui vous fait sortir des créatures du Changement à la nuit tombée.
Bref, un endroit avec ses pièges aquatiques et ses dons minéraux. Dans le fond, ce n'était pas un mauvais coin pour grandir pour une gamine. Après tout, il y avait aussi des prés, quelques chevaux et des pétales colorées pour l'insouciance et la rêverie. Mais avant d'en arriver là, il y a eu des péripéties.
Pour commencer, le père de Constance. Un personnage maniaque et saoul de travail. Un de ces petits barons qui doivent trimer comme des manants pour tirer de quoi vivre de leur fief. Mais il avait en plus l'érudition et l'éducation propre aux gens de la caste supérieure et s'était même permis quelques virées à l'étranger dans le cadre de négociations avec ses voisins.
Et c'est au cours d'un voyage en délégation commerciale à Athéïle qu'il rencontra sa femme, Mei. Une magnifique Hu Bei qui s'était retrouvé là dans une auberge à la suite d'un périple un peu chaotique et trouble mais impliquant au moins trois déshonneurs, une histoire de vengeance juteuse, deux suicides rituels et une guerre de clan impliquant sa famille.
Autant dire que le courant n'avait aucune raison de passer mais qu'il y a quand même eu coup de foudre. Il l'a ramenée chez lui, l'a épousée et lui a fait une fille douce comme le miel, gentille comme le printemps, etc, etc.
Seulement, rien n'est aussi simple lorsque des filles Hu Bei sont impliquées et qu'il y a de l'honneur et des traditions sous le kimono. Mei était réellement perturbée. Pour elle, devenir l'épouse d'un noble démérien n'avait rien de valorisant. C'était même la plus profonde déchéance. Elle s'est mise à détester cette vie. Elle en devenait allergique, à tel point qu'elle éternuait dans les bouquets chargés de pollen que sa fille lui ramenait avec son sourire candide.
Sa déchéance mentale a duré quelques années, juste le temps pour Constance d'apprendre "Maman", "Papa" et "j'ai faim". Sa déchéance pure et brute a pris beaucoup moins de temps. Ça a commencé par de petites absences et puis de plus longues. Les rumeurs ont commencé à monter aux oreilles du domaine de Mégalivité lors d'une fête donnée en l'honneur d'un quelconque palefrenier qui s'était distingué dans un quelconque concours local.
Cocu, trompé, amant, fuite, poursuite, vengeance furent les ingrédients du drame qui s'est noué autour de la petite tête de Constance. Un matin gris, Mei s'est glissée dans le manoir, a enturbanné sa fille sous une pelure en laine et l'a emmenée pour quitter le pays avec un aventurier qui l'attendait quelque part un peu plus loin dans un bois avec son épée rouillée et sa virilité tout aussi douteuse.
Le voyage ne s'est pas très bien passé. D'abord parce qu'il fallait éviter les sbires de Mégalivité lancés aux trousses du couple en fuite. Ensuite parce que Constance n'avait aucune envie de suivre cet inconnu blond au sourire trop crispé qui l'envoyait tout le temps paître pendant qu'il s'envoyait sa mère dans les buissons.
Assommée par les échos de ces parties frénétiques de jambe en l'air, affamée, loin de chez elle, Constance a fait ce que les enfants font dans pareille situation. Elle s'est adaptée les doigts dans le nez.
La petite s'est mise à jurer, la mince couche de vernis qu'on lui avait inculqué s'est craquelée et les bribes de son éducation ont volé en éclat. Elle injuriait, tirait la langue, montrait du doigt, bref… elle est vite devenue l'archétype de la sale gosse gonflée et insupportable qui ne se calme que lorsqu'on lui colle quelque chose dans le clapoir ; une beigne ou un beignet.
Un soir, dans la chambre minable d'une ville sans nom au bord de la mer D'Izilia, la goutte a fait déborder la coupe. Le coquet amant a frappé Constance une fois de plus et puis il l'a menacée de lui faire bouffer sa langue si elle ne la bouclait pas en vitesse.
Comme en réponse, sa mère, Mei, s'est mise à pleurer, il l'a claquée aussi. Puis il lui a arraché ses vêtements et l'a chevauchée brutalement, faisant trembler le lit grinçant. La pauvre fillette ne pouvait pas y faire grand-chose. Elle a donc ramené ses genoux crasseux sous son menton et s'est endormie en écoutant les coups de butoir du chevalier sans grâce (et sans terre) arracher des cris secs à sa mère.
C'est une main rude qui l'a tirée du sommeil. Le blond la regardait. Constance a tout de suite senti la menace mais qu'est ce qu'elle pouvait y faire ? Elle avait la morve au nez et juste assez de poigne pour retenir sa poupée de chiffons.
L'attrapant par les cheveux, il l'a relevée et lui a planté son index dans l'estomac –lequel s'est mis à gargouiller du coup-.
- Ce coup-ci la mioche je vais pas te laisser m'emmerder plus longtemps. Tu piges ?Les lèvres serrées, elle a opiné. Elle ne comprenait pas mais il ne faut jamais contrarier un homme qui, au lever du lit et sans pantalon, vous tient par les cheveux. Apparemment satisfait de sa réponse muette, il s'est contenté d'une taloche et s'est mis à arpenter le plancher grinçant.
- Habille toi en vitesse et en silence. On va sortir faire une surprise à ta mère.Constance était déjà habillée mais elle ne se sentait pas de lui tirer la langue sur ce coup. Il y avait, dans la manière dont ce type a bouclé son ceinturon où pendait lamentablement son épée, une sorte de résolution du dernier recours. Cette sensation la terrifiait. Cet homme allait la tuer et ensuite il dirait à sa mère qu'elle s'était enfuie.
Elle a bien tenté de hurler ou de s'enfuir justement, mais ça n'a rien donné de concret. Son cerveau venait de couper les ponts. A la dérive, elle s'est vue tirée par le bras au point qu'elle a pensé se faire arracher l'épaule. Bringuebalant dans l'escalier derrière ce joli-coeur débraillé. Il portait encore sur lui l'odeur de sa mère…
Dehors le froid, le pavé glissant, la foule des travailleurs. Oh elle a bien tenté de d'esbigner mais s'est ramassée un tel pétron dans les dents que pendant un moment, elle n'a pas pu respirer et qu'il a été obligé de la porter, comme un sac de pomme sur l'épaule. Le périple inconfortable a duré assez longtemps pour lui flanquer la nausée. Ça ne s'est pas arrangé quand les odeurs de poisson sont venues s'ajouter aux relents de pisse et de rat mort.
A un moment, le type s'est arrêté et a engagé la conversation avec un barbu comme on en voit partout dès qu'il y a des mâts à voilure. Quelques pièces passent d'une main crasseuse à une autre. Elle reprend abruptement contact avec le sol et oscille, bêtement, tandis qu'un filet de morve et de sang s'emmêle dans ses cheveux sales.
Une autre pogne se referme sur son épaule et le visage plissé d'un vieux la détaille.
- Alors la grignette, tu veux passer en Hu Bei ? Dommage que ton vieux puisse pas venir avec toi mais t'en fait pas, nous on prendra soin de toi.Apparemment, le fait que la mioche ait la lèvre fendue et soit sur le point de s'écrouler ne l'a pas choqué.
Vendue comme passagère sur un navire en partance pour Hu Bei, elle s'est vite aperçue qu'elle était vendue tout court lorsqu'on lui a passé un seau et un morceau de savon dur comme le bois. Après quelques jours passés à se casser les ongles à récurer le pont, on lui a fait savoir qu'elle devait descendre immédiatement à la cale et ne pas en sortir.
Ensuite, son premier bain de sang. Les cris, les chocs, l'horreur. Et puis la lumière du jour, crue et dure sur son petit visage qui déjà, avait perdu l'habitude de pleurer.
Un pirate. Dans ses yeux, c'était forcément un pirate parce qu'il sentait le feu, le sang, arborait une barbe d'une grande classe et malgré la crasse, semblait très soigné sur lui. Il a avisé Constance recroquevillée dans son abri. Descendu quelques marches, le gaillard a fait soudainement fait tournoyer ses tresses en pivotant pour planter son sabre dans le ventre d'un matelot planqué sur le côté. Le corps a basculé sur le côté, débaroulé le reste des marches et s'est affalé juste devant les orteils repliés de la gamine. Laquelle, terrorisée, n'a rien dit lorsque le barbu l'a attrapée par le bras et s'est penché avec un grand rictus de dents noires :
- Hé la musaraigne, t'as perdu tes parents ? (Il a regardé le tranchant de son sabre rougi de sang).
Possible remarque. On perd beaucoup de choses en ce moment. (Ça l'a fait marrer).
Elle est donc passée du statut de "corvéable a merci" à celui de "prise d'abordage". Dans les faits, elle a vite compris que ça ne changeait pas grand-chose quand on lui a tendu un seau et une éponge. Comme elle jurait pas mal à l'ouvrage, elle a connu un certain succès parmi l'équipage du Stregon qui, malgré les superstitions l'on érigée en mascotte du navire et se sont attachés à enrichir son vocabulaire à chaque occasion.
Habillée comme une petite contrebandière, elle s'est en quelque sorte trouvée une seconde famille dans la compagnie de ces hommes rustres et violents. Elle était un peu l'exutoire, celle qu'on ne touchait pas parce que même des tueurs sans foi ni loi ont besoin d'un point de repère pour se définir encore comme êtres humains. Ce repère c'était Constance. Evidemment, les choses auraient été infiniment différentes si elle avait eu 14 ans et plus de formes.
Et puis, comme les pirates affectionnent les petites cachettes à butin, ils ont un jour abordé une île pour se reposer, réparer le navire et décharger une partie des gains.
Seulement, pour cette fois ils n'étaient pas seuls. Une bande d'encapuchonnés officiaient secrètement une étrange cérémonie. Ça s'est corsé quand les deux groupes se sont croisés. Pirates contre cultistes, le rapport de force s'est vite déséquilibré quand ces derniers ont fait appel à leur Dieu. Le carnage qui s'en est suivi reste dans les annales du Changement comme "le Généreux Don Sacrificiel du Stregon".
Ne restait que la petite Constance, trop bénigne pour qu'on la remarque dans la mêlée. C'est un prêtre de l'Ordre qui l'a dénichée, amadouée et finalement prise sous son aile. Les adeptes, il en faut toujours. Et des sujets d'expérience, encore plus. De là, une autre île, et puis encore une autre jusqu'à atteindre le saint du saint.
Quelques années plus tard, Constance suivait un enseignement très strict dispensé par une femme à moitié serpent qui lui filait des cauchemars toutes les nuits. On l'a convertie, subvertie, moulée, démoulée, fondue, remoulée pour en faire un parfait petit outil au service du Changement. C'était dur mais elle apprenait à lire, écrire et savait réciter par cœur les préceptes. A cause d'un problème de prononciation quand elle était plus petite, d'un prêtre dur de la feuille ou par impulsion subite, elle a déformé son nom de Mégalivité à Négativité.
Et puis le grand jour est venu, celui de l'initiation. A 17 ans, c'est un âge délicat pour une fille. Celui où certaines choses viennent et d'autres fuient. Constance se posait des questions mais comme on ne lui laissait pas tellement le loisir de se pencher sur autre chose que la religion, elle ne cherchait même pas de réponse.
Ce jour là, elle s'est réveillée complètement nue sur le dallage glacé d'une salle qu'elle n'avait encore jamais vue. Le personnage encapuchonné du fond lui a demandé de se relever.
- Aujourd'hui Constance de Négativité, tu deviens changeante.Sa queue a claqué sur le mur, plusieurs voix invisibles ont émis des stridulations en échos. L'effet sur les tympans était assez désagréable et pourtant, la jeune fille s'est sentie tout de suite à l'aise : c'était l'environnement dans lequel elle baignait depuis des années après tout.
- Derrière toi s'étend le Passage aux Eons- Le passage DES éons.Elle était devenue plus effrontée aussi.
- Non, aux éons.Le tranquille silence qui s'est imposé n'admettait pas de réplique. Il ne fallait pas non plus trop titiller le tentacule des Hauts-Changeants. A partir de là, soit les échos sont devenus trompeurs, soit les voix s'y sont mises toutes à la fois dans une cacophonie grinçante.
- Lorsque tu l'auras franchis…
- Si tu le franchis…
- Peut-être pas toi !
- La chose qui en ressortira sera Constance de Négativité.
- Si quelque chose en ressort…
- Pas de remord.
- Gloire au Changement ! Gloire à Calutanar !Le passage des éons s'avérait n'être qu'un bête couloir. Et c'est bien ce qui a fait tiquer Constance. Ce qui est invisible est ce qu'il faut redouter le plus.
Pies nus, elle a commencé à avancer dans ce corridor ténébreux. Au début, c'était lisse et froid. Puis spongieux et humide. Elle s'est retrouvée à genoux, à avancer à tâtons. Elle s'est trouvée la tête en bas, couverte d'un mucus poisseux.
Elle s'est remise à marcher normalement dans les courants d'air. Il émanait des pierres des lueurs vertes maladives. Elle en était certaine… ces pierres… altéraient sa nature. Plus elle avançait et plus…
Elle a touché du doigt une peau squameuse. Elle a perdu ses jambes. Ses bras ont saigné, une araignée est venue lui coudre la bouche et les paupières. Elle a perdu le contrôle de sa vessie, glissé sur des cafards grouillants.
Puis elle s'est remise à marcher normalement, une fois de plus. Le cœur battant. La nausée, le visage marqué par l'horreur. Elle saignait quelque part mais ne savait pas où. Encore la lueur verte. Plus intense. Elle a commencé à prendre peur mais reculer, c'était repasser par d'autres abominations.
Tout aussi subitement que les choses lui tombaient dessus, elle s'est arrêtée d'un coup, au bord d'un bassin rempli de choses visqueuses bien tassées les unes contre les autres. Tout ça bougeait, gigotait, c'était au-delà du répugnant. Elle a hésité.
- AVANCE ! a rugi une voix.
Elle n'a pas eu le choix, elle s'est laissée descendre dans le bassin en prenant appui sur les mains. Il lui a fallut plus ou moins nager là dedans, ça s'entortillait, ça grouillait… ça sifflait.
Et c'est à ce moment qu'elle a compris qu'elle baignait dans un nœud de serpents. Un frisson glacé lui a secoué l'échine. Des serpents ! Des milliers de serpents lovés les uns dans les autres ! Elle a hurlé. La masse gluante s'est réveillée, elle a senti l'excitation de la jeune fille. Elle s'est excitée aussi. Constance a voulu quitter le bassin plus vite mais ses gestes ne faisaient qu'agresser les reptiles assoupis.
Alors qu'elle brassait avec frénésie, elle a soudainement senti une morsure. Vilaine, brûlante, en plein dans le ventre. Un soupir s'est échappé de ses lèvres.
Coupée net, elle a perdu tout son élan. Qu'est ce qu'elle foutait là au juste ? Son visage s'est fait engloutir sous la marée écailleuse. Elle a coulé lentement, elle a senti les serpents s'enrouler autour de ses bras, ses jambes, son buste, sa poitrine… tout ça…
Elle s'est retrouvée bien après sur un autel au toucher délicatement sablonneux. Tiède et sablonneux. Agréable. On s'y loverait avec plaisir. Constance a ronronné. Puis sifflé de contentement entre ses dents.
Plusieurs têtes ont hoché avec satisfaction. Une voix s'est imposée :
- Relève toi maintenant.Constance a relevé la tête et s'est aperçue du concile de vieillards pervers qui la reluquait tranquillement. Elle a fait la moue.
- Franchement, le bacs aux serpents. Vous auriez pu m'en parler avant !Un prêtre l'a regardée, interloqué.
- Il n'y a pas de serpents dans le bassin.- Maintenant si.- Non, il y a des tentacules.
- C'est même celles de...- Hé, les choses Changent ! C'était des serpents !- Non. Cette partie là, c'est impossible.La jeune fille s'est griffée la tête et puis, d'un signe triomphal a pointé son ventre du doigt. Sur le côté, deux accrocs rouges nettement visibles, là où les crochets ont déchiré sa peau.
- Ah ! Et ça ?!La main parcheminée d'un prêtre s'est déroulée vers elle
- Et ça ? s'est elle vue répondre.C'est là qu'elle a remarqué les marques laissées par les tentacules. Partout. Néanmoins, un des vénérables s'est penché pour examiner la blessure. C'était un des anatomistes du Culte, un spécialiste des corps contrefaits.
- Intéressant. Vu la position, je dirais… mmmh, oui, Constance, il semblerait que le Changement t'ait piquée directement dans un ovaire. Tu es fécondée !- Mais…- Bon et ces serpents alors ?
- Probablement une déformation des visions.
- A quoi pensez vous Vénérable-Changeant ?
- Hypnalisine. Femme-aspic. Et ça fait longtemps qu'on en a pas eu.
- Formidable !- Et… et moi… qu'est ce que je fais ?- Nous devons en avoir le coeur net, si la fille est fécondée, peut-être que le Changement s'exprimera dans son rejeton et pas en elle.
- Oui nous allons surveiller ça de près !La surprise générale évidemment, c'est lorsqu'en 8 semaines à peine, Constance a accouché d'un enfant, d'une fille. Une fille d'âge adulte. Avec un visage familier… enfin c'était Constance. Une Constance sortant de la carcasse mourante d'une autre Constance.
- Qu'est ce que c'est que cette horreur ?!Comme quoi même les Changeurs peuvent être perturbés. Une fois de plus l'anatomiste a offert ses lumières avec un petit rire caquetant :
- Oh oh, je n'en ai jamais vue de telle. Notre créature, c'est elle. Elle suit son cycle !
- Mais et ça ??
- Oh ça. C'est la mue.Rêves et/ou buts : Constance n'est pas une idéaliste. Elle n'a pas d'autre ambition que de continuer à faire ce qu'elle fait, travailler pour le Changement et son avènement tout en sachant qu'elle ne le verra probablement jamais. Elle n'a pas le désir de renouer avec ses géniteurs et pour tout dire, elle les a totalement oubliés.
Autre(s) : Elle dispose d'une chambre, plutôt une cellule, dans le quartier général où elle a étudié sur l'île du Changement. Mais de manière plus pratique, elle possède une cahute au port de Menetyr qui lui sert de point de chute.
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