Rendez-vous au mausolée des anciens [terminé]

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Le lieu-dit du mausolée des anciens, au nom bien peu original, était un petite butte coincée entre deux champs de blé à une lieue de Fentaeris. Tirant son nom de ruines datant, selon la légende, de l'âge des croisades et constituant un ancien cimetière de noble famille, elle était couverte par une végétation touffue et sauvage dans laquelle les paysans superstitieux s'aventuraient rarement pour chercher leurs champignons ou couper leur bois. C'était, en conséquence, un endroit de rendez-vous privilégié pour les guerriers de Zolt de la région qui s'y voyaient convoquer par missive de temps en temps et s'y retrouvaient généralement au crépuscule, ce qui devait aussi un peu contribuer à la réputation douteuse de l'endroit. Que pouvaient bien faire une bande de mercenaires tous plus moches les uns que les autres, seuls dans la forêt...?

Mais Ragna n'avait rien à faire de ces conneries pour touristes. Ayant reçu sa convocation quelques heures à peine après avoir vaincu le pirate sur son propre navire, c'est le soir-même qu'elle prit la route vers l'endroit voulu sans même encore savoir en quoi consisterait sa mission. Sac sur le dos et armure sur le corps, c'est d'un pas décidé et rapide qu'elle avait quitté la ville en empruntant les chemins de campagne. Le temps était froid et son genou la lançait à nouveau légèrement, prévenant probablement d'une dégradation du climat dans la nuit : une couche de nuages blancs faiblement teintés d'orangé par le soleil couchant dissimulait déjà le ciel, annonçant une pluie froide du début d'hiver voire de la neige. Ragna s'en foutait. Ce ne serait jamais aussi froid que chez elle.

Arrivée devant la butte, elle se mit à la grimper d'un bon pas en ignorant la douleur qui étreignait doucement sa jambe, en direction des vieilles ruines et du feu que les compagnons de la région n'auraient pas manqué d'allumer. Espérons pour eux que la raison de sa convocation en vaille le déplacement.

En ce temps froid, les guerriers de zolt c'étaient installés en haut de la bute et y avaient allumés un feu afin de se réchauffer tant que possible. Ce genre de convocation duraient parfois plusieurs heures et sans feu, la nuit auraient été encore plus inconfortable qu'elles ne l'était déjà. Au lieu du rendez-vous s'étaient déjà regroupée une douzaine de guerriers de zolt, tous vêtus de rouges, certains arborant les tatouages rituels, marques de leurs allégeance au groupe. Certains d'entre-eux avait même des noms par rapport à leurs réputation et leurs tatouages, des noms qui reviendraient dans la mémoire de Ragna simplement en les voyants.

Par exemple l'Ours, cet humain si massif et si poilu que l'on pouvait douter de son humanité. On le disait capable d'assommer un homme en bonne santé d'une simple claque. Son tatouage était la gueule béante d'un grizzly, occupant la totalité de son visage et se terminant dans les racines de ses cheveux et de sa barbe. Ou encore Trois-yeux. Une créature évoquant un elfe mais doté d'une autre paire d'yeux et arborant une peaux verdâtre. L'un de ses yeux avait été crevé et son tatouage représentait une épée, dessinée le long de sa colonne vertébrale.

Il fût peu nombreux à ne serait-ce même remarquer Ragna. Certains ne voulant même pas avoir à faire à cette naine au si mauvais caractère l'ignorèrent volontairement. Mais la guerrière fût approchée par un homme. Kedir le Nordique. Appelée ainsi car originaire du Rorkhan, il était l'un des guerriers de zolt les plus proche du Frère actuel et de par son charisme naturel, il faisait souvent respecter lui-même les ordres du Frère de zolt. Approchant la naine d'un pas ferme, il la salua d'un simple hochement de tête avant de lui confier un parchemin.

- Je t'attendais. Les habitants d'un patelin nommé Meroir dans le Menetyr ne semblent pas avoir confiance en l'autorité locale et ont rassemblés assez d'argent pour recruter un mercenaire de zolt. Tu devrais réussir à le trouver sans trop de problème. Les détails sont sur le papelard. Si t'as des questions je te conseil de te démerder, je n'ai pas vraiment le temps de m'occuper de toi et ne me suis pas vraiment préoccupé des détails.

Laissan Ragna à son parchemin, il retourna ensuite près du feu et s'assit sur une bûche avant de saisir un bolet et de se servir une grande louché d'un ragoût qui cuisait.

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Ragna lança un regard circulaire sur cette grosse bande de soudards. Entre les brutes sans cervelle et les hommes-~~paires de bottes~~ lézards, y'avait vraiment pas de quoi faire une parade. Ayant salué le Nordique d'un bref signe de la tête, elle prit le parchemin sans rien répondre et alla dans un coin tranquille, au bord d'un vieux mur dont les pierres étaient recouvertes de mousse, à quelques mètres du feu.

Assise contre le mur, la mercenaire déroula le parchemin pour le lire à la lueur des flammes. Une fois qu'elle aurait pris connaissance des détails de sa mission, elle sortirait de son sac une carte de la région sous la forme d'un second parchemin replié plusieurs fois sur lui-même et l'étalerait au sol pour y rechercher Meroir, évaluer la distance qui l'en séparait, le temps que cela prendrait ainsi que les moyens de transport à sa disposition. En général, elle employait des caravanes pour les longs trajets, négociant un transport gratuit en échange d'une aide à l'escorte. Lorsque le voyage ne durait que quelques jours, cependant, elle se contentait généralement d'y aller à pied.

Inutile de préciser que Ragna ne comptait pas s'éterniser ici et bouffer du ragoût dégueulasse avec eux avant d'y passer la nuit. Lorsqu'elle aurait décidé de la route à suivre, elle s'y mettrait directement, profitant des quelques heures qui lui restaient avant d'être rattrapée par la fatigue. Alors, elle trouverait bien un bois ou un champ suffisamment calme pour y dormir à même le sol, ou, si elle était chanceuse, une auberge.

[color=green]Tandis qu'autour de Ragna, les guerriers de zolts allaient et venaient, buvant, mangeant ou ne faisant que passer pour recuperer un parchemin et aussitôt s'en aller, son voyage s'organisait :

Le parchemin :

Aux guerriers de zolts,

Lorsque notre messager vous délivrera notre missive, notre cauchemar durera depuis à présent 1 mois. Depuis ce moment, les enfants de notre village disparaissent de façon inexplicable. De plus, lors de nos battue à travers la campagne pour les retrouver, plusieurs hommes du village ont eût aussi disparût et certains membres ont été retrouvés, sans que l'on trouve le reste du corps. Nous vous prions humblement de bien vouloir répondre à notre appel et nous envoyer un guerrier qui pourra tuer la ou les choses qui tuent les nôtres. 100 pièces d'or sont promises à votre guilde pour votre aide.

Signé : Mr. Willac, chef du village Meroir.

Lorsqu'elle consulta sa carte, Ragna pût constater que Meroir était un village très proche de la région. En théorie trois jours de marche suffiraient à l'atteindre, quatre en cas de neige. En termes de moyen de transport, il semblait peu probable qu'une caravane de marchandise desserve ce village, trop petit pour représenter un réel intérêt commercial mais rien n'étais sûr. Cependant, la région était fourmillante de bandits de tout poil, des plus désespérés aux plus brutaux.

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Ragna n'avait pas peur des brigands, mais était prise d'un léger doute sur la capacité de paiement des paysans. Ils avaient dû se saigner à blanc pour rassembler tout cet argent, ou plutôt, cet or. Qu'à cela ne tienne : la naine se battait parce qu'elle aimait ça, pour la gloire et pour l'honneur. Les paiements, au fond, étaient secondaires. Elle serait toujours bien mieux payée que lorsqu'elle touchait sa solde au service des Nains de Thâlun, en devant en plus subir une discipline militaire stricte et les commentaires misogynes de ses compagnons d'arme.

Après avoir glissé le parchemin sous sa ceinture et la carte dans la poche de son sac à dos dont elle l'avait sortie, Ragna se releva pour jeter celui-ci sur ses épaules et sans prendre la peine de dire aurevoir, partit sur le chemin qui menait en bas de la butte d'un bon pas, posant le pommeau de sa lance au sol à chaque fois comme on l'aurait fait d'un bâton de marche. Habituée aux longues randonnées en montagne et forte de l'endurance légendaire des Nains, la mercenaire pouvait tenir longtemps à un bon rythme et couvrir des distances impressionnantes, même à pieds. Cela dit et en raison de la douleur qui se faisait toujours sentir dans l'articulation de son genou, elle allait s'économiser un peu, au moins ce soir.

Après tout, si autant de villageois avaient déjà disparu, un de plus ou un de moins ne changeraient pas grand-chose.

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