Bien au chaud

Alors que l'espion marchait dans les cendres ses yeux virent, si ce n'est un miracle, une étrange curiosité : les pas de son alter égo semblaient étaient quasiment réels. Mais Raregord ne savait plus trop ce qu'il voyait, la douleur et la fatigue l'embrouillait. Ses sens n'étaient plus fiables et sa volonté était principalement portée sur ses jambes qui devaient continuer à le porter malgré tout. Sa chanson enfantine s'était alors vite fait remplacé par les paroles de Numéro 2 que son esprit à la limite de l'épuisement s'amusait à illustrer à l'aide de souvenir plus ou moins récent. Les secondes se rallongeaient dans ses micros sommeils.

Tu sais mon petit Raregord, je pourrais très bien enfoncer tout de suite ma main dans cette plaie ...

Les paroles étaient alors illustrée par le puits sombre duquel s'échappait les cris de douleur. Il avait assez entendu de cris pour la journée, voir même pour la semaine ou le mois

... remettre l'os en place et nous ramener à la maison assez vite pour que tu ait une petite journée de repos avant que les conséquences de la guerre ne recommence à te tomber dessus ...

Il revoyait l'armée du Changement, de son briefing avec ces héros de l'ombre, dont un finira avalé par cette magie monstrueuse. Le visage ornée d'une lueur d'espoir quand il avait donné la clé de la liberté aux esclaves et que ceux ci l'avaient utilisé pour combattre. La dague tournant dans l'oeil du taureau se transformant en la créature innommable.

... Tu n'aurais pas la force de t'y opposer. D'autant plus que tu aurais mieux fait de directement t'arracher la côte tandis qu'elle dépassait encore...

Il vit sa mère, alors qu'il était encore enfant, elle l'avait amené voir un arracheur de dent qui, étant donné leur moyen limité, avait une tête assez effrayante. Elle disait alors au jeune Raregord : "Ta dent bougeait ? Tu aurais du l'arracher tandis qu'elle dépassait". L'arracheur de dent approchait avec une pince effrayante et se rapprochait de son torse

...Là je ne vois vraiment pas ce qu'un médecin pourrait faire. Enfin un médecin avec des méthodes scientifiques comme vous aimez tant à Athée tout en oubliant que toute cette bonne science, vous la devez au Changement...

Les médecins d'Athée ... S'ils avaient récupéré cette science du changement, Raregord se rappelait des paroles d'un de ses maitres, lui expliquant la provenances de quelques technique de premier soin : les expériences ratées. Le fait est que la médecine n'a jamais été totalement acquise et qu'en voyant les dégats que font certains soin, le Changement était surement impliqué la dedans

...Mais peu importe, même si on nous vient en aide ici ou plus tard dans la cité, ta vie sera un enfer à cause de cette côte. Tu ferais mieux de...

Enfin ses paroles cessaient, à moins que son esprit ait décidé de flancher et de laisser le pauvre espion s'écrouler telle une marionnette à laquelle on aurait coupé les fils. Mais il semble finalement que certains fils avaient subsistaient, du moins c'est ce que l'Archiviste cru tout d'abord. Alors qu'on le portait, et qu'il s'enfoncait dans les ténèbres de sont esprit quelques mots s'échappèrent de ses lèvres, à peine perceptible

"Athée t'emmerde ... Numéro 2"

Ainsi sombra Raregord Varkarian, résistant jusqu'au bout face à la douleur et à la fatigue physique et mentale.

...

Mais quelque chose l'aidait, il ne savait pas quoi ni qui, mais il avait vu ses pas dans la neiges alors que son corps se refroidissait, anesthésiant la douleur. Combien de temps la marche dura et où elle les menait étaient deux question auxquelles l'espion ne pouvait répondre mais en fin de compte il ne s'en souciait plus. Il savait qu'il était encore en vie de part son corps meurtri de mille douleurs. Il ne pouvait qu'attendre à mi chemin entre les rêves et la réalité, là où son alter égo ne pouvait lui parler ou le déranger, un endroit mine de rien reposant. On s'occupait de lui, chose assez insolite pour lui qui avait certes connu la compagnie des humains mais jamais sans qu'il n'ait joué de ses charmes ou de sa ruse. Si la personne était une athéenne, il avait eu une sacré chance mais il était risqué de se laisser aller à la conjecture heureuse étant donné qu'il ne pouvait rien changer à la situation, autant rester dans le flou et ne s'en préoccuper qu'au dernier moment.

Ce moment arriva à l'instant où ses sens reprenaient le dessus sur sa faiblesse et sa fatigue. Certes son gout avait toujours été réveillé, malheureusement, à cause des diverses mixtures bizarres qu'on lui avait donnée. Cependant ses paupières avaient fini par se libérer peu à peu des poids qui se pesaient dessus et son ouie était titillée par le crépitement du feu dans l'atre. Alors que la lumière n'éclairait plus grand chose mais arrivaient néanmoins à avoir une idée de l'espace dans lequel il se trouvait, Raregord resta silencieux, immobile. Son esprit étaient assez clair pour savoir qu'il était toujours bon de savoir où l'ont se trouvait avant de faire remarquer à une personne inconnu qu'on était conscient. Il se mit à écouter tout ce qu'il pouvait identifier, repérer tout les indice et sentir tout les fumés qui pouvaient lui sentir familier. Ensuite, par curiosité il voulut touché ses bandage avant de voir si la peau sous son gant blanc avait pris une teinte grise. Il s'était bien gardé de la regardé jusqu'à présent, par crainte.

La pièce était pour le moins spartiate. Le sol était fait de terre battue, les quatre murs étaient nus sinon une porte et une cheminée qui en étaient les seuls possibles forme d'ornement. La porte elle-même n'était qu'un assemblage de planches usées dont on avait comblé les nombreux trous à l'aide de chiffons imbibés de goudron pour conserver la chaleur. Le seul mobilier était le lit au matelas de paille sur lequel reposait Raregord, une paillasse proche de la cheminée, une chaise au chevet de l'archiviste, la table sur laquelle s'affairait l'homme et un pot de chambre vide à la propreté relative. Pas une seule fenêtre et la lumière jaune du feu de cheminée était trop mal orienté pour illuminer le plafond qui devenait une voute de ténèbres au-dessus de la pièce. L'odeur dominante était un mélange de renfermement et de fumée. Comme si on avait d'abords allumé le feu avec du bois trop humide à chaque fois qu'il s'éteignait et que les deux hommes avaient passés plusieurs jours dans cette pièce. Mais plus subtile, il y avait aussi une odeur de nourriture qui ne manquerait pas d'éveiller un appétit qui n'avait pût se satisfaire de rien de consistant durant l'inconscience d'un certains Raregord. Le restant du corps de l'agent semblait normal. Sa main dégantée était d'une couleur parfaitement normale si ce n'était cette fine blessure sur sa main gauche mais ce n'était probablement rien qu'une égratignure que l'obscurité assombrissait.

- Le sédatif devrait cesser de faire effet à présent, murmura une voix.

La silhouette à la table versa ce qui ressemblait à de l'eau dans un quelconque récipient puis se tourna vers Raregord en portant un bol fumant contenant une cuillère en bois. Il s'approcha précautionneusement de Raregord, veillant à surtout ne rien renverser du contenu du bol. Puis il s'assied sur la chaise avant de poser doucement le bol fumant sur son genoux, le maintenant en place d'une main tendit qu'il tendait l'autre vers l'archiviste. Se saisissant avec fermeté, il agita un peu Raregord en déclarant :

- Réveillez-vous. Il faut que vous mangiez.

L'estomac de l'agent du Joyau ne pourrait ne pas être en accord avec cette sage parole. Mais peut-être la vision qu'offrait l'homme aurait-elle du mal à s'associer à l'appétit. Ses yeux s'étaient couverts, comme atteint de la cataracte et ne laissant que deviner les pupilles tandis que sur sa gorge, de longues marques grises montaient sur sa peau, montrant déjà les prémices de leurs apparition sur le visage de l'homme comme si elles progressaient peu à peu. En parallèle, le crâne de l'homme semblait curieusement allongé en hauteur, comme si quelque chose voulait sortir de son crâne mais ne parvenait qu'à étirer la boîte crânienne. Ces traits s'étaient donc étirés en conséquences, son nez s'étaient aplatit et ses lèvres avaient presque disparues. Cependant il était encore humain, cela ne faisait aucun doute.

Raregord regardait autour de lui malgré son regard fatigué découvrant l'antre dans laquelle il se trouvait. Des murs fait de matériaux bon marché. Pas de fondation, à proprement parlé donc une sorte de bidonville. L'espion voyait néanmoins du goudron et des chiffons, des matériaux de construction que l'on trouve dans les batiments athéens. Vu la qualité, c'était surement l'un des quartiers pauvres, celui des Armes ou de la Terre, les autres étaient bien trop développé et peuplé pour laisser de telles maisons gacher le paysage. Enveloppé de ténèbres, l'espion voyait son sauveur après avoir entendu sa voix faible. Il eut alors une vision qui était loin de le faire passer dans le camps du changement. Son visage semblait marqué de ce gris qui lui allait si bien à en croire Numéro 2.

Cependant, même si le sauveur était un membre du changement, Raregord n'allait pas refuser des soins gratuit et surtout un sauvetage dans les règles de l'art. La situation dans laquelle il l'avait trouvé ne lui permettait pas de faire la fine bouche, tout comme la situation actuelle d'ailleurs. C'est pourquoi l'espion accepter d'obéir à son infirmier, même si son visage ne lui inspirait nullement confiance. Après réflexion, cela ne venait pas vraiment du visage de l'infirmier mais d'un réflexe professionnel qui disait a Raregord de ne jamais être véritablement sincère et de toujours chercher une échappatoire au cas où. Enfin tout cela n'avait aucune importance, cette personne ne connaissait pas l'espion et encore moins son implication dans la bataille. Il faut dire que la dernière chose donc il se souvient c'est d'avoir retiré son masque, son armure et déchiré sa chemise que son sauveur a du le trouver. Le tout est de savoir si lui aussi est capable de sentir le changement. C'était l'occasion rêvée pour faire un test, voir même pour avoir un contact dans cette secte, ca peut toujours servir.

Acceptant de manger le repas que l'inconnu lui avait préparé, Raregord restait tout d'abord silencieux, détaillant sans crainte aucune le visage déformé du propriétaire des lieux. Malgré son état catastrophique celui ci avait réussi à faire baisser sa fièvre et surtout à éviter que il ne meurt d'hémorragie, il possédait donc des connaissance en médecine, le don du changement comme disait l'Autre. D'ailleurs en parlant de l'Autre, il semblait avoir disparut juste à l'instant où mon sauveur était arrivé, avait il eu peur ? Avait il un moyen de le repousser ? Son visage montrait que le changement avait quelque peu pris son dû sur son corps mais pas totalement, peut être était il donc comme Raregord, mais en plus évolué, ou plus infecté. Une fois son repas terminé, l'espion prit la parole.

"Où sommes nous ?"

Le repas était une soupe de légumes probablement épaissies grâce à quelques pommes de terre et quelques morceaux de fromages. Un repas simple et liquide mais qui aurait été déjà très consistant pour un organisme entrain de se remettre d'une épopée telle que celle que Raregord avait traversé. Pourtant étonnamment, alors que la nourriture commençait à faire part de son organisme, l'agent du joyau pourrait sentir la fatigue se dissiper, ses courbatures se faire sentir moins fortement et ses sens retrouver leurs efficacité pleine. Se lever représenterait toujours un danger potentiel, il n'était pas difficile de sentir les fils tendus qui avaient recousus sa peau à hauteur de la côte fugueuse mais clairement, il était en bien meilleur état que ce qu'il aurait pût espérer dans ses espoirs les plus fou de rémission rapide en comparaison aux épreuves des derniers jours. Alors que Raregord remarquerait ce petit miracle, un ricanement venant de l'homme le rappellerait à la réalité. Vadorian alias Numéro 2 se tenait en lieu et place de son hôte.

- Il faut croire que pour certains aspect du Changement, tu n'aura pas le choix mon cher Raregord. En lieu sûr.

Il n'y avait eût pour ainsi dire aucune coupure entre les deux voix. Pourtant le visage de l'homme était redevenu ce faciès déroutant voir dégoutant mais la voix et même l'intonation avait changé pour redevenir celle qui devait lui être propre. L'homme se lève avec le bol vide et le ramène sur la table. Puis il revient auprès de Raregord avec un rouleau de bandage, un pot d'onguent et quelques fournitures propres à une médecine de campagne mais de la bonne médecine et aucune magie. Du moins rien que l'agent du Joyau puisse reconnaître. L'homme porte ses mains sur les bandages de Raregord, dévoilant des mains osseuses aux doigts surnaturellement longs mais dextres. Il défait habilement les bandages et pose un regard sur la plaie. L'absence d'odeur indiquait une absence d'infection cependant, là où la côte avait transpercé la peau, les contours de la cicatrice présentait un aspect gris sombre ressemblant de loin à un amas de poussière ou de la moisissure. Pourtant l'homme ne paraît pas troublé. Il applique une douceur qui demeure légèrement douloureuse, un peu d'onguent odorant avant de refaire les bandages de Raregord. Il ramène ensuite les fournitures à la table et s'assied sur la chaise au chevet de Raregord. Il attend.

Alors que la voix de Vadorian sortait de la bouche du guérisseur, Raregord ne put s'empêcher de penser que ces jours voir semaine de convalescences dans le silence devaient bien se terminer un jour, et bien c'était aujourd'hui. Il était revenu ... toujours aussi loquace et sans gêne. La preuve était faite que Numéro 2 était non seulement insupportable mais en plus il était sans gêne. A moins que ce ne soit l'esprit de l'espion qui s'amuser à troubler sa vision et son ouïe. Ce n'est pas comme si lui même n'avait jamais fait cela. C'était une sorte de spectacle de ventriloque avec comme poupée un vieux machin doué de ses long doigts. Ne prenant même pas compte les paroles de Numéro 2, l'Archiviste ne put s'empêcher de noter le mutisme étonnant des gens parfois, en particulier des personnes que l'on soigne. Si le soldat qu'il avait tenté de mettre en lieu sûr s'était réveillé dans les égouts, il aurait tenté de lui donner une estimation des précision aussi précise que possible pour lui permettre de se retrouver des marques et surtout d'éviter le moindre stress. Dans le cas présent, M*rde au stress, comme dirait l'autre d'autan que ...

"Ouah ! C'est normal le machin gris là ?" dis je avec un air assez inquiet

L'homme sembla certes ne pas s'inquiéter alors qu'il y appliquait un onguent mais depuis que j'avais vu de mes yeux un barbier Démérien faire une saignée, j'avais une petite appréhension en ce qui concernait les soins locaux. Par réflexes, je placais ma mains à l'endroit où devait se situer ma côte cassée pour voir si elle était encore là avant de faire une première tentative pour avoir une position moins étendue et un peu plus relevée.

"Dites ... euh monsieur ... je suppose ... où est ce que vous m'avez récupéré ? Où sont mes affaires ? Ah et aussi, qu'est ce qui vous est arrivé le ... enfin le ... on vous a aussi proposé d'être une "chrysalide" ?"

L'homme se trouble rapidement de l'attention que lui porte Raregord. Au début il semble surpris, comme si il ne s'attendait pas vraiment à ce que le blessé s'adresse à lui. Puis il balbutia un peu tout en passant une main sur son crâne déformé, les yeux observant autour de lui, comme-ci il essayait de se rappeler quelque chose. Finalement l'homme prit un air apuré en voyant Raregord essayer de se redresser. Il vînt appliquer ses deux mains aux longs doigts sur les épaules de l'agent pour le forcer à se recoucher. A ce moment, quelque chose avait changé dans son regard. Quelque chose de plus décidé, brillant. Comme une lame de volonté au travers de son esprit troublé. Une fois s'être assuré que Raregord était de nouveau couché, ce qu'il avait fait avec une force que les longs doigts osseux ne laissaient pas présagés, l'homme se rassoit sur le tabouret et déclare :

- Je... J'ai du mal à me souvenir. Mais je le devais. Je ne pouvais pas les laisser mourir. Vous étiez partit. Mais ils sont quand même morts. Alors je vous ai cherché. Mais il y avait des gens à aider. Je ne pouvais pas le faire tout seul. Mais Il était là.

L'homme se leva brusquement, renversant le petit tabouret dans son mouvement, ses yeux s'embuant de grosse larmes sombres qui roulaient sur ses joues en y laissant des traînées grises. Dans le même temps, à mesure qu'il parlait, ses lèvres presque disparût révélaient des dents apparemment humaines mais particulièrement petites et nombreuses.

- Elle allait brûler. Je... Je n'avais pas le choix. J'ai supplié. Mais personne ne m'a aidé quand il était là. Il m'a tendu la main et je l'ai prise.

Puis les larmes cessèrent de couler et malgré la manche sale qui essuya le visage de l'homme, les trainées grises restèrent. Il remit le tabouret en place et s'assit à nouveau dessus en regardant Raregord.

- Mais maintenant que je vous ai trouvé, tout va bien.

Sa voix avait légèrement changé. Quelque chose de subtil. A peine perceptible. Peut-être était-ce même seulement dû à l'émotion mais du même côté, la transformation de cet homme avançait de manière visible. Déjà les striures grises de son cou courraient le long de sa mâchoire. Si on devait parler de chrysalide dans le cas de cet homme, alors elle se fendillait et on apercevait déjà les ailes du papillon. Cependant, dans un coin de la pièce, une silhouette sombre aux riches vêtements ricanait.

- Tu vois Raregord, j'ai utilisé la métaphore d'un papillon dans ton cas car, soyons honnête, je suis magnifique. Mais celui là n'a pas la même chance. Cependant tu devrais le garder prêt de nous. J'ai le sentiment qu'il peut nous être utile.

Raregord sentait que les éléments passé se bousculaient dans la tête déformée de son sauveur. Il supposait que le passage où on lui proposait quelque chose était la même chose que lui avait proposé le minotaure avant que son sang et du liquide cristallin ne vienne se répandre sur les pavés d'Athéile. L'espion n'en croyait pas ses yeux. La sensation d'avoir une dette encore le changement se transformer, comme la chrysalide, en une sérieuse rancune envers lui. Une autre preuve qui venait s'ajouter sur la balance de la justice en défaveur de ces religieux. Il était passé bien au dela de la colère. Cette dernière entrainait des actions inconsidérées. Au contraire, la rancune permet des actions calculées et une motivation efficaces pour des opérations de destruction. La colère était un feu qui exacerbait les sens et ravageait l'esprit alors que la rancune était une lumière qui guidait la réflexion. C'est ainsi que l'espion respira un bon coup avant un visage plus neutre et plus faible. Décidant d'éviter de parler à Numéro 2 en présence d'une autre personne, il se concentra sur son sauveur.

"Monsieur, vous avez un nom ?"

Il avait prononcé cette phrase en posant sa main, toujours marqué de son auto mutilation, sur le genoux du guérisseur comme pour lui signifiait que même si son esprit était embrouillé, lui était bien là, il n'était pas une illusion provoqué par sa transformation. C'était aussi un geste affectif qui montrait une reconnaissance et l'apparition d'un lien entre eux deux. Ces liens que les gens négligeaient bien trop mais qui étaient si important pour nous. Ces liens que l'homme, au vue de l'endroit où il vivait, avait totalement disparu de son esprit mais surement pas de son coeur. Le fait est qu'il était toujours bon d'apprendre à connaitre les gens et que cette apprentissage était une affaire d'échange et de partage ... Même quand le partage n'est pas réellement équivalent comme dans ce cas

"Moi c'est Vadorian Arkerag" dit il en proposant la main droit pour le saluer d'une poignée de main

Au début, il semble chercher le fameux nom que lui demande Raregord. Un peu perdu. Il semblait presque se demander si il avait effectivement. Mais toujours quelque part cette lame de volonté qui s'émoussait, n'avait pas cesser de briller pour autant. Finalement, probablement par mémoire à la fois intuitive et musculaire, il fait un garde à vue sommaire qui aurait donné des nausées à un officier supérieur mais qui signifiait bien que l'homme n'avait pas été un civil parmi tant d'autre prit dans la tourmente. Il avait été un soldat qui s'était littéralement jeté corps et âme dans la tempête au secours des civils sous sa responsabilité.

- Acilid Dè Carvallo. Enfin...

Ce nom serait familier à Raregord. Saurait-il se rappeler lequel de ses anonymes qui servait le Joyau en temps de guerre avait pût avoir une importance suffisante pour que le nom revienne à la surface de sa mémoire de la sorte ? Un nom ramené par la volonté tranchante d'un homme qui affrontait la transformation qui l'affectait de manière bien plus rapide que cela n'était le cas pour Raregord. Cette lame de volonté, elle perdait visiblement son éclat et son tranchant. Il n'était même plus sûr du nom qu'il portait. Du moins il n'était plus aussi sûr qu'il l'était lorsqu'il avait prononcé le nom de façon parfaite, sans la moindre hésitation, sans le moindre tremblement.

- Sa transformation lui coûte sa mémoire. Déclara Vadorian, la voix dénué de tout mépris pour une fois mais plutôt l'air pensif.

Vadorian s'approcha de l'homme qui semblait plus confus encore qu'auparavant. Son visage gris était tout proche. Si proche que si il n'avait pas été accessible à la seule vision de Raregord, son souffle aurait parcourût la peau grisonnante d'Acilid. Il l'observait sous toutes les coutures qu'il pouvait sans avoir à bouger l'objet de ses observations car probablement incapable d'interagir avec la réalité de Raregord. Mais soudainement, un air de profond mépris revînt sur les traits de Vadorian qui crachât à l'adresse de l'agent des services de renseignements :

- C'est un savoir qui s'est enterrée dans une partie de ton esprit. Nous saurons peut-être quand tu acceptera finalement le cadeau qui t'es fait.

- Ce... Ce n'est pas votre vrai nom n'est-ce pas ? Demanda timidement Acilid après ce qui avait été, pour lui, un silence.

Une main aux longs doigts osseux passât sur le crâne allongé, effleurant le peu de cheveux qui se trouvait au bout et en emportant quelques-un au passage.

- Je me souviens... Du masque.

Une seconde mains aux longs doigts prit un objet sous le lit de Raregord. Un objet de céramique blanche. Sans nul doute le masque de Raregord mais là où la Bête du Changement avait tracé des sillons de ses dents, il ne restait plus trace de la morsure que trois sillons d'un gris sombre légèrement plus foncé que la peau de Vadorian.

Le cadeau qui avait été fait par le changement ? Perdre non seulement son intégrité physique mais aussi sa mémoire, quel cadeau ? Le travail avait il commencé ? Avait il déjà perdu sa mémoire qui lui avait permit d'avoir le titre d'Archiviste auprès de son patron ? Raregord ne voulait vraiment pas que ca arrive. Mais déjà Acilid mettait sa mémoire à l'épreuve. Ce nom ne lui était pas inconnu et à la réaction de celui ci avec le masque prouvé que ce n'était pas son visage qu'il connaissait, mais son masque. Il avait peut être travaillé avec lui ou simplement croisé lors d'une mission. Il y avait une bonne manière de le savoir.

"Vraiment et quelle est mon nom alors ? Comment être sûr que ce masque n'est pas une parle copie reproduite ?"

Intérieurement, Raregord espérait qu'Acilid ait travaillé pour ou avec lui, pour pouvoir lui reconstruire la un visage voir des souvenirs qu'il avait peut être perdu. Raffuté cette lame qui semblait tant émoussée. Si Acilid connaissait l'existence du "R" placé sur le masque ainsi que son nom "Raregord", cela voulait dire que c'était un collaborateur. Dans sa tête, l'espion essayait de passer en revu tout les collaborateur de la région pouvant porter un nom similaire ou le connaissant ce vu, mais la liste était bien trop grande. Trop d'années pour le dire, trop de nom à se souvenir alors que son esprit se remettait doucement de sa longue torpeur. Il savait quelques éléments sur lui, son nom présumé, il connaissait des techniques de guérisseurs, c'était un homme qui le connaissait de près ou de loin (à déterminer).

"Et puis, ce n'est qu'un masque, qui vous dit que je ne me nomme pas Vadorian Arkerag ..."

V A D O R I A N A R K E R A G ... RAREGORD VARKARIAN ... 1"v", 4"a", 1"d", 1"o", 3"r", 1"i", 1"n", 1"k", 1"e" et 1"g". Mis à part les deux "r" manquant, c'étaient les même lettre que son nom. De plus Numéro 2 n'avait pas écris son nom mais seulement prononcé et en prononciation un "r" peut en cacher un autre. La coincidence était trop grande et Numéro 2 bien trop arrogant pour que la coincidence soit réelle. Et si Acilid avait, malgré toutes attentes, perdu aussi son nom pour le remplacé par le nom de son "nom véritable", comme le disait numéro 2. Si le nom d'Acilid Dè Carvallo ne lui revenait pas, peut être l'espion devra-t-il chercher à découvrir le nom qui se cache derrière ses lettre. Cette simple présentation s'était transformé en une énigme réveillant peu à peu l'esprit de Raregord. S'il arrivait à se rappeler, peut être que l'espion pouvait placer le premier coup d'épée dans le petit doigt de pied du changement, celui d'affuter cette lame affuté qui avait cessé d'être mortelle

Acilid semblait perdu par toutes ces questions qui demandaient la stimulation d'un intellect qui semblait s'être limité, au moins depuis le début de sa transformation. Il pouvait aussi bien avoir été un homme assez simple l'ensemble de sa vie mais les changements qui s'opéraient en lui lui coûtaient déjà la mémoire, Vadorian l'avait dit. Vadorian qui portait apparemment un nom tiré de celui de Raregord. Ce qui serait logique si l'archiviste parvenait à se rappeler des paroles de son alter ego. Acilid lui aussi devait se rappeler de choses. Son regard craintif esquivait celui de Raregord et s'activait le long de la couche de l'agent des services de renseignements, comme si il craignait qu'un quelconque danger en vienne, passant sa longue main sur son crâne qui perdait quelque cheveux à chaque passage. Ses lèvres presque entièrement disparue s'agitait silencieusement comme si il tentait de penser à voix haute tandis que son autre main caressait doucement le masque de céramique, comme pour ce rassurer, suivant les trois longues traces grises. Finalement, l'homme leva un regard plein de nouvelles larmes sombres et déclara :

- J... Je ne me souviens pas. Seulement l'homme au masque. Il nous dit quoi faire. Vous nous dites quoi faire. Mais il ne nous donne pas son nom. Il .. Il est secret. Nous courrons et... je... et je glisse, mais il y à plus urgent. Personne ne s'arrête. Je... J'ai faillit tomber mais je suis remonté et j'ai rattrapé les autres.

Acilid détourne une nouvelle fois le regard, n'osant pas braver plus longtemps celui de Raregord, changeant le masque de céramique de main et passant sa main droite à l'arrière de son crâne, la passant dans ses cheveux qui continuaient de chuter régulièrement.

- Vous êtes lui parce que vous aviez le masque et... et vous vous battiez avec Ioseph ! S'écrit Acilid, comme prit d'une soudaine révélation qui le pousse à relever le regard vers son interlocuteur.

Mais avec cette révélation roule une larme curieusement teinté de rouge sang. Les larmes ne sont plus seulement grises mais ce sont des larmes de sang que pleure l'homme qui ne semble pas s'en soucier d'avantage que cela, le regard de toute manière trop humide, il ne s'en rend peut-être même pas compte. Mais Ioseph était un autre nom qui évoquait quelque chose à Raregord. Un travail très récent. Peut-être après que Henrique l'ait convoqué dans son bureau alors que l'on soupçonnait l'attaque à venir des religieux ?

C'était un de ses agents, Raregord ou du moins il avait travaillé avec lui quand il était masqué. Il disait qu'il donnait des ordres, c'était surement des missions de soutiens mais le fait est que la mémoire de l'espion défaillait légèrement. Signe du début de la transformation ? Peut être, allez savoir. En tout cas Raregord ne voulait pas que cela lui arrive et le meilleur moyen d'éviter de perdre sa mémoire c'est bien de la travailler, mieux encore, il faudra qu'il écrive ce qu'il devait se rappeler, ses principales idées, de quoi se rappeler qui il est vraiment et à qui faire confiance. Mais l'instant présent était plus important pour Acilid. En effet Raregord sentait avoir une certaine part d'influence sur la restauration de la mémoire de son collègue.

"Ioseph ? Que peux tu me dire sur lui ? Te rappelles tu de son visage ? Concentre toi, vieux. Je sais que c'est difficile. On est dans le même bateau toi et moi. Ce qu'ils t'ont fait, ils me l'ont fait aussi. Notre mémoire c'est la clé, Acilid, c'est ce que nous sommes, ce pour quoi nous nous somme battus. Ils tentent de nous la voler pendant la transformation mais nous devons nous rappeler. Concentre toi sur Ioseph, essaye de te rappeler de lui, de quoi il avait l'air, où cela se passait il ?"

La voix de Raregord était aussi énergique que lui permettait son état. Afin de lui stimuler sa mémoire, l'espion le prit le masque délicatement des mains de son interlocuteur avant de le placer sur son visage. Ainsi, il tentait de provoquer un déclic dans l'esprit de l'homme qui retrouvait peu à peu sa mémoire par bribes. La lumière ambiante était sombre, calquant assez bien avec l'obscurité dans laquelle l'archiviste avait l'habitude d'opérer. Intérieurement Raregord avait envie d'aller jeter un oeil dans ses archives, une planque où il avait l'habitude de planquer ses registres d'agents, écrit dans un code que lui seul connaissait et caché dans un réceptacle piégé. C'était le meilleur moyen de savoir si Acilid était un de ses agents de terrain attitré ou simplement une personne recruté pour un travail afin de l'aider à se souvenir

Vadorian était resté à l'écart pendant un instant mais soudainement, l'alter-ego aristocrate de Raregord écarquilla les yeux tout en observant Acilid. Les larmes contenaient d'avantage de sang à chaque seconde tandis que Acilid semblait recherché les souvenirs perdus. A présent, ses cheveux tombaient d'eux même mais son crâne se piquetait lui aussi de gouttelettes de sang pourpre qui commençaient à courir sur la peau tendu de sa tête. Pendant ce temps, ses mains semblaient comme prises de tremblement qu'il ne remarquait même pas alors qu'il continuait de les agiter comme si cela l'aidait à réfléchir plus vite ou mieux.

- Ioseph... Je... Ioseph était avec nous quand nous sommes partit et il courrait aussi sur les toits. Il était plutôt fort pour un soldat mais il était pas fait pour la discipline. Il n'avait pas l'esprit solide... Alors il... Il à voulût vous tuer et vous à poursuivit ! Et puis il y avait Lorenz et Fransisco. Io... Ioseph avait le nez cassé avant.

La joie perçait dans la voix d'Acilid tandis que le sang affluait de plus en plus, s'écoulant à présent également par son nez, couvrant les sillons gris sombres qu'avaient laissées les premières larmes sans pour autant les faire disparaître. Mais Acilid ne semblait pas souffrir, il souriait presque, plus sûr de lui et son ton hésitant, presque soumis disparaissait tandis que son fin sourire révélait ses gencives derrières ses fines lèvres qui commençaient elles aussi à saigner autour de ses petites dents

- Arrêtes, gronda Vadorian à l'attention de Raregord. Arrêtes le maintenant ou je nous forcerais à le faire et ça n'aura rien de joli.

Le ton de Vadorian était dénué du moindre mépris mais plutôt emplit de colère et de peur. Raregord pourrait sentir cette colère et même cette peur naître en son propre cœur tandis que ses muscles se tendaient progressivement. Son poing droit commençât même à se contracter avec suffisamment de force pour en faire blanchir les jointures de l'Archiviste. Raregord savait-il ce qu'il faisait ? Jouait-il avec la magie du Changement au détriment d'une vie ou était-il entrain d'empêcher une transformation ? Il n'y avait vraisemblablement qu'une seule façon de le savoir mais dans les deux cas, cela serait probablement lourd de conséquences. En tout les cas, Acilid semblait tout à fait capable de continuer à donner des détails sur Ioseph mais il semblait que quelque chose de plus important lui avait traversé l'esprit. Il arrêta une seconde, se calmant légèrement tout en passant sa main droite sur son crâne couvert de sang sans même sembler ce soucier du fluide vital qui s'échappait de toute part.

Raregord voyait Acilid en train de mettre son corps à l'épreuve. La douleur ne pouvait certainement pas atteindre l'esprit du pauvre homme à cause du la mélasse d'oubli dans laquelle il baignait. Mais qui était l'espion pour l'empêcher de chercher la vérité. Peut être que c'était le dernier espoir de ce pauvre homme de découvrir qui il était réellement et l'effet d'auto-destruction n'était autre qu'un réflexe du changement, une protection pour éviter à ses fidèles de revenir un arrière. Fallait il ménager la monture ? L'Archiviste n'en avait pas la moindre idée et ne voulait certainement pas entrainer la mort de ce pauvre homme. Toutefois, les allégations de ce derniers lui semblait quelque peu étrange. L'espion se rappelait avoir arpenté les toit après sa rencontre avec Henrique pour aller défendre le concile mais il était tout seul. Henrique connaissait la légère paranoïa de son agent et ne lui aurait jamais donné d'homme. De plus il se souvient assez bien d'avoir traversé le quartier des armes pour s'infiltrer au sein des zombies. C'est bien trop étrange mais dans le doute, Raregord avait décidé de laisser le choix d'aller plus loin à l'intéressé. Il tendit ses mains à Acilid

"Acilid écoute moi bien, tu es en train de saigner de partout, soit tu décides que s'en est assez pour aujourd'hui et on essaie de se rappeler le reste demain, soit tu penses qu'il faut aller jusqu'au bout et auquel cas il va falloir que tu me maintiennes les mains fermement. Le truc qui est en moi pourrait essayer de te tuer"

Intérieurement, l'espion tentait concentrer pour ne pas laisser le controle de ses membres à Numéro 2. Il n'était nullement question de sa mémoire mais plutot de la vie d'Acilid. Si celui ci acceptait de prendre le risque de mourir dans l'opération, il devait faire en sorte que ce petit gêneur ne vienne pas l'empêcher de faire son choix. La colère de mon alter-égo ne faisait que renforcer ma volonté. L'heure était venu de voir si je pouvais lui résister ou pas.

Le contrôle de ses membres, ça Raregord ne l'abandonnerait pas à Vadorian mais ça parole, il le devrait bien. Car même si ses lèvres et sa langue se muaient au rythme de sa volonté, les paroles qui s'en échappaient étaient tout autres, comme si elle n'était pas la production mécanique d'un son par le passage de l'air dans la gorge et des cordes vocales mais plutôt part quelque chose qui grandissait au sein même de Raregord. Du coin de l'oeil, il serait aisé de voir Vadorian dont les lèvres bougeaient également et qui exprimaient les véritables paroles prononcées par l'archiviste.
- Accilid, écoutes moi bien, tu es en train de saigner de partout. C'est ta condition qui veut ça. Ta transformation ta privé de ta mémoire car la créature en laquelle tu te changes n'as pas un intellect suffisant pour comprendre une mémoire aussi complexe que celle de l'être humain. Tu peux choisir de continuer à fouiller ta mémoire et mourir, trop idiot pour te rendre compte de ta propre agonie ou vivre une longue vie, je m'en assurerais personnellement.

Le visage d'Acilid se figea soudainement, la lame aiguisée s'abaissait tandis que Vadorian exprimait sa satisfaction par un rictus méprisant mais il semblait comme moins réel aux yeux de Raregord. Comme si l'effort fournit pour contrecarrer Raregord avait tant puiser dans ses forces qu'il peinait à maintenir sa conscience dans l'esprit de l'agent des services de renseignement de Joyau. Mais pour Acilid, ce qui était fait était fait. Il semblait avoir arrêter de réfléchir car les saignements s'arrêtaient eux aussi tandis que les plaies qui s'étaient ouvertes se refermaient de manière visible, échangeant la peau claire qui s'y trouvait pour une peau ressemblant à un cuir gris sombre, quoi que plus clair que la peau de Vadorian.

- Acilid se transforme en un être qui nous ait bien inférieur. Bien que ses capacités physiques seront plus grandes que celles d'un humain, son intellect est très largement limité. Ta lame de volonté n'est qu'une dague que tu remue au milieu d'un cerveau qui perds ses fonctions cognitives pour améliorer les performances du corps dans lequel il trône ! Crachât Vadorian avec un énervement visible bien que toujours satisfait d'avoir fait arrêter les saignement d'Acilid.

Ce dernier avait les yeux presque éteint tandis que de son long bras, il se saisissait d'un bolet d'eau clair où trempèrent ses longs doigts pour commencer à ce nettoyer le visage qui était couvert de sang. Mais pour Raregord, il n'y aurait aucun espoir de rallumer cet éclat car la fatigue de Vadorian semblait devenir sienne et les brumes du sommeil le reprirent. Il s'éveillerait à nouveau alors qu'un nouveau jour se serait levé. Comment le saurait-il ? Ça il l'ignorerait mais en tout les cas, un vaste miroir brisé contenu dans un cadre d'or trônait dans un coin de la pièce et le masque aux marques grises occupait siégeait sur le tabouret d'Acilid. Mais l'ex soldat serait absent de la pièce et la porte d'entrée ouverte si Raregord se donnait la peine d'en tourner la poignée.

Alors que Raregord sortait des ténèbres du sommeil, ses yeux ne trouvaient plus son ancien acolyte, Acilid. Son esprit se réveillait petit à petit se remémorant le moment où Vadorian avait récupéré non pas son corps mais sa bouche. Assez pour faire douter l'ex soldat et le renvoyer dans l'obscurantisme qu'on lui avait imposé non pas spirituellement mais physiquement. Intérieurement, je pleurais cet homme, tout comme l'espion pleurait ceux qui l'avaient accompagné à la défense du palais. il se remémorait cet épisode où ils avaient tous fait un sacrifice tel, donnant leur vie, mais aussi leur ame pour ralentir cette armée terrifiante, sans que personne ne le sache. Mais tel était la règle des services de renseignement du Joyaux. Le minotaure, avant de mourir avait transmis une malédiction dans la chair et l'ame de Raregord, une malédiction qu'il combattait. Une malédiction contre laquelle il avait perdu une bataille avant de sombrer.

"Bien joué Numéro 2, un partout"

Raregord avait beau ne pas apprécier la personne, mais il pouvait apprécier la manoeuvre. Ce matin là, aucune colère ne naissait de son coeur, comme si la blessure avait été guérie ... ou du moins apaisée. Son sang froid était restauré, tout comme ses capacités de réflexions jadis troublée par la fatigue et la fièvre. Vadorian allait, à présent, avoir un adversaire à sa hauteur. Se levant difficilement, l'espion sentit toujours la douleur au niveau de ses cotes ce qui était plutot bon signe au final, cela signifiait que son corps lui appartenait toujours. Il roula donc hors de son lit avant de tomber sur ses jambes et d'arriver à se mettre debout, tenant toujours ses cotes, il tenta tout d'abord de se trouver de quoi s'habiller, voir de se servir de sa couverture comme cape, avant de se diriger vers sa demeure. Il ne manqua pas de prendre son masque, dont la trace de croc (ou de griffes ... en même temps vu la bête qui a fait ca) avait changé aussi surement que la main du minotaure avait changé l'espion. D'ailleurs, l'espace d'un instant, Raregord apprécia la douce ironie de voir que le sermon de son maitre, lui disant que le masque d'un agent du Joyaux était unique car marqué d'expérience. Une fois ce qui pouvait être récupéré en sa possession (arme, vêtements, nourriture), il se dirigea vers la porte pour aller voir où il pouvait bien être

Lorsque Raregord se lèverait, il ne lui serait pas difficile de constater qu'il ne portait qu'un simple pantalon pour tout vêtement. Il avait tâté la douleur de sa côte et tandis qu'il le faisait dans son reflet, c'était bien lui-même qu'il voyait mais qui avait-il d'étrange à propos de son apparence ? C'est comme si il ne se reconnaissait pas vraiment. Peut-être n'était-ce que cette tâche sombre à hauteur de sa côte ? Mais cela ne ressemblait en rien à une infection, c'était d'avantage comme une véritable peau qui n'avait rien d'une cicatrice. En fait, en se retournant pour observer son dos dans le miroir, il pourrait également voir que en lieu et place de ce qui aurait dû être quatre profondes cicatrices là où la bête avait déchiré sa chair, il n'y avait que quatre longues et fine rayures d'un gris sombre. La même couleur que la peau de Vadorian.

Lorsque Raregord se vêtirait, il pourrait se sentir légèrement à l'étroit. Tout particulièrement au niveau de ses cuisses et de ses épaules. Le tissus tendu révélait à présent ce à quoi le reflet d'un miroir au reflet brisé ne pouvait rendre justice. Une musculature bien plus développée que auparavant. Il était encore loin de la carrure d'un guerrier mais se rapprochait en fait beaucoup de celle de l'un de ces jeunes hommes qui s'entraînaient dans le quartier des armes dans l'espoir d'intégrer un jour les rangs des hoplites du Joyaux. Un corps d'athlète pour le moins. Pour le reste, de ses armes il ne restait qu'une dague, probablement l'une des dernières encore dissimulé sur lui que Acilid avait dû transporter avec Raregord sans même s'en rendre compte et l'en débarrasser en le déshabillant.

Et enfin, lorsque Raregord sortirait du cabanon, il verrait qu'il se trouvait dans le quartier de la Terre. Le quartier des fermiers et des éleveurs. Dans les parties les plus à l'ouest du quartier, les odeurs des animaux et de leurs excréments étaient parfois très fortes mais de là où il se trouvait, l'agent du Joyau pouvait presque apercevoir les rues tortueuses du vieux quartier entourant la Tour des Trois Fondateurs. C'était à présent à lui de choisir ses objectifs, sa destination. En vérité, on le pensait même probablement mort, il aurait tout à fait le choix de partir, de devenir quelqu'un d'autre. Une nouvelle vie, des buts bien à lui et des compétences qui lui ouvrait de nombreuses portes. On paierai une fortune dans les puissances étrangères pour son savoir. Leur était peut-être venue de changer ?

Devant la glace, Raregord notait son amélioration physique lui donnant des épaules plus larges et des muscles plus développés. Un don que bien des hommes auraient souhaité de la par du destin mais Raregord n'était pas de ce genre d'homme. Depuis sa plus tendre jeunesse, il avait vu que la force et la puissance n'était rien contre la surprise. Il se souvenait d'ailleurs de sa jeunesse où son esprit devenait de plus en plus acéré à mesure que les crétins du quartier le tabassait. A chaque coup qu'il recevait, il leur disait qu'il était plus faibles qu'eux, bien moins dangereux, il les laissait croire à leur pouvoir issu de leur force. Jusqu'au jour où il les avait "neutralisé" en leur lancant une casserole de pétrole à lanterne à la figure et que je les approchais avec une torche. Bizarrement, à partir de cet instant, les crétins n'avaient plus ennuyé Raregord, considérant son intelligence comme une arme qu'il ne pourront jamais avoir et dont ils ne pourront jamais prévoir les effets. Mais il comprit bien vite que les meilleurs armes étaient celle que l'ont cachait. Ne pouvant cacher son esprit, il décida simplement de jouer sur les apparences, de se donner un air faible et peu dangereux. Voyant qu'en l'espace d'une durée qu'il estimait à quelques jours, Raregord remarqua que son corps avait été transformé de jeune homme svelte à celui d'un guerrier, d'un spadassin.

Mais l'espionnage c'est aussi l'évolution et l'adaptation en fonction des contraintes de la vie et de la société. Alors qu'il réfléchissait à transformer la couverture en vêtement, il songeait déjà au prochain coup sur l'échiquier de sa vie. La bataille d'Athéile s'était terminé, et le sacrifice avait été très lourd. Aucun de ses contacts n'était venu à sa demande de rassemblement avant la prise de la tour. Cela disait long sur l'état de son réseau. La plupart de ses connaissances étaient dans les bas fond et quelques autres étaient dans la noblesse. Ces derniers avaient peut être réussi à survivre en se réfugiant dans le palais présidentiel, mais pouvait il comptait dessus ? Dans sa vie, il avait toujours eu une grande appréhension lorsqu'il devait faire confiance à la noblesse, particulièrement parce qu'ils avaient beaucoup à gagner la plupart du temps et le savait. Non pas que les pauvres sont des idiots, bien au contraire, mais l'éducation pour devenir seigneur marchand est forme l'esprit au point de voir avec plus de distinction les quelques moments où l'ont pouvait tirer un profit optimum. De plus, prendre contact avec des contacts aussi importants nécessitait une certaines préparation vestimentaire, et non une couverture pour simplement vêtement.

Utilisant son couteau qui n'avait pas perdu de son tranchant depuis la foret de cendre, Raregord tailla un rectangle un poil plus large que ses épaule et d'une longueur de deux fois la distance taille/épaule. A mis longueur, il fit un trou en forme de goutte pour passer sa tête et réduisit la largeur de la bande de tissu à cette endroit. Sur le reste de couverture, il tailla un bandage sur toute la longueur pour s'en servir de ceinture. Il enfila alors le gilet de fortune qu'il maintint à l'aide de la ceinture/bandage. Il n'était guère bien reluisant mais c'était amplement suffisant pour ressembler à un paysan. Il poussa même le vice jusqu'à récupérer un peu de cendre pour se salir les cheveux et de la terre pour salir son visage. Le déguisement, son arme favorite, principalement grace aux stéréotypes qu'ils forgeaient dans l'esprit des gens. Rien de mieux que de leur donner ce qu'ils attendent en le rencontrant.

Il était près, l'heure était venu pour lui de revenir dans le jeu des ombres, celui que personne ne souhaite connaitre et qui ne souhaite être connu de personne. Sortant de la demeure d'Acilid, après avoir mis le couteau dans sa ceinture et emballé son masque dans un baluchon, Raregord se mit en marche vers sa dernière demeure, espérant de quoi s'habiller et surtout son pécule, bien planqué dans la vieille maison à coté de chez lui. Il n'avait pas encore décidé de ce qu'il allait devenir à l'avenir mais le fait est qu'une décision prise sans information est une mauvaise décision. Il devait tout d'abord voir ce qu'il avait à disposition et ce qui était advenu de sa ville, comment elle se relevait, pour mieux décider de ce qu'il fera par la suite. Il avait disparu depuis un nombre de jour indéfini, l'heure était venu de rattraper son retard

L'heure était effectivement venue de rattraper son retard. A voir la ville, Raregord avait peut-être d'avantage dormi que ce que sa perception troublée du temps ne laissait imaginer. A moins que ce ne soit l'activité d'Athéïle, digne de celle d'une fourmilière qui avait déjà effacé l'essentielle des cicatrices du conflit ? Toujours est-il que le quartier de la terre était aussi boueux, sale et animé que avant la guerre. Des adolescents guidaient des troupeaux à travers les rues pour les emmener dans les étables ou les pâturages à l'extérieur de la ville tandis que de grosse charrette remplie de foin ou de grains se rendaient aux greniers pour y stocker les premières récoltes de l'année. Quant au reste de la ville, il semblait que l'activité est bien reprit malgré que les derniers journaux imprimés informent la population d'Athéïle que la présidente avait fait voter une loi interdisant les combats d'arène et que l'organisation ainsi que la participation en tant que combattant ou que publique à ces évènements étaient à présent des crimes passibles de plusieurs dizaines d'années de prisons et de travaux forcés.

Pour ce qui était de la dernière habitation de Raregord, située dans le quartier du marteau, il s'avérait que l'endroit semblait avoir été plutôt épargné. En fait, l'habitation paraissait même entièrement restaurée mais alors que l'agent du joyaux aurait pût souhaiter s'approcher de la porte pour rentrer, une ombre passât devant une fenêtre de l'étage. Puis les rideaux furent tirés, révélant la présence d'un garde. Son regard tombât sur Raregord, sans s'y attarder toute fois, observant l'ensemble de la rue. L'endroit était surveillé. Pour quelle raison ? Raregord devrait tenter de le découvrir par lui-même. En tout les cas, il y avait fort à parier que son salaire et comme ses vêtements n'étaient plus là. Mais peut-être avaient-ils été remplacés par ceux de quelqu'un d'autre ?

Spoiler:

» Un Arpenteur de la Mort ? Pace que vous le valez bien